Soutenir l'industrie n'est pas forcément soutenir l'emploi et la croissance On pourrait croire naïvement que soutenir l'industrie et soutenir l'activité globale nécessite la mise en place des mêmes politiques. Or, ce n'est pas le cas. Soutenir l'industrie peut impliquer la mise en place de politiques économiques très différentes de celles qui soutiennent l'activité globale ou l'emploi global. Nous en donnons différents exemples dans le cas de la France. Le soutien de l'industrie y est nécessaire, avec la perte de production et d'emplois industriels, le recul des parts de marché à l'exportation, la dégradation du commerce extérieur. Mais le soutien de l'activité globale et de l'emploi global est aussi nécessaire en France, avec la faiblesse de la croissance de long terme, le niveau élevé du chômage et du chômage structurel. Ambiguïté Si le poids de l'industrie est faible, une dévaluation réduit le PIB en volume, l'effet négatif venant du prix des importations l'emportant sur l'effet positif venant des exportations en volume. Chômage des jeunes
Eloge de la dérive La dérive, inventée par les surréalistes – les promenades d’André Breton dans Nadja – et systématisée par les situationnistes, est une façon de traverser les rues d’une ville sans aucun objectif particulier. Sous une forme ludique et irrévérencieuse, elle rompt avec les principes les plus sacro-saints de la modernité capitaliste, avec les lois d’airain de l’utilitarisme et avec les règles omniprésentes de ce que Max Weber appellait la Zweckrationalität, la rationalité-en-vue-d’une-fin. Le mouvement habituel des individus dans la rue, sans être aussi férocement réglementé que celui des fourmis rouges, n’est pas moins strictement orienté vers des buts rationnellement déterminés. On va toujours « quelque part », on se dirige vers son travail ou sa maison, on est pressé de régler une « affaire » : rien de gratuit dans le mouvement brownien des foules. Xxxxx Deux livres récents, très différents, nous parlent de la dérive, au passé et au présent. Michael Löwy
Ordre Spontané: Un homme averti en vaut deux Techniquement, si la France [1] devait décider de sortir de la zone euro et de réinstaurer un nouveau-nouveau-franc, ça ne poserait pas vraiment de difficulté insurmontable. Dans la mesure où, d’une part, la Banque de France existe toujours et où, d’autre part, le dispositif légal qui permet à l’État de nous imposer l’utilisation de sa monnaie à l’exclusion de toute autre n’a jamais cessé d’exister, remplacer l’euro par une nouvelle version du franc se résume à une simple reniement de nos promesses passées – lesquelles, surtout en politique, n’engagent que ceux qui les ont écouté. Bien sûr, l’opération comporte quelques difficultés d’ordre technique et coûterait sans doute un peu d’argent mais, mon Dieu, rien dont nous ne puissions venir à bout. En pratique, donc, l’État français pourrait très facilement décider que l’euro n’a plus cours légal en France et le remplacer par le franc avec – par exemple – une parité d’un franc français pour un euro. L’objectif, c’est de dévaluer
Sympathy for the Luddites Those weren’t foolish questions. Mechanization eventually — that is, after a couple of generations — led to a broad rise in British living standards. But it’s far from clear whether typical workers reaped any benefits during the early stages of the Industrial Revolution; many workers were clearly hurt. And often the workers hurt most were those who had, with effort, acquired valuable skills — only to find those skills suddenly devalued. So are we living in another such era? And, if we are, what are we going to do about it? Until recently, the conventional wisdom about the effects of technology on workers was, in a way, comforting. Now, there were always problems with this story. Today, however, a much darker picture of the effects of technology on labor is emerging. I’ve noted before that the nature of rising inequality in America changed around 2000. And some of those turns may well be sudden. So should workers simply be prepared to acquire new skills? So what is the answer?
Les produits dérivés dépassent leur niveau d'avant-crise Le Monde.fr | • Mis à jour le | Par Marie Charrel « Les produits dérivés sont une arme de destruction massive », a coutume de dire l'investisseur et milliardaire américain Warren Buffett. L'étude publiée mardi 17 décembre par le cabinet d'analyse financière indépendante AlphaValue, intitulée « Quelles banques sont des Fukushima en puissance ? Au premier semestre 2013, elle s'élevait en effet à 693 000 milliards de dollars, contre 684 000 milliards au premier semestre 2008, selon les chiffres que le cabinet a tirés des rapports de la Banque des règlements internationaux (BRI). CDS, dérivés de taux, swaps… Les produits dérivés sont des instruments financiers dont la valeur varie en fonction du prix d'un actif appelé sous-jacent, qui peut être une action, une obligation, une monnaie, un taux, un indice ou encore une matière première. Mais si l'on compare ces chiffres au PIB du pays d'origine de la banque, le classement est un peu différent.
De l'indignation à la libération ! ROUSSEAU, citoyen du futur... Merci Jean-Paul Jouary. De l'indignation à la libération ! ROUSSEAU, citoyen du futur... Merci Jean-Paul Jouary. Stéphane est parti. Il nous laisse ses idées. Et l'élan continue, par répliques, mais c'est à nous d'y mettre de notre énergie. Tous les jours. Il y avait, cet après-midi, une rediffusion émouvante de l'entretien qu'avait eu Stéphane Hessel avec Daniel Mermet, sur Là-bas si j'y suis (la meilleure émission de radio du monde) : Il n'était pas assez radical à mon goût, Stéphane, pas assez méchant avec les méchants, mais je l'aimais bien, comme tout le monde. Je fais le lien, dans ma tête, entre ce départ définitif qui nous laisse POURTANT une idée forte pour résister aux tyrans, si on sait s'emparer de cette idée, je fais le lien avec un autre penseur, qui est mort depuis longtemps, qui était, lui aussi, profondément gentil et honnête, et dont les idées puissantes lui ont également survécu : c'est Jean-Jacques. Guillemin explique Rousseau : Ce livre est une perle. Hé !
Pourquoi De Gaulle refusa-t-il toujours de commémorer le débarquement du 6 juin ? Extraits de l’excellent livre C’était de Gaulle d’Alain Peyrefitte Pourquoi Charles de Gaulle refusa-t-il toujours de commémorer le débarquement du 6 juin ? C’était de Gaulle, Tome 2 (Édition de Fallois Fayard 1997), pages 84 à 87 Palais de l’Élysée, 30 octobre 1963 En nommant Jean Sainteny ministre des Anciens combattants en décembre 1962, le Général lui avait demandé de consacrer son énergie à l’année 1964. À la fin du Conseil du 30 octobre 1963 , Jean Sainteny a évoqué les cérémonies prévues pour la commémoration de la libération, Pompidou me prend à part : « Tâchez de faire revenir le Général sur son refus d’aller sur les plages de Normandie… » Je suis stupéfait et de l’information et de la demande. « Enfin, reprend Pompidou, prenez des précautions… Je m’y suis cassé les dents. » Sainteny m’apprend ensuite qu’il se les était déjà lui-même cassées. « La France a été traitée comme un paillasson ! Allons, allons, Peyrefitte ! 13 mai 1964 Charles-de-Gaulle : – Mais je vous l’ai déjà dit !
La « cage de Weber » Max Weber (1864-1920), à la fin de L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme, évoque la « cage d’acier » du capitalisme dans laquelle nous serions peu à peu enfermés. Cette expression fameuse est d’un intérêt exceptionnel pour la pensée de Weber, mais surtout pour le diagnostic que l’on peut poser sur la société dans laquelle nous vivons, la société capitaliste. Comment traduire « ein stahlhartes Gehäuse » ? Certaines traductions françaises parlent de « cage d’acier », les anglaises de « iron cage ». Gehäuse est plutôt un terme technique qui désigne un boîtier, un étui ou une cage, mais ce n’est pas le terme que l’allemand utiliserait pour parler par exemple d’une cage d’oiseaux. Cette cage est une expression imagée de ce qu’il appelle l’habitus capitaliste, correspondant à « l’esprit du capitalisme ». Le grand paradoxe historique que décrit Weber réside dans le fait qu’avec le calvinisme, c’est la vie quotidienne qui est soumise à une méthode systématique de rationalisation.
Crises : mensonges et oublis La présentation de la crise actuelle faite dans les médias est influencée, consciemment ou inconsciemment, par une idéologie dominante.Par Vladimir Vodarevski. La manière dont l’histoire et l’actualité nous sont présentées est influencée, consciemment ou inconsciemment, par une idéologie dominante. Le résultat est d’occulter des faits qui sont contraires à cette idéologie, et à éviter ainsi soigneusement tout débat. Cela se vérifie dans la présentation des crises économiques, comme celle de 1929, et la crise actuelle. À propos de la crise de 1929, nous avons appris qu’elle a été causée par la spéculation. Ce tableau ne correspond cependant pas à la réalité. Dire qu’ensuite le New Deal a relancé l’économie est aller un peu vite en besogne. La crise actuelle est également présentée de manière très idéologique. Dire que la finance est dérégulée est un mensonge éhonté. D’autre part, le rôle des États dans la crise est soigneusement éludé. —-Sur le web.
Alain Musset : « l'apocalypse est un phénomène politique, social et économique Cet entretien a été publié dans le numéro 13 de la version papier d’Article11 « Un jour nous avons possédé le monde, mais nous l’avons dévoré et brûlé », Harry Harrison, Soleil vert, 1966 À quelle sauce l’humanité sera-t-elle mangée ? Quels pissenlits funèbres grignotera-t-elle par la racine ? Dans Le Syndrome de Babylone, géofictions de l’apocalypse (Armand Colin, 2012), le géographe urbain Alain Musset, par ailleurs spécialiste de l’Amérique latine, livre une brillante analyse des différents visages de la destruction terrestre tels qu’évoqués dans les œuvres de science-fiction (films, livres, jeux vidéo...). L’histoire de l’apocalypse est d’abord celle de la jubilation humaine à dépeindre la destruction urbaine... C’est un fait : on aime les ruines. La Bible serait donc l’ancêtre des films catastrophe de type 2012 ? L’Apocalypse de Saint Jean, dernier livre de la Bible, est en effet le tout premier ouvrage de science-fiction. Exactement ! Spinrad dénonce cet état de fait.