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Agrobusiness au Brésil

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Agriculture familiale et agrobusiness, le témoignage d'une ONG brésilienne. Alors que la paralysie de la réforme agraire au Brésil a conduit sa présidente Dilma Roussef à limoger le ministre du développement agraire (plus d'infos), le magazine Transrural Inititiatives publie un interview de Joaquim Apolinar, coordinateur de l’ONG brésilienne ACC qui appuie les communautés rurales et l’agriculture familiale dans l’État du Rio do Norte. Photo: Champs irrigués sous rampe à pivot dans l'état du Goias, au centre du Brésil (crédit : H.THERY) Comment se structure l’agriculture au Brésil ?

Joaquim Apolinar : Deux modèles coexistent : l’agriculture d’exportation, ou agrobusiness, et l’agriculture paysanne. La première est massivement orientée vers la production de soja et de canne à sucre, sur de vastes étendues. La seconde exploite de petites surfaces et se caractérise par une utilisation de main d’oeuvre familiale ; elle s’oriente essentiellement vers les besoins familiaux. Voir l'interview complète Télécharger le bon d'abonnement à Transrural Initiatives. Agrobusiness, agro-exportations. L'agrobusiness brésilien (ou "agronegócio"), basé sur la production agroalimentaire du pays et tourné vers la commercialisation et les exportations, représente environ le 1/3 de son PIB.

Il y a, au Brésil, trois sources principales de croissance de l'agronegócio : l'insertion dans le processus de modernisation de nouvelles terres et de nouveaux producteurs, la croissance du marché intérieur et celle de la demande à l'exportation. Les exportations agroalimentaires du Brésil ont connu une croissance régulière depuis le milieu des années 1980, avec une véritable explosion depuis 2001. Entre 2001 et 2005, elles ont ainsi progressé de 16,3% par an en moyenne, cette augmentation ayant été encore plus soutenue, s'établissant à 26% par an, à destination de certains pays émergents, comme la Russie ou la Chine. Les territoires de l’agrobusiness au Brésil. 1 Ce travail a été présenté lors du Séminaire d’Agriculture d’entreprise dans les Amériques : formes (...) 2 Je remercie le CNPq, le Ministère des Sciences et de la Technologie (MCT), pour financer quelques- (...) 1Le présent texte1 reflète une ligne de recherche sur laquelle je travaille et qui s’intitule l’Agrobusiness et les Nouvelles Dynamiques Socio-spatiales.

Cette ligne de recherche a comme objectif central l’analyse de la production et la reproduction des espaces agricoles, urbains et régionaux associées au processus de restructuration productive de l’agriculture brésilienne. De telles recherches se réalisent au sein du Groupe de Recherche Globalisation, Agriculture et Urbanisation (Globau), certifié par le Ministère des Sciences et de la Technologie. Les questions que nous traiterons dans ce texte s’associent à des recherches développées dans un ensemble de régions brésiliennes2. Il y aurait aussi l’utilisation sélective des espaces agraires.

Photo 1. Brésil: les territoires de la question agraire. Le territoire de l’agrobusiness Le choix des productions de l’agrobusiness dépend de la demande internationale. Celles qui sont destinées majoritairement à l’exportation et qui requièrent une mécanisation poussée et un usage intensif d’intrants profitent de subventions. Le développement de l’agrobusiness bénéficie ainsi du soutien des autorités et des organismes de crédit. Nous avons choisi de représenter les principales productions de ce secteur, soit le coton, le café, la canne à sucre, les oranges et le maïs (carte 1). Pour le cheptel (carte 2), on a retenu bovins, porcins et volailles (poules, coqs, poulets et poussins).

L’économie brésilienne est très vulnérable aux fluctuations du marché mondial (Teixeira, 2004) et, pour le gouvernement brésilien, l’agrobusiness est un secteur exportateur stable. Les biens primaires sont effectivement la principale source de devises du Brésil, les produits agricoles jouant un rôle essentiel dans ces exportations. Conclusion Bibliographie Notes 1. 2. L’agrobusiness dans le monde : deux décennies de pillage. Avec cet aperçu de l’expansion de l’agrobusiness dans le système alimentaire mondial au cours des vingt dernières années, nous amorçons une réflexion sur ce qu’on peut attendre de ces entreprises dans les années à venir.

Au début des années 1990, une grande partie des pages de Seedling étaient consacrées à des discussions sur les accords internationaux et les programmes de recherche publique. Les grandes sociétés apparaissaient certes dans ces discussions, mais surtout comme une menace à l’horizon, un groupe soutenant de façon agressive le modèle d’agriculture industrielle qui détruisait la biodiversité agricole.

Vingt ans plus tard, la situation n’est plus du tout la même. Le pouvoir des grandes sociétés dans le système alimentaire s’est en effet étendu à pas de géants. Aujourd’hui, ce sont elles qui définissent les règles mondiales, tandis que les gouvernements et les centres de recherche publique suivent le mouvement. Les semences L’agriculture Table. Les marchés Les personnes 1. 3. 4. Brésil : agrobusiness contre agriculture paysanne.

Lorsque début 2003, « Lula » devient le premier président de gauche, il soulève un formidable espoir de changements, dont celui de s’attaquer, par le biais d’une réforme agraire, au problème historique des grandes concentrations de terres. Dix ans plus tard, Dilma Roussef lui a succédé au pouvoir et le bilan contradictoire de cette politique divise profondément le pays. Ainsi, le 5 mars 2013, la présidente du Brésil promettait d’« accélérer la réforme agraire ». Le jour même pourtant, le plus important mouvement paysan, le Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST), montait un campement permanent à Brasilia, afin de faire pression sur le gouvernement pour mettre en œuvre la réforme agraire, bloquée selon lui.

Comment expliquer ces appréciations divergentes ? Donner de la terre ne suffit pas Les propriétaires de plus de 1 000 hectares représentent 1,6% de toutes les propriétés, mais 51,7% de la surface occupée Manque de volonté politique © IPS Press / Brainpix / Reporters. Un géant de l’agro-business dans le Mato Grosso. On dit ici et là que le Brésil est devenu « la ferme du monde », comme la Chine est devenue sont usine et l’Inde son bureau. De fait, il a le rare privilège de disposer de millions d’hectares de terres arables disponibles, qui sont progressivement mises en culture par un puissant complexe agro-industriel. Déjà premier producteur mondial de café et de sucre, premier exportateur mondial de viande de bœuf et de jus d’orange concentré, il est aussi plus récemment devenu le second producteur mondial de soja, alors que sa culture n’a commencé au Brésil que dans les années 1970. Cette montée en puissance est en grande partie due à la mise en place dans les régions pionnières du Centre-Ouest, principalement dans le Mato Grosso, d’immenses domaines agro-pastoraux comme celui du groupe Bom Futuro, situé à Campo Verde, à une centaine de kilomètres à l’Est de Cuiabá, la capitale du Mato Grosso (figures n° 1 et 2).

Figure n° 1 Localisation du Mato Grosso L’entreprise Les dimensions Soja : 230 000 ha. L’agrobusiness en accusation. Zoom sur les bouleversements produits par l’activité du géant Cargill aux Etats-Unis et en Inde (lundi 6 avril à 22 h 55 sur Canal+) Cargill est un géant de l’agroalimentaire qui réalise deux fois le chiffre d’affaires de McDonald’s et Coca-Cola réunis. Pourtant, son nom reste inconnu du grand public. Les produits que l’entreprise américaine a achetés, transformés et vendus sont cependant bel et bien dans nos placards et nos frigos. Cargill est implanté dans 67 pays et emploie 143 000 personnes.

Une équipe du magazine « Spécial investigation » a mené l’enquête afin de tenter de définir l’influence que pouvait avoir sur l’agriculture ce mastodonte dont les méthodes d’industrialisation sont jugées dangereuses par les paysans. En attendant qu’un des dirigeants de l’entreprise accepte de lui parler – cela prendra plusieurs mois –, Stenka Quillet s’est rendue aux Etats-Unis et au Brésil afin de voir les conséquences de l’activité de Cargill sur l’économie et les populations locales.