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REFLEXIONS

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Périco Légasse : «Ce n'est pas l'agriculture qu'on assassine, c'est la France qu'on poignarde» FIGAROVOX/ENTRETIEN -Périco Légasse réagit à la crise de l'agriculture française. Pour lui, celle-ci est le résultat d'une dérive productiviste qui met en danger notre identité nationale. Périco Légasse est rédacteur en chef de la rubrique vin et gastronomie à l'hebdomadaire Marianne.

Le Figaro-. La production de canards et d'oies va être gelée pendant plusieurs semaines afin de stopper la prolifération de la grippe aviaire. Des éleveurs du Sud-Ouest se mobilisent sur Facebook pour obtenir l'abrogation de cette mesure. Périco Légasse-. Comment en est-on arrivé là? Par le besoin de surproduire pour surconsommer, instauré par l'obligation de gagner des parts de marché. Ça c'est pour le consumérisme, mais pour les maladies? Inutile de tourner autour du pot. Cette crise n'est-elle qu'un symptôme d'une crise plus profonde de l'agriculture française?

Les agriculteurs français meurent en silence… Avec-eux est-ce tout un patrimoine qui disparaît? Heureusement que oui. Par quelle équation? La réforme du financement de la PAC pour 2020 s'annonce complexe. Suite aux pressions des ministres de l'Agriculture et des producteurs, la Commission européenne tente de simplifier les règlements entrés en vigueur cette année. Certains observateurs estiment pourtant qu’il faudrait complètement revoir le mode de financement de la PAC. Au mois de mai, les ministres de l'Agriculture ont exhorté la Commission à se pencher sur la complexité des démarches administratives liées aux performances environnementales, aux pénalités des agriculteurs qui ne respectent pas les mesures de protection de l'environnement et au processus d'approbation des projets de développement rural.

Ils ont aussi appelé l'exécutif européen à alléger la bureaucratie à laquelle sont confrontées les organisations de producteurs. Les administrateurs nationaux ont surtout insisté sur une clarification des nouvelles normes environnementales de « verdissement », introduites dans la politique agricole commune (PAC) pour 2014-2020. Repenser le financement Assez d'incertitudes. « Être paysan, c'est vouloir être libre, travailler au rythme des saisons, travailler avec la nature. « Pour beaucoup d’entre nous, l’autonomie du paysan n’est plus qu’un rêve, et la prolétarisation du métier se confirme. » Le texte est lu par des paysans le 17 juin 2015, à Amiens, à l’issue du procès en appel des neuf militants de la Confédération paysanne poursuivis pour des actions menées contre l’usine des 1000 vaches, en Picardie. Dans l’attente du jugement, le 16 septembre, le syndicat dénonce un libéralisme qui « se nourrit aussi de nos utopies, qui les avale et les recrache, pour mieux avancer ».

Si les alternatives qui se multiplient partout sur le territoire contribuent à bâtir d’autres mondes, le changement passe aussi par un engagement collectif, énonce l’appel d’Amiens. Nous sommes paysans… Être paysan, c’est vouloir être libre, travailler au rythme des saisons, travailler avec la nature, les animaux… Être paysan, c’est se voir confier cette noble tâche : produire pour l’alimentation de tous !

« L’autonomie du paysan n’est plus qu’un rêve » Alors oui, il faut agir. Les futures crises écologiques et alimentaires inquiètent les géants du négoce agricole. A Lausanne, les leaders du commerce agroalimentaire ont lancé un cri d’alarme: la catastrophe menace si leur industrie ne se convertit pas d’urgence au développement durable La question est un poncif dans les conférences où se pressent les grands dirigeants d’entreprise: «Quel est le problème qui, en ce moment, vous tient éveillé la nuit?»

Pour les négociants en produits agricoles, la réponse est simple: c’est la perspective d’une crise alimentaire mondiale, doublée d’une catastrophe écologique, avant même le milieu du siècle. «Comment va-t-on faire pour nourrir deux milliards d’êtres humains en plus d’ici à 2050? Sans détruire la planète en cours de route? Je ne sais pas comment on va y arriver», s’inquiétait le directeur financier d’un négociant en céréales genevois l’automne dernier. Le sujet était de nouveau à l’ordre du jour cette semaine à Lausanne, où se tenait le sommet organisé par le Financial Times sur les matières premières.

L'agriculture au péril du libéralisme. Billet invité, inaugurant le passage du blog en mode collectif La Politique Agricole Commune -PAC- a été mise en place dans les années 1960 pour répondre aux objectifs fixés par le traité de Rome : accroître la productivité de l’agriculture ; assurer un niveau de vie équitable à la population agricole ; stabiliser les marchés ; garantir la sécurité des approvisionnements ; assurer des prix raisonnables aux consommateurs. Ces objectifs ont été repris tels quels en 2007 dans le traité de Lisbonne, bien que l'Union Européenne les ait abandonnés quinze ans auparavant pour ouvrir le marché européen sur le marché mondial et favoriser l'inclusion de l'agriculture dans une économie marchande globalisée.

En 1992, suite à l'accord de Marrakech créant l'Organisation Mondiale du Commerce -OMC-, ces prélèvements ont été supprimés. Les comptes de l'agriculture sont le reflet de cette situation et de la capacité de résistance ou d'adaptation des différents secteurs à cette pression. Jean-Louis Porry. Les agriculteurs, abandonnés à la loi de la jungle. Les hommes comme variable d’ajustement Les chiffres du ministère de l’agriculture font froid dans le dos.

Bien sûr, certains diront que les céréaliers ont aussi profité de l’envolée des cours des céréales, mais après une baisse de 30% en 2013, leurs revenus ont chuté de 40% cette année, à 11 500 euros annuels en moyenne, 50% sous le niveau moyen… Les bonnes récoltes, du fait d’une météo favorable, ont fait plongé les prix, et les revenus avec.

Les producteurs de fruits et les éleveurs de bœufs ont également les victimes du jeu de massacre du marché, avec des revenus sous la barre des 15 000 euros de revenus annuels. En revanche, pour une fois, les producteurs de lait s’en tirent mieux, avec des revenus en hausse de 30%, à 30 000 euros. Pire, ces froides statistiques ne rendent compte que d’une partie de la dureté de ces évolutions. L’horreur et la folie du laisser-faire Malheureusement, cette situation n’est pas nouvelle.