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Enfance et espace public

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b4/f5/59/b4f55942faa151032c260878e5bd651d. Ces enfants trop bruyants. J’ai récemment réagi sur Twitter à l'(excellent) article de Mme Déjantée Territoires d’enfants, territoires d’adultes: à qui appartient l’espace? (lisez-le, c’est un ordre). Plusieurs personnes ont trouvé ça intéressant, donc je vais essayer de synthétiser ce que j’en disais dans un mini-article. L’article de Mme Déjantée met en lumière le fait que l’espace urbain soit considéré comme appartenant principalement aux adultes, avec un fractionnement de plus en plus important entre les groupes: tel espace est réservé aux enfants, des lieux de vie en général ils sont soit exclus, soit à peine tolérés. Cela m’a renvoyé à une discussion désagréable que j’ai eue il y a quelques temps avec certains Child-Free intolérants (nb: je suis totalement solidaire des child-free, j’en parle ici, mais y a vraiment des gens intolérants, d’ailleurs ce n’est pas propre aux CF de toutes façons).

Interloquée, je leur ai demandé: mais mon gosse, j’en fais quoi? D’ailleurs, sont-ils si bruyants que ça? Territoires d’enfant, territoires d’adultes: à qui appartient l’espace? Salon de thé, centre ville de Lyon, 10H du matin: MrD, mon Briochin de deux ans et moi sirotons un chocolat viennois plein de chantilly. MrD et moi devisons, Briochin papote et commente le décor des lieux. Un groupe d’hommes se tient près de nous, costards-cravates, ça semble parler affaire. La logorrhée de Briochin les dérange, je les entends souffler et cracher à chaque intonation un peu aiguë de mon petit homme.

Et puis survient l’irréparable: le verre d’eau de Briochin lui échappe, tombe par terre et se brise. J’entends distinctement un « et voilà!! » indigné juste à côté… Alors on s’excuse platement, on nettoie, et on déguerpit…. Berges du Rhône, dimanche après midi: il fait chaud, très chaud. Comment est-ce possible que, dans une société où l’enfant est sur-valorisé, considéré comme nécessitant des soins, des objets, des interlocuteurs spécifiques à chaque instant de son existence, il soit à ce point considéré comme indésirable dans l’espace public? Mme Déjantée WordPress: Il faut défendre le droit à l'aventure pour nos enfants surprotégés. Temps de lecture: 3 min Des écoles primaires américaines ont récemment interdit à leurs élèves de jouer à chat ou à la balle au prisonnier pendant la récréation. Ces activités sont considérées comme trop dangereuses. Imaginez : des enfants courent partout de manière imprévisible, ils lancent des ballons (souvent durs!)

, et tombent sur un sol en asphalte. Si un enfant se blesse, les parents peuvent faire un procès, et il arrive que l'école paie des dommages et intérêts. Un district scolaire de Virginie de l'Ouest s'est débarrassé de toutes ses balançoires pour des raisons similaires. Les bambins portent désormais casques et genouillères pour la moindre balade en trottinette, et leurs aires de jeu ont des sols molletonnés, des angles arrondis, et des toboggans presque plats. Dans un article de The Atlantic intitulé «Hé les parents, laissez vos enfants tranquilles!» Maintenant qu'elle a trois enfants, elle passe presque chaque minute de son temps libre avec eux. L’enfant et la rue-espace jeux. 1Si le mode dominant d’éducation de la petit enfance dans notre société continue de relever prioritairement de la famille, celle-ci est dans le fait soutenue dans son action par la rue en tant qu’espace de jeu. 2La prise en charge institutionnelle multiforme, socialement différenciée ne peut occulter le fait que les enfants sont, dans leur grande majorité, dans la rue.

Trois questions structurent notre appréhension du lien entre l’enfant et la rue-espace jeu : Comment l’enfant s’approprie-t-il son environnement immédiat, la rue, et qu’y trouve-t-il relativement aux espaces traditionnels de socialisation que sont la famille et l’école ? Comment la rue – zenka – est stigmatisée dans le discours parental ? Comment l’enjeu de la socialisation de l’enfant est profondément liée au statut occupé dans la famille et à l’école ? 1 DELARUE, Jean-Marie.- Rue et espace de socialisation, entre famille et lieux formalisés.- in Teissi (...) 111. 17A quoi jouent les enfants dans la rue ? Terrain vague à l’âme sur le macadam. L’enfant n’a-t-il jamais été aussi peu libre en ville qu’aujourd’hui ?

C’est l’amer constat, à contre-courant d’une idée reçue qui voudrait que les enfants “fassent la loi” comme à nulle autre époque, que formulent de plus en plus de voix. Deux exemples récents, et a priori relativement éloignés : un article de Guillemette Faure il y a quelques semaines sur le site du Monde et… le dernier épisode des Simpsons. En introduction de son papier titré “Et si on lâchait la bride à nos enfants”, la journaliste écrit : « C’est un étrange phénomène qui se répand dans certains squares. Les bancs, initialement prévus pour que les parents discutent en retrait, se vident. Les adultes restent collés au toboggan ou à l’échelle de corde. « Tu veux que je te tienne ? Tout est dit dans ces quelques lignes. Laisse pas traîner ton fils si tu ne veux pas qu’il glisse Ces deux exemples illustrent bien le malaise contemporain autour de la place de l’enfant en ville. Terrains dangereux, terrains aventureux.