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PEINTURE &ARTS GRAPHIQUES

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Le rébus chromatique de Kandinsky. Ce qui est remonté d’abord de la mémoire, comme on le dirait d’un nageur ou d’un poisson remontant vers la surface, ce fut une sensation et l’identité de l’artiste.

Le rébus chromatique de Kandinsky

Une sensation de nuances de blanc coupé de différentes couleurs qui le bleuissent ou le jaunissent, et d’une texture assez comparable au grain grossier d’un vieux drap. Et l’identité, sans aucun doute : Vassily Kandinsky. La Normandie, exercice de stylet pour David Hockney. De la route, étroite et tortueuse entre des haies, on ne voit rien.

La Normandie, exercice de stylet pour David Hockney

La maison est en contrebas, à mi-pente de la colline qui glisse jusqu’au fond de la vallée. Une pente symétrique de champs, d’arbres et de haies lui fait face. La nuit, raconte David Hockney, il n’aperçoit de chez lui aucune lumière électrique, pas une ferme, pas un village, rien que la campagne. La mer n’est pas loin, une dizaine de kilomètres, mais il ne va pas la voir.

Dans le Yorkshire, il était contraint de s’éloigner de la côte pour être en pleine campagne – « in the middle of the fields » – et la peindre. L’histoire de son établissement en Normandie commence à être connue. Article réservé à nos abonnés Lire aussi David Hockney superstar Il doit donc revenir pour perfectionner ses observations sur le motif. Henri Martin à Labastide-du-Vert, sa vigne, son œuvre. Bleutées sur fond rouge, les traces sont discrètes mais bien visibles : des couleurs étalées à même la brique, preuve qu’on a essuyé des pinceaux sur ce mur comme sur un chiffon.

Henri Martin à Labastide-du-Vert, sa vigne, son œuvre

L’endroit n’a pourtant rien d’un vulgaire morceau de tissu, c’est même l’une des embrasures de fenêtres de l’école maternelle de Labastide-du-Vert. Mais Henri Martin (1860-1943), le peintre qui s’en est servi comme torchon, semblait trouver ce geste tout à fait naturel. Les anciens de ce village du Lot racontent qu’en sortant de classe, les enfants n’avaient pas la permission de s’arrêter à sa hauteur. Mieux valait filer droit en n’oubliant pas de saluer bien poliment, sans quoi l’artiste se plaignait à la maîtresse.

C’est dire si cet homme se sentait chez lui dans ce coin du département. Sur la butte Montmartre, Van Gogh au four et au moulin. C’est l’une des vues les plus célèbres du monde – la carte postale par excellence : Montmartre, ses rues en pente, son Sacré-Cœur.

Sur la butte Montmartre, Van Gogh au four et au moulin

L’archétype du paysage pittoresque, au sens ordinaire du terme (charmant), comme au sens premier (digne d’être représenté). Les artistes, du reste, y ont élu domicile depuis fort longtemps. Pas seulement ceux qui n’ont de renom que collectif, les « peintres de Montmartre », mais aussi les plus grands, de Renoir à Picasso, en passant par Suzanne Valadon, Modigliani ou Utrillo. Et bien sûr Vincent Van Gogh, qui vécut dans ce quartier de février 1886 à février 1888, avant de partir pour Arles. Différents tableaux rappellent cette époque où Vincent, né en 1853, vivait au 54, rue Lepic, dans le minuscule appartement loué par son jeune frère Theo, alors marchand d’art chez Boussod, Valadon et Cie. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « C’est un message d’adieu » : le secret du dernier tableau de Van Gogh. Sur la montagne Sainte-Victoire, Paul Cézanne au sommet.

Si l’envie vous prend de grimper au sommet de la Sainte-Victoire, près d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), vous croiserez peut-être cet habitué des lieux – appelons-le Eric.

Sur la montagne Sainte-Victoire, Paul Cézanne au sommet

Lui aussi s’apprête à emprunter le sentier Imoucha, qui mène du barrage de Bimont à la croix de Provence, sur la pointe occidentale de la montagne. Très aimable, Eric donne quelques conseils, détaille l’itinéraire à suivre ; jusque-là, aucune allusion à la peinture, ce n’est pas le sujet. Quand soudain, en guise d’adieu : « Vous verrez : là-haut, c’est sublime ! Le paysage de Cézanne, mais en 3D. » Voilà : en Provence et partout dans le monde, parler de la Sainte-Victoire, c’est parler de Paul Cézanne (1839-1906). Comme si, dans le regard collectif, l’image de cette barre rocheuse avait fini par disparaître derrière l’œuvre qui la fit reine. Il faut dire que Cézanne y a mis du sien. Le lieu où l’œuvre a été peinte est situé un peu en hauteur, à l’ouest de la ville. A Sainte-Adresse, les scènes maritimes de Claude Monet. Tacheté de gris, de blanc, de bleu, le ciel n’a pas changé à Sainte-Adresse.

A Sainte-Adresse, les scènes maritimes de Claude Monet

Comme dans la toile peinte par Claude Monet en 1867, il est toujours immense et troué de lumière, tapissé de mille petits nuages qui font la course au-dessus du rivage. William Turner, premier de la glace au Montenvers. Alors c’est ça, la mer de Glace ?

William Turner, premier de la glace au Montenvers

Cette chose toute plate, toute grise et couverte de cailloux, perdue au fond d’un lit trop grand pour elle ? Oui, c’est cela : l’ombre du glacier monumental que le peintre britannique William Turner (1775-1851) a jadis représentée dans sa splendeur. En ce temps-là, les visiteurs venaient de loin pour admirer la carapace tourmentée de ce long serpent blanc, devenu terne aujourd’hui. Ils accourent encore, pourtant. Par un petit train à crémaillère, ils arrivent sur l’esplanade du Montenvers, cadre sublime d’où l’on aperçoit le glacier amorçant son virage vers Chamonix. Ceux-là sont des touristes de la dernière chance, poussés par l’idée qu’il sera bientôt trop tard.

Sa capacité à changer de forme, un peu comme un être vivant, joue un rôle dans ce magnétisme. « Les glaciers sont les éléments qui réagissent le plus aux modifications climatiques », explique le glaciologue Luc Moreau. Lire aussi Ötzi : les secrets de la momie assassinée. Les « anthropométries » scandaleuses d’Yves Klein.