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Derrida

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Jean-Clet Martin : Leçons sur Derrida (partie I) Le très grand mérite que ces Leçons sur Derrida [1] offrent au lecteur ne consiste pas tant en une introduction à cette œuvre qu’en une prise de position(s) résolument et rigoureusement philosophique à son égard. Prendre position(s), cela signifie au moins ceci : endurer un mode d’orientation dans les textes de Derrida susceptible de nous ménager un accès à la singularité du geste comme à l’unicité du style qui anime de fond en comble cette pensée – à ce que Derrida aura médité lui-même au titre de la signature. Dès lors, et compte tenu de ce préambule, il ne s’agit pas pour nous de faire une lecture linéaire et exhaustive de ces Leçons, mais une lecture transversale : celle qui y pratique une traversée à la lumière d’une confrontation entre l’ex-position par Martin des trois contraintes matricielles (de leur nouage et des ramifications conceptuelles qu’elles impliquent) scandant le rythme des Leçons, et les trois exigences du travail géographique.

Comment éviter ce risque ? Marcel Hénaff : Le don des philosophes. De même que Pascal distinguait le « dieu des philosophes et des savants » du « dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob », ce livre nous invite à distinguer le « don des philosophes » du don de Boas et Malinowski, lequel trouve son explicitation « totale » par Marcel Mauss dans Essai sur le don (1924). Plus précisément, les philosophes ont eu tort de privilégier, dans le don, une seule de ses dimensions, celle du don pur, gratuit et désintéressé. Le don des philosophes apparaît dès lors comme un don « oblatif », sans retour, placé si haut dans les rapports humains (charité, grâce, agapè) qu’il atteint son paroxysme chez J. Derrida (le « don impossible ») ou son acmé dans la « donation pure » (J. -L. Marion). D’où l’incapacité générale d’une certaine phénoménologie française d’obédience heideggérienne à tirer parti du don au sens anthropologique, et notamment des pratiques traditionnelles de « dons réciproques cérémoniels ».

Plan croisé de l’ouvrage Une histoire française et l’exception Ricœur. Derrida : un intellectuel marginal ? Dans ce livre novateur, Edward Baring retrace le parcours de Derrida jusqu’en 1968. Il propose une relecture de son œuvre à travers le prisme de la pensée chrétienne tout en étant sensible aux multiples contextes intellectuels et institutionnels qui ont contribué à la formation du jeune philosophe. Edward Baring, The Young Derrida and French Philosophy, 1945-1968, Cambridge : Cambridge University Press, 2011, 326 pp. Il est frappant de constater à quel point les grands noms de la vie intellectuelle française de l’après-guerre ont souhaité se marginaliser. Que ce soit Raymond Aron, Michel Foucault ou Pierre Bourdieu, la plupart n’ont cessé de raconter à leurs interlocuteurs qu’ils étaient des « marginaux » par rapport à leurs domaines de recherches et que leurs idées allaient à contre-courant de l’orthodoxie du moment. Jacques Derrida tenait le même discours.

Pourtant, ces intellectuels ont été des adeptes de cette élite ; historiquement ils n’ont rien de marginal. Pouvoir et mise à mort. Recensé : Jacques Derrida, Séminaire La peine de mort. Volume I (1999-2000). Édition établie par Geoffrey Bennington, Marc Crépon et Thomas Dutoit. Paris, Galilée, 416 p., 35 €. La parution du séminaire La peine de mort I constitue la deuxième étape, après la publication de la Bête et le souverain, de l’énorme projet d’édition des séminaires de Jacques Derrida. Séminaire La peine de mort I (1999-2000) restitue la première des deux années que Derrida consacra à la question de la peine de mort à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Soulignons et saluons d’emblée le travail scrupuleux réalisé par les éditeurs qui, aussi bien dans une introduction générale qu’à travers des notes très précieuses parsemant le parcours de lecture, permettent au séminaire de Derrida de se déployer dans toute son envergure.

Pourquoi la peine de mort ? La mort et l’incalculable Est-ce à dire qu’il n’y a pas d’alternative à l’intéressement, aux calculs de l’égoïsme ? Jacques Derrida.