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Histoire globale, mondialisations et capitalisme

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Histoire globale de la première modernité - Sanjay Subrahmanyam. L’histoire de la mondialisation relève-t-elle de l’histoire globale ? L’histoire globale a souvent été définie comme étant, à son niveau le plus élémentaire, une analyse des connexions de longue distance entre des sociétés éloignées. Il s’agirait alors de décrire, puis de comprendre la portée, de relations lointaines matérialisées par des échanges de biens, des transferts de plantes ou de semences, des transmissions de techniques, des circulations d’hommes ou de métaux précieux, voire des contaminations microbiennes ou virales… Ainsi, saisir les conséquences des grandes pestes qui traversent l’Eurasie d’est en ouest, au début du 14e siècle, est de première importance pour analyser la crise du Moyen Âge en Europe et la dissolution du féodalisme.

De même, savoir que 60 % au moins de l’argent extrait aux Amériques par les conquistadors espagnols terminait sa course, non pas sur notre continent mais en Inde et en Chine, en raison du déficit commercial européen vis-à-vis de l’Asie, amène à s’interroger sur la hiérarchie des puissances économiques à l’époque. Qu'est-ce que la mondialisation ? - Sylvie Brunel, article Géographie. Depuis le début des années 1990, la « mondialisation » désigne une nouvelle phase dans l’intégration planétaire des phénomènes économiques, financiers, écologiques et culturels. Un examen attentif montre que ce phénomène n’est ni linéaire ni irréversible. « Avant, les évènements qui se déroulaient dans le monde n’étaient pas liés entre eux.

Depuis, ils sont tous dépendants les uns des autres. » La constatation est banale, hormis le fait que celui qui la formule, Polybe, vivait au IIe siècle avant J. -C. ! La mondialisation, cette création d’un espace mondial interdépendant, n’est donc pas nouvelle. Dès l’Empire romain, une première mondialisation s’est organisée autour de la Méditerranée. Mais le processus n’est pas linéaire : la Première Guerre mondiale puis la grande dépression des années 1930 suscitent la montée des nationalismes étatiques, une fragmentation des marchés, le grand retour du protectionnisme. D’abord et avant tout une globalisation financière Le grand retour des États.

L’approche néo-classique de l’histoire de la mondialisation. Dans un papier récent (7 février) nous avions montré qu’il existait un « problème téléologique » dans toute tentative de proposer une « histoire de la mondialisation ». Nous avions aussi pris soin de distinguer la « dépendance téléologique », soit la situation de fait de tout historien qui cherche à éclairer la formation d’un phénomène et connait donc le résultat provisoire du processus à expliquer, de « l’interprétation téléologique ».

Dans cette dernière, c’est la mise au jour d’une nécessité historique, d’une loi ou ruse de l’histoire, qui tient lieu d’explication, au mépris de la contingence du réel et de la diversité des stratégies d’acteurs. Afin de savoir si toute histoire de la mondialisation est obligatoirement une interprétation téléologique, nous proposons aujourd’hui d’analyser la réponse que les historiens économiques néoclassiques donnent indirectement à cette question à travers un discours particulièrement structuré.

Max Weber nous permet de préciser cette critique. Histoire et mondialisation. Recensés : Dossier coordonné par Caroline Douki et Philippe Minard, « Histoire globale, histoires connectées : un changement d’échelle historiographique ? », Revue d’histoire moderne et contemporaine, n° 54-4 bis, 2007. Pamela Kyle Crossley, What is Global History ? , Cambridge, Polity Press, 2008. Jack Goody, The Theft of History, Cambridge, Cambridge University Press, 2006. Il y a quelques années, Marcel Détienne s’était vigoureusement élevé contre l’enfermement disciplinaire et la pente nationaliste de la discipline historique, française en particulier [1].

Un numéro spécial de la Revue d’histoire moderne et contemporaine consacré à l’« histoire globale » et aux « histoires connectées » constate à nouveau cette tendance, en France, au confinement de l’histoire au sein des frontières de l’État-nation et de l’hexagone en particulier. Au-delà de l’État-nation Le refus des grands récits L’histoire globale souffre cependant d’un déficit de définition. Sortir de l’européocentrisme. Pour une histoire de la mondialisation non-téléologique. Nous avons montré (papier du 7 février) que l’histoire de la mondialisation peut aisément tomber dans le piège d’une interprétation téléologique qui expliquerait le présent comme la conséquence nécessaire d’une certaine loi de l’histoire. Nous avons également montré que tel semble bien être le cas de l’approche néoclassique en la matière (papier du 21 février), laquelle pose un idéal-type, le principe de convergence, qui devient explicatif par lui-même. Comment réaliser une histoire de la mondialisation qui, tout en assumant l’inévitable « dépendance téléologique », ne procède pas d’une « interprétation téléologique » ?

C’est le défi que le papier d’aujourd’hui cherche à relever. Mais ceci nous oblige à assumer, avec Simmel, cette idée plus radicale peut-être que l’historien ne recrée pas un monde ayant existé, mais qu’il donne forme à une matière, qu’il crée un monde original, en grande partie dépendant de nos valeurs présentes et qui ne peut avoir de sens que pour nous. La mondialisation avant la mondialisation. La mondialisation a commencé bien avant la Révolution industrielle et la colonisation, avec les flux commerciaux, les migrations religieuses et les échanges matrimoniaux transfrontaliers… Mais comment est-on passé de cette mondialisation archaïque à la globalisation moderne ?

La mondialisation n’est pas une idée neuve. Nous pouvons repérer une continuité des formes de mondialisation et des principes qui la sous-tendent depuis l’Antiquité classique jusqu’au début de la période moderne. D’importants changements politiques et économiques se sont produits durant cet intervalle, mais les plus importants bouleversements ont pris place à partir du xviie siècle.C’est en effet à ce moment que, grâce aux nouveaux réseaux culturels et économiques des systèmes esclavagistes et à l’argent du Nouveau Monde, une partie du monde atlantique entrait dans le début de la mondialisation capitaliste.

L'invention de la mondialisation - La vie des idées. Patrick Boucheron est maître de conférences en histoire médiévale à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne. Spécialiste des cultures urbaines et artistiques de l’Italie des XIVe et XVe siècles, il vient de diriger, en collaboration avec Julien Loiseau, Pierre Monnet et Yann Potin, un ouvrage intitulé Histoire du monde au XVe siècle (Fayard, 2009). Près de soixante-dix historiens ont participé à cette aventure collective, qui propose un parcours ambitieux à travers les lieux et les temps de la mondialisation au XVe siècle, de la mort de Tamerlan en 1405 au couronnement de Charles Quint en 1520.

Cet ouvrage s’inspire notamment des acquis de la world history et de l’histoire connectée. Sommaire des questions : Peut-on parler de mondialisation au XVe siècle ? Quelles sont les régions du monde qui impulsent cette mondialisation ? Peut-on parler de mondialisation au XVe siècle ? Quelles sont les régions du monde qui impulsent cette mondialisation ? Une mondialisation européenne ? Nota bene : Le monde au XVè s. Yann Potin. Trois nuages. Un volcan islandais vient d’infliger à l’Europe occidentale un exercice pratique d’antimondialisation. Le blocage des transports aériens qui en résulta ne pouvant pas être longtemps traité selon la rhétorique ordinaire des « usagers pris en otage », faute de responsables connus, il fallait bien pour les commentateurs inventer autre chose. On disserta donc sur la fragilité de nos sociétés modernes, menacées par les excès du principe de précaution et vulnérables au fameux « effet papillon » ; certains se risquèrent même à méditer sur la « leçon de lenteur » donnée par le nuage, prônant une sorte de décroissance dans la connexion simultanée des espaces mondiaux.

Comme souvent en pareil cas, l’hébétude et le désœuvrement font naître un appétit d’histoire : on s’empressa donc de chercher des précédents. L’éruption du Laki le 8 juin 1783 faisait naturellement le candidat le plus sérieux à la concordance des temps. L’histoire des contemporanéités est peut-être son objet véritable. Histoire globale, mondialisations et capitalism. Histoire du monde 4/4 -

Le concept de mondialisation sert-il à quelque chose ? - Cairn.i. Notes L’extension du pouvoir impérial et ses limitations, ainsi que l’influence et l’incohérence des idéologies coloniales, sont soulignées par Ann Stoler et Frederick Cooper, « Between metropole and colony : Rethinking a research agenda », dans Cooper et Stoler (eds.), Tensions of Empire : Colonial Cultures in a Bourgeois World, Berkeley, University of California Press, 1997, pp. 1-56.

Voir « Procès Bové : la fête de l’antimondialisation », Le Monde, 30 juin 2000; « Gouverner les forces qui sont à l’œuvre dans la mondialisation », Le Monde, 27 juin 2000. Pour l’usage du concept par les universitaires, voir Gemdev (Groupement Économie mondiale, Tiers monde, Développement), Mondialisation : les mots et les choses, Paris, Karthala, 1999. C’est cette version de la mondialisation qu’on lit tous les jours dans le journal, et on la retrouve bien vivace dans le livre du correspondant du New York TimesThomas Friedman, The Lexus and the Olive Tree, New York, Ferrar, Straus & Giroux, 1999. C.L.R. Cinq siècles et deux mondialisations… L’histoire se répète-t-ell. À partir de quand peut-on parler de mondialisation ? Pour François Gipouloux, spécialiste de l’économie chinoise et auteur de La Méditerranée asiatique (1), la première mondialisation est celle qui, au 16e siècle, voit l’établissement de connexions commerciales à l’échelle du globe, liant les destins économiques de l’Europe, de l’Asie et des Amériques à travers des réseaux marchands.

Et cette première mondialisation, estime-t-il, si elle se réalise à la faveur de l’expansion européenne, résulte surtout de l’attraction exercée par la Chine. Conséquence : la mondialisation contemporaine, dont il estime qu’elle s’amorce à partir de 1985, serait en fait une « remondialisation ». Et celle-ci placerait, à nouveau, la Chine au cœur du commerce mondial. Gipouloux signe une habile synthèse de l’histoire du commerce de ces six derniers siècles et nous invite, avec les nombreux auteurs dont il cite et met en relation les travaux, à décentrer le regard. Le commerce contre l’État. Les espaces de la mondialisation, héritages et dynamiques. Les espaces de la mondialisation, héritages et dynamiques L'existence d'un niveau géographie mondial, d'éléments de société à l'échelle du Monde, est un fait aujourd'hui omniprésent.

On nomme ""mondialisation"" sa construction. Les processus que recouvre ce terme sont à la fois très anciens et tout récents. Ainsi, le Monde actuel est marqué par de nombreux héritages, ceux de la dispersion de l'Humanité et de son fractionnement, l'empreinte de la découverte des autres par les Européens et du tissage des interrelations entre les sociétés. Cette couture du Monde conditionne largement la vision que l'on a de lui, à commencer par les représentations cartographiques, les découpages continentaux et les noms donnés aux parties conventionnelles du Monde.

Ces dynamiques anciennes sont parfois effacées par les plus contemporaines. Mais elles peuvent également rejouer. Canal-U - Quels espaces pour la société-monde ? Chronique d’un monde en connexion, 1200-1600. L’histoire s’accélère à partir du début du 13e siècle. Des zones civilisationnelles jusqu’ici restées largement autonomes entrent en interaction, produisant une ébullition militaire certes, mais aussi économique et sociale, qui va aller croissant jusqu’à aujourd’hui et est aux racines du monde global que nous connaissons. Ainsi peut-on résumer la thèse de Jean-Michel Sallmann, professeur d’histoire moderne à l’université de Paris-X–Nanterre.

Dans son dernier ouvrage, Le Grand Désenclavement du monde, il synthétise un moment-clé de l’histoire humaine : la rencontre entre les « quatre parties du monde ». Pour l’auteur, le monde multipolaire qui s’est constitué sous nos yeux au terme de la guerre froide n’est pas une nouveauté. Sallmann retient comme grands foyers du 2e millénaire quatre civilisations : chinoise, européenne, musulmane et hindoue, qui de par « leur poids démographique et leur dynamisme, (…) ont joué un rôle majeur sur le plan stratégique, culturel et économique ».

Les quatre parties du monde : histoire d'une mondialisation. Entretien avec Serge Gruzinski. 1 Voir en fin d’article les références des ouvrages cités. 1Serge Gruzinski est archiviste-paléographe et directeur d’études à l’EHESS. À l’École française de Rome et à la Casa de Velázquez, mais surtout au Mexique, de 1976 à 1984, il a travaillé sur des sources lui permettant d’aborder la réaction des Indiens face à la conquête espagnole (La colonisation de l’imaginaire ; La guerre des images1), le mélange des formes et des styles entre les éléments de culture précolombienne et ceux de l’Europe de la Renaissance (L’Amérique de la conquête peinte par les Indiens ;L’Aigle et la Sybille) et les procédés de métissage (La pensée métisse), sans oublier des ouvrages étendant ses réflexions et celles de l’anthropologue Carmen Bernand à l’ensemble du continent américain (De l’idolâtrie, Histoire du Nouveau Monde).

Tracés : Qu’est-ce qu’est, pour vous, le « relativisme » ? S. Tracés : Qu’est-ce qui vous a amené à cette réflexion sur l’européocentrisme et les ethnocentrismes ? S. S. S. S. S. S. S. S. Gruzinski: Les quatre parties du monde. Serge Gruzinski, Quelle heure est-il là-bas ? : Amérique et islam à l'orée des Temps modernes, éd. du Seuil - Librairie espagnole El Salón del libro Paris 5e librairie hispano-américaine. Paris, novembre 2008 Serge Gruzinski est directeur de recherche au CNRS et directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont Histoire du Nouveau Monde (Fayard, 1991-1993), Histoire de Mexico (Fayard, 1996), La Pensée métisse (Fayard, 1999) et Les Quatre Parties du monde (La Martinière, 2004 ; Points-Essais, 2006). À l’échelle du globe, qu’est-ce qui circule, ou ne circule pas, entre les cultures ?

Nous en faisons l’expérience à travers la mondialisation : nous vivons dans le flux immédiat des nouvelles du monde, cependant que, paradoxalement, nos vieilles façons de sentir persistent. Le démantèlement progressif d’univers cloisonnés n’est pas nouveau et il a notamment connu une prodigieuse accélération à l’orée des Temps modernes. Le site des éditions du Seuil. À voir : archive Ina, La pensée métisse. Epilogue: Capitalisme et mondialisation. De lautonomie des trajectoires locales à linterdépendance systémique globale. A l'Ouest, rien de nouveau - Xavier de la Vega, article Histoire. Rompre avec l’ethnocentrisme de l’histoire européenne, tel est pour Philippe Norel l’un des enjeux décisifs de l’histoire économique globale. Derrière un titre un peu aride, L’Histoire économique globale est tout autant une passionnante genèse du monde que nous connaissons qu’une arme de haute précision contre l’ethnocentrisme européen.

Plus précisément contre la tendance séculaire des historiens du Vieux Continent à ne rechercher qu’à l’intérieur de ses frontières les ressorts de l’essor économique de l’Europe. Renaissance, grandes découvertes, transition du féodalisme au capitalisme, révolution industrielle, conquête économique du monde : selon cette « histoire tunnel », les moments forts de l’histoire européenne s’enchaînent et se suffisent, réduisant le reste du monde au rôle de récepteur passif des lumières occidentales ou de victime inéluctable d’une arrogante supériorité.

Or, comme le rappelle P. Norel, l’histoire globale a profondément mis en cause ce récit. P. Philippe Norel. Qu'est-ce que le capitalisme ? Le débat sur les origines du capitalisme. Capitalisme ou caritas ? - Vivre pour la Vérité. En Angleterre, le capitalisme fut d’abord une affaire de gentlem. Nouvelles perspectives historiographiques sur le monde britanniq. Lhypothèse de déconnexion et le processus de développement : lapport des Development Studies1. Les études empiriques menées sur les cycles longs depuis le début des années 1980 : quels enseignements ? Un capitalisme résilient. Le développement économique est-il né en Asi. Les racines chinoises de la mondialisation. Les Chinois ont-ils découvert l’Amérique en 1421 ? « Histoire Gl. Une grande divergence, La Chine, l’Europe et la construction de. La Chine, matrice du monde moderne. L’universalité vue de la Chine. Une grande divergence.

L'Asie, une autre modernité économique - Xavier de la Vega, article. Le charbon et l’Empire - La vie des idées. Qui manipulait ’l'économie globale au 17e s.? Techniques chinoises et révolution industrielle britannique « Hi. La révolution industrielle serait-elle une simple question de géographie ? Le réveil de l’Asie au sein d’un monde multipolaire.

La Chine, dernière chance du capitalisme? A p. La Chine, un acteur global dans la longue durée. Que nous dit la Chine sur le capitalisme en 2011 ? Mondialisation : regards de géographes. Le planisphère, figure ambiguë du Monde. L'invention des continents. Rencontre avec Christian Grataloup - Propos recueillis par Martine Fournier, article Géographie. Geopolitique et/ou politique. Global cities.