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La politique des taux négatifs de la BCE a été efficace mais fait face à des limites, par Andy Jobst et Huidan Lin. Affiché le 10 août 2016 par - iMFdirect Andy Jobst et Huidan Lin Il y a plus de deux ans, pour tenter de ranimer une économie moribonde, la Banque centrale européenne (BCE) s’est lancée dans une nouvelle mesure de politique monétaire : la facturation d’un intérêt sur les excédents de trésorerie déposés par les banques auprès de la banque centrale. Cette mesure complétait une série d’autres mesures d’assouplissement, destinées à ramener l’inflation à l’objectif fixé par la BCE pour garantir la stabilité des prix, à savoir un niveau en dessous, mais proche, de 2 % à moyen terme.

Il y a une certaine logique dans des taux directeurs négatifs. Lorsque les banques commerciales sont facturées (plutôt que rémunérées) pour déposer à la BCE leurs excédents de liquidités, elles devraient plutôt être incitées à prêter aux consommateurs et aux entreprises. Bilan des taux d’intérêt négatifs Toutefois, les taux négatifs dans la zone euro ne sont pas sans engendrer des difficultés particulières. Allemagne: la BCE comme bouc émissaire. Lorsque, voici quelques années, le gouvernement français réclamait une baisse des taux de la BCE, les journaux et le gouvernement allemand s'agaçaient bruyamment de cette entorse à « l'indépendance de la banque centrale » et constatait encore avec désolation combien la « culture de stabilité » n'avait pas imprégné les mentalités latines.

Mais, depuis 2014, la politique de la BCE qui, pour lutter contre le risque déflationniste se fonde sur la « répression financière » est bien moins favorable aux épargnants allemands. Et voici soudain que l'indépendance de la BCE n'est plus aussi sacrée. Depuis, ce week-end, la guerre semble même ouvertement déclarée entre les politiques allemands et Mario Draghi. Preuve que les positions théoriques tiennent souvent davantage à des questions d'intérêts qu'à des convictions bien ancrées. Lorsque l'Europe est moins favorable, l'Allemagne sait aussi se faire critique de l'Europe... Wolfgang Schäuble à l'offensive Opinion publique chauffée à blanc.

«L'extension inédite des pouvoirs de la BCE est un problème démocratique et éthique». Clément Fontan est docteur en sciences politiques. Sa thèse analyse la manière dont la BCE a étendu son influence politique et ses compétences pendant la crise de la zone euro. Aujourd’hui en post-doctorat à l’Université de Montréal et au Centre de Recherche en Éthique, ses projets de recherche portent sur les inégalités générées par les banques centrales et sur les crises du capitalisme financier. On peut lire certains de ses articles sur La Vie des idées. La BCE a récemment prix de nouvelles mesures pour tenter de faire repartir l'économie européenne : baisse de ses trois taux directeurs, accroissement du montant de son quantitative easing, nouveau « LTRO ».

Les mesures annoncées par la BCE lors de la dernière conférence de presse de Mario Draghi se situent dans la lignée des instruments monétaires mis en place par l’ensemble des grandes banques centrales depuis le début des perturbations financières à l’été 2007. Mais ça a beaucoup évolué depuis le début de la crise. Justement ! C’est quoi, les taux directeurs de la BCE ? La Banque centrale européenne a annoncé, jeudi, une baisse de son principal taux, à 0 %.

Qu’est-ce que cela signifie ? Le Monde.fr | • Mis à jour le | Par Alexandre Pouchard La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé jeudi 10 mars une série de mesures pour relancer la croissance dans la zone euro. L’institution monétaire a notamment abaissé d’un coup ses trois taux directeurs, à commencer par le principal, le taux central, baromètre du crédit en zone euro : celui-ci a été ramené de 0,05 % à 0 %, une première. Mario Draghi, président de la BCE, a signalé que ces taux allaient rester aussi bas, voire descendre encore plus bas si nécessaire, pendant une longue période, en tout cas bien au-delà de mars 2017. Le taux principal, ou de refinancement minimum Ce taux est utilisé pour les prêts de la BCE aux établissements bancaires qui ont besoin de liquidités à court terme (une semaine). Le taux de dépôt La BCE a adopté en juin 2014, pour la première fois, un taux de dépôt négatif.

La BCE va tenter de sauver sa crédibilité avec de nouvelles mesures. C'est peu de dire que la réunion du Conseil des gouverneurs de la BCE jeudi 10 mars est attendue. Après 3 décembre, où les annonces du président Mario Draghi avaient tant déçu, ce dernier a tenté de corriger le tir le 21 janvier en annonçant à mots à peine couvert une nouvelle vague de mesures en mars. Depuis, l'attente est devenue encore plus forte. Et pour cause : les indicateurs reviennent progressivement dans le rouge. Le sentiment économique de la zone euro se dégrade dans la foulée du ralentissement chinois depuis le début de l'année, le PMI manufacturier a ainsi reculé de 52,3 à 51,1 : encore en zone positive, mais en forte chute... Réagir à la baisse de l'inflation L'élément qui place encore davantage la BCE sous pression, c'est le chiffre d'inflation pour février. Effacer le « couac » du 3 décembre Or, dans l'esprit de l'institution, c'est le redressement de ces anticipations qui est la clé du succès de sa politique.

Prendre en compte l'opposition de la Bundesbank Comment faire ? Mario Draghi repart à l'offensive contre l'inflation faible. Mario Draghi, ce 21 janvier, a accéléré. Le 3 décembre, le président de la BCE avait décidé, de ne pas aller aussi loin que le souhaitait le marché dans les mesures prises. Une baisse de dix points de base du taux de dépôt et un allongement de 6 mois des rachats de titres publics avaient donc été décidés, provoquant une correction. Il s'agissait à la fois de garder des « munitions », mais aussi de calmer la mauvaise humeur de ceux qui, dans le Conseil des gouverneurs et en dehors, estiment que la BCE va trop loin pour contrer un danger déflationniste jugé « inexistant. » Mais cette fois, le président de la BCE est en mesure de prouver par les faits que ces annonces étaient non pas inutiles, mais insuffisantes.

Aussi s'est-il empressé dans la conférence de presse d'annoncer rapidement que l'institution de Francfort « réexaminera sa position monétaire en mars. » Une phrase qui a tous les atours d'une promesse ferme d'un nouveau cycle d'assouplissement de la politique monétaire de la BCE.