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JEAN DE LA FONTAINE

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Entretien avec Marc Escola. Comment avez-vous fait connaissance de La Fontaine ?

Entretien avec Marc Escola

De ses Fables ? Qu’est-ce qui vous a plu ? Pourquoi avez-vous décidé d’y consacrer vos travaux ? J'appartiens à une génération (je n'ose pas croire: l'une des dernières) à qui l'on a fait apprendre par cœur des textes classiques, et cela très tôt, dès 7 ou 8 ans: avant même l'âge de pouvoir en comprendre intégralement le sens. Je dois donc à mes instituteurs la connaissance de La Fontaine comme d'ailleurs de Boileau, Molière ou La Bruyère, que je devais retrouver bien des années plus tard pour le programme de l'agrégation, et auquel j'ai finalement consacré ma thèse de doctorat. Vous pensez donc qu'il est aujourd'hui encore nécessaire de faire apprendre des Fables aux jeunes enfants pour forger leur culture, leur esprit critique, leur mémoire ? A quoi attribuez-vous le succès toujours rencontré par les Fables de La Fontaine (je pense aux lectures comme celles de Fabrice Luchini par exemple qui rencontrent un grand succès) ?

La Cigale et la Fourmi. La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf. La Poule aux oeufs d'or. Le Chêne et le Roseau. Le Chêne un jour dit au Roseau : "Vous avez bien sujet d'accuser la Nature ; Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.

Le Chêne et le Roseau

Le moindre vent, qui d'aventure Fait rider la face de l'eau, Vous oblige à baisser la tête : Cependant que mon front, au Caucase pareil, Non content d'arrêter les rayons du soleil, Brave l'effort de la tempête. Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphyr. Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage Dont je couvre le voisinage, Vous n'auriez pas tant à souffrir : Je vous défendrais de l'orage ; Mais vous naissez le plus souvent Sur les humides bords des Royaumes du vent. La nature envers vous me semble bien injuste. - Votre compassion, lui répondit l'Arbuste, Part d'un bon naturel ; mais quittez ce souci.

Les vents me sont moins qu'à vous redoutables. Le Corbeau et le Renard. Maître Corbeau, sur un arbre perché, Tenait en son bec un fromage.

Le Corbeau et le Renard

Maître Renard, par l'odeur alléché, Lui tint à peu près ce langage : "Hé ! Bonjour, Monsieur du Corbeau. Que vous êtes joli ! Que vous me semblez beau ! Sans mentir, si votre ramage Se rapporte à votre plumage, Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. " Jean de La Fontaine, Livre I - Fable 2. Le Lion et le Rat. Il faut, autant qu'on peut, obliger tout le monde : On a souvent besoin d'un plus petit que soi.

Le Lion et le Rat

De cette vérité deux Fables feront foi, Tant la chose en preuves abonde. Entre les pattes d'un Lion Un Rat sortit de terre assez à l'étourdie. Le Lièvre et la Tortue. Rien ne sert de courir ; il faut partir à point.

Le Lièvre et la Tortue

Le Lièvre et la Tortue en sont un témoignage. Gageons, dit celle-ci, que vous n'atteindrez point Sitôt que moi ce but. - Sitôt ? Etes-vous sage ? Repartit l'animal léger. Ma commère, il vous faut purger Avec quatre grains d'ellébore. - Sage ou non, je parie encore. Le Loup et l'Agneau. La raison du plus fort est toujours la meilleure : Nous l'allons montrer tout à l'heure.

Le Loup et l'Agneau

Un agneau se désaltérait Dans le courant d'une onde pure. Un loup survient à jeun, qui cherchait aventure, Et que la faim en ces lieux attirait. "Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage? Le Loup, la Chèvre et le Chevreau. La bique allant remplir sa traînante mamelle, Et paître l'herbe nouvelle, Ferma sa porte au loquet, Non sans dire à son biquet: «Gardez-vous, sur votre vie, D'ouvrir que l'on ne vous die, Pour enseigne et mot du guet : «Foin du loup et de sa race!

Le Loup, la Chèvre et le Chevreau

"» Comme elle disait ces mots, Le loup de fortune passe; Il les recueille à propos, Et les garde en sa mémoire. La bique, comme on peut croire, N'avait pas vu le glouton. Dès qu'il la voit partie, il contrefait son ton, Et d'une voix papelarde Il demande qu'on ouvre en disant: « Foin du loup!» Et croyant entrer tout d'un coup. Le biquet soupçonneux par la fente regarde: «Montrez-moi patte blanche, ou je n'ouvrirai point,» S'écria-t-il d'abord. Deux sûretés valent mieux qu'une, Et le trop en cela ne fut jamais perdu. Jean de La Fontaine, Livre IV - Fable 15 Avec la voix de Mireille Cante, Responsable éditoriale TV5MONDE+ Illustrations : Monsieur Hou. Le Savetier et le Financier. Un Savetier chantait du matin jusqu’au soir ; C’était merveilles de le voir, Merveilles de l’ouïr ; il faisait des passages, Plus content qu’aucun des sept sages.

Le Savetier et le Financier