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Youssef Shoufan  Peur à Paris. J’atterris à Paris le 20 novembre 2015, une semaine exactement après les horribles attentats qui ont secoué les Français et le monde entier.

Youssef Shoufan  Peur à Paris

Dès mon arrivée à l’aéroport, une première surprise m’attendait: aucune question aux douanes. Ni même un bonjour par ailleurs. Je m’attendais à quelques formalités, mais rien. Est-ce qu’on m’aurait par ailleurs réservé le même accueil si je présentais un passeport syrien plutôt qu’un passeport canadien ? À peine embarqué dans l’autobus qui nous emmène de l’aéroport jusqu’au coeur de la ville, je ne peux m’empêcher de tendre l’oreille pour savoir ce que les Parisiens se disent. Je ne pourrai par contre pas rester observateur plus longtemps: j’attire le regard avec ces valises que je traînerai plus tard dans la ville, valises maintenant devenues suspectes.

Pour mon premier petit-déjeuner, je me rends au Café de Flore dans Saint-Germain-des-Prés. Ces jours-ci – le roncier. Je fais n’importe quoi avec la nourriture, ces jours-ci.

Ces jours-ci – le roncier

Hier, j’ai voulu faire des crêpes, alors que je n’ai pas de poêle à crêpe. J’ai été en acheter une et ce n’est que quand je l’ai mise sur ma plaque à induction et qu’elle est restée froide que je me suis rendu compte qu’elle n’était pas prévue pour. J’ai failli arracher le plan de travail du mur de frustration. Ce soir, j’ai décongelé deux kilos de lentilles cuisinées, en me disant qu’on serait content de les trouver en sortant du cinéma.

Évidemment, en rentrant du cinéma à minuit trente, je n’avais pas du tout envie de manger des lentilles aux carottes (même très bonnes). Hier, j’ai été prendre un verre en terrasse, et au moment de m’asseoir, j’ai hésité. Aujourd’hui, il faisait un temps incroyable, le soleil était revenu. Nous n’avons pas pris le métro, il faisait tellement beau et j’ai cherché le chemin le plus ensoleillé. Tout à coup, il y a des gens qui passent en courant devant le café. Et entre deux, j'ai peur. - Au hasard. Leave a Comment.

Et entre deux, j'ai peur. - Au hasard

Lettre à ma génération : moi je n'irai pas qu'en terrasse. Note de la lettre : "Je ne suis qu'une lettre d'opinion, pas un essai.

Lettre à ma génération : moi je n'irai pas qu'en terrasse

Je suis juste une petite lampe de poche qui a essayé d'éclairer ce qui était trop souvent laissé dans l'ombre. Alors oui, mon étroit faisceau lumineux laissera bien d'autres choses dans l'ombre. Cela ne veut pas dire qu'elles ne sont pas importantes. Simplement que parfois pour ramener la corde à un juste milieu, il faut tirer très fort d'un côté. " La peur, la colère et leur haine. Lors des attentats de janvier, nous étions tous au travail lorsqu'un collègue a appris qu'il y avait eu des tirs à Charlie hebdo.

La peur, la colère et leur haine

Nous sommes modérateurs pour la presse sur Internet. Dans le cas d'une actualité comme celle-là, nous nous préparons psychologiquement au tsunami de merde qui va arriver ; désolée de l'image mais je n'en vois pas d'autre pour qualifier ce qu'on voit. Nous appelons nos clients, abordons la charte que l'on va appliquer, les points sensibles, les hésitations possibles. On attend confirmation des noms des morts pour pouvoir publier les commentaires qui en parlent. Nous savons qu'en quelques minutes, des milliers de commentaires vont déferler et que cela ne sera pas beau ; la tristesse de quelques uns sera oubliée, fondue par le racisme et la colère des milliers d'autres.

Je ne veux pas être ici, je ne veux pas être - You shouldn't mumble when you speak. C’était pas moi. 17 novembre 2015 On a tous le même échange.

C’était pas moi

Le pudique “Et toi ? Ca va ?” Plus d'ouverture. Que dire après une tuerie ?

Plus d'ouverture

Que répondre à la terreur ? Une réponse est relayée sur les réseaux sociaux depuis que nous sommes, nous aussi, touchés par des actes terroristes meurtriers. La seule qui m’est audible, et que je regrette de ne pas entendre de la part de nos politiques. Et qui tourne en boucle dans ma tête, depuis que la France n’est plus capable de proposer mieux que des mesures liberticides. Pardon, mais je capte la lumière ailleurs : « J’ai un message pour celui qui nous a attaqué et pour ceux qui sont derrière tout ça : vous ne nous détruirez pas. C’est la réponse du premier ministre norvégien, Jens Stoltenberg, suite au massacre de 77 personnes, à Oslo et sur l’île d’Utøya, le 22 juillet 2011. Surtout pas de naïveté Certain·e·s jugeront cette réponse naïve. C’est tout au contraire, ici, dans la suspicion de naïveté, dans ces pensées dictés par la crainte du danger, que se niche ce qui nourrit les inimitiés et radicalise peu à peu les esprits, au risque du pire.