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Paul Jorion

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BUDAPEST, novembre 2011. DESSOUS DE L’AFFAIRE. Billet invité En parvenant à finalement régler le cas grec (de leur point de vue), après qu’il soit monté au niveau du G20, les membres de celui-ci n’en sont pas moins en retard d’une crise ! Reposant sur des déclarations canadiennes, un éclairage vient d’être apporté par le Financial Times à propos de l’accord qui n’a pu se faire au G20 autour de l’intervention du FMI. Trois volets complémentaires étaient proposés, mais l’un d’entre eux a été refusé par la Bundesbank, qui a la haute main sur les réserves allemandes, et qui représente le pays au conseil d’administration du FMI. Il s’agit de celui qui consistait à mettre en pool les DTS des pays de l’Eurozone pour renforcer le FESF (Fonds européen de stabilité financière). La part allemande de ces DTS qui équivalent à 60 milliards de dollars représente 15 milliards de dollars. Venant s’ajouter aux engagements déjà pris, cela a été considéré inacceptable.

Ce matin, le rendement de l’obligation italienne à dix ans est monté à 6,543 %. Le G20 a redessiné la carte des puissances mondiales. Atlantico : Le G20 s'est achevé vendredi soir. D'après la déclaration commune qui s'en est suivie, les chefs d’États se sont notamment accordés sur la possibilité d'augmenter les fonds à destination du FMI, afin d'accroître son pouvoir d'action. Sommes-nous en présence d'un nouvel ordre monétaire international ? Paul Jorion : Cette réunion a été distraite par des considérations d’actualité, notamment suite aux déclarations de Georges Papandréou qui a pu apparaître comme revenant sur des accords préalablement conclus, sans oublier la situation de plus en plus préoccupante de l’Italie.

Ceci étant, il apparaît en filigrane que les chefs d'État commencent à définir la nature des véritables problèmes qui se posent, et donc à délimiter les contours d'un nouveau cadre mondial. L’un des aspects de ce cadre, c’est l’ordre monétaire international. Ce dernier s’était effondré en 1971, lorsque Richard Nixon a dénoncé les accords de Bretton Woods. Deux aspects expliquent cela : DES FAILLES ET UN ÉTRANGLEMENT.

Billet invité Lorsque la chute libre engendrée par la faillite de Lehman Brothers a été enrayée, suivie d’un profond soupir de soulagement, une inquiétude s’est frayée un chemin : et si cela recommence, d’où viendra la crise ? Encore un peu groggys, les meilleurs esprits ont du convenir qu’ils ne le savaient pas. Pire encore, que l’on ne pouvait dorénavant pas savoir étant donné ce que le système financier est devenu. Ce qui conduit à leur accorder le bénéfice d’une certaine logique, puisqu’ils se replièrent sur ce qui restait selon eux dans leurs mains : le renforcement de la capacité des banques à supporter un nouveau choc inévitable. Leurs obligations en matière de fonds propres ont donc été accrues, afin d’absorber les pertes à venir, ce que l’on désigne sous le nom de réglementation Bâle III, du nom du Comité de Bâle qui émane de la Banque des règlements internationaux (BRI).

Rapide retour en arrière : Bâle I, en 1988, n’assortissait pas ces obligations d’un quelconque risque. FRANCE CULTURE, « La Nuit rêvée de… Paul Jorion », dimanche 6 novembre de 1h00 à 6h15. LE RÉFÉRENDUM GREC : VERS UN RETOUR DE L’EUROPÉANITÉ, par Valentin Przyluski. Billet invité. Le choix du référendum de Georges Papandréou en Grèce est un véritable appel, et doit être interprété ainsi. Il n’est en effet pas sûr que, techniquement et politiquement, le référendum puisse se tenir. Peut être la Grèce sera-t-elle contrainte de faire machine arrière avant, lors des réunions multiples qui ne manqueront pas de mettre Papandréou sous pression. Peut être que finalement fort de son bras de fer, Papandréou obtiendra le supplément d’âme à l’accord de Bruxelles qui lui permettra de l’accepter, ce serait par exemple un espace de souveraineté plus grand que présentement.

Mais ceci n’est finalement pas la question. Certains commentateurs ne manqueront pas de réfuter cet élément en soulignant ironiquement que la droite pourrait sortir vainqueur en Grèce de cet épisode, imposant une cure d’austérité identique, voire encore plus cynique, que celle de Papandréou. Ainsi le saut fédéral proposé est évidemment impossible dans ces conditions. LES MARCHÉS OU LES PEUPLES. LE GRAIN DE SABLE GREC. Ce texte est un « article presslib’ » (*) Depuis le début de la crise, le parallèle qui s’impose est celui d’un « processus critique » : un processus qui conduit inéluctablement à l’effondrement, mais dont le timing est incertain, trop d’impondérables intervenant dans les effets globaux constatés.

Et ici, l’image le plus souvent utilisée est celle d’un tas de sable bâti par des enfants : la prochaine pelletée fera-t-elle s’élever le tas, ou bien s’en effondrer un grand pan ? Impossible à dire : trop d’éléments interviennent qui détermineront si le scénario aura un aboutissement positif ou négatif : en fait, chacun des grains de sable concernés aura un rôle à jouer. C’est là le message que j’adressais il y a quelques temps aux élèves d’une école dont on m’avait dit : « Attention : ils sont un peu déprimés ! Là où j’écris, c’est aujourd’hui la Toussaint. Les chrysanthèmes jaune éclatant dans le jardin sont là qui me le rappellent. ILS MARCHENT SUR LA TÊTE. Billet invité Demander leur aide aux pays émergents, Chine en tête, est un symbole fort des nouveaux rapports de force mondiaux.

En procédant ainsi, les dirigeants européens viennent de mettre en évidence qu’ils n’ont pas les moyens de refinancer l’endettement de l’Europe, puisque c’est la stratégie qu’ils poursuivent envers et contre tout. Quand certains d’entre eux récusent cette voie, c’est pour se réfugier dans une autre fuite en avant, en préconisant que la BCE éponge la dette en créant de la monnaie, afin que tout puisse repartir comme si de rien n’était, à des aménagements mineurs près. Or, la planète n’a pas changé d’axe, mais le monde si ! Les pays de l’OCDE doivent céder le pas devant de nouvelles puissances économiques, qui disposent des moyens financiers allant de pair. Cette nouvelle donne est issue du processus de mondialisation, qui a redistribué les cartes, dont on n’a vu que les délocalisations, puis l’invasion de produits venus d’ailleurs.

RAPPROCHEMENTS ASSEZ GÊNANTS. RACONTER UNE HISTOIRE VRAIE, par Pierre Sarton du Jonchay. Billet invité Dans « Les comptes n’y sont pas », François Leclerc expose encore une fois les contradictions systémiques dans lesquelles se débattent les gouvernements de la zone euro et derrière eux le G20. Dans l’équilibre détruit entre économie réelle, économie publique et économie financière, les attentions gouvernementales et financières se portent sur l’endettement public et l’insuffisance des capitaux propres des banques.

Très logiquement la recapitalisation nécessaire des banques est proportionnelle à la part des dettes publiques que l’économie réelle ne pourra jamais rembourser faute de croître suffisamment. Or depuis la crise des subprimes, il est visible que toute croissance réelle est captée par le système financier pour afficher des plus-values. Plus-values qui sont le critère de l’économie financière pour juger de son efficacité dans un système qu’elle a totalement capté. Le shadow banking, c’est la circulation de la monnaie sans loi juridique ou économique. FONDS EUROPÉEN DE STABILITÉ FINANCIÈRE (FESF) ET CDO : UNE ANALOGIE FALLACIEUSE, par Jean-Pierre. Billet invité. Le Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF), né le 9 mai 2010, est un animal financier bien étrange.

Dès son origine, tous les États membres de la zone euro en faisaient partie et lui pourvoyaient leur garantie pour l’équivalent de 440 milliards d’euros. Trois pays sinistrés (Grèce, Irlande et Portugal) ne font plus partie des pourvoyeurs. Leur part s’élevait à 30,4 milliards, de sorte que le Fonds ne dispose plus que de 409,6 milliards. Au début, on avait tenté de faire payer les pays ne disposant pas de la notation optimale (AAA) l’intégralité de leur engagement, tandis que les autres ne devraient fournir leur part qu’en cas de nécessité et après acceptation par leur gouvernement.

Cette discrimination a été judicieusement abandonnée. Le Fonds jouit de la meilleure des notations, à savoir le triple A, auprès des principales agences de notation. Actuellement, le Fonds a conclu un programme d’émissions obligataires s’élevant à 55 milliards d’euros. Archives du blog » L’actualité de la crise. Billet invité. Si les enjeux n’étaient pas ce qu’ils sont, incommensurables, les atermoiements qui se multiplient actuellement en deviendraient presque risibles. Dans l’actualité immédiate, on pense à la Grèce et l’inimaginable histoire qui nous est racontée, échappant des doigts de tous ceux qui auraient du la retenir.

L’image même d’une période qui se termine, d’une construction amenée à se déliter. Sur tous les sujets essentiels, la même profond indécision prévaut, le même surplace se poursuit. Que ce soit à propos de la régulation financière, où rien de significatif n’est toujours réellement entamé, ou bien de la relance de l’économie et de l’emploi, à propos de laquelle les gouvernements oscillent entre incantations et résignation. Où allons-nous ? Une seule chose semble désormais leur importer, tel un dernier refuge qu’ils ne peuvent abandonner, l’expression d’une ultime cohérence : la traque impitoyable contre l’ennemi public n°1, le déficit du même nom.