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Science et politique

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Avec la crise sanitaire, les scientifiques ont un pouvoir et une visibilité qu'ils n'avaient pas auparavant. Les politiques, eux, agissent selon une toute autre temporalité.

Mais alors, entre les deux, qui décide ? La Covid, la science, les controverses et nous, Étienne Klein. Entretien avec Étienne Klein physicien au CEA et enseignant de philosophie des sciences à l’École centrale de Paris.

La Covid, la science, les controverses et nous, Étienne Klein

Cet article a été publié dans la Revue générale du nucléaire (RGN) de juillet–août 2020. Nous le reproduisons ici avec l’aimable autorisation de la revue et de l’auteur. La crise a-t-elle changé notre regard sur la science? Le sociologue Michel Dubois commente les résultats d'une enquête menée fin mai sur la perception de la recherche par les citoyens.

La crise a-t-elle changé notre regard sur la science?

En France comme à l’étranger, la pandémie de Covid-19 a contribué à accroître de façon spectaculaire la visibilité publique des sciences. L’engagement des chercheurs a joué un rôle décisif : sollicités par les médias comme par les autorités publiques, ils se sont mobilisés pour conduire un travail d’information, et parfois corriger les informations erronées. Cette communication de crise a été parfois l’occasion d’un renouvellement attendu, notamment au regard de la présence des femmes dans les médias. Interrogée sur France Culture, la virologue Anne Goffard soulignait que cette crise, davantage encore que les précédentes, avait été l’occasion « (…) (de voir) des femmes chefs de service dans des hôpitaux, dans des CHU qui sont venues prendre la parole, qui ont montré qu’elles sont chefs de service.

Penser l’après : Sciences, pouvoir et opinions dans l’après Covid-19. Les chercheuses et les chercheurs qui contribuent chaque jour à alimenter notre média en partageant leurs connaissances et leurs analyses éclairées jouent un rôle de premier plan pendant cette période si particulière.

Penser l’après : Sciences, pouvoir et opinions dans l’après Covid-19

En leur compagnie, commençons à penser la vie post-crise, à nous outiller pour interroger les causes et les effets de la pandémie, et préparons-nous à inventer, ensemble, le monde d’après. Depuis le début de la pandémie, on entend parler dans les médias de SARS-CoV-2, de R0, de tests PCR, de tests sérologiques, d’hydroxychloroquine… Le coronavirus met la science à la une des journaux et a réduit les actualités sportives et culturelles à zéro, ou presque. La communication scientifique bat son plein parce que le virus a soudain rapproché le gouvernement des communautés scientifiques.

Le recours massif aux experts en temps de crise n’est pas une nouveauté. Depuis des décennies, on prétend fonder la politique sur des preuves scientifiques. Le coronavirus peut-il altérer la confiance en la science ? La pandémie de Covid-19 entraîne une explosion des sollicitations envers les scientifiques, qui se doivent de répondre aux inquiétudes des Français tout en conseillant les politiques.

Le coronavirus peut-il altérer la confiance en la science ?

Si l'indicateur de confiance semble être au beau fixe, les relations entre science et société sont bien plus complexes qu'il n'y paraît. Décryptage avec le sociologue Michel Dubois. « Un principe nous guide pour définir nos actions (…) : c’est la confiance dans la science ». Covid-19 : à quoi joue le Pr Delfraissy ? Delfraissy: quand experts et technos prennent le pouvoir. La science n’est pas une opinion. Une institution subsiste seulement par la vertu de sa bonne réputation.

La science n’est pas une opinion

Longtemps ce fut le cas de la monarchie de droit divin, de l’aristocratie héréditaire et des religions d’Etat, chacune appuyée sur les deux autres et les appuyant. En deux siècles, les trois furent discréditées par leur inefficacité. La société s’appuie maintenant sur d’autres piliers: la démocratie, l’ordre international, l’économie, la technique, la science, la médecine. Or, comme le disait Pagnol: «La bonne réputation est comme les allumettes, cela ne sert qu’une seule fois.»

Chaque affaire de mœurs discrédite un peu plus les confessions religieuses lorsqu’elles prêchent des morales exigeantes qu’elles n’appliquent pas. Incertitude angoissante A ce titre, la controverse sur le glyphosate fait des ravages. Au sujet du glyphosate, l’opinion publique est donc plongée dans une incertitude angoissante face au spectre du cancer. La médecine ne relève pas d’un coup de poker (tribune)

La manière dont s’établit la vérité en science n’est pas dépendante d’une période de crise sanitaire.

La médecine ne relève pas d’un coup de poker (tribune)

C’est particulièrement vrai dans le champ médical, quand des vies sont en jeu. Administrer un médicament ne peut se faire sur la base de la seule intuition ou de l’opinion de tel ou tel praticien. On ne peut faire dépendre la santé publique d’un « coup de poker ». C’est ce que rappelle une tribune initiée le 27 mai 2020 par plus de 40 chefs de services ou de pôle de Maladies Infectieuses et Tropicales et des responsables de sociétés savantes et d’associations de médecins et de pharmaciens. L’Afis a décidé d’apporter son soutien à cette initiative. Nous reproduisons ici l’appel en intégralité. Éthique médicale. Santé publique. Débat Chloroquine. Science. Surveillance.

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