Traité transatlantique : le double discours du FN. La souveraineté européenne contre le traité transatlantique ! Sergei Grits/AP/SIPA Couverture du numéro 888 du magazine Marianne, en kiosques du 25 avril au 1er mai 2014 >>> Tribune parue dans le numéro 888 du magazine Marianne.
Lors de sa visite aux Etats-Unis, le président Hollande a insisté pour « aller vite » vers la conclusion d'un accord de libre-échange transatlantique. Est-ce une réponse à la défiance des Français vis-à-vis des politiques, qui ont renoncé à combattre les inégalités, à lutter contre le dumping social et environnemental qui mine nos sociétés ? Non, car ce traité nous engage un peu plus dans une société de l'impuissance politique, où notre souveraineté serait abandonnée aux firmes multinationales.
Il ne s'agit pas d'un conflit entre la gentille Europe et l'impérialiste Amérique. Notre Amérique à nous. Ted S.
Warren/AP/SIPA Du même auteur Dans sa livraison du 17 avril, Le Point consacre sa « une » à la « Planète New-York ». C’est une manière comme une autre de traiter l’actualité et le dossier est agréable à feuilleter, même si la majorité des Français n’a pas la chance de pouvoir échanger des propos désabusés, un verre de dry martini à la main, dans un duplex au dessus de Central Park. Et oui, nous ne vivons pas tous dans les films de Woody Allen. Pour donner à ce choix un vernis idéologique, ce qui est de bonne guéguerre, l’hebdo ironise sur notre couverture « Comment les Américains vont nous bouffer », consacrée au fameux et fumeux traité transatlantique. Reprenons : le traité vise à créer une zone de libre-échange couvrant pratiquement tous les échanges sans droits de douane mais avec un ensemble de normes communes.
La raison de cet intérêt pour l’Europe est simple. Notre Amérique à nous est complexe. Son Amérique à elle est celle des radicaux du Tea Party. Contre l'Europe néolibérale, l'abstention n'est pas la solution. TPP : comment les Américains vont aussi bouffer le Pacifique. Pool for Yomiuri/AP/SIPA Pour consulter le sommaire du n°886 de Marianne, cliquez sur la couverture Cette année, lors de son discours sur l’état de l’Union, Obama a déclaré que le TPP (Transpacific partnership, prononcez « Tipipi ») et l’APT (Accord de Partenariat transatlantique) étaient ses priorités pour 2014.
Deux sigles obscurs qui recouvrent deux négociations commerciales autour de deux océans avec un seul acteur commun : les Etats-Unis, soucieux de s’imposer au centre du jeu commercial mondial. Les médias américains ne comprennent rien à notre roquefort ! Du même auteur Le « biggest » traité commercial jamais négocié entre les deux « plus grandes économies » de la planète : les Etats-Unis et l’Europe, leur « vieille alliée ».
Un traité transatlantique qui pourrait concerner près de 800 millions de consommateurs, et lit-on, engendrer des « gains considérables » pour chacune des parties. Les médias américains ne manquent pas de superlatifs lorsqu'il s'agit d'évoquer l'Accord de partenariat transatlantique de commerce et d'investissement (APT) et les négociations très secrètes qui doivent y conduire. Le traité transatlantique expliqué par les lobbyistes, c'est lol ! Les négociations portant sur le traité de libre-échange transatlantique se déroulent dans le plus grand secret.
Aussi est-il toujours intéressant de jeter un œil aux quelques éléments et arguments diffusés au grand public. Et notamment par les lobbyistes. Comme le Transatlantic Buisness Dialogue (Dialogue économique transatlantique) qui est une belle organisation fondée en 1995 réunissant des dirigeants américains et européens, essentiellement de multinationales. Celle-ci est chargée, selon ses propres termes, de « promouvoir un marché transatlantique sans entraves contribuant à la croissance économique, l'innovation et la sécurité » et « favorisant la discussion et l'échange d'idées entre chefs d'entreprises et dirigeants gouvernementaux ». Sur le site du TABD, un lien renvoie a une série de vidéos postée sur Youtube et intitulées « removing trade barriers » (suppression des entraves au commerce). Prenons l'exemple de la régulation du marché. Quand le commissaire européen au Commerce rencontre les multinationales en loucedé. Photos Marianne Une étrange assemblée défile sur les trottoirs de l’avenue d’Iéna, dans le très chic 16e arrondissement de Paris.
On y trouve pêle-mêle des clowns armés de marteaux ou de boucliers, des oligarques qui fument le cigare ostensiblement et même une prostituée au bas affriolants. Autour de ces gus hauts en couleur, dont l’outrance détonne dans le paysage habituellement très policé, se pressent photographes et caméras. Il se passe quelque chose, à n’en point douter. « A bas, la démocratie ! Rien de sérieux dans ces propos. Sur le programme de l’événement sont annoncés comme intervenants Carlo d’Asara Biondo, président du groupe Google en Europe et en Afrique, Christophe de Margerie, PDG de Total ou encore Simon Cooper, directeur général de HSBC Global Commercial Banking. Extrait de la brochure annonçant l'événement. Cette semaine dans Marianne : Comment les Américains vont nous bouffer.
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