background preloader

La carte de la mémoire statuaire par Christian Grataloup

La carte de la mémoire statuaire par Christian Grataloup
Géohistorien, spécialiste d'histoire globale, professeur émérite à l'Université Paris-Diderot, Christian Grataloup décrypte depuis de nombreuses années les grands évènements à l'échelle planétaire. Il est l'auteur de l'"Atlas historique mondial ", publié aux éditions Les Arènes/L'Histoire. Retrouvez les textes précédents de notre série "Des statues et des hommes" : "Etre Français, c'est aussi être descendant d'esclaves" par François-Xavier Fauvelle ; "Il faut davantage de statues de personnalités noires" par Jacqueline Lalouette ; Jean-Paul Demoule dresse une brève histoire de l'iconoclasme ; "Bâtir un récit commun qui nous rassemble" par André Delpuech ; "Qui sont les Français d'aujourd'hui" par Serge Gruzinski. Les pratiques mémorielles collectives les plus courantes ne coutent pas bien cher. "Ah, s’il avait pu ne pas exister, celui-là !" Je me souviens avoir, il y a plus de quarante ans, enseigné dans un collège (un CES alors) de ce qui était la banlieue rouge. Related:  Thème 4–Identifier, protéger et valoriser le patrimoine : enjeux géopolitiques

Requiem pour des statues ? par Emmanuel Fureix Robert Musil affirmait avec ironie qu’ériger des statues aux grands hommes, c’était « les précipiter, une pierre commémorative au cou, au fond de l’océan de l’oubli » ! Et pourtant… Certaines statues sont bien vivantes, peut-être même trop. Elles fonctionnent comme des sismographes de nos sociétés. Et ce à une échelle quasi planétaire quand on sait l’ampleur, depuis 2015 et le mouvement « Rhodes must fall », des contestations de statues liées de près ou de loin à la colonisation ou à l’esclavage. En France, jusque-là un peu à l’écart de ce mouvement, d’aucuns commencent à s’effrayer d’un nouveau « séparatisme », voire d’un « fascisme » décolonial qui s’attaquerait aux traces mêmes de l’histoire. Mais une statue de grand homme n’est pas un livre d’histoire, elle ne restitue pas un passé complexe. Mais les discordances avec aujourd’hui ne s’arrêtent pas là – c’est là sans doute l’erreur des lectures strictement décoloniales du problème statuaire.

« Génocides. Lieux (et non-lieux) de mémoire ». Revue d’histoire de la Shoah, 2004 1 Pierre Nora, « Préface à l’édition Quarto, 1997 », in Pierre Nora, éd., Les Lieux de mémoire, 3 tom (...) 1Dans les années 1980, Pierre Nora lançait une vaste étude sur les « lieux de mémoire » qui consistait, écrivait-il en introduction, à mettre en évidence la parenté secrète liant les « mémoriaux vrais » (monument aux morts, panthéon) avec d’autres objets : musées, commémorations, archives. Puis il étendit la notion aux institutions, voire aux mythologies d’une nation1. Le projet, qui connut un grand succès, a aussi été critiqué. Mais il proposait rien moins qu’une réflexion générale sur les traces matérielles et immatérielles du passé. Le concept de « lieu de mémoire », quoi qu’il en soit, est désormais d’usage courant. 2 Marc Augé, Non-lieux. 2Quelques années plus tard, un ethnologue, Marc Augé, proposait quant à lui un tout autre concept, celui de « non-lieu » anthropologique.

CPI - 20ème anniversaire du Statut de Rome (17.07.18) - Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères Le 17 juillet 1998, le Statut de la première Cour Pénale Internationale permanente était adopté, à Rome, par 120 États afin de permettre le jugement des responsables des crimes les plus graves. Ainsi, un pas important dans la lutte contre l’impunité était franchi, grâce à la création de cette juridiction pénale à vocation universelle. En effet, la Cour Pénale Internationale est compétente pour juger des auteurs de crimes de génocide, crimes de guerre et contre l’humanité lorsque les États ne sont pas en mesure de le faire ou n’en ont pas la volonté. La France, qui a joué un rôle majeur dans la négociation du Statut de Rome, l’a signé le jour même de son adoption. Nous sommes attachés aux équilibres garantis par le Statut, entre cultures juridiques, entre les langues de la Cour, entre le rôle des États et l’indépendance de la Cour ainsi qu’entre les pouvoirs du Procureur et les droits de la défense. YouTube est désactivé. En savoir plus sur la CPI

Qu'est-ce qu'un crime contre l'humanité ? Magistrat du Parquet depuis 1945, Pierre Truche a notamment été directeur des études à l'École nationale de la magistrature, procureur de la République à Marseille, procureur général à Lyon - où il a représenté le ministère public lors du procès de Klaus Barbie - à Paris et enfin à la Cour de cassation. L'HISTOIRE : Pierre Truche, comment définit-on aujourd'hui an crime contre l'humanité ? Pierre Truche : Les juristes, que ce soit en France ou à l'étranger, ont élaboré une définition précise du crime contre l'humanité par catégories, afin d'éviter des interprétations extensives. Ainsi, dans le nouveau code pénal français, quatre séries de crimes répondent à cette définition : 1) le génocide ; 2) la déportation, l'esclavage ainsi que les exécutions, les enlèvements et les tortures lorsqu'ils sont exécutés massivement et systématiquement ; 3) le crime contre l'humanité commis en temps de guerre sur des combattants ; 4) enfin l'entente pour commettre de tels crimes.

Déboulonner statues, totems et tabous français... ou pas « La République n’effacera aucune trace ni aucun nom de son histoire. La République ne déboulonnera pas de statue. » De mémoire d’historien, jamais chef de l’État français n’avait mis son nez dans une telle affaire. Encore moins pour dire pareilles sottises. LIRE AUSSI SUR REGARDS.FR >> On était à l’opération « On a bâché Gallieni » Il faut bien garder à l’esprit ce qu’est une statue : l’exaltation, la glorification, l’honorification d’un personnage. Déboulonner les statues, oui, mais pour quoi faire ? Avant toute chose, il s’agit de dédramatiser la situation. En 2017 déjà, Louis-George Tin, alors président du Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN), écrivait ces lignes : « La question des emblèmes esclavagistes dans l’espace public [...] est formulée depuis au moins trente ans par des citoyens – qu’ils viennent de l’outre-mer ou non – qui demandent que ces symboles soient retirés. [...] Changer le nom d’une rue, c’est facile. La question de l’espace public

Annette Wieviorka : "Faire de l'histoire implique la recherche de la vérité, qui n'exclut pas l'erreur" L'historienne, grande spécialiste de l'histoire des Juifs, de la Shoah et du communisme était l'invitée de Boomerang. Au micro d'Augustin Trapenard, pour sa carte blanche, elle explique pourquoi l'histoire est une expérience si fondatrice à ses yeux et si nécéssaire à la compréhension de la complexité de nos sociétés. Annette Wieviorka est une historienne de renom. Ses travaux de recherche sur l'histoire et la mémoire de la Shoah lui ont a valu une grande notoriété au sein du monde académique, cultivant également un intérêt critique pour l'histoire du communisme. Elle vient de faire paraître Mes années chinoises (Stock) dans lequel elle raconte tout un pan de son histoire personnelle, replonge dans le passé de la jeune militante maoïste qu'elle a été et sur son séjour de deux ans dans la Chine des années 1970. "Mon expérience du communisme réel est indélébile Elle a été présente, dans chacun de mes travaux. Le mensonge, d'abord, omniprésent, mortifère, que j'ai pris en horreur. 2 min

La justice et l’histoire 1Écrire de l’histoire est un métier qui présente similitudes et différences avec celui du juge d’instruction. C’est ce qu’expliquait Marc Bloch dans son dernier ouvrage, Apologie pour l’histoire ou le métier d’historien (Bloch, 1991). Les quelques pages qu’il consacre à la question de « juger ou comprendre » sont très souvent citées, et ont été pendant des décennies considérées comme énonçant les règles fondamentales qui devaient régir le travail de l’historien. 2Car le jugement ne se contente pas de suivre l’explication, de la conclure en quelque sorte. 3Comprendre, c’est donc poser toutes sortes de questions à l’histoire. 4Or l’histoire du nazisme, et particulièrement celle de la « Solution finale » a d’abord été écrite dans l’ombre portée par la justice qui a fourni archives, qualification des crimes, vocabulaire et grilles d’analyse d’où nous peinons à nous dégager. 1 Le 8 août 1945, les États-Unis, le Royaume-Uni, l’URSS, le Gouvernement provisoire de la République (...) 14« Eh !

Les Archives, un devoir plus que jamais essentiel en période de crise par Anthea Seles Dès le début du confinement, nous avons vu surgir sur Internet des appels de différents centres d’archives pour recueillir les témoignages de la population sur cette situation totalement inédite. L’utilisation du hashtag [#mémoiredeconfinement ( lancé par les Archives départementales des Vosges, s’est rapidement multiplié sur Twitter et a pris une envergure nationale. Cela peut prêter à sourire mais ces archives – ces photos, ces dessins voire ces attestations que nous remplissions pour sortir de chez nous – constituent un corpus qui sera étudié et analysé par des historiens ou sociologues et qui permettra de mieux comprendre cette étrange période ainsi que ces conséquences. Celles-ci sont d’ailleurs d’ores-et-déjà visibles et il est important de les documenter. Les archives sont ainsi indispensables pour des démarches administratives, mais pas seulement !

Patrimathèque : l’histoire du patrimoine en vidéos - Enseigner avec le numérique Accessible en ligne, Patrimathèque utilise les documents audiovisuels comme une entrée dans la connaissance du patrimoine. Sur le site Patrimathèque, toute l’histoire du patrimoine est retracée au fil de vidéos issues des archives de l’Institut National de l’Audiovisuel (INA) [1] , principalement des émissions de télévision datées 1950 à 2016. Cet outil multimédia met également à disposition analyses, textes complémentaires, idées de visites, liens vers d’autres ressources sur le même thème... Issue d’un projet de recherche associant la Fondation des sciences du Patrimoine, le Centre d’Histoire Culturelle des Sociétés Contemporaines de l’Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines et l’INA, Patrimathèque a été lancée en septembre 2017. Le site est pensé pour un public de curieux, mais aussi pour les enseignants et éducateurs à la recherche d’un outil multimédia pour faire découvrir le patrimoine. un parcours chronologique : 7 périodes de 1950 à aujourd’hui 18 pages chronologiques

L'enseignement de la Shoah fait encore l'objet de crispations sur fond de concurrence mémorielle, selon un sondage Deux jeunes français sur dix affirment avoir déjà observé un ou plusieurs élèves remettre en cause un aspect du génocide des juifs lors d'un cours, selon un sondage Ifop pour "Le Journal du dimanche" et l'Union des étudiants juifs de France. Publié le 13/09/2020 06:53 Mis à jour le 13/09/2020 10:21 Temps de lecture : 3 min Près de 9 Français sur 10 (87%) âgés entre 15 et 24 ans ont déjà entendu parler de la Shoah, selon un sondage réalisé par l'Ifop pour Le Journal du dimanche (article payant) et l'Union des étudiants juifs de France (UEJF). Cette enquête, nommée "Le Regard des jeunes sur la Shoah", revient sur les représentations et la transmission de l'histoire du génocide des juifs, et dessine un horizon parfois troublé par des phénomènes de concurrence mémorielle. Elle est publiée dimanche 13 septembre, à l'occasion de la cérémonie du souvenir en mémoire des déportés et des victimes de la Shoah, diffusée sur France 2.

"La mémoire en mouvement": le dossier du "HuffPost" Aurélia Devos, magistrate : « Les actes de terrorisme peuvent être aussi des crimes de guerre » Aurélia Devos est magistrate et a dirigé pendant dix ans les poursuites en matière de crimes internationaux. Elle revient sur ce parcours dans Crimes contre l’humanité. Le combat d’une procureure (Calmann-Lévy, 250 pages, 19,50 euros). Votre livre raconte la mise en place du pôle « crimes contre l’humanité » au tribunal judiciaire de Paris au début des années 2010. Pourquoi la France a-t-elle autant tardé ? Cela s’inscrit après des événements qui ont eu lieu dans les années 1990 comme la guerre en ex-Yougoslavie ou le génocide au Rwanda. Votre récit montre aussi une certaine solitude des magistrats affectés à ce pôle. Il ne faut pas exclure que cette attitude contre laquelle il a fallu lutter soit fondée sur le fait que notre justice a, de manière générale, peu de moyens, impliquant de définir des priorités. La vraie difficulté est que le législateur n’a pas choisi une ligne unique pour ces types de crimes. Il vous reste 55% de cet article à lire.

Patrimathèque L’Allemagne reconnaît l’Holodomor comme un génocide Entre une discussion sur la protection des forêts contre les incendies et une autre sur une candidature de leur pays aux Jeux olympiques d’hiver 2030, les députés allemands avaient à débattre, mercredi 30 novembre, d’une épineuse question d’histoire : l’Holodomor, la grande famine qui fit environ 3,5 millions de morts en Ukraine en 1932-1933, fut-elle un génocide ? Après cinquante minutes d’échanges, ils ont voté à main levée, et la réponse a été claire : à part Die Linke (gauche radicale) et l’AfD (Alternative pour l’Allemagne, extrême droite), qui se sont abstenus, tous les autres groupes ont dit oui. A vrai dire, il n’y avait guère de suspense. « Aujourd’hui encore, la faim est utilisée comme arme contre les civils dans les régions occupées par les Russes. Lire l’enquête : Article réservé à nos abonnés La relecture de la seconde guerre mondiale, autre front entre la Russie et l’Ukraine

Related: