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Bernard Friot et Frédéric Lordon chez Tropiques (2/2)

Bernard Friot et Frédéric Lordon chez Tropiques (2/2)
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Privatisations : les hôpitaux espagnols livrés à la spéculation financière Au nom de la croissance et de la réduction des déficits, le gouvernement espagnol accélère la privatisation du système de santé publique. Des fonds d’investissement en quête de « rentabilité élevée » s’emparent d’hôpitaux, sur fond de conflits d’intérêt et de scandales politico-financiers. Collectifs citoyens et syndicats dénoncent les conséquences désastreuses de cette privatisation : des patients mourant prématurément par négligence, un personnel soignant en pleine dépression, et des coûts au final plus élevés que ceux d’une gestion publique. « Partenariat public privé » : ce mode de gestion, appliqué au système de santé publique espagnol provoque des ravages, tant sociaux que sanitaires. 2 700 personnes seraient mortes prématurément en 2012 dans la région de Valence, selon un rapport de l’UGT, le premier syndicat espagnol. Conditions de travail « inhumaines » Des privatisations pour réduire les déficits ? Scandales politico-financiers Coopératives et autogestion Nathalie Pédestarres

En Espagne, austérité et privatisations détruisent le système de santé publique et nuisent à la qualité des soins Le spectacle n’est pas très flatteur pour la direction de l’établissement hospitalier. Des lits sont entassés en quinconce dans les couloirs et dans les chambres individuelles. Les issues de secours sont bloquées et le travail du personnel soignant entravé. Avec l’augmentation des maladies hivernales, le service est rapidement saturé. « Je n’en peux plus ! « La saturation des urgences est devenue permanente » En 2012, le gouvernement de Mariano Rajoy (Parti populaire, droite), a modifié le régime des indemnités journalières versées aux fonctionnaires de l’État en cas d’arrêt de travail pour les maladies et les accidents non-professionnels. Ces scènes inquiétantes se banalisent. Hausse des cas de négligences médicales La Defensora del Pueblo – l’équivalent espagnol du Défenseur des droits –, Soledad Becerril, a publié début 2015 un rapport très critique sur la situation des services d’urgence dans les établissements hospitaliers publics [1]. 19 000 postes supprimés en deux ans

Les taches aveugles de « l'autre euro possible Un de ces lieux communs que l’éditorialisme prend pour de la pensée profonde se plaît à répéter que nous vivons une époque de constante accélération et que tout va toujours plus vite… Qu’on se rassure, il reste des domaines où l’on procède encore avec une sage lenteur, par exemple à propos de l’euro quand il s’agit de mettre l’une derrière l’autre deux idées conséquentes. Une ironie qui n’est sans doute pas inadvertante nous soumet la question de savoir si une autre Europe est possible dix ans après un référendum constitutionnel qui nous promettait déjà à sa manière une autre Europe possible — et dont on mettra difficilement au compte du « non » que la promesse n’en ait pas été tenue, puisque ce texte nous est revenu à l’identique sous la forme du Traité de Lisbonne (à quelques déclarations ronflantes près qui n’engageaient que de l’encre sur du papier). Les prérequis passionnels de la démocratie formelle Est-ce à dire qu’elles ne pourraient jamais l’être ? Evidemment non. Gerxit ?

Le projet de taxe Tobin, bête noire des spéculateurs, cible des censeurs, par Ibrahim Warde (Le Monde diplomatique, février 1997) En 1972, alors que le monde était en proie à des remous monétaires, l’économiste James Tobin proposa, lors d’une conférence à l’université de Princeton, de taxer les transactions de change en vue de permettre aux gouvernements de retrouver leur autonomie en matière de politique macroéconomique. L’idée fit long feu, mais telle le monstre du loch Ness, elle resurgit périodiquement. En 1992 et 1993 lors des crises monétaires européennes, et fin 1994 avec l’effondrement du peso mexicain, la « taxe Tobin » refaisait surface ; en 1994, lors du sommet social de Copenhague, le président François Mitterrand en relança l’idée ; dans les coulisses du G 7, à Halifax en 1995, la taxe fut à nouveau évoquée. A chaque fois, le projet fut rapidement enterré, et la taxe semblait condamnée à se voir systématiquement qualifiée d’« idéaliste » et « irréaliste ». Il faut dire que M. Pourtant, certains chiffres sont éloquents. Le long terme dure... dix minutes

FMI : la mondialisation financière nourrit les inégalités Pour les experts du Fonds monétaire international (FMI), il n’y a aucun doute : quand un pays ouvre son économie aux grands vents de la finance mondiale, il voit croître ses inégalités sociales. C’est la conclusion d’une étude empirique menée sur 149 pays pour la période 1970-2010. Quels sont les mécanismes qui relient les inégalités à l’ouverture financière ? Le FMI en identifie trois. D’abord, la libéralisation permet aux plus aisés d’avoir un accès au crédit encore plus important. Ainsi, dans les pays où tout le monde a facilement accès aux prêts bancaires, la montée des inégalités reste plutôt faible. Ensuite, la libéralisation accroît les chocs liés aux crises financières. Enfin, par la réalité ou la menace de délocalisation des investissements, la libéralisation financière conduit à un rapport de force favorable aux employeurs et à une baisse de la part des salaires dans la répartition des revenus.

800 euros par mois pour tous ? Pourquoi le revenu de base peut changer notre vie 800 euros, c'est la somme de base qu'il faudrait allouer à tous les citoyens chaque mois (SIPA). La Finlande s'apprête à tester un revenu de base de 800 euros par mois sur une partie de sa population ! Promesse encourageante ou pure folie démagogique, qu’est-ce donc que le revenu de base ? Comment l’appliquer en France ? Souvent présenté comme un instrument de lutte contre la pauvreté, le revenu de base constitue surtout une nouvelle manière d’envisager le rapport entre les individus et la société. Le revenu de base garantit à chacun son autonomie financière en lui assurant sa subsistance et une existence digne tout au long de la vie. Choisir son travail au lieu de le subir Il ne se substitue pas aux prestations sociales telles que l’assurance maladie ou l’aide au logement. Financer un revenu de base par étapes Une des pistes de son financement consiste à partir du RSA en procédant par étapes pour atteindre à terme la mise en place d’un véritable revenu de base.

Apple, Steve Jobs et le néocapitalisme américain La publication du livre consacré à Steve Jobs, le cofondateur d’Apple, par Walter Isaacson, ancien dirigeant de CNN et de Time Magazine, aujourd’hui à la tête de l’Institut Aspen, est l’occasion de mieux comprendre — de l’intérieur — comment fonctionne le technocapitalisme américain. En août 2011, Apple est devenue la première capitalisation boursière au monde devant Exxon Mobile avec plus de 330 milliards de dollars. L’entreprise doit une grande partie de son succès à son patron, Steve Jobs, et à sa volonté de puissance qui l’a amené à imposer ses produits de façon quasi-religieuse auprès d’une communauté d’aficionados devenue massive et mondiale. Bien sûr, comme dans le Tartuffe de Molière, toute relation dévote se fait au prix d’une manipulation par plus dévot que soi dont la finalité est d’abord de vous mystifier. Le désir de tout contrôler Steve Jobs appelait cela le « champ de distorsion de la réalité ». Délocalisation et pollution industrielle Un roi du marketing déguisé en gourou

Le code du travail, garant de l’emploi, par Rachel Saada (Le Monde diplomatique, janvier 2016) Feu sur le droit et sur le code du travail, qui angoisseraient patrons et salariés et seraient responsables du chômage ! Ils doivent être réduits, ramenés à quelques grands principes, entend-on partout. Pourtant, avant de chercher à les déconstruire, il serait judicieux de voir comment ils se sont construits. Rien n’est là par hasard. Cet édifice s’est élevé lentement au fil des siècles. Dans le système économique d’après la Révolution française, il n’existe pas de droit du travail. Le contrat lierait deux hommes libres et consentants, tous deux propriétaires, l’un de sa seule force de travail, l’autre de beaucoup plus et notamment des moyens de production, mais tous deux égaux malgré tout. Le travailleur donne donc à bail ses services, pour lesquels l’employeur paie un loyer (le salaire), comme un simple locataire. Conçu pour que chacun puisse s’y retrouver Celle du 26 mai 1864 abroge le délit de coalition, mettant ainsi fin à la pénalisation de la grève.

L'or, le dollar et l'intégration capitaliste, par Francis Kern (Le Monde diplomatique, mai 1980) La prospérité économique qui caractérise l’après-guerre prend ses racines dans la dissymétrie des économies des pays industriels de l’Occident héritée de la guerre. D’un côté, l’économie américaine restée intacte, hyperdéveloppée par l’effort de guerre et qui permet à sa population d’accéder, dès les années 40, à la consommation de masse. De l’autre, des économies partiellement détruites, aux installations vétustes, avec des populations qui connaissent la pénurie et le rationnement. Ainsi le système monétaire international qui se met en place dès 1944 ne sera pas le Gold Exchange Standard, mais le dollar standard. Si la devise américaine n’est guère contestée pendant près de vingt ans, ce n’est pas à cause de sa « libre convertibilité en or, au cours officiel de 35 dollars pour une once d’or », mais parce que toutes les autres nations de l’Occident ont besoin des billets verts pour reconstruire leur économie. Le plan Marshall offre un débouché aux biens et machines made in U.S.A.

Alstom : quand Jérôme Pécresse supprime les emplois de la région de Valérie… Pécresse Elle vient d’être élue à la tête de la région Ile-de-France après de longs mois de campagne marqués par une « priorité » absolue ; l’emploi. Lui, l’a accompagnée, soutenue, encouragée à chaque instant. Le soir de sa victoire, Valérie Pécresse ne manquera donc pas de remercier ce précieux soutien, l’un des plus fidèles. "Je voudrais dire à (…) mon mari, (…) que j'ai entraîné malgré [lui] dans cette rude épreuve, que c'est dans [son] affection que j'ai puisé toute ma force", confie en effet, émue, l’ex-UMP à l’issue des élections régionales, le 13 décembre dernier. Il aura toutefois fallu moins d’un mois pour apprendre que « l’affectueux » monsieur Pécresse se cache aussi derrière les centaines de licenciements qui toucheront bientôt la région dirigée par… sa femme. Son nom apparaît d’ailleurs en bonne place dans le mail qui a été envoyé aux salariés, début janvier, pour leur faire part des orientations de l’entreprise, et dont Marianne a obtenu une copie.

Subprimes: Goldman Sachs achète la fin des poursuites pour cinq milliards Goldman Sachs a annoncé jeudi être parvenu à un accord de principe de 5,06 milliards de dollars avec les autorités américaines pour solder un litige immobilier remontant à la crise financière. Ce compromis devrait se traduire par une charge nette de 1,5 milliard de dollars dans ses comptes du quatrième trimestre 2015. Pour information, sur le seul premier trimestre 2015, Goldman Sachs avait réalisé un bénéfice de 2,75 milliards de dollars. L'établissement dirigé par Lloyd Blankfein se voyait reprocher d'avoir vendu de 2005 à 2007 un portefeuille titrisé de prêts hypothécaires résidentiels (RMBS) c'est-à-dire des crédits immobiliers convertis en produits financiers qui ont par la suite causé des pertes abyssales aux acheteurs finaux. Les autorités renoncent à la poursuivre en justice "Nous sommes heureux d'avoir trouvé un accord de principe pour résoudre cette affaire", s'est réjoui M. Un versement de 875 millions de dollars est également prévu.

Imposture du capitalisme moral, par Yvon Quiniou (Le Monde diplomatique, juillet 2010) Ne serait-il pas temps de moraliser le capitalisme ? Au plus fort de la crise, l’interrogation a été formulée par nos dirigeants, M. Nicolas Sarkozy en tête, c’est-à-dire par ceux-là mêmes qui se livraient auparavant à une apologie inconsidérée du libéralisme censé représenter la « fin (heureuse) de l’histoire ». Formulée ainsi, la question est biaisée : s’il faut le moraliser, c’est que le capitalisme est immoral ; si on peut le faire, c’est qu’il n’est pas intrinsèquement immoral dans ses structures. Seuls ses excès seraient en cause. L’économiste ultralibéral Friedrich Hayek avait déjà énoncé cette objection au XXe siècle (1) : seul un comportement individuel intentionnel pourrait être qualifié de juste ou d’injuste — ce ne peut être le cas d’un système social qui, en tant que tel, n’a été voulu par personne. Cette thèse a trouvé une nouvelle jeunesse récemment grâce à André Comte-Sponville dans son livre Le Capitalisme est-il moral ? Cynisme à l’égard de la politique

Déluge de bombes sur le code du travail, par Martine Bulard (Le Monde diplomatique, 19 février 2016) Le patronat et Nicolas Sarkozy en rêvaient, MM. François Hollande et Manuel Valls l’ont fait : si, par hypothèse funeste, le projet de loi « visant à instituer de nouvelles libertés et de nouvelles protections pour les entreprises et les actifs » (sic) devait voir le jour, le code du travail ressortirait en miettes. (Le texte complet peut être téléchargé par exemple sur le site de l’Ugict-CGT). « L’objectif, précise la ministre du travail Myriam El Khomri dans un entretien aux Echos (18 février 2016), est de s’adapter aux besoins des entreprises ». On s’en doutait un peu — encore qu’il s’agisse d’une étrange vision des entreprises, réduites à leurs seules sphères dirigeantes. Bien sûr, il ne s’agit que d’un projet et tout peut encore bouger. Roi de l’entourloupe, le président de la République assure ne pas toucher aux fondamentaux : contrat de travail à durée indéterminée qui reste la règle et la semaine de 35 heures qui demeure la norme légale. Le patron décide de la durée du travail

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