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Théoriciens de l'art et livres

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L'ŒUVRE D'ART ET SES SIGNIFICATIONS. Il n'est sans doute pas d'œuvre, dans l'histoire de l'art au xxe siècle, dont l'ampleur soit comparable à celle d'Erwin Panofsky (1892-1968). Élève d'Adolph Goldschmid, membre du cercle mythique d'Aby Warburg à Hambourg, au sein duquel il publie tôt des études marquantes – Dürers « Melencolia I », écrit avec Fritz Saxl (1923) ; Hercule à la croisée des chemins (1930) – le premier Panofsky fonda son programme sur une critique serrée des thèses de Wölfflin et de Riegl, tentant de dépasser la perspective formaliste grâce à une théorie des formes symboliques qui devait beaucoup aux travaux d'Ernst Cassirer. L'essai capital sur La Perspective comme forme symbolique (1927) est sans doute l'une des plus grandes réussites dans la recherche d'homologies entre des catégories de perception et de pensée, entre des formes artistiques – ici l'invention de la perspective à la Renaissance – et une philosophie plus globale de la relation entre le sujet et le monde.

RÉCEPTION, art et littérature. En histoire de l'art comme en littérature, la notion de « réception » recouvre des objets et des méthodes variés, relevant de traditions intellectuelles distinctes. Le terme lui-même renvoie à l'« esthétique de la réception », développée dans le domaine de la littérature à partir des années 1960, au sein de l'école de Constance, par l'universitaire allemand Hans Robert Jauss. Selon lui, une œuvre littéraire ne se constitue qu'au moment où elle devient l'objet de l'expérience littéraire des contemporains ou de la postérité (Pour une esthétique de la réception, 1966).

Dans cette conception profondément historiciste, l'œuvre a nécessairement un caractère polysémique, du fait de la pluralité des lecteurs et surtout des époques ou des contextes qui sont les leurs. En histoire de l'art, l'esthétique de la réception a été adaptée par Wolfgang Kemp, qui, dans Le Spectateur est dans le tableau. QUESTIONS DE STYLE. FONDEMENTS D'UNE HISTOIRE DE L'ORNEMENTATION. Parmi les historiens de l'art appartenant au courant « formaliste », Aloïs Riegl (1858-1905) est aujourd'hui le plus lu et le plus commenté. Si, jusque dans les années 1970, les idées de Wölfflin et de Panofsky apparurent comme les deux propositions théoriques les plus abouties, chacune dans sa propre sphère d'intelligibilité, la forme pour Wölfflin et la signification pour Panofsky, ce sont les figures antithétiques de Warburg et de Riegl qui passionnent aujourd'hui le public cultivé.

La carrière de Riegl débute au musée des Arts appliqués de Vienne, dont il est un des conservateurs. Il s'intéresse alors aux textiles, plus particulièrement aux tapis d'Orient. C'est au contact d'œuvres supposées « mineures » ou appartenant à des périodes traditionnellement délaissées par l'histoire de l'art que le système d'analyse de Riegl se met en place.

Questions de style traite de l'évolution des motifs végétaux dans l'art ornemental de l'Antiquité. THE SCIENCE OF ART. Depuis les travaux de Panofsky sur la naissance de la perspective linéaire à la Renaissance, ou sur le versant théorique de l'imaginaire artistique d'Albrecht Dürer, l'histoire de l'art mesure mieux l'importance des relations entre la science et l'art.

L'affinité qui a pu exister entre ces deux activités, à diverses périodes de leur histoire, est au cœur des travaux de Martin Kemp. The Science of Art (La Science de l'art. Thèmes optiques dans l'art occidental, de Brunelleschi à Seurat), de Martin Kemp, est un ouvrage qui par son ampleur ne peut guère être comparé, parmi les grandes synthèses publiées dans les années 1990, qu'à Colour and Culture de John Gage, lequel aborde d'ailleurs des questions voisines de celles que traite Kemp.

Professeur d'histoire de l'art à l'université d'Oxford, l'auteur a contribué à renouveler la connaissance de l'art de Léonard de Vinci dans ses rapports avec la spéculation scientifique de son temps. STYLE, ARTISTE ET SOCIÉTÉ. Dans l'histoire de l'art du xxe siècle, l'œuvre de Meyer Schapiro (1904-1996) tire son originalité de sa portée fondamentalement critique. Si dans ses différentes contributions, aucun ouvrage ne domine véritablement – au point qu'il apparut longtemps comme un historien de l'art célèbre qui n'avait cependant jamais écrit de livre –, c'est parce que sa pensée, jusque dans ses aboutissements théoriques les plus complexes, s'est presque toujours déployée dans des études s'affichant comme empiriques.

Originaire de Lituanie, Meyer Schapiro émigre aux États-Unis dans les années 1920. Il développe rapidement, à propos de l'art roman d'abord, une méthode qui lui permettait de dépasser l'opposition, très souvent transformée en dogme, entre l'histoire sociale et culturelle de l'art et l'analyse structurelle des formes. PRINCIPES FONDAMENTAUX DE L'HISTOIRE DE L'ART. LE PROBLÈME DE L'ÉVOLUTION DU STYLE DANS L'ART MODERNE. Dans le courant que l'on nomme « formaliste » en histoire de l'art, Heinrich Wölfflin (1864-1945) occupe, avec Gottfried Semper ou Aloïs Riegl, une place essentielle.

Peu d'œuvres auront exercé une influence aussi durable que la sienne, au-delà même de sa discipline. Élève et successeur à Bâle de Jacob Burckhardt, Wölfflin s'inscrit cependant, dès ses premières recherches, dans le sillage des premiers « théoriciens de la pure visibilité », Konrad Fiedler et Adolf Hildebrandt. C'est d'ailleurs dans l'atelier florentin du second, qui était aussi sculpteur, que Wölfflin eut l'intuition de la psychologie de la perception qui allait fonder ses travaux. Dans son premier ouvrage véritablement marquant, Renaissance et Baroque (1888), Wölfflin commence à mettre en place son système descriptif, en caractérisant les changements de plan stylistique conduisant à l'art baroque, tant dans la peinture que dans l'architecture. QUESTIONS DE STYLE. FONDEMENTS D'UNE HISTOIRE DE L'ORNEMENTATION. QUESTIONS DE STYLE. FONDEMENTS D'UNE HISTOIRE DE L'ORNEMENTATION.

QUESTIONS DE STYLE. FONDEMENTS D'UNE HISTOIRE DE L'ORNEMENTATION. QUESTIONS DE MÉTHODE EN HISTOIRE DE L'ART. Otto Pächt (1902-1988) est un des derniers grands représentants du courant formaliste en histoire de l'art. Élève de Max Dvorák et d'Emmanuel Löwy, Pächt fut cependant davantage marqué par le formalisme de la première génération d'historiens de l'école de Vienne, avant tout celui d'Aloïs Riegl dont il réédita en 1926 l'ouvrage fondateur : Die Spätrömische Kunstindustrie (1901 ; L'Artisanat du Bas-Empire romain).

Pour l'essentiel, sa contribution à l'histoire de l'art apparaît comme une extension du projet méthodologique de Riegl. Chez Pächt comme chez Hans Sedlmayr, qui recueillit lui aussi la pensée de Riegl, la notion de « structure » était alors capitale. Elle désignait en quelque sorte le « diagramme » de la perception du monde par un artiste, le dessein structurel qui commandait l'agencement formel d'une œuvre dans sa totalité, subordonnant les moindres détails à cette organisation que l'historien devait retrouver. PRINCIPES FONDAMENTAUX DE L'HISTOIRE DE L'ART. LE PROBLÈME DE L'ÉVOLUTION DU STYLE DANS L'ART MODERNE. LE MUSÉE ÉPHÉMÈRE. LES MAÎTRES ANCIENS ET L'ESSOR DES EXPOSITIONS. Le Musée éphémère s'achève par un dernier détour dans La Recherche du temps perdu : Bergotte moribond va voir (comme Proust le fit lui-même, au soir de sa vie) la Vue de Delft de Vermeer, qui avait quitté la Mauritshuis de La Haye pour être exposée à Paris, lors de l'exposition des peintre hollandais au musée du Jeu de Paume, en 1921.

En contemplant le tableau, il murmure dans une ultime illumination, « C'est ainsi que j'aurais dû écrire », puis « Petit pan de mur jaune », avant de s'affaisser. Dernier livre de l'historien d'art britannique Francis Haskell (1928-2000), dont la mise au point finale, après la mort de l'auteur, fut assurée par Nicholas Penny, Le Musée éphémère a la valeur d'un testament intellectuel et critique. Il s'appuie sur ce que les travaux antérieurs avaient révélé, suggérant en retour, de la manière la plus saisissante, la profonde unité de l'œuvre de Francis Haskell. LA LITTÉRATURE ARTISTIQUE. MANUEL DES SOURCES DE L'HISTOIRE DE L'ART MODERNE. Quel livre en apparence plus impersonnel qu'un manuel de sources, qu'une vaste compilation des écrits sur l'art, de l'Antiquité à la fin de l'époque moderne ? La Littérature artistique de Julius von Schlosser (1866-1938) est pourtant un livre difficile à détacher de la personnalité de son auteur – et de l'École d'histoire de l'art viennoise à laquelle il appartient.

Le genre même du recueil de sources, dont relève la Littérature artistique, n'y était pas inédit : un des maîtres de Schlosser, Rudolf Eitelberger, avait été à l'origine d'une importante collection de sources, les célèbres Quellenschriften, dans laquelle Schlosser avait donné, en 1896, un premier recueil pour l'art médiéval. Nous ne trouvons cependant guère d'exemple, dans l'histoire de l'art au xxe siècle, d'un ouvrage à la fois aussi simple et limpide dans son exposé, aussi vertigineux par l'étendue du champ embrassé, aussi ambitieux par les attendus théoriques. JOHANN JOACHIM WINCKELMANN. ENQUÊTE SUR LA GENÈSE DE L'HISTOIRE DE L'ART. L'histoire de l'art, écrit-on souvent, commencerait avec Johann Joachim Winckelmann (1717-1768) assignant pour la première fois aux œuvres de l'art antique une véritable histoire, c'est-à-dire des styles, des cycles et des territoires.

Cette formation de ce que l'on décrit communément comme un nouveau paradigme, une rupture épistémologique profonde, on la trouve en tout premier lieu dans les ouvrages essentiels du savant allemand, en 1755 dans les Réflexions sur l'imitation des œuvres grecques, puis en 1767 dans l'Histoire de l'art dans l'Antiquité. Et elle se consolidera dans le jeu des premières traductions et des lectures par ses contemporains. Ainsi la première réception assurée par Herder notamment, ou encore les interprétations des révolutionnaires français achèveront de faire de son œuvre un seuil historiographique.

LES ENFANTS DE SATURNE. À l'instar d'Erwin Panofsky, qui écrivit avec son épouse Dora une de ses études les plus originales, le très érudit Pandora's Box (La Boîte de Pandore), Les Enfants de Saturne est un livre écrit à deux, par Rudolf Wittkower (1901-1971) et par sa femme Margot. L'ouvrage se présente comme une typologie des attitudes psychologiques des artistes, considérées dans leurs caractères communs depuis l'Antiquité jusqu'à la Révolution française. Formé comme Panofsky auprès d'Adolph Goldschmid à Hambourg, émigré en Grande-Bretagne en 1934, où il intègre à Londres comme nombre de ses amis le Warburg Institute, R. Wittkower a apporté une contribution essentielle au thème de la migration des symboles.

Dans l'œuvre imposante de Wittkower, qui fut également une autorité dans le domaine de l'architecture baroque italienne, Les Enfants de Saturne font figure d'une « récréation historiographique ». À DISTANCE. NEUF ESSAIS SUR LE POINT DE VUE EN HISTOIRE. À distance. C'est sous ce titre que l'édition française de l'ouvrage de Carlo Ginzburg rassemble les neuf essais qui le composent (Gallimard, Paris, 2001).

Le livre est traduit trois ans après sa publication en italien chez Giangiacomo Feltrinelli Edition sous le titre d'Occhiacci di legno, « Gros yeux de bois », un surnom donné à Pinocchio par son père Gepetto, comme on l'apprend vite, en lisant la Préface de l'auteur, puis un des essais, consacré aux idoles et aux images. L'un et l'autre titre renvoient en fait à deux traits essentiels et récurrents de l'histoire pratiquée par Ginzburg : l'attention aiguë aux modes d'exposition du travail historique et aux types d'intelligibilité qu'ils conditionnent ; l'investissement du domaine des images comme champ inépuisable d'analyse. Enfin, le lecteur y retrouve des thèmes chers à l'historien : par exemple, la morphologie et l'histoire, ou encore les rapports, faits de proximité et de distance, entre les juifs et les chrétiens.

JOHN RUSKIN. Écrivain, critique d'art et réformateur social, Ruskin eut une influence considérable sur le goût de l'Angleterre victorienne et s'opposa aux doctrines économiques de l'école de Manchester. Dans ses ouvrages sur l'économie, la violence et l'amertume sont souvent comparables à celles de Swift. Ses réflexions sur l'art furent accueillies avec enthousiasme et respect ; sa critique sociale souleva, en revanche, une réprobation mêlée de crainte. Professeur d'art à Oxford, il partagea son temps entre l'enseignement et le mécénat. La sensibilité de Ruskin trouve son expression dans un style solennel et orné, aux cadences oratoires.

De puissantes affinités électives unissaient Ruskin à Proust, qui traduisit La Bible d'Amiens et Sésame et les lis. John Ruskin naquit à Londres et mourut à Brantwood, dans la région des Lacs. HEINRICH WÖLFFLIN. La forme est une notion ambiguë dans les arts visuels ; elle y désigne tantôt la configuration de l'objet représenté par l'artiste, tantôt les éléments et le système dont il se sert pour rendre compte des objets. Dans le premier sens, la forme s'impose, déjà constituée, au moment où l'artiste va la transposer. Dans le second sens, elle est le principe qui organise l'œuvre d'art et la rend porteuse de sens.

Comme, en réalité, le choix des objets par l'artiste est intimement lié au style, il n'est presque pas possible de distinguer une forme « signifiante » d'une forme « signifiée ». Les difficultés de l'académisme à la fin du xixe siècle, l'irréductibilité constatée du monde extérieur à l'œuvre d'art suscitèrent une conscience nouvelle du double aspect de la forme. Sa pensée évolue au contact de celle de Jacob Burckhardt, avec qui il entretient une importante correspondance (éditée), sans pour autant faire sien le proje […] ALOÏS RIEGL. Historien d'art autrichien, membre de l'école de Vienne. Son œuvre est fondée sur une discipline philologique stricte, mise au service d'un esprit spéculatif. Il s'appuie surtout sur la philosophie idéaliste de Hegel, mais fait quelques autres emprunts, en particulier à la philosophie post-kantienne de Herbart, et peut-être à Schopenhauer. Avant d'être professeur titulaire à l'université de Vienne à partir de 1897, Riegl fut directeur du département des textiles du Musée autrichien des arts industriels, où il succéda à Franz Wickhoff en 1886.

Toute une série de publications sur les textiles (de la Haute Antiquité aux tapis islamiques) préparent son premier ouvrage capital Stilfragen, 1893 (trad. franç. ÉCRITS ET PROPOS SUR L'ART. ÉCRITS ET PROPOS. HEINRICH WÖLFFLIN. VIE DES FORMES. MEYER SCHAPIRO. ERWIN PANOFSKY. LE RITUEL DU SERPENT. LE RITUEL DU SERPENT. LE CHEF D'ŒUVRE INVISIBLE et POUR UNE ANTHROPOLOGIE DES IMAGES. L'ŒUVRE D'ART ET SES SIGNIFICATIONS. LA RECHERCHE DE L'ABSOLU, SITUATIONS III. L'ŒUVRE D'ART ET SES SIGNIFICATIONS. L'ART ET L'ILLUSION. HERCULE À LA CROISÉE DES CHEMINS. PIERRE FRANCASTEL. HENRI FOCILLON. BERNARD BERENSON.

ART ET CULTURE, Clement Greenberg. ANNE CLAUDE PHILIPPE CAYLUS. JOHANN JOACHIM WINCKELMANN. RÉFLEXIONS SUR L'IMITATION DES ŒUVRES GRECQUES EN PEINTURE ET EN SCULPTURE. RECHERCHE PHILOSOPHIQUE SUR L'ORIGINE DE NOS IDÉES DU SUBLIME ET DU BEAU. QUATREMÈRE DE QUINCY. ROGER DE PILES. LAOCOON, OU DES FRONTIÈRES DE LA PEINTURE ET DE LA POÉSIE. ENTRETIENS SUR LES VIES ET SUR LES OUVRAGES DES PLUS EXCELLENTS PEINTRES ANCIENS ET MODERNES. DISCOURS SUR LA PEINTURE.