Contre le travail et ses apôtres. Les bus, les métros, les périphériques, les trains de banlieue sont pleins à craquer de salariés pris au piège de la normalité. L’entassement, prix d’un calme fragile, prix de l’ordre. Le sommeil qui ne vient pas, le sommeil interrompu à l’aube, prix du calme. Il ne faut pas chercher bien loin pour constater les signes d’un consensus apparent ; au cours d’une manifestation, un gréviste réagit à un slogan « A bas le travail » tagué sur les murs : « Ce n’est pas bien, il ne faut pas dire ça ! » Pourquoi ce n’est pas bien ? Fallait-il en déduire une déclaration d’amour pour le travail, ou alors s’agissait-il d’obtenir le précieux salaire mensuel, celui qui vous donne droit au précieux logement (et encore), à la précieuse bouffe, au précieux compte en banque, au précieux titre de transport pour aller au travail, au précieux titre de séjour, aux précieux habits ?
C’est ce foutu cercle sans début ni fin qui revient le plus souvent. . « Il faut travailler parce qu’il FAUT TRAVAILLER ». Les Temps Modernes se poursuivent chez Amazon. Beaucoup d’entre nous ont commandé à un moment donné par internet sur le site Amazon.fr : vente en ligne de livres, DVD, jeux vidéo, CD, lecteurs MP3, ordinateurs ... Une fois notre commande passée que se passe-t-il de l’autre côté de l’ordinateur ? UL CNT Villefranche-Beaujolais Dans les entrepôts de réception de commandes anglais et américains d’Amazon, les salariés sont soumis à un permis à un point : une absence -même justifiée par un certificat médical ! -, le manque de rapidité au travail ou l’infraction à une règle de sécurité ajoutent des points.
Une minute de retard vaut 0,5 point de pénalité, une heure vaut un point et une journée d’absence 1,5 point. Au bout de 6 points vous êtes virés.Pour effacer des points, Amazon propose un système de primes sur objectif : comme emballer un certain nombre de colis en un temps donné, par exemple. On vous engueule si vous vous trompez dans la commande. Qui travaille chez Amazon ?
« Refuser le travail, c'est bien... Dépasser le travail, c'est mieux. A propos de " Attention Danger Travail " de Pierre Carles » Par Gérard Briche, philosophe, membre des groupes allemands Krisis et Exit !. Texte rédigé pour un débat lors de la projection du film « Attention Danger Travail » de Pierre Carles, au festival Avatarium à Saint-Etienne, le 22 novembre 2003.
Avec une sympathie évidente pour ses auteurs et la dimension critique du sujet qu'ils cherchent à traiter, ce texte montre l'intérêt mais aussi les limites théoriques véritables du film quand il parle de ce qu'est le « travail » (qui sous le capitalisme n'est pas une simple activité, mais doit être considéré d'abord comme un « rapport social » spécifique à la fois au fondement et au fonctionnement du capitalisme, cf. le livre de Moishe Postone), et il nous invite tous à repenser vraiment la théorie critique du capitalisme, de manière radicale, c'est-à-dire aller voir ce que sont les racines sociales même de cette société fétichiste, pour les découvrir comme ni naturelles, ni transhistoriques, mais à abolir.
Palim Psao Rêverie utopique ? - Isaak I. La mort de l’économie et du travail. En fait, j’aurais dû voir venir le truc. Dans les années 1980, les prolos ont été violemment déclassés. Nos parents nous ont recommandé de bien faire des études pour ne pas finir comme eux. « Il faut bien travailler à l’école pour avoir un bon métier plus tard. » Ensuite, à partir des années 1990, ce sont les petits fonctionnaires et les salariés pas très éduqués qui ont été basculés dans des structures privées, où ils étaient corvéables à merci, désormais au service des actionnaires et relevant des managers, très vaguement protégés par le droit du travail. Le début du 21e siècle a vu ma génération, même les plus éduqués, basculer à leur tour dans la précarité.
Anne et Marine Rambach ont très bien décrit ces « Banlieues de l’intelligentsia » dans Les intellos précaires, il y a déjà plus de dix ans. Education bubble J’avais parlé il y a quelques temps de la bulle spéculative liée à l’enseignement dans les pays anglo-saxons. Mais nous ne sommes pas les derniers. Lights out factories. LE SALAIRE DE LA PEUR. Not Waving But Drowning (S. Smith) Certains grandissent avec l’idée que, quand on est jeune, il faut en « profiter », pour voyager, vivre, respirer, grandir, s’amuser.
Les meilleures années de ta vie, ils te disent. J’ai grandi avec l’idée que, quand on est jeune, il faut en « profiter » pour travailler au maximum. « Tant que tu as la santé », me répète ma famille, tant que tu as la santé, tu travailles, tu travailles comme tu peux. J’imagine que c’est l’empreinte des migrations qu’ils portent sur les épaules : l’insertion par le travail, la fierté de « ne pas être des assistés », l’orgueil de l’indépendance malgré les obstacles – j’imagine. Partant de ce principe, dès que j’ai pu, j’ai toujours travaillé. Les premiers jobs, comme pour beaucoup, avec des copines : on emballe les cadeaux dans une boutique pour Noël, on gagne cent euros et des clopinettes, mais putain, c’est TON argent, tu sautilles partout, tu comprends cette fierté, tu comprends quelque part que le TRAVAIL c’est l’achat de ta liberté, tu es contente.