background preloader

Histoire du concept

Facebook Twitter

Qu'est-ce que la mondialisation ? - Sylvie Brunel, article Géographie. Depuis le début des années 1990, la « mondialisation » désigne une nouvelle phase dans l’intégration planétaire des phénomènes économiques, financiers, écologiques et culturels. Un examen attentif montre que ce phénomène n’est ni linéaire ni irréversible. « Avant, les évènements qui se déroulaient dans le monde n’étaient pas liés entre eux. Depuis, ils sont tous dépendants les uns des autres. » La constatation est banale, hormis le fait que celui qui la formule, Polybe, vivait au IIe siècle avant J. -C. ! La mondialisation, cette création d’un espace mondial interdépendant, n’est donc pas nouvelle.

Dès l’Empire romain, une première mondialisation s’est organisée autour de la Méditerranée. Mais le processus n’est pas linéaire : la Première Guerre mondiale puis la grande dépression des années 1930 suscitent la montée des nationalismes étatiques, une fragmentation des marchés, le grand retour du protectionnisme. D’abord et avant tout une globalisation financière Le grand retour des États. L’histoire de la mondialisation relève-t-elle de l’histoire globale ? L’histoire globale a souvent été définie comme étant, à son niveau le plus élémentaire, une analyse des connexions de longue distance entre des sociétés éloignées. Il s’agirait alors de décrire, puis de comprendre la portée, de relations lointaines matérialisées par des échanges de biens, des transferts de plantes ou de semences, des transmissions de techniques, des circulations d’hommes ou de métaux précieux, voire des contaminations microbiennes ou virales… Ainsi, saisir les conséquences des grandes pestes qui traversent l’Eurasie d’est en ouest, au début du 14e siècle, est de première importance pour analyser la crise du Moyen Âge en Europe et la dissolution du féodalisme.

De même, savoir que 60 % au moins de l’argent extrait aux Amériques par les conquistadors espagnols terminait sa course, non pas sur notre continent mais en Inde et en Chine, en raison du déficit commercial européen vis-à-vis de l’Asie, amène à s’interroger sur la hiérarchie des puissances économiques à l’époque. La mondialisation : un phénomène récent? « l’Insomniaque. On croit souvent à tort que la mondialisation et l’éclatement du commerce sont des phénomènes récents. Pourtant, elle existe depuis les premières explorations européennes débutées par Christophe Colomb en 1492. À mon avis, elle apparaît véritablement au 17e et 18e siècle et elle s’observe au sein de plusieurs facettes de la vie humaine.

Tout d’abord, sur le plan économique, l’apparition des premières industries du textile en Angleterre incite les propriétaires à modifier l’utilisation qu’ils font de leurs terres. Plusieurs parmi eux les clôturent. La transformation de terres agricoles en pâturages et la diminution du nombre d’agriculteurs créent une raréfaction des denrées alimentaires, qui se traduit par une augmentation du prix des aliments. Entre 1500 et 1800, un autre phénomène économique, le mercantilisme, devient la principale politique économique de l’Europe. Ensuite, sur le plan politique, l’absolutisme a quelques répercussions sur la mondialisation du commerce. Le concept de mondialisation sert-il à quelque chose ? - Cairn.i. Notes L’extension du pouvoir impérial et ses limitations, ainsi que l’influence et l’incohérence des idéologies coloniales, sont soulignées par Ann Stoler et Frederick Cooper, « Between metropole and colony : Rethinking a research agenda », dans Cooper et Stoler (eds.), Tensions of Empire : Colonial Cultures in a Bourgeois World, Berkeley, University of California Press, 1997, pp. 1-56.

Voir « Procès Bové : la fête de l’antimondialisation », Le Monde, 30 juin 2000; « Gouverner les forces qui sont à l’œuvre dans la mondialisation », Le Monde, 27 juin 2000. Pour l’usage du concept par les universitaires, voir Gemdev (Groupement Économie mondiale, Tiers monde, Développement), Mondialisation : les mots et les choses, Paris, Karthala, 1999. C’est cette version de la mondialisation qu’on lit tous les jours dans le journal, et on la retrouve bien vivace dans le livre du correspondant du New York TimesThomas Friedman, The Lexus and the Olive Tree, New York, Ferrar, Straus & Giroux, 1999. C.L.R. La mondialisation avant la mondialisation - Christopher A. Bayly, article Histoire. La mondialisation a commencé bien avant la Révolution industrielle et la colonisation, avec les flux commerciaux, les migrations religieuses et les échanges matrimoniaux transfrontaliers… Mais comment est-on passé de cette mondialisation archaïque à la globalisation moderne ?

La mondialisation n’est pas une idée neuve. Nous pouvons repérer une continuité des formes de mondialisation et des principes qui la sous-tendent depuis l’Antiquité classique jusqu’au début de la période moderne. D’importants changements politiques et économiques se sont produits durant cet intervalle, mais les plus importants bouleversements ont pris place à partir du xviie siècle.C’est en effet à ce moment que, grâce aux nouveaux réseaux culturels et économiques des systèmes esclavagistes et à l’argent du Nouveau Monde, une partie du monde atlantique entrait dans le début de la mondialisation capitaliste. Pour une histoire de la mondialisation non-téléologique. Nous avons montré (papier du 7 février) que l’histoire de la mondialisation peut aisément tomber dans le piège d’une interprétation téléologique qui expliquerait le présent comme la conséquence nécessaire d’une certaine loi de l’histoire.

Nous avons également montré que tel semble bien être le cas de l’approche néoclassique en la matière (papier du 21 février), laquelle pose un idéal-type, le principe de convergence, qui devient explicatif par lui-même. Comment réaliser une histoire de la mondialisation qui, tout en assumant l’inévitable « dépendance téléologique », ne procède pas d’une « interprétation téléologique » ? C’est le défi que le papier d’aujourd’hui cherche à relever. Mais ceci nous oblige à assumer, avec Simmel, cette idée plus radicale peut-être que l’historien ne recrée pas un monde ayant existé, mais qu’il donne forme à une matière, qu’il crée un monde original, en grande partie dépendant de nos valeurs présentes et qui ne peut avoir de sens que pour nous.