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La réforme de Xavier Darcos.

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Le 19 octobre, la France est dans la rue pour défendre l'éducati. Il va se dérouler, cher lecteur, une petite scène assez inhabituelle ce dimanche. A l'appel d'une cinquantaine d'organisations (syndicats, associations de parents, syndicats lycéens, associations professionnelles, syndicats étudiants), les Français sont appelés à manifester pour dénoncer l'abandon dont souffre aujourd'hui l'école publique.

En effet, le gouvernement, dans son budget 2009, annonce la suppression de 13 500 postes supplémentaires, et toute une série de réformes qui remettent en cause le fonctionnement de notre administration. Parmi ces réformes annoncées, celle qui angoisse le plus les enseignants est la réforme des lycées. Darcos a engagé des discussions avec les grands syndicats de l'Éducation nationale qui ont abouti à un grand vide. En attendant, le ministère continue de supprimer des postes régulièrement, pour économiser des miettes. Pourquoi manifester un dimanche, cher lecteur ? Les enseignants à nouveau en grève le 20 novembre 2008.

Et c'est reparti. Pendant que le PS s'enfonce dans la crise, une nouvelle fois, les enseignants descendent dans la rue. Sauf que cette fois-ci, le mouvement s'annonce beaucoup plus massif que le 7 octobre. Il semble que 80% des écoles primaires du 93 vont être fermées. Il va concerner à la fois le secondaire, le primaire, les parents d'élèves, les lycéens, les étudiants et les professeurs d'université. M'exprimer sur les causes de cette nouvelle grève est complexe. Le mouvement est aussi animé par la remise en cause du paritarisme, caractéristique de notre fonction publique. Enfin, bon, je m'égare... P.S. : tiens, Manuel, dans ma vision d'une société idéale, le citoyen doit participer et s'exprimer quand il est en désaccord avec quelque chose... Les lycéens continuent à bouger : mais pourquoi ? Depuis le début des velléités de Xavier Darcos de réformer le lycée, les manifestations des enseignants ont eu un certain impact, les lycéens ont commencé à s'agiter, et puis, lundi, Darcos a reculé.

Devant ce recul, je me suis dit qu'on avait peut-être enfin les moyens de faire une vraie réforme consensuelle, négociée, qui nous permettent de sortir des difficultés du lycée général hérité de Claude Allègre. Certes, cette réforme ne se ferait pas forcément avec Darcos, sans doute assis maintenant sur un strapontin, mais rien n'empêchait plus qu'elle ait lieu. Il est intéressant de voir que les enseignants, dans leur majorité, voudraient réformer le lycée sur plusieurs aspects. D'abord, la réduction des heures semble admise par tous. Les élèves ont en effet, en seconde, presque 33 heures de cours par semaine, ce qui est trop élevé.

Ensuite, la question des modules nous a beaucoup divisé, ce qui signifie qu'ils pourraient être acceptés assez facilement. Et, à la surprise générale, Xavier Darcos capitula ! Je suis, cher lecteur, depuis que je tiens ce blog, toujours très critique à l'égard du ministre de l'Éducation nationale. Chargé par le chef de l'État de supprimer des fonctionnaires par tous les moyens, il a mis en œuvre une stratégie consistant à justifier systématiquement, et ce par tous les discours imaginables, la logique de la suppression des postes par d'autres biais que par la réduction des dépenses, et par qualifier ceux qui dénonçaient cette réalité de réactionnaires.

Il a ainsi supprimé les postes l'an dernier et mené une réforme du primaire très contestée. Lorsqu'il annonça la réforme du lycée, je me suis dit qu'il s'avançait sur un terrain relativement facile. Contrairement à ce que dit sans arrêt la droite, les enseignants sont bien conscients des difficultés du lycée mis en place par Claude Allègre. Or, dès le début, il est apparu que, finalement, le calendrier était plus important pour Darcos que la réforme en lui-même. D'où est venue la capitulation ? La réforme bien menée et la réforme malmenée... : l'exemple de X. Régulièrement, la droite accuse l'Éducation nationale d'être rétive à toute forme de réforme. Pourtant, le système évolue régulièrement lorsque le pouvoir politique fait les choses convenablement. Ce matin, le Café pédagogique annonce l'aboutissement de la réforme des programmes du lycée professionnel. Cela faisait 20 ans qu'il n'y avait eu un tel travail mené à l'échelle de tous les programmes de tous les niveaux.

En effet, les ministres s'intéressent souvent plus au système général, plus valorisant politiquement, et se consacrent peu à l'enseignement professionnel, plutôt mal vu en France. Là, Darcos avait donné un an et demi aux inspections générales, en concertation avec les représentants enseignants et des élèves, pour bâtir une nouvelle architecture programmatique liée à la réduction à trois ans du bac professionnel (réforme qui permet de nombreuses suppressions de postes de fonctionnaires). Pourtant, Darcos nous offre, en contrepoint, l'exemple d'une réforme mal menée.