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« Snapchat, une profonde rupture dans l’histoire de l’image »

« Snapchat, une profonde rupture dans l’histoire de l’image »
Photos moches, barbouillées, incompréhensibles… Les clichés échangés via l’application pour smartphone révèlent les nouveaux usages d’une image désacralisée. Petite plongée dans les « snaps » d’ados. Dans un monde parallèle et méconnu, des adolescents du monde entier se partagent chaque jour des centaines de milliers de photos et de vidéos. Le nom de ce monde est devenu populaire – Snapchat – mais ce qui s’y passe demeure obscur. Et pour cause, la particularité de l’application réside dans l’échange, dans des cercles privés, d’images barbouillées de filtres, de textes et de smileys qui, une fois visionnées, disparaissent à jamais (ou presque). En quelques années, et maintenant avec plus de 4 milliards de (courtes) vidéos visionnées par jour, Snapchat est devenu un gigantesque continent enfoui, beaucoup plus complexe à étudier que tous les autres réseaux sociaux – dont les contenus sont facilement visibles et archivés. A la recherche des images secrètes Certains ont bien voulu jouer le jeu. Related:  Sujets de société

Traque sur Internet, par Marie Bénilde (Le Monde diplomatique, novembre 2013) «Une Guinness, John ? » ; « Stressé, John Anderton ? Besoin de vacances ? » Interprété par Tom Cruise, le héros de Minority Report ne peut faire un pas sans être assailli par des messages publicitaires personnalisés diffusés sur des écrans. L’action de ce film se déroule en 2054. Google promet de commercialiser dès l’année prochaine ses Google Glass, des lunettes grâce auxquelles on peut consulter une page Web ou cliquer sur ses courriels par une simple inclinaison de la tête. Il fut un temps où l’humanité consommatrice se subdivisait en autant de cibles qu’il y avait de publics à séduire à travers les médias de masse. Comme le constate M. Crainte d’une législation trop rude Or il est impossible de savoir combien de temps les Google, Facebook,Yahoo et autres groupes conservent nos données. Seules les données de géolocalisation font actuellement l’objet d’une demande d’accord préalable de la part des fournisseurs d’applications mobiles. Les cookies ? La promotion par le « like »

"Le Figaro", "Libé", "l'Obs"... qui possède la presse française ? Lagardère Active est le pôle audiovisuel du groupe Lagardère SCA, dirigé par Arnaud Lagardère. Le groupe rassemble des activités d’édition (Stock, Fayard, Grasset, Larousse…), de distribution (points de vente Relay), d’entertainment et de presse. Lagardère Active est présent sur tous les types de médias avec Europe 1, "Le Journal du Dimanche", "Elle", "Paris Match", "Public", "Télé 7 Jours", Gulli… Le Groupe Hersant Média, dirigé par Philippe Hersant, est né en 1985 de la division du groupe Hersant en deux entités, pour échapper à la loi sur la concentration de la presse. Patrick Hurbain est à la tête du groupe Rossel, fondé par Pierre-Emile Rossel, depuis 2001. Bertelsmann est un groupe allemand, détenu par Elisabeth "Liz" Mohn. Patrick Drahi est le petit nouveau du paysage médiatique français. Le groupe Bolloré, dirigé par Vincent Bolloré, est essentiellement présent dans les transports et la logistique. NextRadioTV a été créé en décembre 2000 par Alain Weill.

Oisiveté bien encadrée, par Philippe Bourdeau et Rodolphe Christin (Le Monde diplomatique, juillet 2012) Faut-il s’en étonner ? La récréation — c’est-à-dire à la fois le tourisme, le voyage et les loisirs — fait l’objet de représentations largement positives. Pourtant, dès le début de la massification des usages récréatifs du temps libre, dans les années 1960, le sociologue Joffre Dumazedier s’inquiétait du détournement de leur potentiel d’émancipation ; il les voyait devenir un « nouvel opium du peuple ». En présentant en 1970 une réédition du Droit à la paresse, de Paul Lafargue, l’historien Maurice Dommanget observait de son côté que, peu à peu, les citoyens se désintéressaient de la vie sociale et politique pour investir leur énergie dans l’« obsession des loisirs annuels ». Au risque même d’accepter pour cela un renforcement de leur aliénation par le travail… C’est la connotation positive attribuée à la différence qui fonde l’attraction pour l’ailleurs récréatif. Cette évolution va de pair avec la banalisation des références aux stations touristiques comme « usines à rêves ».

Les musées envahis par les aveugles photographes «Ils ont des yeux, mais ne voient pas», (Évangile selon Saint-Matthieu mais aussi, soyons œcuméniques, sourate 7 verset 179 du Coran). Leur index est incroyablement plus mobile et plus actif que leurs pupilles. Ce sont les touristes, fort peu regardants, qui préfèrent capturer une œuvre d’art à l’aide de leur smartphone plutôt que perdre leur temps à la contempler. Ce spectacle fascinant s’observe dans la plupart des grands musées de la planète. Appropriation technologique des œuvres Ce n’est pas d’hier qu’un flot de touristes exténués par d’infernales cadences voyageuses tend à confondre salles de musées et halls de gare. La magie technologique n’en a pas moins porté à un stade inégalé la possibilité de s’approprier un musée en se dispensant de regarder vraiment les œuvres exposées. La majorité s’en tient néanmoins à l’usage d’un smartphone. Ces diverses pratiques génèrent inévitablement leur lot de nuisances. Tous photographes! Démocratisation et read-write culture Douglas Coupland

Bernard Stiegler : « Le marketing détruit tous les outils du savoir Texte publié intégralement dans la revue Soldes [1], que vous pouvez vous procurer dans l’une de ces librairies ou lors de l’événement organisé au Point éphémère à Paris le 24 mars (voir à la fin de l’article). Peut-on sortir de l’ère industrielle ? J’ai la conviction profonde que ce qu’on appelle humain, c’est la vie technicisée. La forme de vie qui passe par la technique, qu’elle soit du silex taillé ou du silicium, organisée comme aujourd’hui par un microprocesseur ou par autre chose. Quand on appréhende les questions dans leur globalité, il est inconcevable de faire face à cette poussée démographique avec des moyens non industriels. D’où vient cette hégémonie du capitalisme financier ? En 1977, au moment du mouvement punk, c’est l’enclenchement d’une catastrophe annoncée. Comment s’opère cette destruction des savoirs ? Aujourd’hui, 180 millions de Chinois sont dépressifs et partout ailleurs les gens sont dépressifs. Le marketing triomphant… ? Quel rôle pour les nouvelles générations ?

« La liberté de consommer est une illusion bien cher payée Basta ! : Instaurer un revenu de base, aussi appelé revenu d’existence ou allocation universelle, est une revendication qui commence à émerger. Vous faites une nouvelle proposition en ce sens. Vincent Liegey [1] : Le revenu d’existence consiste à donner à tous, de la naissance à la mort et de manière inconditionnelle, un revenu. Comment ce revenu sera-t-il versé aux citoyens ? Nous proposons une DIA distribuée non pas en euros, mais en droits d’accès, en droits de tirage sur les ressources, et en système monétaire alternatif. Cette proposition oblige à une réflexion collective sur ce que l’on produit, comment on le produit, et pour quel usage... Nous sommes face à une crise systémique, dans laquelle tout est lié. Concrètement, comment mettre en place cette dotation inconditionnelle d’autonomie ? Les scénarios de transition s’inscrivent dans le temps long. Comment financer un tel projet ? Le financement n’est pas un problème. Entrer en décroissance, est-ce renoncer à un certain confort ?

Machisme sans frontière (de classes), par Mona Chollet Lorsqu’ils se rencontrent, il lui interdit de continuer à travailler. Il la force à faire un enfant, puis, lorsqu’elle tombe enceinte, veut l’obliger à avorter. Il lui impose la présence de ses maîtresses, mais lui interdit d’avoir des amants. Quand elle s’enfuit et tente de refaire sa vie avec un autre homme, il la retrouve et « la bat au sang »... Quand une femme est maltraitée ou tuée par son compagnon ou ex-compagnon, ou par un prétendant éconduit, l’interprétation de l’acte dépend de l’appartenance culturelle du coupable. Crime passionnel ou crime ordinaire Par son succès médiatique l’association Ni putes ni soumises, née en 2003, a contribué à accréditer l’idée que la violence envers les femmes n’existait plus que dans les banlieues, et s’expliquait par la « culture » des jeunes hommes d’origine maghrébine. L’invisibilité des violences sexistes « de souche », quant à elle, reste encore et toujours due à l’invocation de la « passion ». Les rôles sexuels comme clichés M. A Douai, M.

Comment "les médiocres ont pris le pouvoir" “Les médiocres sont de retour dans la vallée fertile”, déclarait aux Inrocks le journaliste Daniel Mermet lors de son éviction de France Inter, en juin 2014. Le philosophe Alain Deneault, considérant la conjoncture globale, va plus loin : “Il n’y a eu aucune prise de la Bastille, rien de comparable à l’incendie du Reichstag, et L’Aurore n’a encore tiré aucun coup de feu. Pourtant, l’assaut a bel et bien été lancé et couronné de succès : les médiocres ont pris le pouvoir”. Comment les médiocres ont-ils pris le pouvoir selon vous ? Alain Deneault – La généalogie de cette prise de pouvoir a deux branches. L’autre versant de cette prise de pouvoir réside dans la transformation de la politique en culture de la gestion. Ces deux phénomènes ont amené des penseurs au XXe siècle à constater que la médiocrité n’était plus une affaire marginale, qui concernait des gens peu futés qui arrivaient à se rendre utiles, mais qu’elle faisait désormais système. Je n’irai pas jusque-là.

Michel Serres - L'innovation et le numérique - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne La révolution numérique en cours aura selon Michel Serres des effets au moins aussi considérables qu’en leur temps l’invention de l’écriture puis celle de l’imprimerie. Les notions de temps et d’espace en sont totalement transformées. Les façons d’accéder à la connaissance profondément modifiées. A cet égard, chaque grande rupture dans l’histoire de l’humanité conduit à priver l’homme de facultés ("l’homme perd") mais chaque révolution lui en apporte de nouvelles ("l’homme gagne"). Michel Serres, de l'Académie française, a prononcé cette conférence inaugurale le 29 janvier 2013 pour le lancement officiel du Programme Paris Nouveaux Mondes, l'Initiative d'excellence du Pôle de recherche et d'enseignement supérieur "hautes études, Sorbonne, arts et métiers"(Pres héSam).

Etat d'urgence, ce que nous pouvons, par Frédéric Lordon (Les blogs du Diplo, 30 novembre 2015) S’il existait quelque chose comme une jauge de la faute et de la vertu des peuples, on pourrait dire que le corps social n’a jamais que « ce qu’il mérite ». Mais rien de tel n’existe sauf dans la vision moraliste du monde qui passe tout au tamis du jugement et de la rétribution. Nous avons cependant le recours de dire autre chose : de dire que le corps social fait, à chaque instant, la démonstration en actes de ce qu’il peut — de son degré de puissance. Ça n’est donc plus une question de jugement, c’est une question de mesure. Voir le dossier « Dans l’engrenage de la terreur », Le Monde diplomatique, décembre 2015.Dans ces conditions, il n’y a plus qu’à arpenter. Au fond de la dépossession, les citoyens protesteront qu’« ils n’y peuvent rien ». La rupture avec la pensée morale ne se fait complètement qu’à la condition de ne plus dire que nous sommes « individuellement responsables », et de substituer à ce type de jugement culpabilisateur la mesure de notre impuissance collective.

Laïcité, le triomphe de l’équivoque, par Eddy Khaldi Pierre angulaire du modèle républicain, la laïcité fait aujourd’hui l’objet d’un unanimisme trompeur. Cette récupération du mot participe d’une dénaturation du concept, lequel revêt dorénavant des sens très divers, et parfois antinomiques. Dans une attitude de façade, l’extrême droite et la droite concentrent leurs feux sur l’islam, avec des arrière-pensées évidentes : « Je veux bien qu’on se cache derrière son petit doigt, mais les violations de la laïcité sont effectuées par un certain nombre de groupes politico-religieux musulmans, qui cherchent à imposer des lois religieuses au détriment des lois de la République. C’est pour cela que la laïcité s’affaisse », déclarait ainsi la présidente du Front national, Mme Marine Le Pen, le 3 avril 2011 (1). Dans le domaine institutionnel, l’offensive menée sur le terrain de l’école par l’Eglise catholique, avec l’appui d’élus locaux ou nationaux, de gauche comme de droite, favorise la remise en cause de la neutralité de l’Etat. Nouvelles cibles

L'énigme des enfants précoces bientôt résolue Dans le langage courant, on les appelle « surdoués » ou « élèves précoces ». Les spécialistes préfèrent désormais les qualifier d’enfants à haut potentiel (HP). Leur point commun est d’avoir un QI supérieur ou égal à 130. Mais sur le plan scolaire, leur réussite varie fortement. Quand certains obtiennent le bac à 14 ans, d’autres redoublent. Pour la première fois, une équipe de scientifiques lyonnais a voulu résoudre cette énigme. Fanny Nusbaum, Olivier Revol et Dominic Sappey-Marinier, rapport du rectorat de l’académie de Lyon à la commission chargée de la prise en charge des enfants à haut potentiel à l’école, 2015.

École privée ou publique ? Une bobo face à ses contradictions Delphine est bobo, blanche, diplômée. Elle habite un quartier de Paris où vivent des Noirs, des Arabes, des Asiatiques. Elle est de gauche, généreuse, pour la diversité et la mixité sociale. Mais quand ses filles ont l’âge d’aller à l’école, elle se trouve placée devant ses contradictions. Car « l’école publique, c’est pour les pauvres », lui résume une amie d’origine étrangère, qui a mis ses deux gamines dans le privé. « Liberté, égalité, fraternité » sur le fronton d’une école publique parisienne - STEPHANE DE SAKUTIN/AFP Un récit à la première personne, honnête et lucide, qui chronique les contradictions de la classe privilégiée et politisée. Chaque matin, comme tous les parents du quartier, Delphine emmène ses filles à l’école. « Il y a les gens des tours HLM, les pères en costume-cravate, les petits commerçants. » Mais vient un moment où le flot des gamins se divise : ceux qui vont à l’école privée et ceux qui vont à l’école publique. « Il y a un tri social et ethnique implacable. »

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