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Clarté

Clarté
La question de l’euro échappera-t-elle un jour à la malédiction du FN ? Sans doute tout la destinait-elle à y tomber, spécialement en une époque où se mêlent toutes les confusions et toutes les hystéries, au point de rendre presque impossible le moindre débat rationnel. Mais que dire quand ce sont certains des avocats mêmes de la sortie de l’euro qui ajoutent au désordre intellectuel et, identifiés à gauche, en viennent à plaider d’invraisemblables alliances avec l’extrême-droite ? Le FN, ce terrible fléau, cette bénédiction Sauf à vivre dans le monde des rêves habermassien, l’expérience élémentaire enseigne l’improbabilité du débat ordonné – qui appelle des prérequis institutionnels très particuliers, comme ceux des institutions scientifiques, pour avoir sa chance. Mutatis mutandis le FN est, pour le débat de l’euro, l’équivalent fonctionnel de la Corée du nord pour celui de la démondialisation. Par bonheur, quand il n’y a plus rien, il y a encore le FN. Des signifiants disputés Related:  PolitiqueEurope ou plutôt U.E.

« J’aime l’entreprise » ou l'erreur de calcul, par Régis Debray (Le Monde diplomatique, octobre 2014) Les déclarations d’amour marquent rarement un tournant historique, mais nos annales retiendront le « j’aime l’entreprise » lancé par notre premier ministre au Mouvement des entreprises de France (Medef) un jour d’août 2014. Les cris du cœur ont leur ambiguïté. Comment interpréter celui-ci ? Une effusion L’apprenti Chateaubriand se tournera vers le passé. L’émule de Bourdieu, moins sentimental, trouvera confirmation du fait que la bourgeoisie industrielle et commerciale a fauché la place de la bourgeoisie administrative et intellectuelle (qui avait elle-même, jadis, déplacé l’aristocratie foncière) au premier rang de la classe dominante. L’élève de René Rémond, à Sciences Po, pointera le retour en force du saint-simonien de 1820 chez nos esprits avancés et saluera un juste et tardif hommage du frelon aux abeilles industrieuses. Aimer, c’est graviter. L’invasion Pris dans l’étau Eco, notre vocabulaire rétrécit. L’assimilation Remémoration Fascination Implosion Aliénation Ne désespérons pas.

La gauche anti-austérité lance le chantier d’une autre Europe Depuis le 13 juillet au matin, l’Europe n’est plus la même. Dans le bras de fer qui les a opposés au gouvernement grec, les dirigeants de l’Union européenne (UE) défi nie par les traités ont montré à tous leur vrai visage : celui d’une construction « a-démocratique », écrivait le directeur de l’Humanité et député Front de gauche au Parlement européen Patrick Le Hyaric, au lendemain de l’« accord » funeste imposé à Athènes. Dans le même temps, l’épreuve de force, poussée à son extrémité, a clarifi é la nature du « projet européen » porté par les gouvernements de la zone euro, Allemagne en tête. « Toute cette période a eu l’immense mérite de déciller les yeux à beaucoup sur l’intransigeance de Madame Merkel (…). Mais également sur la réalité de l’UE », constatait le coordinateur du Parti de gauche (PG), Éric Coquerel, le 18 août. « Utiliser la pression politique » Première difficulté : celle de fédérer des forces en tentant de définir une position commune.

A l’école des militants, par Allan Popelard (Le Monde diplomatique, janvier 2015) Ce 11 avril dernier, une foule compacte s’assemble devant le palais de la Mutualité. Une banderole jaune à lettres rouges — « Cercle Léon Trotski » — ondule sur la façade. Des militants de Lutte ouvrière (LO) distribuent le journal Lutte de classe ; d’autres écornent les tickets d’entrée. Quand retentissent les chants révolutionnaires russes, chacun comprend que le moment est venu d’écouter la conférence du soir, consacrée à l’Europe. Dans la salle, cinq cents personnes environ sont présentes. « Dans les années 1960 et 1970, les trotskistes de LO, de la LCR [Ligue communiste révolutionnaire] et de l’OCI [Organisation communiste internationaliste] possédaient des systèmes de formation qui se ressemblaient beaucoup, explique Jean-Jacques Marie, historien de l’Union soviétique et membre du Parti ouvrier indépendant (POI). « Contrairement aux autres partis, la sélection des cadres du PCF reposait sur une représentation en miroir de la société », poursuit Ethuin. « Xavier !

Pour un plan B en Europe Le Français Jean-Luc Mélenchon, l'Italien Stefano Fassina, les Grecs Zoe Konstantopoulou et Yanis Varoufakis, et l'Allemand Oskar Lafontaine s'associent et proposent « la tenue d'un sommet international pour un plan B en Europe, ouvert aux citoyens volontaires, organisations et intellectuels. Cette conférence pourrait avoir lieu dès Novembre 2015. Nous lancerons ce processus samedi 12 Septembre lors de la Fête de l'Humanité ». Le 13 juillet, le gouvernement grec démocratiquement élu d’Alexis Tsipras a été mis à genoux par l’Union européenne. « L’accord » du 13 juillet est en réalité un coup d’Etat. Désormais, avec davantage d’austérité, davantage de privatisations au rabais d’actifs publics, une politique économique plus irrationnelle que jamais, et la misanthropie en guise de politique sociale, le nouveau mémorandum ne sert qu'à aggraver la Grande Dépression grecque et le pillage de la Grèce par des intérêts particuliers, grecs ou non. Tirons les leçons de ce coup d’Etat financier.

Immigration : l’UMP se ruine la santé « Les étrangers en situation irrégulière sont couverts à 100% pour les dépenses de maladie. C’est les seuls qui, sur notre territoire, ne payent rien.» Jean-François Copé, le 10 octobre, sur France 2. « L’aide médicale d’Etat, c’est totalement gratuit alors que, pour les Français, il peut y avoir jusqu’à 50 euros de franchise.» Brice Hortefeux, le 15 octobre, sur RTL. INTOX. DESINTOX. Il est donc faux de dire comme Copé que les étrangers en situation irrégulière sont les seuls à ne rien payer. Cette intox selon laquelle les étrangers en situation irrégulière seraient les seuls à ne rien payer grâce à l’AME est un vieux fantasme.

Démocratie et logique de guerre Le bras de fer entre la Grèce à ses créanciers n’aura pas dérogé à la règle qui veut que tout conflit digne de ce nom passe par la bataille de la communication. Les francs-tireurs de l’austérité auront notamment dégainé une arme avec un zèle particulier, flanqué d’un certain aplomb : délégitimer le choix du peuple grec de rompre avec la rigueur budgétaire sous prétexte qu’il s’opposerait au choix des 18 autres pays de la zone euro… De piétiner le choix des Grecs ! Simple manœuvre rhétorique, ou signe d’une profonde régression démocratique sur le Vieux Continent ? C’est peu dire que la gestion de la crise de la dette par les institutions[1] et États créanciers de la République hellénique fut marquée du sceau d’un autoritarisme parfaitement ignorant de la question démocratique. Il s’est révélé dans toute sa brutalité à mesure que se profilait la montée en puissance de forces anti-austérité à Athènes. Relativiser pour mieux délégitimer Prémisses douteuses Principe majoritaire et souveraineté

Le grand ratage des écologistes français, par Eric Dupin (Le Monde diplomatique, avril 2015) Militants et responsables d’Europe Ecologie - Les Verts (EELV) s’accordent au moins sur le constat que leur parti est en piètre état. Son horizon stratégique s’est singulièrement obscurci. « La crise de notre mouvement va s’aggraver, continuons à approfondir notre désarroi », suggère sombrement M. Alain Coulombel (1), conseiller régional de Rhône-Alpes, membre du conseil fédéral d’EELV et situé à la gauche de ce mouvement. « Le parti est plus divisé que jamais », constate avec flegme M. Jean-Vincent Placé, président du groupe écologiste au Sénat et l’un des tenants les plus acharnés de la ligne « participationniste », défendue par ceux qui souhaitaient rester au gouvernement et se verraient bien y revenir… Pour la principale formation écologiste française, un cycle historique s’achève. En France, l’écologie politique a toujours été idéologiquement diverse. Agir plutôt que gémir « Nous devons nous unir au-delà de nos différences, car nos adversaires le font. M.

Etienne Balibar, Sandro Mezzadra, Frieder Otto Wolf: Le Diktat de Bruxelles et le dilemme de Syriza Le diktat de Bruxelles et le dilemme de Syriza Par Etienne BALIBAR, Sandro MEZZADRA, Frieder Otto WOLF[1] Les « accords » léonins qui viennent d’être passés sous la menace, entre le gouvernement grec (à charge pour lui de les faire entériner par les députés de la Vouli) et les autres Etats de l’Union Européenne (qui n’ont pas tous besoin d’une telle sanction) marquent-ils la fin d’une époque et le commencement d’une autre ? Oui, à plusieurs égards, mais certainement pas dans le sens qui nous est indiqué par le communiqué du « sommet ». Il faut donc essayer d’en comprendre les implications, et d’en discuter les conséquences, en évitant toute rhétorique mais non pas tout engagement et toute passion. Les « accords » vus de Grèce Vus de Grèce, les accords apparaissent bel et bien comme un diktat. La nouvelle « constitution » de l’Europe Il faut le faire dans la même modalité que précédemment : celle des faits et de leur signification historique. Commençons par la dette.

« Moi Président » : trois ans de dérégulation du droit du travail et d'augmentation du chômage En 1981, François Mitterrand voulait « changer la vie ». Deux ans plus tard, le gouvernement socialiste dirigé par Pierre Mauroy engageait le « tournant de la rigueur ». Élu sur un programme de rupture avec le libéralisme à tout crin des années Sarkozy, et pour « réorienter l’Europe », François Hollande n’aura pas mis aussi longtemps à plier sous les injonctions du « réalisme » et à renoncer à ses promesses de changement. Exit la grande réforme fiscale, le contrôle de la finance, la renégociation des traités européens. Place, dès novembre 2012, à l’oxymore du « socialisme de l’offre » annonçant – dans un premier temps – les 20 milliards d’euros de réductions d’impôts accordées aux entreprises par le biais du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). Acte 1 : « Il faudra qu’il y ait moins de chômeurs » en 2014 L’expression est emblématique du virage politique engagé par la nouvelle majorité. Scène 1 : moins d’impôts et licenciements facilités Pour quels résultats ?

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