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Divertissement

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Le bonheur en promotion. La dernière campagne publicitaire de la Française des jeux a pour objet les déboires quotidiens des gagnants du Loto. Plus que les 4 autres films de la série, le spot le plus diffusé à la télé, intitulé la piscine, véhicule des messages en rupture avec le discours dominant sur le travail et révélateurs du désarroi d'une époque sans autre idéal que l'accumulation maladive de pognon. (Visionner le spot ici). Plan fixe. Dans un cadre pavillonnaire haut de gamme, un type en short, assis au bord de sa piscine, appelle un de ses amis au téléphone: "- Allo Mathieu ? Oui c'est moi. Silence. "- Ah oui tu bosses, ...tu bosses. Qu'apprends-t-on de ces 15 secondes de réclame censées provoquer l'achat d'un billet de loterie par un spectateur qui, si l'on s'en tient à la logique de l'accroche finale du spot "la vie de gagnant réserve parfois quelques surprises", est à l'inverse bloqué dans une vie de loser ne lui en réservant aucune?

1 / Il est certifié que la vie de riche est synonyme de solitude. Notre univers impitoyable. Le comédien Larry Hagman est mort. Avec lui disparaît le légendaire salopard du clan Ewing, héros de la série Dallas qui a marqué les samedi soir de mon enfance. Au début des années 80, avec son sadisme jovial (relevé par chez nous du doublage bonhomme de Dominique Paturel[1]), le Texan à la tête de l'empire pétrolier hérité de son père cadençait d'un libéralisme décomplexé les foyers français ensuqués dans un étatisme suranné.

Tel l’alunissage d’Armstrong pour les anciens, ou deux générations plus tard le premier atterrissage sur Loana, la diffusion le samedi soir de Dallas est mon premier souvenir d'évènement télévisuel national (alors suivi dans la soirée sur TF1 chaîne publique des "Droit de réponse" de Michel Polac où l’on s’envoyait du cendrier à la gueule en se traitant de fasciste). Me restent gravées les errances éthyliques de Sue Ellen ou ce cliffhanger de juin, nous laissant tout un été dans l’attente de savoir qui avait tiré sur JR. Dallas ne fait plus rire ni rêver. Le crépuscule du nouvel Hollywood. Il les prend sous sa coupe. Ils entament sous les bombes la traversée de la rivière bordant le village.

Fin de l’histoire. Sauf que cette nuit le tournage a pris du retard. 2h00 du matin. 2h10. John Landis lance la scène au porte-voix. Six caméras filment l'assaut sur le village et le départ des fugitifs. En retrait sur une butte, ayant vu l’hélicoptère de l'armée raser le village à plusieurs reprises lors des répétitions, la maman de Renée a demandé un peu plus tôt dans la soirée si ce n’était pas un peu dangereux. Retour vers l'enfer. Landis est grisé par son petit Apocalypse now au coeur des ténèbres. L’hélicoptère est maintenant dangereusement près des acteurs. Le réalisateur hurle au pilote par talkie "- plus bas ! Dans le chaos visuel et sonore, l’artificier lance une nouvelle explosion, la plus puissante, une boule de feu. 2h30. Les parents hurlent, l’équipe incrédule converge vers l’hélicoptère à moitié submergé dont s’extraient les occupants sonnés, mais indemnes.

Ce sera le cas. Tant que Strip-Tease ne te déshabille pas, ça va. Blasphème. J'ai raté l'épisode du grand come back estival de la série documentaire Strip Tease, objet d'un joli buzz. Zutalor. A peine notai-je sur mon Télé Poche, la similarité du pitch de l'épisode du soir avec celui de la téléréalité de W9, La belle et ses princes (presque) charmants, que je m'en retournai à lecture de mon Zola. OK j'avoue, ça fait un paquet de temps que mon opinion est arrêtée sur cette daube. Strip-Tease pas Zola. Première émission du genre[1], d'abord encensée par les lecteurs de Télérama, la chose a progressivement infusé le PAF jusqu'à inspirer les docu-cochoncetés bon marché métastasant sur la TNT qui mêlent sur le même schéma: voyeurisme, quête du trash et mépris de classe. "De la téléréalité de classe pour CSP+ en quête de voyeurisme, de la trash TV pour bourgeoisie en mal de domination sociale". Le plus choquant n'est pas l'émission (m'en faut plus honnêtement), mais ses spectateurs.

Seule différence de Strip-Tease avec ses succédanés: l'absence de voix-off. Extension de la redevance ? Et puis quoi encore ? Hier j'évoquais ces lois inutiles, taxes déguisées, qui rapportent peu par rapport à ce qu'elles coûtent en image, poussant peu à peu l’indécis ou le blasé dans les bras des extrêmes. Force est de reconnaître que le nouveau gouvernement oeuvre activement dans ce sens. Nous parlons ici de 125 euros par an ! Euh Aurélie, certains écrans d'ordinateur valent moins que ça ! On utilise l'ordinateur à l'école, pour ses études, pour travailler, pour chercher du travail. Et si d'aventure on regarde des programmes du service public dessus, considérons cela comme une diversification promotionnelle à l'initiative des médias concernés.

S'ils sont piratés, rappelons qu'il existe déjà une taxe des supports numériques sur la copie privée. A l'image de la TVA (dont on sent, via l'interface de la Cour des comptes, qu'elle va bien finir par augmenter aussi), la redevance est impôt profondément injuste. L'entrée proportionnelle dans l’impôt sur le revenu serait une piste de financement. Le paradoxe "Megan is missing" Il parait que c'est la grande vie. Je découvre ici l’existence sans connexion ADSL ni réception télé. Là ou autrefois on pouvait recevoir un signal en plantant une fourchette dans la fiche antenne, grâce à la TNT, sans le boitier payant: les enrichissants programmes éducatifs de TF1 ou les non-débats Le Pen / Melenchon te sont désormais interdits.

Détendons-nous dans cette nuit d'insomnie avec un petit film d'auteur. Rapide recherche sur les machins téléchargés sur le disque dur avant la grande coupure. 1h25 plus tard, je suis blême. Le pitch. A partir d'ici, le récit prend enfin la direction de son titre en forme de statut facebook: Megan a disparu. Je vous laisse découvrir la seconde moitié. 1/ A l'échelle des productions habituelles, il n'a rien coûté (35000$) pour une efficacité redoutable sur la forme (pas nouveau) tout en ayant du fond (là, c'est plus rare).

Ce dernier point révèle aussi son danger. Megan is missing est un très bon film qui me laisse perplexe. Faiblesses et faux-derches. Lors du désastre tragico-fanfaronesque de l'équipe de France de footcheball en Coupe du Monde, le lynchage politico-médiatique du coach puis des bleus (le premier, lecteur assidu de Le Bon, ayant habillement utilisé la fatuité des seconds pour détourner la mitraille) est un bel exemple grandeur nature des basculements idéologiques dont gouvernants et médias sont capables. Tombant dans le sillage au sirop des commémorations de l'appel 18 juin où les mêmes firent leur choux gras sur les vertus de l'insurrection individuelle (mais exclusivement conjuguée au passé composé) face à la collaboration d'état avec un grand c, c'est savoureux. ( "- Did I do that ? ") Imaginons un éditorialiste accouchant de sentences aussi haineuses sur ces privilégiés bouffis d’orgueil au QI de pétoncle, il y a tout juste quatre ans, lorsque Zidane coupdeboulait Materazzi (des opus ont été alors écrits pour souligner la beauté du geste !)

Imaginons un instant cette science-fiction du passé... M6 : Pour un peuple presque parfait. - Hein love, qu’est-ce qu’on ferait de tout ce temps libre ? Ne dialoguant pas sur la substance, imperméable au discernement, esquivant l’effort intellectuel, la génération M6 somatise énormément. Bien qu’elle se plaigne de la dette causée par les services publics de santé, on la retrouve régulièrement (comme ses parents) en consultation dans les cabinets médicaux ou aux urgences des hôpitaux dès que son nez coule (c’est à dire deux fois par mois) à la quête semi-honteuse de cet arrêt maladie qui lui permettrait de passer ses après-midi chez elle à mater Delarue sur le Plasma en bouffant des chipsters. Toujours là pour éponger les queues de tendances, elle attrape tout ce qui traîne, virus et autres gastro-entérites à diarrhées carabinées dont elle fait connaitre à son entourage, fréquence et consistance, avec force SMS (- Mais après 20h parce que tu comprends, entre 20 et 21 heures c’est illimité les textos sur mon forfait optimum-totale-liberté).

Télé-coeur. « La solidarité est de mise, l’optimisme est de retour. » Mardi soir dernier, je découvre une de ces émissions de TF1 conditionnant la classe moyenne à sa précarisation tandis que la petite soeur qui monte l'initie au seul ascenseur social restant : le poker. Le concept de "près de chez vous" est clair : "des sujets proches des français et de leur quotidien" Sur le site de l'émission, le catalogue des anciens sujets ressemble à un dépliant politique : "bien vivre malgré la crise" (ou comment faire du contenu de ta poubelle, un repas de gourmet), "celibattantes : superwomen ou inconscientes ?

" (les deux mon colonel, faut bien qu'elles payent le loyer et fassent des cadeaux à noël) ou encore "vivre ensemble pour vivre mieux" (mais si... en prenant sur soi, on vit très bien en colloc' à 6 dans 12m2)... Le reportage du soir s'intitule "solidarité : peut-on faire des miracles ? ". Je devrais être emballé par une telle initiative. Tiens à propos d'insécurité...

Ne soyons pas si négatifs. La société du spectateur. Enfin touché par Intouchables. Gloire aux César qui, pour une fois, servent à quelque chose! J'ai enfin vu Intouchables. Le film qui vient de détrônerLa Grande Vadrouille au box office des cartons français. Me voilà, certes avec un peu de retard, autorisé à donner mon avis deminable sans coeur qui, tel l'Alain Minc indigné, voit de la lutte des classes à chaque coin de rue. Je ne m'attendais pas au pire. Nakache et Toledano ne sont pas des manchots, et on ne peut pas fédérer 1 français sur 4 avec un navet.

Toutefois, j'éprouve une drôle de sensation lors de la première demi-heure pas loin de me rappeler le "oui m'am Scarlett" d'Autant en emporte le vent. Le succès du film n'est pas "un phénomène de société"[3]. 1 / C'est un bon film bien écrit qui rappelle les comédies (de crise) de Frank Capra. 2 / Dans ce pays, une fois que les 7 ou 8 millions sont dépassés, le nombre d'entrées tourne quasi systématiquement à l'exponentiel.

Maintenant, j'attends avec impatience la suite.