background preloader

La technique

Facebook Twitter

Stéphane Vial : L'être et l'écran. On m’a rapporté récemment une anecdote étonnante : des grands-parents qui gardaient leur petit fils de trois ans eurent l’idée d’appeler les parents par Skype. L’enfant fut d’abord proprement stupéfait de voir son père et sa mère sur l’écran, qui bougeaient et lui parlaient comme « en vrai ». Il lui fallut du temps pour admettre qu’ils puissent être là avec lui sans être présents réellement. Mais quand la communication prit fin, l’enfant, déjà déboussolé, se mit à hurler, incapable de supporter la soudaine disparition de ses parents ! Que nous apprend cette anecdote ? Peut-être que l’enfant ne savait pas faire la différence entre l’image et la réalité et que la soudaine rupture de la communication fut une expérience effrayante. Il ne semble pas, cependant, que l’enfant était vraiment terrorisé, mais plutôt mis dans une colère folle qu’« on » lui ait retiré ses parents.

C’est en cela que le drame provoqué par ces grands-parents a de quoi faire réfléchir. L’omniprésence des technologies. Jean-Michel Besnier : L'Homme simplifié. Dans son dernier essai, L’homme simplifié. Le syndrome de la touche étoile [1], Jean-Michel Besnier critique le développement technologique contemporain et l’emprise grandissante du machinisme sur nos vies.

Il part du paradoxe suivant : la complexification de nos moyens techniques et de notre organisation sociale engendre en retour une vision simpliste de l’être humain, réduit à une machine parmi d’autres. « Telle est la situation que ce livre voudrait comprendre : l’aberration consistant à déléguer sans limites aux machines le soin de régler nos relations et nos rapports avec le monde ; l’absurdité consistant à se laisser administrer comme de simples choses, par des automates qui n’ont besoin de solliciter en nous que l’élémentaire et l’abstrait » [2]. L’homme et ses machines Nous avons fait confiance aveuglément à la technique pour nous simplifier la vie mais cela s’est retourné contre nous : à force de vouloir faire toujours plus simple, nous ne supportons plus la complexité. De l’intelligence artificielle aux humanités numériques. Milad Doueihi est historien des religions, titulaire de la Chaire de recherche sur les cultures numériques à l’université Laval au Québec.

Il a publié Pour un humanisme numérique (Seuil, 2011), La grande conversion numérique (Seuil, 2011), Solitude de l’incomparable, Augustin et Spinoza (Seuil, 2009), Le Paradis terrestre : Mythes et philosophies (Seuil, 2006), Une histoire perverse du cœur humain (Seuil, 1996). Il prépare un nouveau livre sur le concept d’intelligence. Jean-Gabriel Ganascia est informaticien et philosophe, spécialiste d’intelligence artificielle et de sciences cognitives, professeur à l’université Pierre et Marie Curie (UPMC) et chercheur au LIP6. Il est aussi directeur adjoint du Labex OBVIL au sein duquel son équipe collabore avec les équipes de littérature de l’université Paris-Sorbonne pour promouvoir le versant littéraire des humanités numériques. Ce qui m’a intéressé, c’est l’évolution de ce modèle de l’intelligence vis-à-vis de la technique.

Entretien avec Michel Puech : Autour de Homo sapiens technologicus. Si depuis ses débuts, Homo Sapiens a vécu en développant des techniques, le monde contemporain se caractérise par une abondance matérielle et technologique inédite. Et nous sommes souvent désarmés face aux extraordinaires potentiels dont nous disposons aujourd’hui. Une sagesse contemporaine devrait pourtant nous aider à retrouver résolution et sérénité : c’est pourquoi la philosophie a son mot à dire sur la technologie contemporaine, et aussi sur ce qui rend les hommes soumis et irrésolus.

Plus qu’une somme sur la technologie, Homo Sapiens Technologicus [1] est d’abord un manuel de sagesse pour l’homme du XXIe siècle. Je remercie vivement Michel Puech pour le long entretien qu’il a bien voulu m’accorder autour de son livre [2] Propos recueillis par Nicolas Rousseau. Technologie contemporaine, sagesse contemporaine Actu-Philosophia : Commençons par le titre. Michel Puech : C’est effectivement intéressant de prendre la sagesse sous l’angle du temps. MP : Voilà. MP : Oui. MP : Bien sûr. Misère de l’humanité numérique. Deux milliards de personnes sont aujourd’hui connectées à internet. D’ici quelques années, la majeure partie de l’humanité vivra enveloppée dans un flux constant d’informations. Les différents éléments de notre quotidien sont en train de devenir smart (les voitures, les frigos, les compteurs électriques, les lunettes, les montres, etc.), et nos organes ne tarderont pas à être eux aussi branchés uns à uns sur le réseau global. Ce monde numérique, où nous construisons une part croissante de notre existence, est façonné par à peine plus d’un millier de scientifiques et d’ingénieurs en informatique, dont la plupart œuvrent dans la Silicon Valley.

Ils sont à l’origine, entre autres, du langage HTML, de l’ordinateur personnel, du iPhone, des principaux logiciels que nous utilisons chaque jour et des sites internet les plus visités au monde. Depuis trente-cinq ans, Jaron Lanier est l’un d’entre eux, même s’il ne leur ressemble pas. La sagesse aveugle des foules Réinstituer l’humain ? Jean Vioulac : Apocalypse de la vérité. On pouvait s’en douter. Quelque chose nous disait bien que la détestation de la technologie moderne exprimée sur un ton de prophète annonçant la fin du monde dans les ouvrages de Jean Vioulac devait certainement dissimuler quelque motif secret, prendre son sens au regard d’une interprétation générale des choses encore tue jusqu’à présent. Elle nous est donnée, désormais sans fard ni détours, dans son dernier ouvrage, Apocalypse de la Vérité, qui vient de paraître aux éditions Ad Solem [1]. C’est en premier lieu dans le sillage de Heidegger qu’il faut situer la pensée de Jean Vioulac.

Lui-même donne comme sous-titre à son Apocalypse de la Vérité : Méditations heideggériennes. C’est en effet dans les pas du penseur allemand que Jean Vioulac s’engage pour mener à bien sa méditation, depuis son premier ouvrage sur la technique, sous-titré, déjà : Marx, Heidegger et l’accomplissement de la métaphysique. A force d’appareillage, l’appareillement Sur quoi tout cela débouche-t-il au final ? Vincent Billard : Geek Philosophie. Vincent Billard est professeur de philosophie. Spécialiste de la technologie contemporaine, il est l’auteur en 2011 de iPhilosophie [1], consacré à la marque Apple. Il vient de publier un nouveau livre, Geek Philosophie [2] qui s’intéresse cette fois aux « passionnés de technologie et de mondes imaginaires ». Vincent Billard décrit l’imaginaire du geek, ses passions, son rapport aux nouvelles technologies puis il dégage la philosophie implicite de ce technophile enthousiaste, aux frontières de la sagesse et de la science-fiction.

A travers son livre, c’est toute une culture très médiatisée, mais en fait assez mal connue, que nous décrit Vincent Billard, dans ses aspects les plus surprenants et les plus extrêmes. Une vie de geek Comment saisir ce personnage étrange, le geek ? Vincent Billard anticipe les problèmes que posera, et que pose déjà, cette réalité des espaces numériques et des mythologies de nerds. Critique de la technophobie Métaphysique cyborg Technologie et infini.