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Politique et sécurité

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Le 11 septembre et l’anti-terrorisme. La Vie des Idées : Avec l’effondrement des Tours jumelles du World Trade Center il y dix ans, est apparue en plein jour une nouvelle forme de terrorisme, à la fois radical, global et spécifiquement dirigé contre la démocratie occidentale. Cette nouvelle menace a-t-elle modifié dans nos États notre compréhension du droit ? Antoine Garapon : Tout d’abord, il n’est pas tout à fait exact de dire que l’Occident est la principale victime, car un certain nombre d’attentats visent les gouvernements arabes.

On peut d’abord définir négativement cette forme de terrorisme : il n’est pas territorialisé dans le sens où il n’a pas de revendication territoriale séparatiste (à l’inverse du terrorisme corse ou basque), il n’est pas anticolonialiste (comme par exemple celui qui a eu cours pendant la guerre d’Algérie), il n’a pas pour fin d’expulser un occupant (ce qui était par exemple l’objet de la Résistance sous le régime de Vichy), il n’a pas d’objectif politique. La politique et la « guerre contre le crime » Cet entretien a été réalisé par Sophie Body-Gendrot Lire aussi : À propos de Governing through Crime de Jonathan Simon, par Sophie Body-Gendrot [27-12-2007] Jonathan Simon enseigne le droit à l’Université de Berkeley (Californie). Il a notamment publié Poor Discipline : Parole and the Social Control of the Underclass, 1890-1990.

Il est également l’un des animateurs de la revue Punishment & Society [ qui est l’un des principaux rendez-vous des criminologues nord-américains. Sophie Body-Gendrot : Dans votre livre, vous citez abondamment Franklin Delano Roosevelt et opposez la foi des progressistes dans l’efficacité du Welfare State aux positions plus ambiguës des libéraux [1] des années 1960 (comme R. Kennedy qui soutenait le mouvement des droits civiques mais aussi la politique d’ordre et de sécurité).

Cependant, il me semble que les réformes lancées par Roosevelt étaient elles aussi ambiguës. Sophie Body-Gendrot : Un débat oppose les criminologues F. Contre le terrorisme, la législation d’exception. La Vie des idées : Pourquoi avoir recours à une législation d’exception ? François Saint-Bonnet : On a longtemps eu recours au concept d’évidente nécessité pour échapper aux limitations des pouvoirs des gouvernants lorsqu’on devait faire face à un péril grave pour la communauté politique.

Salus populi suprema lex est (le salut du peuple est la loi suprême) ou necessitas legem non habet (nécessité n’a point de loi) sont des formules qui ont permis de justifier la transformation d’un état normal de limitation du pouvoir en un état d’exception illimité. À partir de la Révolution, on a considéré que les lois limitatives du pouvoirs — c’est-à-dire souvent celles qui protégeaient des libertés — ne devaient être suspendues sous aucun prétexte.

Mais cela a duré peu de temps car la mise entre parenthèses des lois et même de la constitution a été fréquente, notamment sous la Terreur mais aussi pendant le premier XIXe siècle. L’ état de siège n’a pas été décrété pendant la guerre d’Algérie. La souveraineté par l’emmurement. Recensé : Wendy Brown, Murs. Les murs de séparation et le déclin de la souveraineté étatique, Les Prairies Ordinaires, 2009. 206 p., 15 €. Les lecteurs de Wendy Brown, professeur de philosophie à Berkeley, retrouveront dans cet ouvrage ses réflexions développées précédemment sur les rapports entre néo-libéralisme et démocratie [1]. L’auteur se penche ici sur les murs de sécurité construits à différentes frontières et forge une analyse du déclin de l’État-nation dans le contexte actuel de la globalisation. Pourquoi assiste-t-on à la « contagion » de la fortification à une époque où les moyens de contrôle technologiques, informatiques des flux et le système de surveillance mondialisé sont des plus sophistiqués ?

Crise de la souveraineté politique dans la globalisation L’auteur prend comme toile de fond les murs construits pour des raisons de sécurité nationale et qui strient la planète. Une mise en scène de la souveraineté ou de son déclin ? Insécurité et politique de la peur aux États-Unis. À propos de Governing through Crime de Jonathan Simon, par Sophie Body-Gendrot [27-12-2007] La politique et la guerre contre le crime, entretien avec Jonathan Simon, réalisé par Sophie Body-Gendrot [27-12-2007] Pour citer cet article : Sophie Body-Gendrot, « Insécurité et politique de la peur aux États-Unis », La Vie des idées , 27 décembre 2007. ISSN : 2105-3030. URL : Nota bene : Si vous souhaitez critiquer ou développer cet article, vous êtes invité à proposer un texte au comité de rédaction.