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Edito 05 juillet 2016

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Peut-on en discuter ou c'est tabou ?

"La justice sociale est prioritaire" dit le PDG de Danone aux diplomés d'HEC. "Fascinant", "poignant", "émouvant"... Les mots ne sont pas assez forts pour qualifier le discours d’Emmanuel Faber, le patron de Danone venu parler aux étudiants d’HEC lors de la remise des diplômes. Comment expliquer cette unanimité à une époque où il est si difficile d’être consensuel ?

Pour le comprendre, il faut d’abord rappeler que cet ancien étudiant de l’école de commerce a succédé à Antoine Riboud à la tête de cette société du CAC 40, qu’il a touché 4,86 millions d’euros en 2015, une rémunération en hausse de 29,41% sur un an. Mais, contrairement à nombre de ses collègues qui auraient en la circonstance développé un credo néo-libéral, Faber est venu donner la leçon inverse. Le vocabulaire familier des récits médiatiques En l’occurrence, l’exemplum est fourni pas son frère. La leçon qu’il en tire est la suivante : "Sans justice sociale, il n’y aura plus d’économie, poursuit-il.

Une morale surprenante de la part d'un patron du CAC 40 Une solution individuelle à l'injustice du monde. 4 jours qui vont vous changer la vie - Pierre Larrouturou. Pourquoi il faut travailler moins. L’Igas censure un rapport sur les 35 heures. Les entreprises sont-elles au-dessus des Etats ? Sam Zemurray était un homme ambitieux et insatiable. Emigré de Russie aux Etats-Unis à l’âge de 14 ans, sans instruction, ce petit épicier a construit sa fortune sur le commerce des bananes autour de la Nouvelle-Orléans. En 1910, il achète des terres sur la côte nord du Honduras pour produire ses propres fruits. Mais le gouvernement ne lui est pas favorable et préfère son concurrent, qui a eu la générosité de construire routes, voies ferrées, ports et lignes téléphoniques.

Qu’à cela ne tienne, l’homme d’affaires recrute des mercenaires et provoque en 1911 un coup d’Etat, installant à la tête du pays un nouveau président bien plus compréhensif. Ces vingt dernières années, le cocktail explosif de la mondialisation, de la libéralisation financière et des nouvelles technologies a fait resurgir le spectre de la multinationale toute puissante. Générations sacrifiées et nouveau contrat social. Ils se sont retrouvés ce soir-là, bien décidés à en découdre. A la manière des avocats et de leurs fameux concours d’éloquence. Dans la salle d’un restaurant parisien, une trentaine d’économistes et deux politiques de bords opposés – dont il nous faut, hélas, taire le nom – débattent des jeunes et de leur situation.

Tous ces universitaires ont participé à la rédaction d’un gros livre passionnant, fruit du travail collectif de la chaire « Transitions démographiques et transitions économiques », fondée par Jean-Hervé Lorenzi. Quatre questions, quatre « matchs » d’arguments : y-a-t-il aujourd’hui en France des générations sacrifiés ? « Des sacrifiés » Le premier débat enflamme d’emblée l’assistance : « Trois fois, non ! 1. 2. 3. La taxe sur les transactions financières, cet impôt que l’Europe n’ose pas enterrer. LE MONDE ECONOMIE | • Mis à jour le | Par Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) « La quoi ? La TTF ? Vous êtes sûr que c’est encore un sujet ? Elle n’était pas morte l’année dernière ? » « Non, tu exagères, elle bouge encore… Même si c’est un peu un zombie. » Voici un exemple, parmi d’autres, des échanges que la taxe sur les transactions financières (TTF) – la taxe Tobin version européenne – suscite désormais à Bruxelles. L’ennui, l’indifférence et quelques plaisanteries.

Toujours dans les limbes, après cinq ans d’atermoiements, cet impôt sur les établissements financiers, qui est censé réfréner la spéculation et contribuer à de nobles causes – la lutte contre le réchauffement climatique ou la recherche sur le sida –, ne passionne plus grand monde. Le travail continue Mais une fois de plus, comme en décembre 2015, comme en mars 2016, les ministres ont réussi à sortir de la salle en assurant que le travail continuait. "il est mauvais de restreindre la générosité et la durée des allocations en période de crise" Camille Landais : LE MONDE ECONOMIE | • Mis à jour le | Propos recueillis par Antoine Reverchon Camille Landais, 35 ans, est professeur associé à la London School of Economics and Political Science. Elève de l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm en sciences sociales, vous avez opté pour l’économie. Pourquoi ? Un peu par hasard ! A l’Ecole d’économie de Paris, l’enseignement ne ferme pas la porte aux apports de l’histoire et des autres sciences sociales.

Mais vous êtes parti aussitôt après votre thèse à Berkeley (2009), puis à Stanford (2010) et à Londres (2012), où vous êtes toujours… N’est-ce pas un peu loin du débat public français ? Après ma thèse, j’ai eu, grâce à Emmanuel Saez, l’opportunité de partir à Berkeley, un univers scientifique fantastique. Depuis Berkeley et Londres, j’ai travaillé avec Thomas [Piketty] et Emmanuel [Saez] sur les inégalités en analysant les interactions entre politique fiscale, redistribution et inégalités de revenus.

Quel est le point commun de ces travaux ? Pourquoi ?