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Le retour du boomerang

Le retour du boomerang
Au-delà de la polémique électoralement intéressée, et assez indigne, sur les mesures de sécurité prises, ou mal prises, par le gouvernement, la classe politique, les médias, l’opinion elle-même devraient s’interroger sur leurs responsabilités de longue durée dans le désastre que nous vivons. Celui-ci est le fruit vénéneux d’un enchaînement d’erreurs que nous avons commises depuis au moins les années 1970, et que nous avons démocratiquement validées dans les urnes à intervalles réguliers. La démission de l’Europe sur la question palestinienne, dès lors que sa diplomatie commençait là où s’arrêtaient les intérêts israéliens, a installé le sentiment d’un «deux poids deux mesures», propice à l’instrumentalisation et à la radicalisation de la rancœur antioccidentale, voire antichrétienne et antisémite. Les situations inextricables de l’Afghanistan, de l’Irak, de la Syrie, de la Libye ne sont que la résultante de ces erreurs de calcul, ou de ces calculs à courte vue. Jean-François Bayart Related:  #ParisAttacksGéopolitique

Enquête. Ce que veut vraiment l’Etat islamique | Courrier International Cette grande enquête publiée dans The Atlantic offre un éclairage sans précédent sur les objectifs et les fondements idéologiques de Daech. Soutenant la thèse selon laquelle l’organisation se définit essentiellement par sa lecture littérale du Coran, elle a suscité de nombreuses réactions. En voici, en exclusivité, l’essentiel. Qu’est-ce que l’Etat islamique [EI, Daech en arabe] ? L’organisation s’est emparée de Mossoul, en Irak, en juin 2014 et règne déjà sur une zone plus vaste que le Royaume-Uni. Nos lacunes sur l’EI sont d’une certaine façon compréhensibles : l’organisation a fondé un royaume isolé et peu de gens en sont revenus. Nous avons mal compris la nature de l’EI pour deux raisons. Oussama Ben Laden considérait le terrorisme comme un prologue au califat, qu’il ne pensait pas connaître de son vivant. En second lieu, nous avons été induits en erreur à cause d’une campagne bien intentionnée mais de mauvaise foi visant à nier la nature religieuse médiévale de l’EI. I. II. III.

Ces (nombreux) pays que l'existence de Daech arrange bien Olivier Roy, spécialiste de l'islam et fin connaisseur du djihadisme, est professeur à l'Institut universitaire européen de Florence. Il est notamment l'auteur de "La Peur de l'islam" (L'Aube, 2015) et de "L'échec de l'Islam politique" (Points, 2015). Comment peut-on lutter efficacement contre Daech ? - La question de la lutte contre Daech est rendue plus complexe du fait que certains acteurs dans la région n'ont pas intérêt à le voir disparaître. En Irak, les tribus sunnites ont eu recours à Daech pour se protéger des exactions des milices chiites ; les chiites d'Irak, eux, ne veulent pas prendre Falloujah ou Mossoul. Donc aucun acteur régional n'est prêt à en découdre au sol pour reprendre les terres sunnites de Daech ? - Non. La France, peut-être elle seule, voudrait éradiquer Daech. Bloqué au Moyen-Orient, Daech se lance donc dans une fuite en avant : le terrorisme globalisé. Propos recueillis par Sara Daniel et Marie Lemonnier

Le juge Marc Trévidic  - "On manque d'hommes pour neutraliser les terroristes" Pendant dix ans, il a animé le Pôle judiciaire antiterroriste. Forcé de quitter ses fonctions en pleine tempête pour devenir vice-Président du tribunal de grande instance de Lille, Marc Trévidic nous avait longuement parlé, en septembre dernier. Son cri d'alarme a malheureusement trouvé un écho vendredi soir avec une série d'attentats sans précédent à Paris. Paris Match. Pourquoi un constat si alarmant ? Disposez-vous d'éléments indiquant qu'on se dirige vers ce type d'actions d'envergure ? "L'EI a recruté plus de membres qu'Al Qaïda en quinze ans" Comment en est-on arrivé là ? Il y a aussi des raisons politiques, idéologiques ? Ce n'est plus le cas aujourd'hui ? "Les Kouachi n'étaient pas partis pour une opération suicide !" Et le dispositif Sentinelle, qui mobilise des milliers d'hommes pour protéger des lieux symboliques, des sites sensibles, il n'est pas efficace? Que penser, alors, de la nouvelle stratégie française ? Marc Trévidic répond aux questions de Frédéric Helbert

Aux origines de Daech : la guerre du pétrole La France peut-elle continuer de signer des contrats avec l’Arabie Saoudite et le Qatar, alors que ces deux pays ont contribué à fabriquer Daech contre lequel nous sommes aujourd’hui en "guerre" ? Comme le démontre notre enquête, le rôle joué par ses deux pays est en effet plus que trouble. L'influence de l'Arabie Saoudite et du Qatar Lors du renversement de Saddam Hussein, l’Arabie Saoudite et le Qatar, dont les intérêts divergent souvent par ailleurs, se rejoingent dans la crainte commune de voir se dessiner un croissant chiite aux frontières de leurs pays sunnites. Ils regardent donc favorablement le développement des groupes djihadistes sunnites, sur un terreau alimenté par la déliquescence de l’Etat Irakien, une corruption endémique, et une haine profonde des chiites et des occidentaux. De cette jungle émergeront des groupes djihadistes dont il existe aujourd’hui deux principales composantes : Al Nosra, et Daech. Des enjeux économiques à l'origine de la montée en puissance de Daech

S'associer à la douleur, penser l'avenir Paris, le 16 novembre 2015 — La Quadrature du Net s'associe au deuil et à la tristesse des Français et du monde après les attentats de vendredi 13 novembre à Paris et Saint-Denis, et réaffirme sa volonté de contribuer à des réponses politiques prenant la mesure de ce qui nous a conduit à ce drame. Vendredi 13 novembre, des actes criminels d'une violence inouïe ont frappé Paris et la France, touchant au cœur la société française. Le Conseil d'orientation stratégique et l'équipe opérationnelle de La Quadrature du Net présentent leurs condoléances aux proches des victimes et font part de leur profonde tristesse. À l'évidence, la France n'est plus épargnée par les massacres qui se déroulent quotidiennement dans de nombreuses parties du monde, et notamment au Moyen-Orient. Devant un tel drame, nous devons regarder en face la réalité et ne pas avoir peur de rechercher les causes complexes qui sont à l'origine de ces événements. En un mot, nous en appelons à plus de démocratie.

J’ai été otage de l’État islamique. Daesh craint plus notre unité que nos frappes aériennes | Nicolas Hénin En tant que français et fier de l’être, je suis bouleversé, comme tout le monde, par les événements de Paris. Mais je ne suis ni surpris, ni incrédule. Je connais l’État islamique dont j’ai été l’otage pendant dix mois et j’ai une certitude : notre douleur, notre tristesse, nos espoirs, nos vies ne les touchent pas. Leur monde est à part. La plupart des gens ne connaissent les djihadistes de l’État islamique qu’à travers leurs documents de propagande. Il m’arrive encore maintenant de parler à certains d’entre eux sur les réseaux sociaux, et je peux vous dire que l’idée que vous vous faites d’eux est pour l’essentiel le résultat d’une campagne de marketing et de relations publiques. Tous les otages décapités l’an dernier étaient mes compagnons de cellule. Ils procédaient à des simulacres d’exécution. Ils riaient et j’ai joué le jeu en hurlant, mais ce n’était pour eux qu’un amusement. J’ai été réellement impressionné par leur niveau de connexion technologique. Pourquoi la France ?

No Piers Morgan. This is how to destroy the Islamic State Yesterday, in the Daily Mail, Piers Morgan wrote about his “uncontrollable rage” at watching the video of the Jordanian pilot, Muaz al-Kasasbeh, being burned alive in a cage by the Islamic State. “If any Muslim remains in any doubt as to whether this is the right time to stand up and cry ‘NOT IN MY NAME OR MY RELIGION!’ then I suggest they too watch the video of Lieutenant al-Kasabeh [sic] being burned alive. He could be YOU. This is YOUR war.” Pathetically, neither he nor the Mail’s copyeditors could even be bothered to spell al-Kasasbeh’s name properly. “Any Muslim who won’t stand up to these barbarians,” screamed his headline, “must watch it too.” Morgan went on to compare IS to Nazis due to their aspirations to exterminate “large numbers” of people, pursue “power through death and mayhem”, and inflict “physical and mental torture and murder so depraved that it defies belief or reasoned understanding.” What role religion? This is precisely the path we appear to be on. Terror’s infrastructure

Vos guerres, nos morts Ce sont les nôtres qui sont morts la nuit dernière. À la terrasse d’un restaurant, dans un bar, dans la rue, dans une salle de concert. Morts parce que des assassins ont décidé de frapper en plein Paris et de tirer dans la foule, avec pour objectif de faire le plus de victimes possible. 11h30. Sarkozy vient de déclarer : « Nous sommes en guerre ». Pour une fois je suis d’accord avec lui. Vous êtes en guerre, vous les Sarkozy, Hollande, Valls, Cameron, Netanyahou, Obama. Et vous nous avez entrainés là-dedans, sans nous demander notre avis. Afghanistan, Iraq, Libye, Mali, Syrie… Nous n’avons pas toujours été très nombreux à protester. Car la guerre n’a pas commencé hier soir. L’une des causes de la sidération qui a touché de larges secteurs de la population, y compris les cercles militants, est la (re-)découverte de cette vérité : oui, la France est en guerre. Contre qui la France est-elle en guerre ? Voilà près de 14 ans que la France était en guerre sans l’assumer. 12h. Aveuglément ? 13h.

« Nous payons les inconséquences de la politique française au Moyen-Orient » Exigeons que Paris cesse ses relations avec les régimes saoudien et qatari qui ont été les soutiens financiers de l’EI, réclament les historiens Sophie Bessis et Mohamed Harbi. Soyons réalistes, demandons l’impossible, clamaient dans les rues de Paris les utopistes de mai 1968. Etre réaliste aujourd’hui, c’est réclamer à ceux qui gouvernent d’aller aux racines de ce mal qui, le 13 novembre, a tué au moins 129 personnes dans la capitale française. Elles sont multiples, et il n’est pas question d’en faire ici l’inventaire. Nous n’évoquerons ni l’abandon des banlieues, ni l’école, ni la reproduction endogamique d’élites hexagonales incapables de lire la complexité du monde. Nous mesurons la multiplicité des causes de l’expansion de l’islamisme radical. Comme nous savons à quel point l’étroitesse des rapports entretenus dans tout le monde arabe entre les sphères politique et religieuse a pu faciliter son émergence, nous n’avons aucune intention simplificatrice. Sur l’islamisme d’abord.

L'islamisation de la radicalité Devant un défilé à Raqqa Stringer © Reuters Un éclairage inédit est projeté dans Le Monde par Olivier Roy sur la radicalisation d’une frange de la jeunesse musulmane de notre pays. Selon lui – je cite « il ne s'agit pas de la radicalisation de l'islam, mais de l'islamisation de la radicalité ». L’analyse se tient, elle vaut qu’on s’y arrête. Olivier Roy observe que depuis 1996 le phénomène est stable : il concerne la deuxième génération d’immigrés et les convertis « de souche » appartenant à la même tranche d’âge, lesquels représentaient quand même 25% des radicaux à la fin des années 90 et ce chiffre ne cesse d’augmenter. Ceux-ci n’ont jamais souffert du racisme ou de l’exclusion. Dans les pages Champs Libres du Figaro Renaud Girard revient sur les ambiguïtés de la politique turque à l’égard des djihadistes, longtemps autorisés à passer sur son territoire pour rejoindre la Syrie Jacques Munier

Qu'est-ce que le captagon, la drogue des djihadistes ? Les forces de l’ordre antidrogue turques ont mis la main sur près de 10,9 millions de comprimés au cours de deux descentes distinctes dans la province de Hatay, frontalière de la Syrie (voir carte ci-dessous), annonce l'AFP. Les policiers ont saisi un premier lot de 7,3 millions de comprimés dissimulés dans 1.300 filtres à huile de moteur. Le second lot a été découvert dans un dépôt. Une pilule très prisée des combattants de Daesh 26 juin 2015, dans la station balnéaire de Port El-Kantaoui, près de Sousse, en Tunisie. L'impression d'être "le roi du monde" Synthétisé pour la première fois en 1961, le captagon est un stimulant de la famille des amphétamines qui comprend notamment la métamphétamine et l'ecstasy (aussi appelé MDMA). "Comme toutes les autres amphétamines, cette drogue entraîne une résistance à la fatigue, une vigilance accrue et une perte de jugement. La "descente" qui suit la prise de captagon Les effets de cette drogue ne sont pas cantonnés au cerveau. COMMERCE.

L’Arabie saoudite, un Daech qui a réussi Daech noir, Daech blanc. Le premier égorge, tue, lapide, coupe les mains, détruit le patrimoine de l’humanité, et déteste l’archéologie, la femme et l’étranger non-musulman. Le second est mieux habillé et plus propre, mais il fait la même chose. L’Etat islamique et l’Arabie saoudite. Le wahhabisme, radicalisme messianique né au 18ème siècle, a l’idée de restaurer un califat fantasmé autour d’un désert, un livre sacré et deux lieux saints, la Mecque et Médine. Lire aussi: «Inutile de vouloir réformer l'Islam» Les nouvelles générations extrémistes du monde dit «arabe» ne sont pas nées djihadistes. Il faut vivre dans le monde musulman pour comprendre l’immense pouvoir de transformation des chaines TV religieuses sur la société par le biais de ses maillons faibles: les ménages, les femmes, les milieux ruraux. Lire également: «Dégageons du Moyen-Orient!» Daesh a une mère: l’invasion de l’Irak. Kamel Daoud, chroniqueur au Quotidien d’Oran, est l’auteur de «Meursault, contre-enquête.»

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