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Analyse universitaire

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Les bassidji, milice poreuse du régime iranien. Lundi 15 juin, les bassidji ont tiré sur la foule.

Les bassidji, milice poreuse du régime iranien

A l'arme automatique, ils ont abattu sept manifestants, des anonymes venus battre le pavé de l'avenue Azadi, l'artère principale de Téhéran. Mais qui sont ces miliciens, placés sous l'autorité des Gardes de la Révolution islamique? "Leur origine remonte à la guerre entre l'Iran et l'Irak, juste après la révolution islamique, rappelle Azadeh Kian-Thiébaut, sociologue au centre Monde Iranien du CNRS. Ils constituaient alors un corps paramilitaire de volontaires, parfois très jeunes, puisque certains avaient 13 ou 14 ans. " En 1988, à la fin des hostilités, ils ne sont pas démantelés. Jeunes défavorisés Au contraire des pasdaran - la garde prétorienne du régime forte de 120 000 hommes - les bassidji ne sont pas un corps homogène. Loin de tous être des bras idéologiques du régime, une bonne partie des bassidji a prêté allégeance à l'ayatollah Khamenei pour une raison plus matérielle que spirituelle: sortir de la misère.

Le modèle Bassidji (Partie 1) 1 Les statistiques sont à prendre avec prudence.

Le modèle Bassidji (Partie 1)

On estime à quelque 500 000 morts et blessés les per (...) 1Dans la période révolutionnaire, s'échelonnant grosso modo de l'année 1978 à la mort de Khomeyni (juin 1989) se développe, avec une intensité jamais atteinte dans l'histoire iranienne en général et dans celle de l'islam en particulier, le phénomène du martyre. Que ce soit dans la lutte contre le chah ou dans la guerre contre l'Irak qui est l'une des plus longues de la seconde moitié du XXe siècle (1980-1988) et qui laisse un million de morts et de blessés des deux côtés1, le martyre est omniprésent, comme phénomène culturel mais aussi politique et social chez les jeunes Iraniens (la plupart sont des " déshérités ", (mostaz'afin), une jeunesse de couches inférieures ou moyennes-inférieures, urbanisée depuis une ou deux générations). 2 Ces faits sont longuement développés dans Farhad Khosrokhavar : Le rêve impossible, une approche an (...) 3La révolution en dérive 13 Cf. 16Bassidje.

Le modèle Bassidji (Partie 2) 1Le martyropathe : l'individu-dans-la-mort 2L'avènement concret de l'individu dans les sociétés soumises à une modernisation rapide s'effectue d'une part par la déstructuration de l'ordre communautaire traditionnel, d'autre part, par l'affirmation de soi d'un être en voie d'atomisation, qui ressent un sourd malaise où entrent en conflit sa volonté de libération et son sentiment d'appartenance à un ensemble qu'il trahit en s'autonomisant.

Le modèle Bassidji (Partie 2)

La révolution exacerbe le conflit entre ces deux tendances en introduisant un troisième principe, à savoir l'utopie révolutionnaire et au moment de la rupture de celle-ci, la figure surcharismatique de Khomeyni. Plus le mouvement révolutionnaire se désagrège dans la réalité, et plus le jeune martyropathe a tendance à surcharismatiser Khomeyni pour parer à la déficience du réel. 4La mort devient l'issue d'un mouvement où les aspirations s'étaient démultipliées exponentiellement au tout début. 1 Cf.infra, la section sur la néo-mystique mortifère. 3 Cf.

Dossier: Les Bassidji, soutien méconnu du régime iranien.