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Les élèves-ingénieurs témoignent

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Etudiante, je hais les partiels, marathon des nerfs pour perroquets. Si l’on se réfère à la terminologie en vogue, je suis actuellement étudiante en quatrième année dans une « grande école » dont on ne cesse de vanter la qualité de l’enseignement.

Etudiante, je hais les partiels, marathon des nerfs pour perroquets

On évoque souvent le désintérêt des jeunes pour l’école. Pourtant, il y a quatre ans lorsque j’étais encore la candidate n°4307, j’ai senti mon cœur faire des claquettes sur mon estomac en remettant ma copie aux surveillants. Je sors d’une session d’examens. Et je partage les conclusions d’un rapport de juillet 2007 remis au ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche sur les modalités d’évaluation des étudiants. Au bout de huit pages... un « peu clair » Il y est souligné que la correction n’aide en aucun cas l’étudiant à progresser, puisque les fameux « partiels » ne donnent lieu à aucun retour. De même, le rapport souligne que le contrôle continu est rarement assorti d’un réel travail sur les difficultés de l’étudiant.

La note sur 20, nuancier de 80 humeurs Autre aberration : la note sur 20. Aux candidats pour 2012 : les élites, dans la vraie vie. Nous, anciens élèves de grandes écoles et d’universités, désormais jeunes actifs, pensons que la formation dispensée dans les grandes écoles et les universités aux futurs cadres et dirigeants doit changer radicalement.

Aux candidats pour 2012 : les élites, dans la vraie vie

Un certain nombre d’étudiants issus de ces formations ont trop peu conscience des réalités propres à la société qui les entoure. Ils alimentent à juste titre le sentiment de « déconnexion des élites » et renforcent de fait, qu’ils le veuillent ou non, la déliquescence du lien social. Les commentaires acerbes et les réactions d’une rare violence à l’article « Polytechniciens, énarques… et malgré tout chômeurs » de la journaliste Pascale Krémer, paru sur le site du Monde le 4 janvier dernier, en témoignent.L’agressivité des remarques, la radicalité et parfois l’outrance des termes, frappe : « Aucune idée du monde dans lequel ils vivent. »« Suffisance qui transpire le mépris. »« Humainement lamentables. » Attitude et pantouflage L’Allemagne aussi a ses élites ?

Pourquoi ? Polytechniciens, énarques... et malgré tout chômeurs. LE MONDE | • Mis à jour le | Par Pascale Krémer Il y a un an, Philippe, stratège en financement et gestion des risques du bilan, disposait "du salaire de quelqu'un qui peut faire gagner plusieurs dizaines de millions d'euros à une société, certaines années".

Polytechniciens, énarques... et malgré tout chômeurs

Aujourd'hui, il a supprimé les sorties et voit plus petit pour la location de vacances. Ce jeune quinquagénaire lesté de diplômes (Essec et DEA d'économie et finances à Dauphine) a connu entre-temps une OPA sur son entreprise, une nouvelle équipe dirigeante qui voulait du sang neuf. Remercié. Depuis janvier 2011, il cherche du travail. Avec leur diplôme de Polytechnique, de l'ENA, de l'Ecole centrale, des Ponts ou des Mines, d'HEC, de l'Essec, de l'ESCP, ils se croyaient à l'abri. A Centrale-carrières, "le chômage n'est pas un problème en ce moment. Dans ces pôles carrières des grandes écoles, comme dans les cabinets d'outplacement (de reclassement) spécialement consacrés aux dirigeants, chacun retient son souffle. Petit, je voulais être boulanger, mais j'étais bon en maths.

Petit, je voulais être boulanger, puis facteur, puis berger.

Petit, je voulais être boulanger, mais j'étais bon en maths

On m’a poussé à faire des études. On m’a expliqué que c’était le seul moyen de réussir ma vie, de gagner de l’argent, de m’épanouir dans un métier. J’ai enduré de longues heures, de longues années de cours. Je me suis ennuyé, ennuyé et encore ennuyé sur des dizaines, des centaines, de milliers de chaises. Et maintenant que j’ai cinq années d’étude en poche, que je travaille - je suis ingénieur, je passe mes journées à concevoir des cuillères en plastique à moindre coût, pour environ 1700 euros par mois- je continue à m’ennuyer, et regrette profondément de n’avoir pas écouté le petit enfant qui voulait élever ses moutons en Ardèche.

Et autour de moi, lorsque je tends l’oreille, voici ce qui tombe dedans : « J’ai fait cinq ans d’étude, je passe mes journées à faire des additions. Des agents économiquement productifs ou des ratés On ne cherchera pas à savoir ce que l’élève veut faire de sa vie. Entre usine et salle des marchés, le blues d'un futur ingénieur. La semaine dernière, j'ai vu Louis, un bon ami. Nous avons le même parcours, classique, des enfants de « bonne famille » pour qui la vie a toujours été légère et cotonneuse. Bac S, meilleures prépas (privées), meilleures (grandes) écoles d'ingénieurs, meilleurs boulots assurés à la sortie. Écoles d'ingénieurs, fabriques de talents vite désenchantés.