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Attentat 13 novembre 2015

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« Expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser » : la cinglante réponse des chercheurs à Manuel Valls. Le premier ministre, qui en a marre de « ceux qui cherchent en permanence des excuses ou des explications », a irrité précisément ceux qui travaillent, chacun dans leur domaine, sur la radicalisation. Prisons, médias, sécurité, renseignement ; Proche et Moyen-Orient ; religions et laïcité ; intégration, discriminations ; histoire et mémoires, politiques éducatives… La liste est longue des domaines de la recherche en sciences humaines et sociales concernés par la prévention du risque terroriste.

Un état des lieux des travaux en cours, non exhaustif mais déjà copieux, devait être remis, jeudi 3 mars, à Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’éducation nationale, et Thierry Mandon, secrétaire d’Etat chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche. Intitulé « Recherches sur les radicalisations, les formes de violence qui en résultent et la manière dont les sociétés les préviennent et s’en protègent » (lien PDF), ce rapport, que Le Monde s’est procuré, avait été commandé par M. Etat d’urgence : le Défenseur des droits invite à « retrouver de la raison » Dressant, vendredi 26 février, le bilan des saisines consécutives à l’état d’urgence, le Défenseur des droits, Jacques Toubon a réitéré ses préventions et ses critiques contre ce régime d’exception, instauré après les attentats de Paris et Saint-Denis, et qui va être prolongé jusqu’au 26 mai. « Nous avons besoin de retrouver de la raison dans nos comportements », a défendu M.

Toubon, qui, sur la base des 73 réclamations qu’il a reçues, a formulé plusieurs recommandations. Ainsi, préconise-t-il d’« adapter les modalités de perquisition à la dangerosité réelle des personnes visées ». « Est-il nécessaire d’intervenir de nuit, de forcer les portes, d’être cagoulé ou treize ? », a interrogé M. Lire aussi : Bilan de trois mois d’état d’urgence : 5 procédures pour terrorisme Aménager les assignations M.

Lire aussi : « L’état d’urgence a des effets désastreux sur la cohésion sociale » Risque de « prolongement indéfini » Lire aussi : Etat d’urgence : premier revers pour le gouvernement. Déchéance de laïcité ? Il faut revenir sur un processus actuel qui ressemble fortement à un terrible engrenage. Du massacre effectué par Daech, perpétré en novembre, au débat sur la déchéance de nationalité, en passant par les attaques contre l’Observatoire de la laïcité, il existe, malheureusement, un enchainement redoutable. Alors que les tueries de novembre auraient dû permettre de réaliser une union durable de toutes et de tous ceux qui sont attachés aux quatre adjectifs qualifiant la République d’« indivisible, laïque, démocratique et sociale », très rapidement la coupure s’est accentuée.

On peut craindre que les dirigeants du groupe terroristes se frottent les mains : ils sont en train d’accentuer la division de leurs ennemis. Le piège est terrible. Saurons-nous l’éviter ? Peu de gens ont contesté le discours de Hollande devant le Congrès au moment chaud où il a été prononcé. Que disent les chiffres sur la radicalisation en France ? « 8 250 individus radicalisés en France » titre en « une » Le Figaro, mercredi 3 février, faisant le constat que « la radicalisation s’étend en France ». Le quotidien pointe « un doublement en moins d’un an », avec 8 250 cas contre 4 015 en mars. Le quotidien s’appuie sur de nouveaux chiffres sur les signalements pour « radicalisation » révélés « en exclusivité » sans en préciser la source, faisant juste état d’un « bilan officiel établi jeudi dernier [le 28 janvier] ».

Hausse avérée des signalements… pas des radicalisations Contrairement à ce que laisse entendre le titre du Figaro, le chiffre de 8 250 n’est pas celui des individus dont on a pu établir le profil radicalisé, mais celui des signalements, effectués soit par des proches qui ont contacté la plateforme téléphonique mise en place depuis 2014 pour prévenir les départs vers la Syrie et la radicalisation violente, soit par des institutions (l’éducation nationale notamment). Une « carte de la radicalisation » Après les attentats, le grand désarroi des responsables musulmans de France. Que font les responsables de l’islam de France ? La question, un peu désespérée, a retenti à nouveau après la funeste soirée du 13 novembre, comme après la série d’attaques de janvier 2015. « Les musulmans doivent faire le ménage », a-t-on entendu. L’injonction est lancinante : comment n’arrivent-ils pas, ces responsables jurant devant tous les micros leur amour de la République, à mettre en place un islam intégré au contexte national, encadré par des leaders formés à notre réalité ?

Pour certains, ce serait le moyen d’éviter qu’une poignée d’illuminés ne sèment la mort. Mais est-ce vraiment si simple ? L’islam de France, cette réalité très récente à l’échelle de l’histoire nationale, a bien du mal à trouver sa place institutionnelle. La Mosquée de Paris, première du genre en France métropolitaine, a été érigée en 1926, en hommage aux 70 000 soldats musulmans morts pour la France durant la Grande guerre. Le CFCM, une structure sans moyen Vers une certification des mosquées ? Quand François Hollande gonfle le nombre de procédures antiterroristes. À l’occasion de ses vœux aux forces de sécurité le 7 janvier au matin, François Hollande justifie, une fois de plus, la nécessité de l’état d’urgence et de sa prolongation.

Le président de la République explique dans la cour de la préfecture de Paris que ce régime exceptionnel « a permis des perquisitions administratives qui ont mis au jour vingt-cinq infractions en lien direct avec le terrorisme ». Pourquoi c’est exagéré ? 25 infractions, le cache-misère de 3 000 perquisitions Le président de la République affirme que les perquisitions administratives ont permis de découvrir vingt-cinq infractions en lien avec le terrorisme.

Entre le 14 novembre et le 7 janvier, 3 021 perquisitions ont été permises sans le contrôle d’un juge, du fait des mesures exceptionnelles prises au lendemain des attentats. Quatre réelles procédures antiterroristes Ce décalage est d’autant plus frappant, quand on observe ce qui se cache derrière les vingt-cinq infractions dont parle François Hollande. Tariq Ramadan : « Pourquoi je ne suis pas Charlie, ni Paris » Tariq Ramadan : « Pourquoi je ne suis pas Charlie, ni Paris » Crédit photo : DR Cette semaine, Respect Mag donne la parole à Tariq Ramadan, à l’occasion d’un rapide passage à Paris. Peu apprécié des « hautes instances françaises », il décortique, depuis maintenant 25 ans, l’Islam et le monde arabe aux quatre coins du globe. L’occasion d’aborder divers sujets avec lui, notamment les attentats à Paris ou encore l’islamophobie en France. Ce regain d’islamophobie en France n’est-il qu’une réponse aux « événements » depuis janvier ?

C’est continu et malheureusement en augmentation. Le fait de cibler des mosquées (même si seules trois ont été fermées), de faire des perquisitions, il y a quand même toute une atmosphère qui a lié les derniers événements à une nouvelle politique sécuritaire extrêmement dangereuse. C’est un formidable moment où justement les citoyens français de confession musulmane ne doivent pas tomber dans le piège de ne parler que d’islamophobie et de leur stigmatisation. Le Conseil d’Etat sondé sur des centres de rétention pour les personnes fichées « S » Le gouvernement continue d’explorer de nouvelles voies pour développer l’arsenal sécuritaire à sa disposition.

Parallèlement à la consultation du conseil d’Etat sur son projet de réforme constitutionnelle, le gouvernement de Manuel Valls sollicite l’avis de la haute juridiction sur certaines des mesures complémentaires destinées à renforcer les moyens de la police dans la lutte antiterroriste. De façon explicite, le ministère de l’intérieur demande ainsi au Conseil d’Etat si la loi peut permettre l’internement administratif des personnes qui font l’objet d’une fiche « S » (pour prévenir des menaces à la sécurité publique ou à la sûreté de l’Etat), mais qui n’ont jamais été condamnées.

Place Beauvau, on assure pourtant ne pas être à l’origine de cette proposition « formulée par un membre de l’opposition dans la foulée des attentats ». « La loi peut-elle autoriser une privation de liberté des intéressés à titre préventif et prévoir leur rétention dans des centres prévus à cet effet ? « Grand meeting pour une politique de paix, de justice et de dignité »

Moins d’un an après les massacres de janvier, les attentats sanglants qui viennent de frapper l’Île-de-France nous ont laissés dans l’horreur. Elle est d’une ampleur et d’une intensité inédite : l’organisation État islamique a perpétré des attentats à l’aveugle. La terreur a cédé le pas à la tristesse, l’angoisse, la sidération. Il nous faut dépasser l’hébétude pour saisir les causes profondes qui ont mené à inscrire de tels crimes dans notre quotidien, et pour construire un avenir qui ne cède rien au pire. Au sommet de l’État, en lieu et place de ce nécessaire travail, les partis de gouvernement ont préféré la fuite en avant, entraînant avec eux nos vies, nos destins, nos libertés et ceux de peuples qui auront à souffrir la vengeance d’un crime dont ils ne sont pas les auteurs. Ils disposent pour cela du soutien du Front National. L’état d’urgence a été décrété et prolongé pour trois mois. L’exception devient la règle, et la figure guerrière s’impose comme ligne de conduite pour l’État.

Un jeune couple interpellé, seuls les flics ont entendu le mot « Daech » L’antiterrorisme français en état de mort clinique. Le système antiterroriste français, longtemps considéré comme excellent, est en état de mort clinique. Mais personne, ni au gouvernement ni dans l’opposition, n’a envie d’en signer l’acte de décès, faute de savoir par quoi le remplacer.

Au fur et à mesure que l’enquête sur les attentats du 13 novembre à Paris et à Saint-Denis avance, les défauts de surveillance des auteurs, les mauvais choix opérationnels et la lourdeur du dispositif antiterroriste sont, une nouvelle fois, mis en exergue. Un enquêteur, encore hanté par les images des massacres du Bataclan et des terrasses parisiennes, s’indigne : « Donc, on ne fait rien ? On attend que ça recommence ? Lire aussi : Abaaoud, Dahmani, Mostefaï, les frères Abdeslam : des terroristes surveillés en vain Sentiment d’impuissance Le système actuel est né d’une période où les attentats étaient autrement plus nombreux, les années 1980. . « Ces gens ont une stratégie de harcèlement » Lire aussi : En France, l’éternel retour des « pionniers » du djihad. Olivier Roy : « Le djihadisme est une révolte générationnelle et nihiliste »

Par Olivier Roy, politologue spécialiste de l’islam La France en guerre ! Peut-être. Mais contre qui ou contre quoi ? Daech n’envoie pas des Syriens commettre des attentats en France pour dissuader le gouvernement français de le bombarder. Daech puise dans un réservoir de jeunes Français radicalisés qui, quoi qu’il arrive au Moyen-Orient, sont déjà entrés en dissidence et cherchent une cause, un label, un grand récit pour y apposer la signature sanglante de leur révolte personnelle. L’écrasement de Daech ne changera rien à cette révolte.

Le ralliement de ces jeunes à Daech est opportuniste : hier, ils étaient avec Al-Qaida, avant-hier (1995), ils se faisaient sous-traitants du GIA algérien ou pratiquaient, de la Bosnie à l’Afghanistan en passant par la Tchétchénie, leur petit nomadisme du djihad individuel (comme le « gang de Roubaix »). Il n’y a pas de troisième, quatrième ou énième génération de djihadistes. Quelques milliers sur plusieurs millions Islamisation de la radicalité. «Pourquoi on ne peut pas demander aux musulmans de se désolidariser de Daesh» | Édition | Le Club de Mediapart. « Les musulmans doivent dénoncer les attentats et se rassembler massivement contre le terrorisme ». En substance, c’est que nous répètent depuis plusieurs jours un certain nombre de responsables politiques, associatifs et médiatiques dans la suite de la déclaration de Alain Juppé face à Jean-Jacques Bourdin sur RMC : « Les Français musulmans doivent dire clairement qu'ils n'ont rien à voir avec ces barbares de l'Etat Islamique. » La question de la désolidarisation des musulmans, qu’ils soient français ou non – cela importe peu l’opinion public en général – est une question ancienne.

On parle d’une désolidarisation avec le terrorisme, le djihadisme, le salafisme et maintenant l’islamisme radical… Au cœur de cette démarche, le malaise réside souvent davantage dans le fait que cette injonction est formulée par des non-musulmans qui s’octroient précisément le droit de dire aux musulmans comment ils doivent se comporter. 1. Un sous-entendu dangereux 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. Conclusion. État d’urgence, contrôles, expulsions, déchéance de nationalité… : quelques éléments d’explications. 1. L’état d’urgence, qu’est-ce que c’est ? L’état d’urgence est une forme d'état d'exception qui restreint les libertés, Il est prévu par la loi no 55-385 du 3 avril 1955, votée pour faire face aux événements liés à la guerre d'Algérie.

Il « confère aux autorités civiles, dans l'aire géographique à laquelle il s'applique, des pouvoirs de police exceptionnels portant sur la réglementation de la circulation et du séjour des personnes, sur la fermeture des lieux ouverts au public et sur la réquisition des armes ». Cette procédure d'exception rarissime a été utilisée 6 fois en France depuis 1955 et pour la dernière fois en 2005, pendant les émeutes en banlieue. La loi est à nouveau appliquée depuis les attentats du 13 novembre 2015 sur tout le territoire français (métropole, départements et collectivités d'outre-mer).

Peuvent être également interdites, à titre général ou particulier, les réunions de nature à provoquer ou à entretenir le désordre, notamment les manifestations. 2. 3. 4. 5. Après les attentats : la Réaction qui vient | Blog | Le Club de Mediapart. Si les attentats particulièrement meurtriers du vendredi 13 novembre 2015 à Paris ne sauraient être confondus avec les attaques multiples perpétrées le 11 septembre 2001 aux Etats-Unis par les terroristes d’Al Qaida en raison de l’ampleur des secondes, du nombre de victimes – 3000 morts et plus de 6000 blessés – et de la diversité des objectifs visés, leurs effets politiques s’en rapprochent.

En quarante-huit heures, le chef de l’Etat et le gouvernement ont adopté la rhétorique guerrière et sécuritaire de la droite et de l’extrême-droite, et repris à leur compte plusieurs de leurs propositions. Hier, ils les jugeaient inefficaces, attentatoires à des dispositions majeures et pour cela contraires à certains engagements internationaux de la France comme la Convention européenne des droits de l’homme.

Aujourd’hui, ils en font la synthèse. Le propre des événements est d’agir comme d’excellents révélateurs, pour le meilleur ou pour le pire. La réaction qui vient ? O. Ajouter la guerre à la guerre ? Nous sommes en guerre ! Ces proclamations martiales de François Hollande, des dirigeants socialistes et des partis de droite sonnent bien, mais elles sont dangereuses. Lancée il y a quinze ans, cette « guerre contre le terrorisme » n’a abouti qu’à plus de désastres dans le monde arabe et musulman et plus de bombes en Occident. « Ils » nous haïssent !

« Ils » haïssent nos libertés, notre démocratie, notre mode de vie ! « Ils » ne nous haïssent pas pour ce que nous faisons, mais pour ce que nous sommes ! Ces explications ont l’avantage de la simplicité, pour ne pas dire du simplisme, qui convient aux médias instantanés et aux responsables politiques qui espèrent résumer en trois phrases la situation et les soubresauts du monde arabe et musulman. Que faire alors ? La guerre sur le chaos Devons-nous entrer en guerre contre l’Etat islamique, comme le proclament nos dirigeants, au risque d’apparaître comme l’avant-garde des Croisés contre le monde musulman ? Bidar, ces musulmans que nous aimons tant. Le retour du boomerang. « L’Etat islamique a un père : l’Arabie saoudite et son industrie idéologique » « Nous payons les inconséquences de la politique française au Moyen-Orient » Raison garder. @raphael_liogier Brillante analyse...comme souvent! @lobs.

Rue89.nouvelobs 1 955-2015-avons-a-craindre-letat-durgence. Les censeurs asseblee 18 nov liberte presse. La hot-line du collectif anti-islamophobie en surchauffe. Rue89.nouvelobs.