background preloader

Une post-démocratie aux airs de prérévolution

Une post-démocratie aux airs de prérévolution
Nous vivons, en France et en Europe, une époque de post-démocratie. Les citoyens n’ont plus de véritable pouvoir de contrôle sur leur devenir. Leurs manifestations sont méprisées et leur vote falsifié. Depuis 2005, les peuples européens savent qu’ils ont face à eux des pouvoirs financiers plus puissants que leur misérable affirmation symbolique et morale. Le traité de Lisbonne a ainsi enterré Kant et son «véritable enthousiasme pour le droit» comme «aspiration morale du genre humain». A ce titre notre post-démocratie pourrait ressembler à la prérévolution. L’abbé Sieyès, dans «Qu’est ce que le tiers état» affirmait en effet : «Qui donc oserait dire que le tiers état n’a pas en lui tout ce qu’il faut pour former une nation complète ? Or l’on sait que ce tiers état représentait 98 % de la population… Sieyès écrit l’hiver 1789 où se préparent encore des cahiers de doléances et les élections des députés aux Etats généraux. Aujourd’hui, le changement peut aussi passer par la subversion.

« Nos sociétés sont post-démocratiques » Bien qu’elle soit francophone, Chantal Mouffe est encore peu connue en France. Il est vrai que cette philosophe politique belge a choisi de travailler en Angleterrre, où elle a théorisé une gauche "post-marxiste". Son ouvrage fondateur est Hégémonie et stratégie socialiste, co-écrit avec Ernesto Laclau (publié en français aux éditions Solitaires intempestifs). Ses analyses ont notamment inspiré les porte-paroles du parti espagnol Podemos. Voir la vidéo de l’entretien avec Chantal Mouffe « Notre proposition fondamentale est de repenser le socialisme en termes de radicalisation de la démocratie. (…) Aujourd’hui, il faut d’abord récupérer la démocratie. On ne peut pas parler d’émergence de gauche radicale, parce que cette gauche radicale a toujours existé (…) . On nous dit qu’il n’y a pas d’alternative à l’ordre néo-libéral. (…) Mais on peut imaginer une contre-hégémonie, il y a toujours des alternatives. » Vous avez aimé cet article ? Lire aussi : L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie

Participations Cynthia Fleury, singularités plurielles On le sait : «Les cimetières sont pleins de gens irremplaçables, qui tous ont été remplacés.» Mais c’est à une distance sidérale de ce genre d’évidences ou de clichés que se situe les Irremplaçables. Pour saisir le propos qu’y déploie Cynthia Fleury, professeure à l’American University de Paris, il faut plutôt songer à cette formule du Canadien Christopher Hodgkinson : «Personne n’est indispensable, chacun est irremplaçable.» Exprimé théoriquement, le thème de l’essai est le «processus de subjectivisation», autrement dit l’individuation, non pas au sens d’un individualisme, mais de cette irremplaçabilité des individus qui «protège la démocratie contre ses dérives entropiques» et sans laquelle «l’Etat de droit n’est rien». Régulation. Si elle se réfère circonstanciellement à Jankélévitch ou Foucault, Arendt, Günther Anders, Gramsci, Walter Benjamin, Kant et d’autres, il faut dire que cette recherche, Fleury la conduit en des termes nouveaux et surprenants. Désapprentissage.

Related: