
Céline Dunoyer : Quand les élèves font le cours de français « De quelles connaissances pensez-vous avoir besoin pour étudier cette œuvre de Maupassant ? Quelles activités pourrions-nous mener autour de cette nouvelle ? Quels extraits de Boule de Suif vous semblent intéressants à analyser ? …» : voici quelques-unes des questions posées par Céline Dunoyer à ses 2ndes du lycée Schuman à Charenton-le-Pont dans l’académie de Créteil. Vous avez utilisé une démarche de « classe inversée » pour aborder une œuvre de Maupassant : pouvez-vous expliquer ce que vous entendez par cette expression de « classe inversée » ? Le concept de « classe inversée », dont on parle beaucoup depuis quelques temps déjà, est à la fois complexe et simple à appréhender. Dans quel contexte avez-vous mené ce travail sur Boule de suif ? J’ai mené ce travail alors que l’année était déjà bien avancée puisque nous étions en janvier-février. Vous avez amené les élèves à construire la séquence : en pratique comment avez-vous procédé pour mener à bien cette co-construction du travail ?
Diversifier en classe entière au collège Résumé : Où le lecteur sera invité à parcourir, en cheminant, des chemins variés, courts ou longs, parfois erratiques, parfois directifs, le vaste monde de la diversification en pédagogie ; où pourtant, il se trouvera confronté à des choix, d’adaptation, de transposition, de pertinence, d’efficience ou encore de congruence, ne pouvant pas tout emporter ; où enfin, il construira pour lui et pour ses collègues, au-delà de la profusion des techniques et des méthodes, des réponses qui font sens, à propos de l’efficacité scolaire et de son propre pouvoir à faire bouger le « monde », c'est-à-dire, d’abord ses élèves. Le conférencier François Muller est consultant, responsable de la mission innovation et expérimentation, dans l’académie de Paris. En hommage et en héritage direct d’André de Peretti qui avait donné une exceptionnelle conférence au Mans-Rouillon le 2 juin 1993 sur le thème Différencier la pédagogie : pourquoi ? Comment ? Sommaire Préambule : diversifier, et vous ? 15- Variété requise
Cyril Mistrorigo : Des 3èmes dans les cercles de l’enfer Peut-on, au 21ème siècle, amener des élèves de troisième à lire une œuvre du 14ème siècle ? Ce défi un peu fou a été relevé par Cyril Mistrorigo, professeur de lettres au collège Albert Thomas à Egletons en Corrèze : ses élèves ont même entrepris de réécrire la première partie de La Divine comédie de Dante ! Un livre numérique permet ainsi de suivre le voyage d’une jeune femme dans les 9 cercles de l’Enfer que constituerait un monde dominé par les machines. L’expérience est riche d’enseignements. Et si, en classe comme dans notre vie numérique, toute activité de lecture devait désormais s’accompagner d’activités d’écriture et de publication ? Et si, pour faire vivre les œuvres à l’Ecole, il fallait accorder une place centrale à la créativité des élèves lecteurs ? Comment est né le projet de faire une réécriture de l'Enfer de Dante ? Vous avez l’habitude de travailler en réseau avec vos collègues : en quoi ce projet a-t-il une dimension collaborative ? Pour télécharger le livre numérique
Françoise Cahen : Il faut sauver l’écrit d’appropriation Il faut sauver Boule de suif ! Telle est la mission lancée par Françoise Cahen à ses 2ndes du lycée Maximilien Perret d’Alfortville. Les élèves se sont immiscé.es dans une fameuse nouvelle de Maupassant pour proposer des dénouements alternatifs, rétablir un peu de justice, publier un livre numérique enrichi de leurs variations et de musiques. Dans quel cadre avez-vous mené ce travail de lecture créative ? C’est un travail mené en classe de seconde, dans le cadre de l’objet d’étude portant sur le naturalisme. « Il faut sauver Boule de suif », demande le titre de votre ouvrage collectif : quelles ont été précisément consignes et dispositif pour amener les élèves à proposer leurs revisites de la nouvelle ? Je leur ai d’abord expliqué leur mission : « sauver Boule de Suif », et comme le personnage est spécialement touchant et victime d’injustice, l’enjeu de leur travail leur est apparu naturellement intéressant, c’est une accroche efficace. En quoi a consisté la deuxième séance de travail ?
Le Sphérier : les hiérarchies d’autonomies Complétant l’article précédent, voilà les 4 tableaux de hiérarchies d’autonomies. Au pluriel car j’ai pensé plusieurs types d’autonomie, surtout au niveau des catégories « chef-d’oeuvre » qui indiquent un dépassement de mon attendu. Il y a 4 domaines dans les textes officiels et j’en ai rajouté un, volontairement non décrit puisqu’inconnu de moi, afin d’inclure le concept « d’erreur artistique » qui ne m’évoque rien de cohérent dans la discipline que j’enseigne, à part un oubli/ incompréhension de paramètre dans la réalisation d’un attendu, ce qui est inclus dans les autres tableaux de hiérarchie puisqu’ils seront validés et colorés en fonction de la validation des compétences s’y rapportant. Pour le reste, les cercles se remplissent ou pas en fonction de la validation ou non de la compétence associée au domaine concerné, en fonction aussi du type d’outil utilisé (rappel : un « outil » est un document/vidéo/programme/texte etc qui sert de support méthodologique).
Lionel Vighier : vers des entretiens de lecture avec les élèves ? Professeur de français au collège Pablo Picasso à Montesson dans les Yvelines, Lionel Vighier y met en place un dispositif original : l'entretien de lecture. Le but est de s’intéresser du plus près possible à l'expérience de lecture de chaque élève. L’oral, d’environ 5-10 minutes, se déroule sur rendez-vous, comme une « khôlle » : « Cela ne prend pas plus de temps que d’évaluer un écrit. », fait remarquer l’enseignant. Le dispositif est il préparé et mené sur le temps de cours ? Il n'est pas forcément préparé mais on peut parfaitement imaginer qu'il le soit, du moins dans la méthode pour que les élèves aient une connaissance suffisamment précise du livre pour en parler en entretien. Comment le dispositif prend-il place dans votre projet pédagogique ? Les élèves ne sont d’ailleurs pas évalués que sur ce point. Quels intérêts voyez-vous à ces entretiens par rapport aux dispositifs habituels de comptes rendus de lecture ? Propos recueillis par Jean-Michel Le Baut
Jean-Michel Le Baut : Ecrire pour s’approprier les œuvres et internet L’écrit d’appropriation est une recommandation des nouveaux programmes de français au lycée. Comment la mettre en œuvre en classe ? Comment faire aussi de cet écrit d’appropriation d’une œuvre littéraire un travail de réappropriation d’internet ? Un personnage amnésique « Magnus ? Un web hypermnésique Une première séance vient précisément problématiser le travail qui va être mené. Les traces numériques, font ainsi émerger les élèves, désignent les informations que les dispositifs numériques enregistrent sur notre activité et notre identité. Des élèves lecteurs-créateurs La mission peut alors être lancée : et si nous confrontions à l'hypermnésie du web notre héros en partie amnésique ? Les élèves publient leurs productions sur le blog de la classe. Des élèves chercheurs-penseurs Au terme de ce travail créatif de lecture-écriture-publication, les lycéen.nes ont mené une séance de réflexion. Que nous enseignent les traces numériques de Magnus sur la mémoire du web en général ?
De la question des devoirs à l’apprentissage de l'autonomie dans le travail personnel, pistes et ressources pour la formation Sommaire Ce texte s'appuie sur la modélisation conçue par le centre Alain-Savary présentée dans le document "Concevoir des formations pour aider les enseignants à faire réussir tous les élèves", et notamment sur les cinq directions proposées pour concevoir la formation continue : Prendre conscience des inégalités générées par les devoirs à la maison et des ruptures didactiques entre les différents espaces/temps du travail personnel Historiquement, la question des devoirs se pose dans le cadre d’une institution scolaire marquée traditionnellement par une division du travail : le temps du cours où le professeur enseigne et le temps de l’étude où l’élève apprend. communes et les structures associatives. La plupart des enseignants ont parfaitement conscience que les devoirs à la maison posent des problèmes du point de vue de l’égalité des élèves. Pour travailler la question en formation : Travailler autour des dilemmes de métier générés par les devoirs et le travail personnel Pour quoi faire ?
Prix Vendredi 2018 : une sélection de dix titres pour élire le meilleur roman jeunesse de l’année - Enfants Olivier Adam, Clémentine Beauvais, Nicolas de Crécy ou encore Claudine Desmarteau font partie de la sélection de ce prix du meilleur roman jeunesse, qui sera décerné le 16 octobre prochain. Le prix s’appelle « Vendredi » en hommage au héros du roman de Michel Tournier. Il a été créé l’an dernier (c’est Anne-Laure Bondoux qui avait été primée) et se veut le Goncourt du livre jeunesse. Son objet est de récompenser un livre francophone pour les adolescents. Belle initiative qui permet de mettre en avant ces romans qui passent, à tort, souvent inaperçus. La tête sous l’eau, d’Olivier Adam (Robert Laffont) > lire notre critique Brexit romance, de Clémentine Beauvais (Sarbacane) Pâquerette. Rester debout, de Fabrice Colin (Albin Michel) > lire notre critique Les amours d'un fantôme en temps de guerre, de Nicolas de Crécy (Albin Michel) Un mois à l’ouest, de Claudine Desmarteau (Thierry Magnier) > lire notre critique Nightwork, de Vincent Mondiot (Actes Sud Junior) Pëppo, de Séverine Vidal (Bayard)
Pauline Auffret : Faire de sa classe une communauté interprétative L’étude des textes condamne-t-elle enseignant.es et élèves au face-à-face ? Peut-on imaginer d’autres dispositifs de travail, plus actifs et collaboratifs, que le traditionnel cours dialogué ? Au lycée Malraux à Allonnes dans la Sarthe, Pauline Auffret amène ainsi ses élèves à travailler sur les textes en trois phases : des groupes d’« experts » sont d’abord constitués autour d’une question spécifique, des « ambassadeurs » vont ensuite expliquer à leurs pairs le résultat de leurs recherches, une question enfin amène les élèves à réaliser à l’écrit un bilan individuel. Les intérêts paraissent importants : développement des compétences orales, implication et valorisation de tous les élèves, transformation de la classe en communauté interprétative. Pourquoi avez-vous éprouvé le besoin de transformer le dispositif habituel d’étude des textes en cours de français : le cours frontal et dialogué ? Il y a plusieurs manières de constituer les groupes d’experts.
Des pratiques pour former des élèves autonomes et solidaires Du 17 au 23 août prochains, nous vous proposons une escapade pédagogique dans les Hautes-Alpes. Le centre du Brudou (dans le massif des écrins) accueillera les Rencontres du CRAP-Cahiers pédagogiques pour une semaine d’ateliers de réflexion, de création, d’échanges sur le thème « Des pratiques pour former des élèves autonomes et solidaires ». Le CRAP-Cahiers pédagogiques, association du CAPE, propose des ateliers qui vont atteindre des sommets ! Attention ! À disposition en fichier (ci-dessous), le programme et les conseils pour monter un dossier DIF, souvent demandé pour le 17 décembre. Télécharger le bulletin d’inscription Télécharger la plaquette des Rencontres Les ateliers thèmes : À l’école, vers une gouvernance qui crée des liens Être heureux dans son travail et cependant efficace : une utopie d’établissement scolaire qui n’existe que dans nos rêves ? L’oral dans la classe Dans la classe, on parle pour toutes sortes de raisons... Les ateliers activités :
Le "Réseau des Lettres" abat les murs du collège... La solitude de l’enseignant à son bureau ou l’enfermement de l’élève dans sa classe sont-ils des fatalités ? Assurément non pour trois professeurs de français qui ont choisi de travailler ensemble en formant un « réseau des lettres » par-delà les murs de leurs collèges et même les frontières académiques. Grégory Devin dans le Cotentin, Cyril Mistrorigo en Corrèze et Lionel Vighier dans les Yvelines co-conçoivent des projets pédagogiques et les mettent en œuvre dans leurs classes : en ligne ou en visioconférence, les élèves sont amenés à échanger et collaborer pour constituer à leur tour un réseau de réflexion, de lecture, d’écriture, de parole. Ces nouvelles modalités de travail montrent combien le numérique nous offre une chance historique : ouvrir la « forme scolaire » pour que la relation à l’autre vienne renforcer le plaisir et le sens des apprentissages. Comment votre équipe de travail s’est-elle constituée ? C’est une sorte d’auto-formation perpétuelle. Se lancer !
Julie Vera et Sophie Pons : Il y aura une fois le carnet de lecture ? Le carnet de lecture a-t-il encore un avenir au lycée ? Les nouveaux programmes préconisent que « l’élève garde la trace du travail et des activités menés tout au long de l’année », par exemple à travers un « carnet de lecture » où pourront prendre place des « écrits d’appropriation ». Or, contrairement aux prévisions, ce portfolio littéraire ne sera pas support de l’oral de l’EAF, officiellement au nom d’un « principe d’équité » entre les candidats (?), probablement à cause de lobbys conservateurs. La reculade menace la mise en œuvre effective dans les classes, autant dire la reconnaissance de l’élève comme sujet lecteur à part entière. Et si on lançait quand même le carnet de lecture ? Pour beaucoup de collègues, le « journal du lecteur » est une nouveauté : de quoi s’agit-il ? Le Journal du Lecteur (JDL) est un carnet dans lequel les élèves consignent leurs lectures scolaires et personnelles, ainsi que leurs sorties et activités culturelles. Ce journal est-il amené à être évalué ?