
Pourquoi et comment évaluer par compétences L’évaluation par compétences est à la mode dans les salons du ministère de l’Éducation Nationale depuis plusieurs années. Différentes annonces récentes, sur la mise en place d’une Conférence nationale sur l’évaluation des élèves, ou sur l’instauration d’un nouveau socle commun de connaissances au collège, confirment cette tendance.] Dans la pratique pourtant, les choses changent peu. Si en Primaire, les enseignants évaluent souvent par compétences, particulièrement dans leurs bilans trimestriels, ce système est souvent jugé puéril et inadapté au secondaire, où le mode d’évaluation quasi exclusif reste la traditionnelle note sur 20. Quoiqu’on pense de ces consignes ministérielles, et de leur application véritable sur le terrain, elles ont objectivement plongé des équipes du secondaire dans une réflexion sur les compétences. Mon déroulement de carrière m’a fait passer par trois établissements successifs où j’ai, à chaque fois de façon isolée au départ, mis en place cette pratique.
Quand les études de genre révolutionnent l'évaluation Et si les notes étaient en elles-mêmes un outil pour changer l'Ecole ? En plein débat sur "l'école bienveillante", plusieurs recherches venues des études de genre sont en train de modifier en profondeur notre conception de l'évaluation. Au final, le laboratoire LIEEP Sciences Po sur les politiques éducatives proposent d'utiliser les notes comme un levier pour améliorer les résultats et non comme un indicateur. Il s'interroge aussi sur le rapport que l'Ecole doit entretenir avec les cultures adolescentes. Le 16 décembre, Agnès Van Zanten et Denis Fougère, du laboratoire LIEPP de Sciences-Po travaillant sur les politiques éducatives, ont réuni 4 chercheurs pour étudier les rapports des filles et des garçons à l'Ecole. Au coeur de ce travail, la thèse de Camille Terrier, Paris School of Economics, sur l'évaluation des filles en français et en maths. Les filles surnotées en maths Ce que nous dit C Terrier est double. La culture macho des garçons est sensible aux filles ! François Jarraud
Évaluer sans décourager par Roch Chouinard Département de psychopédagogie et d'andragogie, Université de Montréal, Centre de recherche et d'intervention sur la réussite scolaire (CRIRES) Conférence donnée sur invitation dans le cadre des sessions de formation liées à la réforme en éducation, offertes aux personnes-ressources, Ministère de l'Éducation, Québec, les 18 et 19 mars 2002. La majorité des enfants arrivent à l'école primaire avec l'intention d'apprendre. Figure 1 En fait, les enfants se rendent rapidement compte que l'école n'est pas seulement un lieu pour apprendre, que c'est aussi un endroit où l'on est évalué. Les recherches sur le sujet ont montré que la poursuite de buts d'évitement pousse l'élève à adopter certains comportements caractéristiques ayant pour fonction de minimiser l'effet négatif de l'échec sur l'estime se soi (Harter, 1992, Schunk, 1996). L'apparition de ces attitudes et de ces comportements est la conséquence d'un processus de détérioration graduel de la motivation à apprendre.
Évaluer sans décourager Lors des vœux du MEN, Vincent Peillon déclarait « 2014 doit être l’année du bien-être à l’Ecole. C’est un enjeu considérable. C’est la question de l’évaluation de l’élève ». Le Café pédagogique a fait un long commentaire en s’interrogeant : « Pourquoi Peillon veut-il changer la notation ? ». Tout ceci ma donne envie de replonger dans quelques documents anciens que j’utilisais au cours de mes stages dans l’académie de Versailles. Conception de l’évaluation de Félix Winter Je vous propose de confronter la liste de caractéristiques d’une évaluation remaniée et appropriée aux besoins de l’élève établie par Felix Winter et que j’extrais du compte-rendu cité plus haut à celle de Roch Chouinard. • « Une évaluation moderne se concentre à la fois sur la production de l’élève et sur le processus d’apprentissage. • Elle doit être davantage intégrée au cours et être au service des apprentissages, et non l’inverse (Felix Winter parle de didactiser l’évaluation) La conception de Roch Chouinard
Actualités - Liberté de conscience, liberté d'expression : outils pédagogiques pour réfléchir avec les élèves Comment parler d'un drame de l'actualité aux élèves ? Quelques principes Moduler son attitude pédagogique selon l'âge des élèves : à l'école maternelle, du début à la fin de l'école élémentaire, au collège...Accueillir l'expression de l'émotion des élèves, sans sous-estimer, y compris chez les très jeunes enfants, leur capacité à saisir la gravité des situations ;Rassurer les élèves : l'école est un espace protégé ; l'évènement s'est déroulé dans un lieu et un temps circonscrit, même si les média en parlent et diffusent plusieurs fois les images ;Etre attentif au « niveau de connaissance » que les élèves ont de l'évènement : certains élèves peuvent n'en avoir aucune connaissance ; d'autres ne disposer que d'éléments partiels, voire erronés, provenant de sources variées. Pour aller plus loin : Aborder un événement collectif violent Quelques repères pour agir à l'école primaire Aujourd'hui, le périmètre touché est beaucoup plus important. Distinguer les situations S'appuyer sur le collectif
Évaluer différemment les élèves : l’exemple danois Pas de notes avant 15 ans, pas de palmarès des établissements, des examens qui privilégient les projets ou les travaux inédits, l’utilisation généralisé des TIC dans l’évaluation : le Danemark présente une série de caractéristiques susceptible de faire réfléchir sur les relations entre l’apprentissage et les évaluations scolaires. Ce n’est certainement pas un modèle à recopier (les écoles était d’ailleurs ces derniers jours bloquées par un conflit entre les enseignants et les municipalités) mais il a le mérite d’aider à faire bouger les lignes et de considérer différemment des traits de notre système considérés comme naturels voire inhérents à toute situation scolaire. En France, toute réforme des modalités du Bac semble porter atteinte à la civilisation (universelle, cela va de soi), dévaluer les diplômes ou menacer l’équilibre des savoirs. Une école qui n’était pas obsédée par l’évaluation Les résultats restent confidentiels.
Peut-on changer l'évaluation ? Les pratiques d'évaluation sont-elles contestables ? Sans aucun doute. D'ailleurs elles sont de plus en plus souvent mises en doute par les enseignants eux-mêmes. Une véritable révolution silencieuse a eu lieu déjà au primaire et des pratiques nouvelles apparaissent au collège. La machine politique lancée par B. Hamon et reprise par N Vallaud-Belkacem est-elle capable de guider des évolutions dans l'évaluation ? En proposant une "conférence de consensus" sur l'évaluation des élèves, Benoît Hamon savait-il qu'elle a déjà eu lieu ? Une activité identitaire Parce que la correction de copies est l'activité qui identifie le mieux le métier d'enseignant. Quelles sont les pratiques d'évaluation des enseignants ? Mais quelles méthodes d'évaluation sont utilisées aujourd'hui par les enseignants ? Des tentatives antérieures Une réforme aboutie de l'évaluation a eu lieu au début des années 1970. Le projet ministériel A vrai dire tout est déjà dans la circulaire de rentrée. François Jarraud
Comment changer l'évaluation ? Les politiques doivent-ils avoir leur mot à dire dans les procédés pédagogiques comme l'évaluation ? A coup sur, la tentative, après 2005, d'imposer l'évaluation par compétences au collège grâce au livret personnel de compétences (LPC) n'a pas laissé un bon souvenir. Ce pensum administratif a détourné les enseignants d'une approche par compétences. Elle a conduit à des pratiques de validation très éloignées des objectifs affichés. Cette tentation d'imposer une nouvelle évaluation bureaucratiquement est-elle écartée par la nouvelle évaluation ? L'évaluation est une activité identitaire La correction de copies est l'activité qui identifie le mieux le métier d'enseignant. Quelles sont les pratiques d'évaluation des enseignants ? Mais quelles méthodes d'évaluation sont-elles utilisées aujourd'hui par les enseignants ? Les ambitions de 2014 La circulaire de rentrée 2014 était allée très loin dans les préconisation sur l'évaluation. Le livret numérique de tous les français François Jarraud
L’école française et les notes : je t’aime… moi non plus (dernière partie) Ce texte fait partie de la série d’articles d’approfondissement qui accompagnent les épisodes du podcast En Quête d’École, diffusés tous les mois sur Kadékol, la webradio de l’Institut Français de l’Éducation. Chaque article revient sur des questions qui traversent le système éducatif français et propose des éléments d’analyse et de réponse tirés de la recherche en histoire et en sciences sociales Cet article accompagne l’épisode du mois d’avril 2021 intitulé : Faut-il supprimer les notes ? Il propose un retour historique sur l’invention de la note chiffrée et sa mise en œuvre dans le cadre du concours d’entrée à l’Ecole Polytechnique. Sommaire Le 21 janvier 2021, le ministre de l’Éducation Nationale, Jean-Michel Blanquer, a annoncé l’annulation des épreuves de spécialité du baccalauréat général, remplacées par un contrôle continu sur la base des moyennes annuelles dans ces deux enseignements. D’où vient cette passion française pour la notation ? Retour au sommaire Pour paraphraser C.
Évaluer pour (mieux) faire apprendre Rey Olivier, Feyfant Annie (2014) . Évaluer pour (mieux) faire apprendre . Dossier de veille de l’IFÉ, n°94, septembre. Disponible au format PDF :94-septembre-2014 L’idée que l’évaluation intervient de façon indépendante, après une phase d’enseignement, méconnait la réalité des processus scolaires. [Retour au sommaire] Face à l’emprise des évaluations en tous genres dans l’espace éducatif, certains seraient sans doute enclins à détourner l’adage et se satisfaire d’une maxime telle que « Évaluer, évaluer, il en restera toujours quelque chose ». Pourtant, cette métaphore du thermomètre est aussi fréquente qu’erronée et contre-productive. Dès lors, l’évaluation peut devenir non plus seulement un outil approximatif de contrôle mais aussi un levier pour mieux faire apprendre . [Retour au sommaire] Si l’expression de la « pression évaluative » a été utilisée par P. De quelle évaluation parle-t-on ? Évaluer les élèves ou évaluer le système ? Évaluation n’est pas forcément comparaison E. P. M.
L’évaluation est une vraie patate chaude ! En ces temps de conférence nationale sur l’évaluation, voici une vidéo extrêmement intéressante de Marc-André Lalande, un collègue québecquois, qui traite avec humour la question de l’évaluation tout en soulevant nombre de points essentiels. Petit verbatim des principaux éléments abordés dans la vidéo : L’évaluation est un outil, pas une fin en soi, il est temps de rafraîchir nos pratiques en évaluation, notamment (mais pas seulement) à cause du numérique. Définition : L’évaluation est une démarche qui consiste à offrir une rétroaction suite à l’analyse d’un processus, d’une réalisation ou d’une combinaison des deux. la rétroaction peut varier en quantité, de maigre à exhaustivel’étendue de l’analyse se situe entre le superficiel et l’approfondile processus comme la réalisation peut aller du simple déclaratif procédural au plus complexe “Les examens normalisés sont de bien mauvaises mesures de tout ce qui compte intellectuellement parlant.” parce que c’est facile à administrer ? J'aime :
Puisqu’on vous dit que la note, ce n’est pas le problème ! L’apparition du socle commun de connaissances et de compétences a introduit, avec le livret personnel de compétences, une « nouvelle » façon d’évaluer au collège, qui, si elle a pu jeter le trouble, a alimenté le débat sur l’évaluation des élèves. La refondation de l’école s’est donnée pour objectif de renouveler le socle commun et d’aller vers une évaluation positive des élèves. Le Conseil Supérieur des programmes travaille à cette rénovation, où la question de l’évaluation est capitale. Noyer le poisson Les opposants à l’évaluation des compétences, comme les syndicats du SNALC et du SNES, présentent constamment des arguments qui jouent du même registre : Des notes dont on fait… des moyennes Mais bizarrement sur ce point, les partisans de la note négligent systématiquement la question des moyennes trimestrielles. La consultation de l’ensemble des bulletins trimestriels (traditionnels) d’une classe sur une année est à ce titre éloquente. Pourquoi revoir l’évaluation des élèves ? Like this:
Les pré-requis à la suppression des notes - Changer l'Ecole Les expériences de suppression des notes dans des classes de collège ont tendance à se multiplier ces dernières années. Il me semble qu'au delà d'un travail militant, effectué sur le terrain par des personnels de direction et des enseignants conscients des enjeux de la question, cette tendance ait été renforcée par la mise en place en 2005 d'un droit à l'expérimentation dans le cadre de l'article 34 de la loi d'orientation. Sur la question de la suppression des notes, l'innovation "institutionnelle" et l'innovation "de terrain" peuvent donc se rencontrer, et cette double paternité est souvent un gage de réussite. Mais la volonté ne suffit pas toujours. J'ai moi même accompagné, à la direction d'un collège d'Indre-et-Loire, une expérimentation de suppression de notes dans un cours de mathématiques de 4e. - Un chef d'établissement qui impulse, ou qui aide à la mise en oeuvre si l'impulsion vient d'un enseignant ou d'une équipe. - Une progressivité dans la mise en oeuvre.