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Ce que s’abstenir veut dire, par Céline Braconnier & Jean-Yves Dormagen (Le Monde diplomatique, mai 2014)

Ce que s’abstenir veut dire, par Céline Braconnier & Jean-Yves Dormagen (Le Monde diplomatique, mai 2014)
En France, les dernières élections municipales, les 23 et 30 mars 2014, ont suscité un déluge de commentaires sur la montée de l’extrême droite. Certains sont allés jusqu’à y voir un quasi-plébiscite local en faveur du Front national (FN). Ce flot de déclarations, d’articles et de reportages télévisés contraste avec ce qui constitue la donnée majeure du scrutin, et plus généralement de tous les scrutins depuis trente ans : le taux record d’abstention, dont l’étude précise conduit à nuancer les analyses produites à chaud. Si la progression du FN par rapport aux municipales de 2008 est incontestable, elle n’en demeure pas moins contenue. Dans les quatre cent quinze villes de plus de dix mille habitants où il présentait des listes, le parti d’extrême droite a obtenu un pourcentage des suffrages exprimés inférieur à celui de Mme Marine Le Pen à la présidentielle de 2012. Même chose s’agissant de la « vague bleue ». Un maire désigné par 12 % de la population Related:  Politique

Ce que nous pouvons, par Frédéric Lordon (Les blogs du Diplo, 30 novembre 2015) S’il existait quelque chose comme une jauge de la faute et de la vertu des peuples, on pourrait dire que le corps social n’a jamais que « ce qu’il mérite ». Mais rien de tel n’existe sauf dans la vision moraliste du monde qui passe tout au tamis du jugement et de la rétribution. Nous avons cependant le recours de dire autre chose : de dire que le corps social fait, à chaque instant, la démonstration en actes de ce qu’il peut — de son degré de puissance. Ça n’est donc plus une question de jugement, c’est une question de mesure. Par ce qu’il accomplit et par ce qu’il omet de faire, par ce qu’il tolère et par ce qu’il refuse, le corps social donne l’exacte, la parfaite mesure de ce qu’il peut. Voir le dossier « Dans l’engrenage de la terreur », Le Monde diplomatique, décembre 2015.Dans ces conditions, il n’y a plus qu’à arpenter. Au fond de la dépossession, les citoyens protesteront qu’« ils n’y peuvent rien ». Post scriptum

Mélenchon et Le Pen côte à côte à l'hommage national : fourberie de Hollande et déliquescence du système médiatique. Le vendredi 28 novembre aux alentours de 16h00, quatre heures après avoir assisté à l’hommage national aux Invalides, Jean-Luc Mélenchon publie un tweet : « Attention particulière de la présidence : me placer à côté de Le Pen aux Invalides. Misérable. ». Immédiatement, ce tweet est partagé, analysé, commenté par toute la presse politique (et même non politique puisque on a pu voir des articles jusque dans Closer). En ce jour d’hommage national aux victimes, de nombreux élus de la République étaient rassemblés dans la cour des Invalides. Sauf que si ce placement protocolaire peut expliquer pourquoi des députés européens étaient au même endroit, il n’explique pas pourquoi Jean-Luc Mélenchon s’est retrouvé à côté non seulement de Marine Le Pen, mais encore de Nicolas Bay et Florian Philippot, c’est-à-dire de trois des principaux cadres du Front national. Pourquoi ? Mais le plus écoeurant dans tout cela n’est même pas la fourberie politique de François Hollande. Mais ce n’est pas le pire.

Le Front national verrouille l’ordre social, par Serge Halimi (Le Monde diplomatique, janvier 2016) Tout profite à l’extrême droite française : une économie en panne, un chômage dont la courbe s’envole au lieu de s’inverser, la hantise du déclassement et de la précarité, une protection sociale et des services publics menacés, un « projet européen » aussi savoureux qu’une gorgée d’huile de ricin, une vague migratoire que gonfle le chaos de plusieurs Etats arabes, des attentats de masse dont les auteurs se réclament de l’islam… Sans oublier, depuis près de trente ans, un Parti socialiste qui partage avec la droite à la fois la responsabilité de politiques néolibérales désormais cadenassées par les traités européens et le projet de se maintenir indéfiniment au pouvoir (ou, pour la droite, d’y revenir) en se présentant, élection après élection, comme le barrage ultime contre le Front national (FN). Evincé du second tour de l’élection présidentielle par M. Jean-Marie Le Pen le 21 avril 2002, le premier ministre Lionel Jospin parlait déjà ce soir-là d’un « coup de tonnerre ».

Google choisira-t-il le prochain président des États-Unis ? Jusqu’où s’étendra le pouvoir du moteur de recherche Google ? Alors que le prochain président des États-Unis sera élu dans un an, deux chercheurs en psychologie révèlent que l’algorithme utilisé pour classer les résultats de recherche peut influencer le vote d’au moins 20 % des indécis (et dans certains groupes démographiques cette part peut monter jusqu’à 80 %). « L’effet de manipulation du moteur de recherche représente une sérieuse menace pour la démocratie », alerte Robert Epstein, l’un des auteurs. Pour aboutir à cette conclusion, cinq expérimentations ont été menées auprès de 4 500 personnes à la suite d’élections en Inde et aux États-Unis. Les chercheurs ont mis au point un moteur comparable à Google avec 30 résultats pour chaque élection. Robert Epstein et Ronald Robertson, « The search engine manipulation effect (SEME) and its possible impact on the outcomes of elections », Proceedings of the National Academy of Sciences, vol.

Pour comprendre la défaite idéologique de la gauche, il faut étudier la victoire culturelle de la droite Retour sur la façon dont le néolibéralisme, attaqué de toutes parts aujourd’hui, a recueilli un large assentiment dans les années quatre-vingt. Un extrait de «À demain Gramsci», de Gaël Brustier. Il est impossible de comprendre la défaite idéologique de la gauche sans étudier la victoire culturelle de la droite. Si le néolibéralisme est attaqué de toutes parts aujourd’hui, il ne faut pas oublier qu’il a aussi recueilli un large assentiment à une époque. Le slogan bien connu, «There is no alternative» («Il n’y a pas d’alternative»), devenu hymne des partisans de Margaret Thatcher, n’était pas si facile à imposer; et il fallut nombre de hérauts pour l’adapter et le rendre audible aux populations de toute l’Europe. Un bloc historique, certes imparfait, néanmoins compact, permit à cette idéologie de s’imposer à la fois comme système économique mais aussi, et peut-être surtout, comme système intellectuel et moral. Effondrement d'un modèle de société Succession de conquêtes Gaël Brustier

Le Front national sur un plateau, par Eric Dupin (Le Monde diplomatique, mars 2014) Qu’il est loin, le temps où les journalistes hésitaient à donner la parole au Front national (FN) ! Sa présidente, Mme Marine Le Pen, multiplie aujourd’hui les prestations radiophoniques et télévisuelles. Son second, M. Florian Philippot, est un habitué des interviews matinales, au point d’avoir accepté courageusement celle d’Europe 1 le 1er janvier dernier. Chargé de la stratégie et de la communication, M. Une autre mesure confirme cette appréciation. Balourdise des intervieweurs La présence renforcée sur la scène médiatique d’un FN dont le discours a évolué pose un problème stratégique aux journalistes. « Les interviews des dirigeants du FN ne sont plus aussi militantes. Pourquoi la presse ne concentre-t-elle pas davantage son attention sur le double volet immigration-insécurité, sur lequel le FN, au-delà des variations sémantiques qui lui ont fait troquer la « préférence nationale » pour la « priorité nationale », n’a pas changé de programme ? Tout cela amuse M.

Réponse à Emmanuel Macron : la liberté est une valeur de gauche, pas le libéralisme Cher Monsieur Macron, Dans une interview accordée au Monde dimanche 27 septembre, vous défendez votre projet de réforme du statut des fonctionnaires en prétendant que «le libéralisme est une valeur de gauche». Puis vous reprenez à votre compte l’idéal libéral «d’égalité des chances» qui, il faut sans cesse le répéter, n’est qu’une fable destinée à justifier l’inégalité des résultats et des conditions. Qu’il y ait du bon dans le libéralisme est indéniable. Nous devons à la philosophie libérale d’Emmanuel Kant une méfiance de chaque instant envers les puissances tutélaires et une passion véritable pour l’émancipation humaine. L’autre face du Janus libéral Mais le libéralisme est une tradition trop complexe et trop riche pour qu’on la réduise aux quelques intuitions émancipatrices mentionnées ci-dessus. La gauche n’est pas du côté de ces puissances. Les atrocités du libéralisme Que la gauche s’inspire du meilleur de la tradition libérale, soit.

« Droite/Gauche », par André Comte-Sponville • Les idées, André Comte-Sponville, Droite, Gauche, Politique Enfant, j’avais demandé à mon père ce que cela signifiait, dans la vie politique, qu’être de droite ou de gauche. « Être de droite, me répondit-il, c’est vouloir la grandeur de la France. Être de gauche, c’est vouloir le bonheur des Français. » Je ne sais si la formule était de lui. Il n’aimait pas les Français, ni les humains en général. Il me répétait toujours qu’on n’est pas sur Terre pour être heureux. Le temps a passé : mes enfants m’ont interrogé à leur tour… Je répondis comme je pus, autour de quelques différences qui me paraissaient essentielles. La première différence est sociologique. La deuxième différence est plutôt historique. La troisième différence est proprement politique. Quatrième différence : une différence économique. On remarquera que la droite, sur ces questions économiques et dans la dernière période, l’a clairement emporté, au moins intellectuellement. Cela nous conduit aux dernières différences que je voulais évoquer.

Le Pape François c'est le NPA, Nouveau Pape Anticapitaliste Un Pape qui dénonce "le fumier du diable", des élections américaines entièrement corrompues par des milliardaires, l’emballement guerrier d’un président turc, la révolte d’une Africaine contre ceux qui noient les enfants, c’est notre émission mensuelle avec l’équipe du Monde Diplomatique. Avec autour de Daniel MERMET : Serge HALIMI : « La primaire des milliardaires » Jean-Michel DUMAY : « Le pape contre le "fumier du diable" » Akram BELKAÏD : « L’emballement guerrier du président turc » Anne-Cécile ROBERT à propos de l’article d’Aminata TRAORÉ : « Ce sont nos enfants » Autour du Diplo (Septembre 2015) Télécharger le MP3- Cliquez sur la flèche, en-dessous du lecteur, pour écouter dans une autre fenêtre et continuer à naviguer sur le site 01. Donald Trump, candidat aux primaires républicaines aux Etats-Unis 01. Télécharger le MP3- En 2012, MM. 02. 02. Télécharger le MP3- 03. Le président turc Tayyip Erdogan le 20/09/2015 (REUTERS : Murad Sezer) 03. Télécharger le MP3- 04. 04. Télécharger le MP3-

« Moi Président » : trois ans de dérégulation du droit du travail et d'augmentation du chômage En 1981, François Mitterrand voulait « changer la vie ». Deux ans plus tard, le gouvernement socialiste dirigé par Pierre Mauroy engageait le « tournant de la rigueur ». Élu sur un programme de rupture avec le libéralisme à tout crin des années Sarkozy, et pour « réorienter l’Europe », François Hollande n’aura pas mis aussi longtemps à plier sous les injonctions du « réalisme » et à renoncer à ses promesses de changement. Exit la grande réforme fiscale, le contrôle de la finance, la renégociation des traités européens. Acte 1 : « Il faudra qu’il y ait moins de chômeurs » en 2014 L’expression est emblématique du virage politique engagé par la nouvelle majorité. Scène 1 : moins d’impôts et licenciements facilités Ce fut d’abord le CICE, une réduction d’impôt accordée aux entreprises selon leur masse salariale. Scène 2 : Inspecteurs et médecins du travail, des gêneurs dans le viseur L’ampleur des reculs ne se mesure qu’à travers la succession et l’accumulation des réformes. Vraiment ?

Immigration : l’UMP se ruine la santé « Les étrangers en situation irrégulière sont couverts à 100% pour les dépenses de maladie. C’est les seuls qui, sur notre territoire, ne payent rien.» Jean-François Copé, le 10 octobre, sur France 2. « L’aide médicale d’Etat, c’est totalement gratuit alors que, pour les Français, il peut y avoir jusqu’à 50 euros de franchise.» Brice Hortefeux, le 15 octobre, sur RTL. INTOX. DESINTOX. Il est donc faux de dire comme Copé que les étrangers en situation irrégulière sont les seuls à ne rien payer. Cette intox selon laquelle les étrangers en situation irrégulière seraient les seuls à ne rien payer grâce à l’AME est un vieux fantasme.

EuropaCity : la prouesse inavouable C’est un silence aussi assourdissant que bizarre. L’enquête publique sur « le plus important projet d’aménagement culturel et commercial en Europe » a été lancée en France la semaine dernière, mais personne ne le revendique. EuropaCity. Une ville artificielle au nord de Paris. « Un formidable pari sur l’avenir. » Qui en parle, en ces temps de morosité ? Et les élus (de droite comme de gauche) qui y ont cédé ne sont pas fiers. Pour présenter ce petit Dubaï qui doit éclore sur les dernières terres agricoles du Val-d’Oise, ses concepteurs alignent les « équipements ». Désir jugé assez irrésistible pour justifier l’absence d’études approfondies sur la future clientèle. « Le projet doit être engagé sans attendre, même imparfait. Il suffit d’entendre le pathétique service après vente du préfet de région pour mesurer la chute de ces grands commis de l’Etat qui naguère « aménageaient le territoire ». >>> Retrouvez cet éditorial dans le numéro de Marianne en kiosques. et

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