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Pourquoi le blasphème continue à faire scandale

Pourquoi le blasphème continue à faire scandale
Cet entretien a été publié initialement dans Le Monde des religions n° 83, juin 2017. Aussi ancien que les religions elles-mêmes, le blasphème désigne l’insulte faite à Dieu ou au sacré. Si les religions monothéistes y sont particulièrement sensibles, il se retrouve pourtant dans d’autres traditions spirituelles comme l’hindouisme. Et alors que l’on pensait en avoir fini avec le « péché de langue », il revient régulièrement à la une de l’actualité depuis plusieurs années. Il est encore présent dans les débats alors que s’est ouvert, le 2 septembre, le procès des attentats de « Charlie Hebdo », de Montrouge et de l’Hyper Cacher, devant la cour d’assises spéciale de Paris. Comment expliquer cette persistance ? Comment définir le blasphème ? Anastasia Colosimo : La première chose que l’on constate en s’intéressant au blasphème, c’est que cette notion existe dans presque toutes les langues et cultures du monde. Vous dites que le blasphème « est par essence un crime sans victime ».

https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2020/09/06/pourquoi-le-blaspheme-continue-a-faire-scandale_6051162_6038514.html

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Représentations de Mahomet : ce que disent le Coran et les autres textes de l’islam Nous republions cet article initialement publié en janvier 2015, après l’attentat qui a endeuillé la rédaction de Charlie Hebdo. L’attentat de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), dans lequel Samuel Paty, un enseignant de 47 ans, a été assassiné par un terroriste islamiste parce qu’il avait montré des caricatures de Mahomet en classe, a de nouveau déclenché le débat et les critiques sur la représentation du prophète de l’islam. Cette dernière est vue comme strictement interdite par de nombreux musulmans, or les textes et l’histoire de l’art islamique sont moins catégoriques. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Pourquoi le blasphème continue à faire scandale

1881 : quand la IIIe République instaure un droit au blasphème Les événements bouleversants qui ont marqué, en France, le mois de janvier 2015, avec les assassinats perpétrés à Charlie Hebdo et ceux qui ont suivi, puis les réactions de la nation autour d'une immense manifestation d'unité nationale appellent, du côté de la presse et de la liberté d'opinion, une remise en perspective historique. Ils requièrent qu'on considère sous cet angle la IIIe République commençante et les règles qu'elle a promues. Car on trouve agitées en ces temps-là plusieurs des interrogations qui ont resurgi avec violence au-devant de la scène à l'occasion du récent cataclysme. Asia Bibi, chrétienne condamnée à mort pour blasphème puis acquittée au Pakistan, souhaite s’installer en France C’est une femme menue, vêtue d’une tunique brune ornée de bijoux, une perle dans le nez, qui n’en revient pas de l’honneur qui lui est fait dans ce salon de l’Hôtel de Ville de Paris baigné par la lumière du jour tombant mardi 25 février : la Pakistanaise Asia Bibi, 48 ans, une revenante du couloir de la mort, reçoit des mains de la maire Anne Hidalgo le diplôme de citoyenne d’honneur de la Ville de Paris, une distinction qui lui avait été attribuée en 2015, in absentia – au côté, cette année-là, de Charlie Hebdo. Tout un symbole : Asia Bibi, une paysanne catholique analphabète de la province pakistanaise du Pendjab, mère de deux filles, fut condamnée à mort en 2010 pour blasphème, après que des femmes musulmanes de son village l’ont accusée d’avoir bu l’eau du puits dans leur gobelet, un jour de juin 2009 où elles participaient ensemble à la cueillette de fruits, et de l’avoir ainsi souillée parce qu’elle était chrétienne.

Cette liberté de caricaturer qu'exècre l'islam radical Temps de lecture: 4 min La caricature, le dessin, l’humour, la dérision sont tout ce qu’exècre le militant radical islamiste. Pour lui, les coups de crayon de Charlie Hebdo sont devenus le symbole même de l’attentat contre la religion et un insupportable blasphème. En 2006, la publication de caricatures de Mahomet, reproduites à partir d’un journal danois, avait enflammé le monde musulman.

Dans quelles conditions l'islam autorise-t-il la représentation du Prophète ? « Tout est pardonné », et le prophète Mahomet en pleurs tient lui aussi une pancarte « Je suis Charlie ». La dernière « une » de Charlie Hebdo est un nouveau dessin du Prophète. Elle repose la question de la représentation de la principale figure de l'islam, et de la figure humaine en général, dans la tradition islamique. Ce que disent les textes Le Coran n’interdit pas la représentation du Prophète, ni la représentation humaine en général. Ecrit dans une société où l’image est généralement absente (la péninsule arabique au VIIe siècle), le texte ne la mentionne qu’une seule fois : « Le vin, les jeux de hasard, les idoles sont des abominations inventées par Satan.

Comprendre le droit au blasphème - France culture La très vive émotion et les multiples interrogations soulevées par l'assassinat de l'enseignant Samuel Paty, survenu à Conflans-Sainte-Honorine le 16 octobre 2020, appellent notamment à une remise en perspective historique de la notion de blasphème. Longtemps considérée comme désuète, celle-ci s’est à nouveau invitée dans le débat public après l'attaque terroriste qui a pris pour cible les journalistes de la rédaction de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo en janvier 2015. Mais avant ces événements tragiques, le "péché de bouche" comme on le nommait au Moyen Âge, était déjà l'objet de vives discussions. L’art de l’outrage des caricatures de Mahomet Jyllands-Posten, 30/09/2005. Charlie Hebdo, 02/09/2020. (Chronique Fisheye #43) A l’occasion de l’ouverture du procès des attentats des 7-9 janvier 2015, l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo a remis en Une les caricatures de Mahomet, accompagnées du titre: «Tout ça pour ça». Les 12 dessins publiés initialement par le quotidien danois Jyllands-Posten le 30 septembre 2005, ainsi que la couverture par Cabu du numéro spécial du 8 février 2006 qui les reprenait, constituent pour le magazine les «pièces à conviction» d’une histoire qui a abouti au tragique assassinat de 12 personnes, dont 8 membres de la rédaction et 2 policiers, par des terroristes islamistes.

Qu'est-ce que la laïcité ? Apparue en France dès 1871 dans le journal La Patrie à l'occasion d'une polémique sur l'instruction religieuse, la notion de laïcité est le fruit d'une longue histoire : de l'abandon du crime de blasphème en 1789 aux débats sur les "signes ostentatoires religieux" dans l'espace public, en passant par la célèbre loi de séparation des Eglises et de l'Etat du 9 décembre 1905. Idéal républicain, l'adoption du "principe de laïcité" repose sur trois idées fondamentales : la liberté de conscience et celle de manifester ses convictions dans le respect de l'ordre public, la séparation des institutions publiques et des organisations religieuses. Enfin, l'égalité de tous devant la loi, quelles que soient les croyances ou convictions. De la Révolution à aujourd'hui, histoire de la laïcité

La liberté d’expression et la question du blasphème en France Dernière mise à jour : 2 novembre 2020. Malgré la sidération qui est celle de l’ensemble de l’École républicaine, nous avons tenté de réunir des ressources sur la thématique de la liberté d’expression. Pour travailler sur la liberté d’expression Dessin de presse et blasphème Charlie Hebdo et ses caricatures : « Il y a trente ans, c’était les cathos intégristes... » La une de Charlie Hebdo du 19 septembre 2012 Après la publication de nouvelles caricatures de Mahomet par Charlie Hebdo, Guillaume Doizy, spécialiste de l’histoire des caricatures, revient sur la tradition française de satire des religions. Rue89 : Existait-il une tradition de caricaturer les musulmans en France avant la reproduction par Charlie Hebdo des caricatures de Mahomet publiées dans un journal danois en 2005 ? Guillaume Doizy : Non, pas vraiment. A la fin du XIXe siècle et au début du XXe, il y a bien quelques caricaturistes qui dessinent Mahomet, du fait des tensions et des guerres avec la Turquie.

De Jésus à Trump, une histoire de la caricature "La caricature, le dessin de presse, par essence, suscitent des réactions violentes", analyse Guillaume Doizy, spécialiste de l'histoire des caricatures. Mi-juin, le New York Times a cessé la publication de dessins politiques dans son édition internationale après une polémique sur un dessin jugé antisémite où le premier ministre Benyamin Netanyahou, grimé en teckel, un chien d'origine allemande, mène par la laisse Donald Trump, aveugle et affublé d'une kippa. La religion sans cesse caricaturée

La presse satirique française, une arme politique héritée de la Révolution La presse satirique française, sans tabou quand il s'agit de railler pouvoir ou religion, est une tradition qui remonte à la Révolution et dont Charlie Hebdo, cruellement frappé par un attentat sans précédent, est l'héritier au même titre que Le Canard enchaîné ou le défunt Hara-Kiri. «C'est une spécificité française. Ici, on cogne, on utilise le dessin de façon militante pour contester, dénoncer, faire tomber les barrières», explique Guillaume Doizy, spécialiste de l'histoire du dessin de presse. Aborder caricatures et dessins de presse en classe - CLEMI Un point de vue généralement critique Le dessin de presse est la représentation graphique d'un événement de l'actualité par un observateur à la fois artiste et journaliste. Il s'apparente cependant plus au billet d'humeur (pour le parti pris) ou au billet d'humour (pour l'ironie et le trait d'esprit) qu'à l'article informatif.Dessin polémique, la caricature ne cherche pas toujours à déclen­cher le rire, mais elle déforme, parodie, ridiculise, dénonce une situation ou une personne. Ses trois fonctions principales sont : exagérer, défigurer, accuser.Le dessin de presse témoigne d'un regard personnel du dessina­teur sur l'actualité.

Charlie Hebdo : La France, terre de tradition des journaux satiriques La tristesse nationale provoquée par l'assassinat des talentueux dessinateurs de Charlie Hebdo nous rappelle que la caricature et la presse satirique montre l'attachement viscéral des français à la libre pensée. Héritier d'Hara-Kiri, le journal bête et méchant, créé en 1960 par François Cavanna et le professeur Choron, Charlie Hebdo est le continuateur spirituel des pamphlets qui sont nés au siècle des Lumières et qui ont fait flores pendant la Révolution française. Le point commun de tous ces journaux est le courage. Quelles que soient les idées défendues, ils ont eu à affronter la censure. La censure du pouvoir royal avant la Révolution, la censure du Comité de salut public sous Robespierre, la censure légale sous les différentes républiques. Car il va de soi que la presse satirique et pamphlétaire est dans son essence dénonciatrice des systèmes politiques en place.

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