background preloader

Bernard Stiegler

Facebook Twitter

Bernard Stiegler - lecture de "Prendre soin" Prendre soin, de la jeunesse et des générations, de Bernard Stiegler, Flammarion (2008).

Bernard Stiegler - lecture de "Prendre soin"

L’un des derniers livres publiés par Bernard Stiegler, et qui s’intitule Prendre soin, de la jeunesse et des générations, a pour thème central la question de l’éducation et plus particulièrement l’école. Je voudrais tenter d’en présenter ici quelques idées directrices, car il me semble qu’il y a là de quoi mieux comprendre ce que l’on pourrait appeler le « malaise » voire la « dépression » scolaire. Depuis déjà plusieurs années et parutions, ainsi qu’à travers l’Association Ars Industrialis, Bernard Stiegler théorise, œuvre et plaide en faveur de ce qu’il appelle lui-même une « écologie de l’esprit » : de même qu’il faut se soucier de la qualité des milieux naturels, afin d’assurer leur fécondité future, de même il faut se soucier de la nature des milieux « psychiques » dans lesquels naissent et se développent de futurs « esprits ».

Mais tout ceci n’est vrai qu’en termes de tendances. Et plus loin : Ce qui fait que la vie vaut le peine d'être vécue. Nous vous informons de la sortie du dernier livre de Bernard Stiegler, Ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue - De la pharmacologie aux éd.

Ce qui fait que la vie vaut le peine d'être vécue

Flammarion. "Qu'on l'admette ou qu'on le dénie, chacun sent bien qu'à présent l'avenir de la vie terrestre se trouve mis en jeu dans une urgence inouïe. Et chacun sait que, depuis la séquence historique qui s'est engagée en 2007 et qui paraît avoir déclenché ce qu'on appellerait en physique nucléaire une réaction en chaîne, chaque pas compte et semble se surcharger systématiquement de conséquences très difficilement réversibles - sinon absolument irréversibles. Cette crise est sans précédent d'abord en cela. Si krisis signifie bien et d'abord décision, elle est critique comme jamais : elle révèle que le destin humain - qui est un destin inéluctablement technique et technologique - est pharmacologique an sens où, en grec, le pharmakon est à la fois le remède et le poison.

Bernard Stiegler : Les médias, ennemis de la démocratie. Questions de pharmacologie générale. Il n'y a pas de simple pharmakon. Parce que – lisant beaucoup Héraclite, Fink et pas mal d’autres penseurs de cette veine, y compris Nietzsche et donc Wittgenstein – je faisais l’hypothèse qu’absolument tout ce qui est humain serait jeu et qu’il y aurait des jeux faits pour « jouer le jeu du monde » – je reprends ici l’expression de Fink (1966) – en sortant de ce monde comme un « poisson volant ».

Questions de pharmacologie générale. Il n'y a pas de simple pharmakon

Dans un livre, Passer à l’acte (2003), j’explique qu’Aristote pense que nous vivons dans un milieu tel que, comme le poisson dans l’eau, nous ne voyons pas ce milieu dans lequel nous vivons. Aristote dit qu’il y a quelque chose que le poisson ne verra jamais : l’eau dans laquelle il nage. Il ne peut la voir qu’en sortant de l’eau. Mais quand il sort de l’eau, il ne voit plus rien : il ne verra donc jamais l’eau. Cette métaphore, cette parabole du « poisson volant », je l’ai faite parce que j’ai passé cinq ans en prison et que je suis ainsi sorti du « jeu du monde ». Aujourd’hui, cette question du jeu m’intéresse toujours.