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Raphaël Liogier : “Le jihadisme ne vient pas du communautarisme mais de la désocialisation"

Raphaël Liogier : “Le jihadisme ne vient pas du communautarisme mais de la désocialisation"
Comment appréhender la réalité du jihadisme en France ? Raphaël Liogier – Il faut distinguer plusieurs types de jihadisme. D’abord le jihadisme guerrier archaïque, qui se développe au VIIIe siècle, qui n’est pas équivalent au martyre, et n’est pas le propre de l’islam ; puis, le jihadisme moderne, produit de la décomposition de l’islamisme et du néo-fondamentalisme. Au XIXe siècle, quelque chose de nouveau s’est produit : un regard focalisé sur l’Occident agresseur. Cela a engendré le néo-fondamentalisme voulant revenir à un islam fondamental focalisé sur la critique de l’Occident. Où mène cette convergence au début des années 1980 ? Il y a une sorte de prise en charge par des groupes extrémistes islamistes du mécontentement anticapitaliste des anciens groupes terroristes d’extrême gauche, et la reprise de certaines de leurs méthodes dans la grammaire du jihad. Aujourd’hui, ce modèle a changé. Qu’est-ce que Daech apporte de nouveau ? Qui sont les clients potentiels du jihadisme ? Related:  Terrorisme / Intégrisme

« L’Etat islamique a un père : l’Arabie saoudite et son industrie idéologique » Après les attentats meurtriers du 13 novembre, revendiqués par l'organisation Etat islamique (EI), la France et, plus largement, les Occidentaux doivent-ils repenser les liens qu'ils entretiennent avec l'Arabie saoudite et le Qatar ? Une tribune de l'écrivain algérien Kamel Daoud, publiée (en anglais et en français) par le quotidien américain The New York Times et largement partagée sur les réseaux sociaux, vient alimenter le débat. Dans cette tribune, Kamel Daoud, lauréat du Goncourt du premier roman pour Meursault, contre-enquête et chroniqueur au Quotidien d'Oran, affirme que l'Arabie saoudite n'est qu'un "Daech [acronyme arabe de l'Etat islamique] qui a réussi". "Daech noir, Daech blanc. Le premier égorge, tue, lapide, coupe les mains, détruit le patrimoine de l’humanité, et déteste l’archéologie, la femme et l’étranger non musulman. Le second est mieux habillé et plus propre, mais il fait la même chose. Lire aussi : Kamel Daoud, une plume contre l'obscurantisme Salafisme "quiétiste"

L’Arabie saoudite, un Daesh qui a réussi Daesh noir, Daesh blanc. Le premier égorge, tue, lapide, coupe les mains, détruit le patrimoine de l’humanité, et déteste l’archéologie, la femme et l’étranger non musulman. Le second est mieux habillé et plus propre, mais il fait la même chose. L’Etat islamique et l’Arabie saoudite. Le wahhabisme, radicalisme messianique né au 18ème siècle, a l’idée de restaurer un califat fantasmé autour d’un désert, un livre sacré et deux lieux saints, la Mecque et Médine.

Ces (nombreux) pays que l'existence de Daech arrange bien Olivier Roy, spécialiste de l'islam et fin connaisseur du djihadisme, est professeur à l'Institut universitaire européen de Florence. Il est notamment l'auteur de "La Peur de l'islam" (L'Aube, 2015) et de "L'échec de l'Islam politique" (Points, 2015). Comment peut-on lutter efficacement contre Daech ? - La question de la lutte contre Daech est rendue plus complexe du fait que certains acteurs dans la région n'ont pas intérêt à le voir disparaître. En Irak, les tribus sunnites ont eu recours à Daech pour se protéger des exactions des milices chiites ; les chiites d'Irak, eux, ne veulent pas prendre Falloujah ou Mossoul. Donc aucun acteur régional n'est prêt à en découdre au sol pour reprendre les terres sunnites de Daech ? - Non. La France, peut-être elle seule, voudrait éradiquer Daech. Bloqué au Moyen-Orient, Daech se lance donc dans une fuite en avant : le terrorisme globalisé. Propos recueillis par Sara Daniel et Marie Lemonnier

Témoignage depuis Raqqa, capitale de l’Etat Islamique Street Press, 20 novembre 2015 : Raqqa, capitale de l’Etat Islamique – « J’ai découvert les attentats de Paris sur Facebook », raconte Mohammed, 27 piges. Le bouche-à-oreille se met en marche et « l’information circule très rapidement », témoigne le jeune commerçant. C’est par l’intermédiaire du Raqqa Post, un site d’info proche de l’armée syrienne libre, que StreetPress est entré en contact avec Mohammed. Message à la France « Je voudrais dire au peuple français que nous ne sommes pas des terroristes, nous sommes les habitants de Raqqa, de simples civils comme vous. Mohammed, comme tous les autres « civils », est prisonnier de Raqqa : « Daesh nous empêche de quitter la ville. Depuis les attentats, les frappes se sont intensifiées. « Les bombes touchent le centre-ville. La terreur au quotidien « Beaucoup de parents ne mettent pas leurs enfants à l’école, de peur qu’ils subissent un lavage de cerveau et soient poussés au jihad. » La loi du silence A Raqqa, le silence règne dans les rues.

En Syrie, une expérience de démocratie directe, égalitaire et multiconfessionnelle tient tête à l'Etat islamique Photo : © Michalis Karagiannis Les raisons d’espérer sont rares en provenance de Syrie. Mais en janvier 2015, le monde découvre, ébahi, les images de femmes kurdes en treillis qui participent à la résistance puis à la libération de la ville syrienne de Kobané. Un mouvement démocratique et anti-patriarcal vient de défaire les forces ultra-réactionnaires de l’État islamique, victorieuses ailleurs. Deux modèles de société radicalement différents se font face. Assez vite débarrassé des forces du régime de Bachar el-Assad, le mouvement de libération kurde y a développé une organisation politique basée sur la démocratie directe, l’organisation en communes et la libération des femmes. Basta ! Ercan Ayboğa [1] : L’État islamique représente la ligne la plus réactionnaire qui existe aujourd’hui et en Syrie et au Moyen Orient, plus réactionnaire encore qu’Al-Qaïda, et le pôle le plus opposé au mouvement de Rojava. Michael Knapp : Rojava ressemble évidemment à une antithèse de l’EI.

Le ver et le fruit Monsieur Bidar, En ouverture d’une tribune publiée simultanément dans Le Figaro et "plusieurs quotidiens de toute l’Europe", ce vendredi 20 novembre 2015, vous nous mettez en garde à juste titre contre "le piège que tend l’Etat Islamique" : "provoquer le chaos dans la société française en alimentant la peur, qui va nourrir le vote d’extrême droite". "Au-delà, ajoutez vous, c’est le risque que partout en Europe ces attentats aggravent encore la suspicion et le rejet à l’égard de nos concitoyens musulmans en provoquant une flambée de l’intolérance et de la haine." Une fois posée cette salutaire pétition de principe, on aurait attendu des arguments, du savoir, de la théologie, de la philosophie, de la sociologie, ce que vous voulez mais quelque chose qui vienne nourrir utilement la pensée, prévenir, combattre, déconstruire, dissiper les amalgames que vous redoutez tant. C’est pourtant tout autre chose qui se produit. Je vous cite : C’est donc "un proverbe français" qui tient lieu de pensée.

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées : compte rendu de la semaine du 15 décembre 2014 - Présidence de M. Jean-Pierre Raffarin, président - La séance est ouverte à 10 heures. Débat en séance publique sur la prolongation de l'opération Chammal en Irak - Audition du Général Henri Bentégeat (2S), ancien chef d'état-major des armées La séance est ouverte à 10 heures.La commission auditionne le général Henri Bentégeat (2S), ancien chef d'état-major des armées, en vue du débat en séance publique sur la prolongation de l'opération Chammal en Irak, en application de l'article 35 de la Constitution.M.

Un prince saoudien arrêté avec deux tonnes de captagon à Beyrouth La plus importante saisie de drogue à l'aéroport international de Beyrouth implique un prince saoudien. Deux tonnes. C'est le poids des pilules de captagon saisies à l'aéroport de Beyrouth lundi 26 octobre. Le prince saoudien Abdel Mohsen Ibn Walid Ibn Abdelaziz et quatre autres personnes comptaient se rendre à Riyad en jet privé, raconte le quotidien libanais francophone L'Orient-Le Jour. Les pilules et de la cocaïne étaient réparties dans trente-deux paquets et huit valises. Le captagon, un stimulant de type amphétamine, est largement utilisée par les combattants syriens pour inhiber leur peur lors des combats. Partagez cet article

Raphaël Liogier : “Le jihadisme ne vient pas du communautarisme mais de la désocialisation” Sociologue et philosophe, Raphaël Liogier dirige l’Observatoire du religieux depuis 2006. Un poste de vigie idéal pour combattre les idées reçues dont le djihadisme fait l’objet. Comment appréhender la réalité du jihadisme en France ? Raphaël Liogier – Il faut distinguer plusieurs types de jihadisme. Où mène cette convergence au début des années 1980 ? Il y a une sorte de prise en charge par des groupes extrémistes islamistes du mécontentement anticapitaliste des anciens groupes terroristes d’extrême gauche, et la reprise de certaines de leurs méthodes dans la grammaire du jihad. Aujourd’hui, ce modèle a changé. Qu’est-ce que Daech apporte de nouveau ? Quand on veut prendre des parts de marché, il faut aller le plus loin possible dans ce qui constitue le propre de ce marché, en l’occurrence la terreur, d’où la mise en scène des exécutions. Qui sont les clients potentiels du jihadisme ? Pourquoi sans islamisme ? La riposte sécuritaire de l’Etat vous semble-t-elle appropriée ? lesinrocks.com

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