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Stéphane Audoin-Rouzeau: «Nous ne reverrons jamais le monde que nous avons quitté il y a un mois»

Stéphane Audoin-Rouzeau: «Nous ne reverrons jamais le monde que nous avons quitté il y a un mois»
Stéphane Audoin-Rouzeau est directeur d’études à l’EHESS et président du Centre international de recherche de l’Historial de la Grande Guerre de Péronne. Il a publié de nombreux ouvrages consacrés à la Première Guerre mondiale et à l’anthropologie historique du combat et de la violence de guerre. Nous l’avions reçu pour son dernier livre, Une initiation - Rwanda (1994-2016), publié aux Éditions du Seuil. Quel regard porte l’historien de la Grande Guerre que vous êtes sur la situation présente ? Stéphane Audoin-Rouzeau : J’ai le sentiment de me trouver plongé, soudainement et concrètement, dans mes objets d’étude ; de vivre, sur un mode évidemment très mineur, quelque chose de ce qu’a été la Grande Guerre – pour les civils naturellement, pas pour les combattants –, cette référence si présente aujourd’hui. Ce référent 14-18 est pour moi fascinant. Le propre du temps de guerre est aussi que ce temps devient infini. De quoi dépendra que l’après soit plus difficile ou porteur d’espoir ?

https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/120420/stephane-audoin-rouzeau-nous-ne-reverrons-jamais-le-monde-que-nous-avons-quitte-il-y-un-mois?onglet=full

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Qu'est-ce qu'il nous arrive ? par Jérôme Baschet [Toutes les photos de cet article sont extraites de Fenêtres sur tour - confinement 2020 - Tentatives d’épuisement d’une vue parisienne, projet du photographe Martin Argyroglo que vous pouvez retrouver sur son site ] Mais encore faut-il tenter de comprendre plus précisément ce qu’il nous arrive, en ce qui concerne tant l’épidémie provoquée par le SARS-CoV-2 que les politiques sanitaires adoptées pour l’endiguer, au prix d’une stupéfiante paralysie de l’économie ; car on ne peut, sans ces préalables, espérer identifier les opportunités qui pourraient s’ouvrir dans ces circonstances largement inédites. La démarche n’a cependant rien d’assurée. Pris dans le tourbillon d’informations chaque jour plus surprenantes ou déconcertantes que suscite l’événement, on titube. On n’en croit parfois ni ses yeux ni ses oreilles, ni nul autre de ses sens.

La création du « passeport Nansen », titre d'identité des apatrides C’est un petit bout de papier qui permet d’abolir des frontières. Le 5 juillet 1922, le premier haut-commissariat pour les réfugiés de la Société des Nations (SDN) crée un document d’identité pour réfugiés sans patrie. Son artisan : un diplomate au parcours hors normes, le Norvégien Fridtjof Nansen. Sportif de haut niveau dans sa jeunesse, explorateur polaire, scientifique spécialisé dans le système nerveux des animaux marins puis océanographe, il rejoint, les dix dernières années de sa vie, la Société des Nations, organisation internationale fondée après la Première Guerre mondiale afin de garantir la paix entre les États. En 1921, la jeune Société des Nations nomme le Norvégien « Haut-Commissaire pour les réfugiés » et le charge de sa première mission humanitaire d’envergure : le rapatriement de 450 000 prisonniers de guerre.

Christian Grataloup : « Le « jour d’après » aura des traits Christian Grataloup, est professeur émérite à l'Université Paris-Diderot, spécialiste d'histoire globale. Lauréat du Prix Ptolémée 2007, il est récemment l'auteur de l'Atlas historique mondial (2019). Sciences et Avenir : Quelle a été votre première réaction face à la pandémie de Covid-19? Christian Grataloup : D'abord la conscience immédiate de l'événement, de ceux dont on sait que l'on saura dire où on était et ce que l'on faisait au moment où il est advenu.

Covid-19 : « Ne nous attendons pas à un après ressemblant à une aube radieuse » Philosophe et directeur du département culture et création du Centre Pompidou, Mathieu Potte-Bonneville est spécialiste de Michel Foucault, l’un des penseurs les plus cités depuis de le début de la crise pour ses écrits sur le « biopouvoir » et la gestion politique des épidémies. Il est également l’auteur de Recommencer (Verdier, 2018) un stimulant essai sur ce verbe à mi-chemin entre la répétition et le renouveau. Deux bonnes raisons de discuter avec lui de la période trouble que nous traversons.

Les conséquences de la Première Guerre mondiale - Apocalypse 10 destins La guerre n’a pas épargné les civils. Ils subissent eux aussi l’invasion des puissances centrales, en Belgique et dans le nord de la France où, entre août et octobre 1914, on dénombre 6 500 victimes. Les bombardements en Grande-Bretagne font 1 414 morts et 3 416 blessés au printemps 1917. Sur le front oriental, on estime à 800 000 le nombre d’Arméniens victimes du régime turc qui est arrivé au pouvoir en 1913 par un coup d’État.

Que valent les comparaisons avec les épidémies du passé ? L'histoire des épidémies n'est pas un champ inexploré, loin de là, même s'il est constamment renouvelé par l'apport d'approches variées et par les nouvelles questions que le présent nous pose. La tentation est grande, face à l'ampleur de la situation actuelle, de demander à ceux qui étudient l'histoire d'éclairer le présent par leur connaissance du passé ; de comprendre l'épidémie de coronavirus grâce à celles qui l'ont précédées, peste, typhus ou choléra. Aujourd'hui, parler d'une crise "sans précédent" résonne d'autant plus fortement que l'on intime aux historiens et historiennes de convoquer ces anciennes épidémies, celles qui ont paralysé les sociétés d'autrefois. Peut-on comparer l'incomparable, peut-on tirer des enseignements, des modes d'action de ces épidémies qu'on croyait définitivement reléguées dans l'histoire ? Raconter l'épidémie, une étape cruciale pour agir

Appel: l’après-épidémie, ne pas redémarrer pour tout recommencer En 1971 commence à être publiée une bande-dessinée qui devient un film en 1973 : L’an 01. Dans ce récit haut en couleurs des utopies de cette période, la population décide de tout arrêter – production, travail, école, etc. - et de se mettre à réfléchir à ce qui doit être redémarré ou pas. Les usines de voiture ? Les fabriques de pâtes ? Carte : l'Europe en 1918 Aller au contenu principal Carte : l'Europe en 1918 Image: Nos rubriques

Coronavirus : Bulles individuelles, stérilisateurs ou attrape-poignées… La pandémie va-t-elle bouleverser le design ? Designers, créateurs, entreprises et tout ce que la planète compte de cerveaux Géo Trouvetou ont mobilisé leur créativité face à la pandémie de coronavirus. Bulles individuelles, attrape-poignées ou lampe pour stériliser… Les designers ont rivalisé d’ingéniosité durant la crise. Ces objets vont-ils s’incruster dans notre quotidien ? La pandémie va-t-elle changer le monde du design ? L’Homme n’est jamais aussi inventif que pendant une crise ! Qui aurait pu imaginer que le bien nommé masque de snorkeling « Easybreath » sauverait des vies ?

Guerre au «care» Ah non, pitié : voici que le président Macron a donné pour nom l’acronyme Care (Comité analyse recherche et expertise) à un nouveau comité d’autorités scientifiques, «chargé de guider la décision gouvernementale dans les domaines médicaux comme sociétaux». On croit rêver, quand on pense que le care a été de longue date le nom même de ce qui a été négligé et méprisé par les politiques publiques, et que c’est bien l’absence d’attention (de care) portée par les gouvernements de la dernière décennie à tous les secteurs en charge du soin et de la protection des citoyens (santé au premier chef, mais aussi éducation, pauvreté, grand âge, handicap) qui rend si difficile la lutte contre le Covid-19. Quand on pense que ce nom même de care, il y a quelques années, était encore vilipendé par nombre d’intellectuels et journalistes français comme celui d’une approche «nunuche» de promotion d’un «Etat mémère». Car là est la révélation.

L'armistice de 1918 - Vidéo Histoire Le 11 novembre 1918, à 11 heures, les cloches de toutes les villes et de tous les villages de France se mettent à sonner à la volée. Les Français descendent dans les rues et laissent exploser leur joie. Au front, les clairons retentissent. Les soldats ahuris baissent les armes et la Marseillaise jaillit des tranchées. Comment les scientifiques d’Oxford ont développé leur vaccin en un temps record Courrier International et des tiers selectionnés, notamment des partenaires publicitaires, utilisent des cookies ou des technologies similaires. Les cookies nous permettent d’accéder à, d’analyser et de stocker des informations telles que les caractéristiques de votre terminal ainsi que certaines données personnelles (par exemple : adresses IP, données de navigation, d’utilisation ou de géolocalisation, identifiants uniques). Ces données sont traitées aux fins suivantes : analyse et amélioration de l’expérience utilisateur et/ou de notre offre de contenus, produits et services, mesure et analyse d’audience, interaction avec les réseaux sociaux, affichage de publicités et contenus personnalisés, mesure de performance et d’attractivité des publicités et du contenu. Pour plus d’information, consulter notre politique relative aux cookies.

Julia Cagé : "Le retour de l'austérité serait la réponse la plus absurde à cette crise" La France est en récession, le PIB s’est contracté d’environ 6% au premier trimestre selon la Banque de France, et le plan de sauvetage prévu par le gouvernement est passé de 45 à 110 milliards d’euros. Parmi les mesures annoncées mercredi : une prime pour les soignants et les fonctionnaires mobilisés ainsi qu'une aide financière pour les foyers les plus précaires. Comment financer ces dépenses ? Seront-elles suffisantes pour pallier les inégalités exacerbées par cette crise ? Et quels risques y aurait-il à creuser davantage notre niveau d'endettement ?

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