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A quelle condition la science peut-elle être un commun ?

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Face à la dictature du néo-libéralisme, les communs sont de retour. Quel est le point commun entre le « Boléro » de Ravel, la Cordillère des Andes et Wikipedia ?

Face à la dictature du néo-libéralisme, les communs sont de retour

La réponse est dans la question : le commun. Le Boléro de Ravel, en tant qu’œuvre qui reviendra au domaine public en 2016, la Cordillère des Andes, en tant que ressource naturelle et patrimoine culturel à préserver, et Wikipedia, en tant que plateforme encyclopédique libre et participative, sont trois avatars distincts de ce qu’on appelle les biens communs – ou simplement les « communs ». L’idée n’est pas tout à fait nouvelle. Dans son livre d’entretiens intitulé Le bien commun, Noam Chomsky rappelle que cette philosophie puise sa source dans la Politique d’Aristote : « Pour Aristote, la démocratie doit nécessairement être participative (…) et viser le bien commun ». D’autres évoquent la magna carta, dont on célébrait le 15 juin, les 800 ans d’existence. Ce sont les travaux plus récents d’Elinor Ostrom, prix Nobel d’économie en 2009, qui ont relancé l’intérêt pour ce concept.

Ni Etat, ni marché. Vaccins, découvertes et informations scientifiques : des biens publics comme les autres ? En pleine pandémie de Covid-19, face à la résistance obstinée du virus à disparaître, la recherche d’un vaccin est devenue une priorité médicale et politique, d’autant plus que les études épidémiologiques suggèrent que l’humanité devra probablement apprendre à vivre avec ce virus à long terme.

Vaccins, découvertes et informations scientifiques : des biens publics comme les autres ?

Mais si la recherche d’un vaccin est une préoccupation partagée dans le monde entier, il y a une certaine divergence d’opinions quant aux meilleures façons d’organiser et de financer sa recherche et sa production. Des déclarations importantes ont été faites par des autorités politiques diverses selon lesquelles tout vaccin doit être considéré comme un bien public accessible à toute l’humanité (ou du moins à ceux qui en ont besoin pour des raisons de santé). Le président chinois Xi Jinping avait quelques jours avant déclaré à l’Organisation mondiale de la santé (OMC) : Les économistes divisés Les connaissances scientifiques et le savoir-faire technologique sont donc des biens publics par excellence. [lire intro + La terre promise] Le piège des accords transformants. Tout le monde est d’accord pour publier la science en accès libre (« Open Access »), mais, bien évidemment, cela a un coût.

[lire intro + La terre promise] Le piège des accords transformants

Se pose alors la question de savoir comment financer la publication en Open Access : cette question est cruciale (et les chercheurs sont malheureusement peu informés sur cette question), car, suivant les modèles de financement, les conséquences peuvent être très différentes. On a coutume de considérer trois modèles : (1) le paiement de frais de publication (appelés APC par les éditeurs, pour « Article Processing Charges ») par l’auteur (ou, le plus souvent, par une institution finançant sa recherche). Cette voie est souvent appelée (historiquement à tort) « Gold Open Access ». (2) le dépôt sur une archive ouverte de l’article ou d’une version conforme à l’article soit immédiatement, si l’éditeur l’autorise, soit, au plus tard 6 (ou 12 mois pour les SHS) après la parution de l’article (en vertu de la Loi pour une République Numérique).

Comparons ces modèles WordPress: [à survoler] Wikipedia and the Diffusion of Science. [Pour approfondir plus tard] Introduction aux communs de la connaissance. 1Alors que les références aux communs ou au bien commun se multiplient, souvent dans un usage racoleur et prêtant à confusion que l’on nomme le commons washing, l’approche scientifique de ce que recouvrent ces deux termes, et d’autres construits autour des mêmes racines, reste complexe et débattue. Dans l’approche traditionnelle, les communs sont des structures sociales localisées, appuyées sur des ressources naturelles : pêcheries, forêts, réseaux d’irrigation, marais entretenus collectivement, etc. Les « communs urbains » forment une première approche qui se détache de ce corps de doctrine, puisque la propriété publique est concernée en même temps que l’activité autonome des habitants. Mais étendre la notion à des biens de très grande taille, d’une part, et à la connaissance et aux autres formes immatérielles, d’autre part, relève de débats importants. 1 Traduit en français en 2010 : Ostrom, E. (2010).

La gouvernance des biens communs : pour une nouvel (...)