background preloader

Marc Halévy

Facebook Twitter

Plaidoyer pour la rationalité. Le constat salvateur et riche de la "rationalité" du Réel - où tout ce qui existe et advient a une bonne raison d'exister et d'advenir – a engendré cette perversion délétère qu'est le "rationalisme" triomphant des 19ème et 20ème siècles, avec, on le sait, les si funestes conséquences du nihilisme, de l'athéisme, du matérialisme, du cynisme financiariste et mercantiliste, du pillage et du saccage de la Nature, bref : de la désacralisation de la Vie et de la déspiritualisation du Réel.

Plaidoyer pour la rationalité

La confusion entre la "raison suffisante" (Anaxagore, Aristote, Thomas d'Aquin, Leibniz qui fondent la rationalité) et la "raison logique" (Platon, Descartes, Kant qui fondent le rationalisme) est terrifiante. Autrement dit, "rationalisme" est une doctrine épistémologique qui s'oppose, tout à la fois, à "empirisme" et à "intuitionnisme". Diatribe contre "l'Art". Il devient urgent de cesser de jongler avec le mot "Art" comme il est urgent d'en revenir à ses étymologies : en latin (Ars), c'est un "métier", celui de l'artisan, et en grec (Technê), c'est une technique, une pratique, celle du technicien.

Diatribe contre "l'Art".

Rien là-dedans qui n'ait à voir avec la soi-disant "esthétique", mais tout à voir avec l'usage, l'utilité, l'utilisabilité, la praticité. Le divorce entre "l'artisan" et "l'artiste" a été consommé à la Renaissance lorsqu'on s'est cru devoir faire une différence entre les arts "nobles" (la décoration, l'ornementation et le spectacle et, plus généralement, les "plaisirs inutiles") et les arts vils (les arts du boulanger, du charcutier, du sommelier, de l'architecte, du maçon, du menuisier, …). Certains arts sont devenus de l'Art parce que ce fut le bon plaisir de richissimes oisifs qui s'ennuyaient et qui voulaient égayer leurs lieux, leurs soirées, leurs platitudes. Sélection génétique. La sélection artificielle des espèces animales par l'homme à son profit, ne fait que suivre la logique de la sélection naturelle et darwinienne des espèces par la Nature au profit de la Vie et de ses développements et proliférations.

Sélection génétique

Le problème des sélections artificielles vient du fait que les actions humaines sont moins superficielles, plus nombreuses, plus profondes, plus amplifiées que celle de la Nature qui est, sur le long terme, plutôt placide et inerte. Cela induit une conséquence majeure : quand la Nature se trompe ou fait une bêtise, c'est le plus souvent anodin, insignifiant et inaperçu … mais quand l'humain fait une gaffe, elle est le plus souvent majeure et catastrophique du simple fait des puissances d'amplification de ses techniques.

La Nature a le temps et elle peut faire évoluer les espèces tranquillement, sur des centaines de millions d'années. Comme souvent, ce type de problématique complexe appelle cinq angles de vue complémentaires (mais pas toujours convergents). Programme pour un paradigme nouveau. L'histoire humaine n'est qu'un processus complexe comme les autres, c'est-à-dire qu'elle est soumise : Chaque cycle paradigmatique se redéfinit complètement et profondément sur chacune des dimensions de son quadripôle.

Programme pour un paradigme nouveau

Un monde de réseaux noétiques. Je pense que l'heure est venue de dépasser la notion de "communauté" au moyen de celle de "réseau".

Un monde de réseaux noétiques

L'histoire sociale humaine est passée, successivement, de l'idée de communauté à celle de société puis, aujourd'hui, à celle de réseau. Un réseau est une communauté en ce sens qu'il se construit sur l'idée d'un patrimoine et/ou d'un projet communs (FaceBook n'est donc pas du tout un réseau, mais bien une plateforme) ; mais il s'en distingue par le fait que les liens qui unissent ses membres, sont largement dématérialisés.

Une communauté est liée à un lieu physique ; le réseau ne l'est pas. Sur la notion d'Ordre. Le Réel est organiquement ordonné, mais il n'est pas mécaniquement organisé.La pensée occidentale, trop souvent, a réduit l'Ordre cosmique à de l'ordre mécanique.

Sur la notion d'Ordre

L'Ordre, quel qu'il soit, exprime une Logicité (des règles de construction à l'œuvre) et, a contrario, le Chaos représente l'absence d'une telle Logicité.Mais ces "règles de construction" ne doivent pas nécessairement être celles qui président à un assemblage de "pièces" préfabriquées en vue d'une fonction prédéfinie (ce qui correspond à l'ordre mécanique des artefacts humains). L'Ordre organique qui reflète la Logicité du Réel, relève de ce que Stephen Gould a appelé l'exaptation qui est "une adaptation sélective opportuniste, privilégiant des caractères qui sont utiles à une nouvelle fonction, pour laquelle ils n'avaient pas été initialement sélectionnés ; (…) mais cette adaptation se fait sur la base d'un organe qui s'est initialement développé pour un tout autre usage. " (Wikipédia). Trois ères spirituelles.

Sur vieux fond d'animisme (qui prit de très nombreuses formes, un peu partout) et dans sa continuité métaphysique, les quatre traditions spirituelles et religieuses encore actuellement vécues (hellénisme, judaïsme, védantisme, taoïsme) sont nées au 6ème siècle avant l'ère vulgaire.

Trois ères spirituelles

Un cycle paradigmatique plus tard naissent les traditions secondes (toujours syncrétistes), comme le pharisaïsme (zoroastrisme et lévitisme), le christianisme (hellénisme et pharisaïsme) ou le ch'an chinois (taoïsme et bouddhisme). Et encore un cycle paradigmatique plus tard, viennent les traditions tierces, comme l'islamisme arabe, le bouddhisme tibétain, le taoïsme clérical ou le zen japonais.

Le quotidien de la Sagesse. Pour définir cette Sagesse au quotidien, il faut poser quelques jalons : La vie humaine fait partie intégrante de la vie biosphérique qui, elle-même, fait partie intégrante de la Vie cosmique.

Le quotidien de la Sagesse

La Vie est une et indivisible. Le Tout au-delà des parties. Dans l'univers physique, les principes de cohérence et d'interdépendance sont fondamentaux : rien n'y existerait si tout le reste n'existait pas aussi, tant dans l'espace que dans le temps.

Le Tout au-delà des parties.

Dans sa "Monadologie", Leibniz parle du principe "de la raison suffisante, en vertu duquel nous considérons qu'aucun fait ne saurait se trouver (…) existant (…), sans qu'il y ait une raison suffisante pourquoi il en soit ainsi et non autrement". Tout se tient, autrement dit. On pourrait encore, dans le même sens, citer Lao-Tseu ou Héraclite d'Ephèse, Zénon de Kition ou Pierre Teilhard de Chardin. Bref, en terme philosophique, cette unité relationnelle, cohérente et interdépendante, du Réel induit une doctrine : celle du Monisme que partagent le védantisme et le taoïsme, le kabbalisme et le soufisme, le panthéisme et le panenthéisme, ainsi que la plupart des mystiques dans les diverses traditions spirituelles.

Tout est dans tout. L'indispensable mutation culturelle. Les cinq grands axes du changement comportemental qu'exige le nouveau paradigme sont : frugalité, noéticité, réticularité, utilité et spiritualité.

L'indispensable mutation culturelle

Ces cinq vertus sont les réponses (et sont des défis) aux cinq grandes ruptures que nous vivons aujourd'hui et qui sont la cause de la chaotisation du monde humain et de son écosystème (les nombreuses "crises" passées, présentes et à venir, dont la pandémie actuelle). Voyons-les systématiquement. La frugalité n'est ni une religion, ni une idéologie : elle est un état d'esprit ! Le défi de la Noéticité : intelligence, connaissance et génie humains en vedette. La chaotisation inter-paradigmatique. Comme tous les 550 ans, en moyenne, nous vivons une bifurcation paradigmatique c'est-à-dire le déclin et la fin du paradigme "d'avant" et la montée progressive en puissance du paradigme "d'après". Le paradigme "d'avant" avait nom de "modernité" et était né à la Renaissance sur les ruines de la "féodalité".

Son déclin s'est accéléré à partir de la "Grande Guerre" de 14-18, immonde boucherie inutile qui enclencha le nihilisme du 20ème siècle et entama la mise à mort du mythe du "Progrès". Se libérer des esclavages et idolâtries. Qu'est-ce qu'un esclavage ? Une contrainte forte ou une servitude "volontaire" que l'on s'impose pour des raisons souvent obscures, mais toujours extérieures à soi. Un esclavage, au sens personnel et philosophique comme entendu ici, est donc lié à une croyance nocive en un "tu dois ! ". Car il faut bien comprendre la nocivité qui se cache derrière toutes ces servitudes volontaires que l'on s'impose. Il ne s'agit pas d'une discipline ou ascèse constructives et positives. Les servitudes volontaires sont à l'inverse de cela : elles sont destructives et négatives.

Complexite et evolution. La Genèse ... autrement. Il faut combattre la vision créationniste que l'on donne du livre biblique de la Genèse ! Il n'y a nullement création (surtout pas ex nihilo puisque le Ciel et la Terre préexistent et que la Terre est déjà quadratiquement préstructurée en Ténèbre et Abîme, et en Souffle et Eau). La première émanation : la "Lumière", viendra après comme déclencheur de toute la suite. Le premier chapitre du livre de la Genèse est un récit quasi darwinien de l'émergence du monde. Le nom de Dieu n'y apparaît nullement ; on y parle des Elohim : des Puissances qui sont des émanations et nullement des créateurs. Tous les verbes sont conjugués sur le mode inaccompli et sont donc prédictifs et nullement créatifs.

Le G.:A.: de l'U.: et l'Esprit cosmique. L'Idée de Divinité Il faut prendre du recul par rapport à l'idée dualiste d'un Dieu (mono)théiste qui serait un Dieu personnel, extérieur à l'univers et d'une tout autre nature que lui, entretenant avec lui des relations variables selon les diverses Traditions concernées. Ce recul permet de sortir d'une aporie persistante : le monde est imparfait et Dieu serait parfait. Comment un tel Dieu pourrait-il créer ou autoriser une telle aberrante imperfection ? Mais aussi : la perfection est par essence immuable et éternelle, elle est donc semblable à la mort.

Hegel. L'aventure philosophique de Hegel commence par la prise de conscience profonde de l'identité du sujet et de l'objet, de l'en-soi et du pour-soi. Ces dipôles kantiens sont balayés puisque résolus dans l'Esprit (l'Esprit cosmique, s'entend, dont tout ce qui existe, sujets et objets, ne sont que des manifestations particulières).