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Marek Edelman

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N’allez pas inconsciemment à la mort. Ce qui saute aux yeux, lorsque ces photographies apparaissent, ce sont, au-delà des corps violentés, plus précisément les effets, les conséquences d’actes violents sur ces corps. Ce qui hante dans ces photos, ce sont les traces, les signes d’une puissance d’agir capable d’imprimer sa marque sur le corps d’autrui : c’est cette capacité de violence extrême.

Les campagnes publiques sont un tribut offert aux agresseurs. Ce qui fascine alors (ce qui fait peur, ce qui excite ou ce qui procure du plaisir), c’est bien de voir ce que cela fait d’être puissant ; ce que cela fait d’être capable de battre, de frapper, de blesser quand d’autres ne seront capables que de pleurer, de hurler ou de mourir. La pulsion scopique renvoie ainsi à une dimension narcissique.

Perpetrator, quatrième figure – personnage historique hors cadre – mais dont la photographie est une sorte d’ode à sa puissance de frappe. Quand les proies se mettent à chasser, elles ne deviennent pas chasseurs à leur tour. Marek Edelman était notre frère… Aujourd’hui nous l’écrivons au passé, car à notre grand regret Marek Edelman est décédé ce vendredi 2 octobre. En avril 1943, les Allemands décident de liquider le ghetto de Varsovie où il ne reste plus que 60.000 Juifs sur le demi-million au début de la guerre, la majorité ayant déjà été déportée vers le camp d’extermination de Treblinka.

C’est alors que survient l’insurrection du ghetto contre les nazis dont Marek Edelman fut l’un des dirigeants. Il était le dernier survivant parmi ceux qui s’étaient retrouvés à la tête de cette lutte héroïque, désespérée mais exemplaire. Il déclara par la suite : «On savait parfaitement qu’on ne pouvait en aucun cas gagner. Face à deux cent vingt garçons mal armés, il y avait une armée puissante.», «Nous, nous n’avions pour nous tous qu’une seule mitrailleuse, des pistolets, des grenades, des bouteilles avec de l’essence et tout juste deux mines dont l’une n’a même pas explosé».

Allah yarhmou. La longue vie de Marek Edelman par Pierre Raiman. Marek Edelman s’est éteint hier, probablement à l’âge de 88 ou 90 ans. Il a eu une longue vie au cours de laquelle il fût à la fois un des dirigeants de l’insurrection du ghetto de Varsovie en 1943 et un délégué du syndicat Solidarnosc dans les années 80. Cette longue vie qui l’a vu combattre deux régimes totalitaires, mérite une longue mémoire. Il y a un texte de la Torah qui s’intitule justement « Zakhor!

» Une sorte de commandement qui signifie « Souviens-toi! » Afin de respecter cette injonction et de se souvenir de Marek Edelman, il est nécessaire d’aller au-delà des notices nécrologiques, souvent juste mais trop courtes, parfois insidieuses qui sont parues dans la presse, notamment « Libération » et « Le Monde« . Ayant eu le privilège de rencontrer Marek Edelman à Lodz en Pologne en 1996, où à 77 ans il exerçait encore sa profession de médecin, je voudrais essayer de donner quelques informations, peut-être moins connues.

La propagande qui insidieusement questionne.