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Histoire/mémoires

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Hervé Le Bras : « Les adeptes de la théorie du “grand remplacement” semblent suivre la trace des totalitarismes du XXe siècle » La théorie du « grand remplacement » ne passe pas pour totalitaire.

Hervé Le Bras : « Les adeptes de la théorie du “grand remplacement” semblent suivre la trace des totalitarismes du XXe siècle »

Les totalitarismes font table rase du passé pour accélérer (terme employé par la philosophe Hannah Arendt) l’arrivée de l’homme nouveau, préfiguré par l’ouvrier dans le stalinisme et par l’Aryen dans le nazisme. Cet homme nouveau est l’aboutissement, le point de fuite, vers lequel leur politique doit se diriger quel qu’en soit le prix. Au contraire, le « grand remplacement » fixe pour horizon le risque de destruction de la nation qu’il faut enrayer afin de protéger les Français de « souche », et leur passé souvent idéalisé. Opposition donc : futur positif et passé négatif dans le premier cas, futur négatif et passé positif dans le second. Le totalitarisme veut aboutir par tous les moyens à une société réduite soit à une seule classe dans le stalinisme, soit à une seule race dans le nazisme.

Un "climat délétère" à l'université : le sociologue Michel Wieviorka s'adresse à Frédérique Vidal. Le rapport, adressé directement à la ministre de l'Enseignement supérieur, dresse un état des lieux de la recherche universitaire sur le racisme et de ses controverses, sans toutefois établir le "bilan" sur "l'islamo-gauchisme" à l'université, qu'avait réclamé Frédérique Vidal.

Un "climat délétère" à l'université : le sociologue Michel Wieviorka s'adresse à Frédérique Vidal

Dans un rapport de 75 pages intitulé "Racisme, antisémitisme, antiracisme, Apologie pour la recherche", remis ce jeudi à la ministre de l'Enseignement supérieur, et qui paraît aux éditions La Boîte à Pandore, le sociologue Michel Wieviorka s'adresse directement à Frédérique Vidal. Le rapport s'annonce comme une forme "d'éclairage" sur "l'islamo-gauchisme" qui, selon les déclarations de la ministre en février, "gangrène la société dans son ensemble", et auquel "l'université n’est pas imperméable".

En fait, c'est plutôt un état des lieux des controverses qui agitent la recherche sur le racisme. D'ailleurs le mot "islamo-gauchisme", ou son acception, n'y est pas défini. Bombes, fusillades et incendie : histoires de violence au Capitole. Des scènes de chaos, des images insensées, des bombes, des morts et des blessés : mercredi 6 janvier, des centaines de militants pro-Trump d'extrême droite ont envahi le Congrès.

Bombes, fusillades et incendie : histoires de violence au Capitole

L'intrusion a provoqué la suspension de la cérémonie de certification de la victoire de Joe Biden à l'élection présidentielle. Au cours des deux derniers siècles de son histoire, le "temple de la démocratie américaine" qui abrite les deux organes législatifs du pays - la Chambre des représentants et le Sénat - a connu plusieurs événements violents. Un lieu de contestation traditionnellement peu surveillé. Lettre à Assa Traoré : « La lutte contre le racisme ne doit pas occulter la lutte contre les violences faites aux femmes »

Tribune.

Lettre à Assa Traoré : « La lutte contre le racisme ne doit pas occulter la lutte contre les violences faites aux femmes »

Comment ne pas être sensible au combat que vous menez pour que toute la lumière soit faite sur la mort de votre frère, Adama Traoré, dans la gendarmerie de Persan (Val-d’Oise) ? Dans le livre que vous avez écrit avec Elsa Vigoureux, sous la forme d’une Lettre à Adama (Seuil, 2017), vous passez en revue les tragiques événements qui ont précédé et suivi ce 19 juillet 2016 où la vie de votre famille a basculé.

Mon propos n’est pas d’expliquer et encore moins de justifier ce qui s’est passé ce jour-là dans les locaux de la gendarmerie. Ce que je veux évoquer avec vous, Assa Traoré, c’est la façon dont vous présentez votre contexte familial. Car je pense qu’une cause, aussi juste soit-elle, et c’est le cas de la lutte contre le racisme, ne doit pas occulter une cause tout aussi juste, celle de la lutte contre les violences faites aux femmes au nom de la tradition. Projet de loi contre les « séparatismes » : la majorité se divise et les oppositions se cherchent.

Les choses sérieuses commencent pour l’examen du projet de loi « confortant le respect des principes de la République ».

Projet de loi contre les « séparatismes » : la majorité se divise et les oppositions se cherchent

Les 70 députés de la commission spéciale sur le texte visant à lutter contre « les séparatismes » commencent son examen lundi 18 janvier, pour une semaine. Quelque 1 700 amendements ont déjà été déposés, signe avant-coureur d’intenses débats. Comme redouté au sein de la majorité, il n’a pas fallu longtemps pour que la question du port du voile islamique écrase le contenu du texte.

Plusieurs amendements restreignant le port de signes religieux dans l’espace public – sujet que n’aborde pas le projet – ont été déposés dès vendredi. La plupart ont été jugés irrecevables par la commission dès dimanche car non-conformes au droit. Plusieurs pistes soumises à Emmanuel Macron pour une réconciliation entre la France et l’Algérie.

Trois mois et demi d’attente, de tergiversations, d’atermoiements car le moment n’était jamais pleinement opportun.

Plusieurs pistes soumises à Emmanuel Macron pour une réconciliation entre la France et l’Algérie

Le rapport de l’historien Benjamin Stora sur la réconciliation mémorielle franco-algérienne a été remis à Emmanuel Macron mercredi 20 janvier. Comment pacifier les imaginaires sur la guerre d’Algérie ? Sortir de la concurrence victimaire à laquelle se livrent différents « groupes de mémoire » ? Apaiser le contentieux franco-algérien comme le malaise identitaire au sein même de la société française, nourris des « saignements de la mémoire », selon la formule de M. Une députée d'extrême droite préfère parler d'«Etat français» plutôt que de République. « Nègre », ce mot lourd du racisme et des crimes qui l’ont forgé. C’est un mot de cinq lettres dont la « claquante sonorité réveille comme un coup de fouet dans une plantation de canne à sucre ou de coton », estime l’écrivain haïtien Dany Laferrière.

« Nègre », ce mot lourd du racisme et des crimes qui l’ont forgé

Un mot né au XVIe siècle qui, aujourd’hui encore, brûle « la boîte vocale, langue, palais, dents et gorge qui le produisent », ajoute la romancière Anne-Marie Garat. Le terme « nègre » n’appartient pas au registre banal de la conversation ordinaire : il porte en lui la tragédie de l’esclavage, de la colonisation et du racisme. S’il pèse des tonnes, poursuit l’écrivaine dans Humeur noire, qui sort début février chez Actes Sud (304 pages, 21,80 euros), c’est parce qu’il conserve l’empreinte du « poids colossal des crimes qui l’ont forgé ». Un arbitre de football roumain en a fait l’expérience, un soir de décembre 2020, sur le terrain du Parc des Princes.

Pour désigner l’entraîneur adjoint de l’Istanbul Basaksehir, Sebastian Coltescu montre du doigt un homme qu’il appelle le « negru ». Anne Muxel : « Les Français se sont réfugiés dans des micro-appartenances » Directrice de recherches en sociologie et en science politique au CNRS (Cevipof/Sciences Po), Anne Muxel travaille essentiellement à la compréhension des formes du lien des individus à la politique et, plus largement, du système démocratique.

Anne Muxel : « Les Français se sont réfugiés dans des micro-appartenances »

Selon elle, il est urgent de reconstruire le lien citoyen qui s’est délité depuis une dizaine d’années. Dans quel état politique, économique et social se trouve la France après plus d’un an de crise liée au Covid-19 ? Anne Muxel.- Au début de l’année 2020, la France traversait une période de crise sociale et politique. « Les mémoires de la guerre d’Algérie ont été prises en otage par les acharnés de l’identité » Tribune.

« Les mémoires de la guerre d’Algérie ont été prises en otage par les acharnés de l’identité »

Tous ceux qui travaillent sur la guerre d’Algérie vous le diront : on ne compte plus les fois où, en soirée, le temps d’une cigarette à la fenêtre, les gens se sont livrés : « Ah mais mon grand-père a fait la guerre d’Algérie ! » ; « Ma grand-mère, elle vient de Constantinople ou Constantine, je sais plus, tu connais ? » Oui, la colonisation de l’Algérie par la France, la guerre d’indépendance et les exils qu’elles ont engendrés ont laissé des traces profondes sur la société française. L’assimilation, une politique à réhabiliter. Le «grand remplacement»: fantasme et réalités démographiques. Dans un ouvrage paru à l’automne 2020, le journaliste et auteur Marc Endenweld rapportait les confidences de plusieurs collaborateurs de l’Elysée affirmant que le président Emmanuel Macron reprenait régulièrement l’expression de « grand remplacement » lors de conversations avec ses équipes au sujet de l’immigration et de l’Islam(1).

Le «grand remplacement»: fantasme et réalités démographiques

Pareille anecdote venue du sommet de l’Etat confirme à quel point ce concept, né dans les marges politiques et littéraires auxquelles certains auraient voulu le circonscrire, occupe désormais une place centrale dans le débat public. Forgée et popularisée par l’écrivain Renaud Camus dans un essai éponyme paru en 2011, la notion de « grand remplacement » hante désormais les éditoriaux, les réseaux sociaux comme les plateaux des grands médias audiovisuels, mais aussi les lieux de pouvoir et les simples discussions familiales. En novembre 2019, France Culture proposait une série de podcasts intitulée « Grand Remplacement : un virus français »(2).

Lefigaro. Guerre de tranchée sur l’accès aux archives. Ce jour-là, Maurice Vaïsse se présente au Service historique de la défense (SHD), basé au château de Vincennes, près de Paris, muni d’un sésame, qui, pense-t-il, lui permettra d’accéder à des documents d’archives « classifiés ». Le professeur émérite de Sciences Po, éditeur des Documents diplomatiques français, tient une lettre de mission signée par le ministre des affaires étrangères.

Il est chargé, par les Nations unies, d’enquêter sur une éventuelle implication des services français dans la mort du secrétaire général de l’ONU, Dag Hammarskjöld, dans un mystérieux accident d’avion en actuelle Zambie, en 1961. Dans cette aile de la forteresse, où sont conservés plus de 120 kilomètres linéaires de documents produits depuis le XVIIe siècle par les administrations militaires, il espère trouver le « smoking gun », la preuve irréfutable. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Dans les pays anglo-saxons, des destructions d’archives inquiétantes. Islamo-gauchisme: «Quand le loup fait l’agneau» Islamo-gauchisme: «L’université est l’otage des idéologues radicaux» Islamo-gauchisme : « S’il y a un effet de mode, quant à ce nouveau type de recherche, notre rôle n’est pas de les censurer, mais de les encadrer »

Tribune. A en croire certains, « l’islamo-gauchisme » – terme dont la violence n’a d’égale que le vide qu’il représente – prospérerait allègrement sur les campus américains qui seraient même sa terre d’élection et de naissance. Oui, les gender studies, les animal studies et les postcolonial studies sont présentes aux Etats-Unis, au même titre que l’étude du Nouveau Testament, que celle de Pascal et de Simone Weil, sans que ces deux derniers sujets d’étude ou de plus « classiques » encore soient délaissés ou en voie de disparition. Je crois pouvoir témoigner, de la place qui est la mienne, que la présence relativement nouvelle de ces objets d’étude dans l’offre des cours proposés aux étudiants a suscité un intérêt motivé par une saine curiosité à leurs égards. Derrière les pourfendeurs de «l’islamo-gauchisme», l’idéologie du nativisme – Libération. Islamo-gauchisme : « Nous ne pouvons manquer de souligner la résonance avec les plus sombres moments de l’histoire française »

Tribune. Nous écrivons pour exprimer notre profonde consternation devant la récente requête de la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Frédérique Vidal, demandant au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de diligenter une enquête sur les agissements « islamo-gauchistes » dans les universités françaises. Nous regrettons qu’après le passage par le gouvernement français d’une loi sur le « séparatisme » ayant déjà accentué la stigmatisation de musulmans en France, ce soit désormais aux universitaires d’être accusés de polariser les débats publics. L’idée que l’on puisse surveiller des enseignants-chercheurs sous prétexte du « dévoiement militant de la recherche » est dans les faits une menace directe de censure qui nous inquiète à plus d’un titre. Tout d’abord, l’Etat n’a ni le droit ni la compétence pour censurer les travaux d’universitaires qui s’appuient sur leur expertise pour contribuer à l’avancée du savoir dans nos sociétés.

« Islamo-gauchisme » à l’université : « Le concept de “privilège blanc” n’est pas sans pertinence » Tribune. Des intellectuels de renom reviennent, dans une tribune publiée dans Le Monde du 23 février, sur la polémique concernant les propos de la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Frédérique Vidal, selon lesquels l’université serait gangrenée par l’islamo-gauchisme. Conscients de l’extrême difficulté à définir le concept, ce dernier étant, d’après le CNRS, un slogan politique ne correspondant à aucune réalité scientifique, utilisé, le plus souvent, dans le but de discréditer ceux qu’il est supposé désigner, les auteurs de la tribune susmentionnée considèrent désormais que le problème, dans l’enceinte universitaire, est le « dévoiement militant de l’enseignement et de la recherche ». Pap Ndiaye : « Si l’on veut déracialiser la société, il faut bien commencer par en parler »

Onze ans après la parution de son ouvrage La Condition noire. Essai sur une minorité française (Calman-Lévy, 2008), Pap Ndiaye, professeur d’histoire à Sciences Po Paris, analyse les controverses françaises sur la question raciale. Ses travaux portent sur l’histoire sociale des Etats-Unis et de ses minorités, ainsi que sur l’histoire et la sociologie des populations noires en France. En 2008, vous faisiez paraître « La Condition noire ». Quel regard portez-vous sur la décennie qui vient de s’écouler ? Lefigaro.