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Faut-il sauver les mauvais poulets Doux ?

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Un monde est mort, il court encore... La preuve par le poulet (1/4) Voici la première partie du dossier consacré au plan social chez Doux (numéro 57).

Un monde est mort, il court encore... La preuve par le poulet (1/4)

Un recueil de témoignages d’ouvriers de l’usine Doux de Graincourt (62), notamment celui d’Annabelle, 48 ans, élue au comité d’entreprise. « Mais est-ce que vous êtes heureux, ici ? »Des rires répondent.Une hilarité collective, contenue.Qui passe d’un rang à l’autre : « T’as entendu ce qu’il a demandé ? “Est-ce qu’on est heureux, ici ?” - Il veut rigoler ! Le moment est mal choisi, c’est vrai, pour les questions existentielles : on piétine à l’entrée de l’usine Doux, à Graincourt, dans le Pas-de-Calais. Les clopinettes « On enlève la prime de froid, on est au smic. Les souffrances « Ici, ils ne voient que le rendement. Un monde est mort, il court encore... La preuve par le poulet (2/4) L’aviculture, c’est l’issue de secours trouvée, après-guerre, par les paysans pauvres.

Un monde est mort, il court encore... La preuve par le poulet (2/4)

Le poulet industriel a sorti leur ferme de l’ornière, leur a permis d’accéder au confort. D’où l’attachement de ces éleveurs au modèle productiviste. Voire au groupe Doux… La revanche des « petits » « Mes grands-parents vivaient sur une petite exploitation de quinze hectares. Complexe agro-industriel Aujourd’hui, a posteriori, on appelle ça le « complexe agro-industriel breton ». Une brique par mois M. Vie méritante L’aviculture apparaît, dans ce récit, comme la revanche des petits. Socialement erroné « L’éleveur est sur la paille », titre Le Canard enchaîné (1/8/12).

Formule 1 de l’élevage « Un travail passionnant », ironise Le Canard dans la foulée. « Poussins fournis », « pitance livrée », « plan d’élevage »… Ne resterait aux agriculteurs qu’un boulot de tâcheron, qu’à « appuyer sur des boutons ». Quelle transformation ? Quelle transformation de la filière souhaiteraient les aviculteurs ? Un monde est mort, il court encore... La preuve par le poulet (3/4) Ce sont les penseurs de l’aviculture.

Un monde est mort, il court encore... La preuve par le poulet (3/4)

Un institut où se fabrique le discours productiviste de la filière.Et quand une crise survient, ses propositions deviennent des solutions… Les intellectuels de la volaille « Vous êtes un peu le think tank de la volaille ? Disons qu’on est un lieu de concertation. Un monde est mort, il court encore... La preuve par le poulet. Mille « plans sociaux » ont jalonné l’été.

Un monde est mort, il court encore... La preuve par le poulet

Parmi eux, un m’a marqué : l’affaire Doux. Aussitôt, j’ai songé : voilà une caricature de l’époque. Qui cette entreprise rendait-elle heureux ? Volailles Doux: le modèle dur. Le reportage était édifiant, mais ce n'était ni le seul ni le premier.

Volailles Doux: le modèle dur.

Dans son édition du 19 juillet 2012, l'hebdomadaire Politis publiait une enquête de Laurène Perrussel-Morin sur les conditions de travail au sein du numéro français de la volaille et cinquième exportateur mondial: « Doux, un monde de brutes » (*). Il y a 17 ans déjà, le quotidien Libération, sous la plume de Pierre-Henri Allain, relatait les mêmes situations, comme sorties tout droit de Germinal. . « Tous les postes sont debout, dans le froid et l'humidité », décrivait à Politis un porte-parole de la Confédération paysanne. « J'ai eu des témoignages évoquant des chefaillons qui donnaient des coups de coude dans le dos des femmes pour qu'elles aillent plus vite. » Une autre représentante syndicale, Nadine Hourmant, déléguée FO du groupe Doux et salariée depuis 22 ans, précisait: « J'ai toujours travaillé au poste emballage.

On emballe 1.000 poulets à l'heure. Faut il sauver les poulets Doux ou les voitures PSA. Faut-il sauver les mauvais poulets Doux ? Peut-être faut-il de temps à autre être politiquement incorrect.

Faut-il sauver les mauvais poulets Doux ?

Au risque de choquer, la question que je me pose et que je pose aux lecteurs est la suivante : faut-il que la collectivité vole, d’une façon ou d’une autre, au secours d’un industriel du poulet qui organise depuis 1955, la production d’une viande de basse (euphémisme...) qualité et tient sous sa coupe, en les exploitant, prés de 1000 éleveurs de poulets de batterie dont les... « activités quotidiennes » empoisonnent (en nitrate, notamment) les rivières et les nappes phréatiques de Bretagne ? Je sais, il y a plusieurs centaines d’emplois en jeu : peut-être même 3400 si l’industriel de la malbouffe met la clé sous la porte dans tous ses centres de production français (il n’existe pas d’autre mot qui convienne mieux).

Mais peut-on continuer à laisser fabriquer n’importe quoi dans n’importe quelles conditions, sans se poser des questions écologiques et sociales ?