Écrivain, docteur et enseignant en philosophie, j'anime différents espaces web dédiés à cette discipline tout en m'intéressant aussi à la psychanalyse et à la création poétique contemporaine. Après avoir conçu différentes versions d’un site baptisé « Tuyau(x » au début des années 2000, je me suis tourné 10 ans plus tard vers l’utilisation (plus pratique et plus légère) d’une grande variété de blogs – pédagogiques, rédactionnels, documentaires ou informatifs - et naturellement vers les nouveaux réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook. Par ailleurs je dirige les éditions Les Contemporains favoris, initialement dévolues à la poésie contemporaine, puis ouvertes progressivement à la philosophie et à la psychanalyse. Je voudrais essayer d’expliquer ici comment s’articulent ces différentes activités et ces domaines de recherche tout au long de mon parcours.
Le sens et le contenu de mes recherches
Ma démarche de pensée n’est pas exclusivement ni peut-être intrinsèquement philosophique. Je me présente volontiers comme professeur de philosophie et étudiant en non-philosophie… Je suis certes amoureux de la philosophie (ou de la "sagesse"), ce qui reste une bonne raison de ne « jamais me dire philosophe », suivant le bon conseil d’Epictète. Mais je considère que les sciences humaines et surtout la psychanalyse ont ravi à la philosophie (en tant que discipline distincte) bon nombre de ses objets. Et je ne partage pas le préjugé couramment admis - colporté ad nauseam à travers des médias d'un autre âge - selon lequel les philosophes devraient se mêler de tout et donner leur avis éclairé sur tout. Je ne défends pas vraiment non plus une conception élitiste ou réservée de cette discipline. Je considère plutôt que la philosophie doit désormais être "traitée" et analysée comme un champ d’investigation (autant qu'un champ d'objets) tout à fait ordinaire et particulier - même si ce champ devait paradoxalement être défini comme celui de l'universel : je dirais plutôt une certaine version-de-l'un. Pareille relativisation de la philosophie ou du Philosopher en général, aucun philosophe « de profession » et/ou ayant encore la « foi » philosophique ne saurait l'accepter. Répétez ces dires au beau milieu d'un colloque ou parmi une assemblée de professeurs de philosophie, et je ne donne pas cher de votre avenir au sein de cette congrégation...
Hérésie, donc. C’est ici qu’intervient le point de vue « non-philosophique » en tant que tel, sous les auspices de François Laruelle qui a inventé cette « discipline » ou cette méthode pour « introduire la démocratie dans la pensée » (à commencer par une certaine parité sciences/philosophie). Un « non-» qui ne revient pas à nier ou à condamner la philosophie, mais bien au contraire à étendre sa compétence et à diversifier ses pratiques à proportion que l’on réduit sa suffisance et que l’on suspend son autorité « naturelle » ; libérer la philosophie en la soulageant de ce que j’appelle toujours avec Laruelle le « Principe de philosophie suffisante », lequel se traduit à la fois par une position traditionnelle de maîtrise (évidemment illégitime) vis à vis des autres discours, et une prétention métaphysique incurable à vouloir définir, et même co-constituer, le réel. Voilà pourquoi je me considère comme simple « locataire » (y compris à titre professionnel) dans la « maison » philosophie, bien trop académique à mon goût.
Avec la philosophie, mon second domaine de prédilection est la psychanalyse, en particulier dans la mouvance de l'enseignement de Lacan, auquel j'ai consacré ma thèse de doctorat. Encore un penseur qui n'a pas forcément très bonne presse - même si sa renommée est énorme - parmi les philosophes de profession : ceux-ci en général le détestent car ils ne parviennent toujours pas à le comprendre, n'ayant pas la patience de le lire (ce qui en dit long sur la temporalité, si je puis dire, de la comprenoire des philosophes). "Résistance", encore et toujours, de la philosophie à la psychanalyse... Cela ne fait pas de moi pour autant un béni-oui-oui de la psychanalyse, et je ne me définis pas spécialement comme "lacanien". D'ailleurs qu'on ne s'y trompe pas : il existe aussi un "Principe de psychanalyse suffisante", tout aussi redoutable, voire à certains égards plus mesquin. Le principe philosophique vous interdit de ne pas philosopher (car pour justifier la non-philosophie il faut encore user du langage philosophique : c'est l'argument d'Aristote, le plus grand sophisme de l'histoire de la pensée) ; le principe psychanalytique vous interdit de discuter psychanalyse si vous n'exercez pas la psychanalyse (argument d'autorité de la pratique, en quelque sorte). Or je ne suis pas praticien, justement, ne m'y étant pas autorisé (préférant écrire et enseigner, tout simplement) ; en revanche j'ai des raisons personnelles et intellectuelles de m'autoriser à "théoriser" sur la psychanalyse et sur Lacan, les ayant suffisamment étudiés je pense.
Me voici donc en porte-à-faux, vis-à-vis des deux disciplines dont je m'occupe quotidiennement ! Incidences sur ma carrière, effets collatéraux... Me recommandant de Derrida (que j’ai beaucoup lu et pratiqué à mes débuts), de Lacan (auquel j’ai donc consacré ma thèse) et de Laruelle « l’obscur » (mon directeur de Thèse), il n’est guère surprenant que les Universités françaises aient poliment décliné mes services : trois penseurs haïs par l’Université ! C’est ainsi qu’au moment de solliciter l’habilitation aux fonctions de maître de conférence auprès de la fameuse section 17 du CNU (ce « repère de crapules » comme disait Deleuze), voici déjà un bout de temps, je m’entendis annoncer non sans ironie que l’Université n’avait pas encore créé de poste de « non-psychanalyste » à ma mesure, que par conséquent je devrai repasser. Dont acte ! De ce fait j'ai enseigné la philosophie dans le secondaire en tant que professeur certifié, j'ai écrit plusieurs livres, fabriqué des sites internet, publié des centaines d'articles sur des dizaines de blogs, jusqu'à me qualifier moi-même de « sérial-blogueur ».
Pourtant je ne suis guère un « blogueur » au sens où ce terme suppose un épanchement quotidien, fait d’humeurs ou d’opinions portant sur l’actualité ou l’air du temps (même philosophique). Je déteste ce genre de bavardage, même spirituel, cultivé, « élevé ». Tant qu’à faire, je suis un maniaque de l’information brute. C’est pourquoi j’alimente de nombreux fils d’informations dans les domaines qui m’intéressent (des nouvelles technologies jusqu’aux publications philosophiques, en passant par la psychanalyse ou la poésie). Et par ailleurs (dualité stricte), je « pratique » la théorie sans concession, en m’efforçant de ne pas jargonner (lacanien ou autre) mais seulement d’être clair et précis. Je n’écris pas d’« essais » tous public, je décline tout passage à la radio ou à la TV (ne croule pas non plus sous les propositions dans ce sens : tant mieux), et je sors pas compulsivement tous les 3 mois un nouveau "bouquin" (vulgarité de ce mot !). Depuis vingt ans j’ai publié dans diverses revues et collaboré à une dizaine d’ouvrages collectifs, mais je ne m’amuserai pas à les lister ici. Publier des livres n’est pas essentiel pour moi – plutôt inventer de nouvelles manières d’écrire – même si j’en comptabilise une bonne dizaine ainsi que deux ou trois à paraître ces prochaines années (dont un "Manuel lacanien de philosophie à l'usage des classes terminales et au-delà").
Essentiellement, sur le long cours, je continue donc de travailler sur la psychanalyse lacanienne (considérant que la philosophie manque l'essentiel si elle ne tient pas compte de son symptôme historique, la psychanalyse), et parallèlement je creuse toujours plus l’approche laruellienne « non-standard » (ou générique) de la même philosophie (devenue lacanienne entre-temps…), ces deux recherches étant amenées à fusionner via une méthode que j’ai qualifiée de « dualyse » : la dyade philosophie-psychanalyse reste mon matériau, et la dualyse non-philosophique constitue ma méthode. La dualyse elle-même est une articulation très spéciale de la philosophie (comme discipline dite générale) avec les sciences (comme disciplines dites régionales) mais remettant en cause justement cette hiérarchie du général et du régional, et techniquement permettant une mise à distance, une redéfinition et une réexploitatation d'un matériau conceptuel quelconque. Le produit de ce travail sera, à l’horizon de 2023-2024 la double publication d’un « Lexique lacanien de philosophie », et d’un « Lexique non-philosophique » (car selon moi la dualyse se concrétise littérairement en « terminologie » - non lexicologique et non-encyclopédique), en attendant une série de textes plus expérimentaux et sans objets définis (hors-concepts). Mes écrits antérieurs ainsi que les publications actuelles sur mes trois blogs principaux (Miettes non-philosophiques, Philia & Sophia, Brèves lacaniennes), qui parfois reprennent d’ailleurs les précédents, n’en sont pas encore à la phase dualytique elle-même mais seulement à la phase préparatoire : celle où s’expose un matériau philosophico-psychanalytique riche de sa propre rationalité. A ce propos, si la philosophie se veut raison de l’existence, la psychanalyse est plus rationnelle encore – moins « délirante » en un sens - car elle ne s’éloigne jamais d’un réel qui ne laisse pas d’insister. Du côté « non-philosophique », précisons bien que la pensée de Laruelle, contrairement à ce que certains disent sans l’avoir lu, n’est pas davantage du genre spéculative ou encore « délirante », puisqu'elle revendique au contraire un rapport étroit avec la science, notamment la quantique (sans se prétendre elle-même science ni être une épistémologie), et là encore affirme une dépendance stricte (unilatérale) à l’égard du réel. Lire Laruelle, c’est assurément fréquenter l’école de la rigueur. Quant au réel de la science, du moins la science scientiste, idéologique, discourant sur elle-même, la science utilitariste et progressiste mais prête aux compromissions financières et capitalistes les moins conséquentes, minant bel et bien l’avenir, ce réel est taxé par la psychanalyse aussi bien que par Laruelle d’imaginaire (spéculaire, précisément) à juste titre.
Mes livres
- De la psychanalyse à la non-philosophie. Lacan et Laruelle (Kimé, 1999) – J’esquisse dans ce livre (résumant ma thèse) une théorie et une pragmatique non-psychanalytiques de la psychanalyse. Non pas une étude comparée des théories de Lacan et de Laruelle, mais plutôt une « dualyse » de Lacan et de ses interprétations (philosophiques, puis intra-analytiques) selon un point de vue laruellien. Par la suspension des fondements mêmes de la psychanalyse (en particulier ses thèses sur le réel et la jouissance) et dans le cadre d'une mise à plat globale de la « suffisance » philosophique, je cherche paradoxalement à généraliser et relayer positivement la psychanalyse lacanienne en l'extrayant, autant que possible, du discours philosophique.
- Dictionnaire de la jouissance (L’Harmattan, 2000) et Dictionnaire de la perversion (L’Harmattan, 2002) – J’aborde dans ces deux livres des questions plus concrètes d’ordre clinique ou psychopathologique (névrose, psychose, perversion, sublimation, etc.), toujours en utilisant le matériau lacanien et post-lacanien ; mais en révisant le concept de Sujet et l’articulation Sujet/Jouissance je tente d’ouvrir des perspectives éthiques et existentielles au-delà de la psychanalyse. Avec le recul, je suis moyennement satisfait de ces deux publications qui, si elles me semblent encore de « bonne tenue » d’un point de vue psychanalytique orthodoxe, peinent justement à ouvrir la voie « non-psychanalytique », les ouvertures proposées à la fin des articles s’avérant par trop allusives. Depuis, j’ai réécrit la plupart de ces textes.
- Dictionnaire de l’amitié (L’Harmattan, 2003) – Comment la tradition philosophique a construit une doctrine de l'amitié en identifiant l'Ami tantôt à l'âme et à la belle âme, au frère et à l'alter ego, au prochain et au lointain, à Dieu et à la femme, bref en idéalisant et en confondant l'ami réel avec un concept toujours mixte et problématique de l'amitié. « Il n'y a nul ami » : tel est son leitmotiv et sa conclusion. J’essaie d’infléchir cet idéalisme congénital des morales philosophiques vers une érotique de l’amitié qui, d’une part, n’ignore pas la pulsion (proximité de la joie et de la jouissance – c’est l’apport psychanalytique), d’autre part, qui tienne compte aussi du caractère Un-radical de l’ami réel, qui n’est même pas l’Unique, et avec lequel il est impossible de faire Un (c’est l’apport non-philosophique : le réel de l’ami avant tout concept d’amitié).
- Un amour de moi. Miettes autobiographiques (Les Contemporains favoris, août 2013). – Fragments d’un récit d’enfance « autofictionnel », cocasse et cruel, bien fait pour illustrer l’adage selon lequel le ridicule ne tue pas (quoique).
- La poésie élémentaire. Défense et illustration (Les Contemporains favoris, septembre 2013). - La « Poésie élémentaire » désigne un courant plus ou moins spécifique et tentaculaire à travers le vaste continent des poésies dites « concrètes » (visuelles et sonores) et « performatives », pratiques extrêmement variées dont l'« élémentaire » pourrait bien représenter comme une idée directrice ou une sorte de fil rouge. Cet ouvrage défend et illustre une posture distanciée face à la « chose poétique », réservant la primeur au pastiche et au ready-made. Deux grands ensembles structurent cet ouvrage : une première partie théorique dite de défense (« Introduction à la Poésie élémentaire », articles) et une seconde dite d'illustration pratique (« Mélanges et pastiches », poèmes).
- Etudes lacaniennes. Psychanalyse, science, philosophie (Les Contemporains favoris, collection bleue/essais, octobre 2013) - Ce livre se penche sur les relations fondamentales mais « compliquées » que la psychanalyse entretient avec la philosophie et l’éthique, les sciences et la logique, les pratiques sociales ou encore l’éducation. Résolument, la psychanalyse (selon Freud et Lacan) est présentée ici comme un discours structuré et consistant, une théorie et une clinique du sujet indispensables, enfin une expérience thérapeutique construite et fortement pensée. Il s’agit d’un livre d’approfondissements épistémologiques relativement dense et complexe, pouvant concerner des philosophes autant que des psychanalystes ; son esprit reste « lacanien » dans l’ensemble.
- La loi du désir et les névroses (Les Contemporains favoris, collection Psy-Poucet, 2014), sous le pseudonyme de Simon Canat - Alors que les médias ne font plus entendre que les mots simplificateurs de dépression et de stress comme s’ils résumaient à eux seuls l’ensemble des maux psychiques affectant l’homme moderne, alors que le lobby neuropharmacologique étend son hégémonie au moyen du fameux D.S.M. (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux), seule la psychanalyse propose encore de chercher du sens derrière les affections psychologiques, faisant l’effort de les structurer dans une logique subjective et existentielle où le désir fait loi. Dans ce court exposé qui se veut avant tout pédagogique et accessible à tous, délibérément expurgé de tout jargon, je reprend les fondamentaux de la psychanalyse freudienne et lacanienne autour du concept de névrose tout en présentant un tableau psychopathologique bien plus large (incluant notamment perversion et psychose). Qui ne se sentirait concerné par des questions telles que : Un père réel endosse-t-il toujours la fonction paternelle ? Toute existence repose-t-elle sur une identification imaginaire ? Comment s’articulent angoisse et symptôme ? Le pervers est-il un être narcissique ? Le délire est-il une tentative d’auto-guérison ? Etc.
- Hérésies non-philosophiques (Les Contemporains favoris, collection bleue/essais, Juillet 2015). Je publie dans cette somme de 500 pages un ensemble d’études portant plus ou moins directement sur la non-philosophie et/ou sur l’œuvre de F. Laruelle. I. Critique du principe de philosophie suffisante. II. Pour une pensée (vraiment) non-religieuse. III. Études laruelliennes. L’occasion de découvrir une théorie et une pensée exceptionnelles, certes d’une grande complexité mais aussi d’une très grande rigueur, incroyablement occultées dans l’espace – français tout au moins – de la philosophie contemporaine. Présentation complète et Sommaire ici : http://urlz.fr/2clk
- Eros et Thanatos à l'ère du numérique. Suivi de : Remarques sur le Virtuel (Les Contemporains favoris, collection Psy-Poucet, Août 2015) - Nous savons tous combien la poussée du numérique, d’internet, des nouvelles technologies et autres objets communicants est en train de changer profondément non seulement notre rapport au monde et aux autres, mais aussi à nous-mêmes, au corps, au plaisir, à l’intime. Or justement il semble que la prise en compte du plaisir éprouvé dans les environnements numériques subisse encore une sorte de censure faute d’avoir intégré « la table des valeurs et des concepts faisant partie de la culture », comme l’écrivait Gilbert Simondon en son temps à propos des machines. C’est ici que l’outillage conceptuel de la psychanalyse nous est précieux avec ses corrélations telles que principe de plaisir / principe de réalité, pulsion de vie / pulsion de mort, et surtout depuis Lacan la distinction entre plaisir et jouissance, pour tâcher de comprendre ce qu’il en est d’une jouissance du numérique qui ne serait réductible ni à un plaisir inconsistant ni à une addiction morbide, et qui ne désespèrerait pas de la fonction symbolique dans la cité des ordinateurs et des algorithmes. Dans la seconde partie, "Remarques sur le virtuel", je me permets de rappeler quelques fondamentaux sur l’intrication du réel et du virtuel avant d’évoquer non sans ironie quelques-unes des résistances culturelles opposées à la dématérialisation.
- Face au harcèlement, une éthique de la parole (Les Contemporains favoris, collection Psy-Poucet, 2019), sous le pseudonyme de Simon Canat - Le harcèlement nous apparaît comme un mal contemporain, voire comme un mal du siècle. De l’école jusqu’à la politique, en passant par le bureau, le phénomène s’est banalisé et semble atteindre toutes les strates de la société. Nous voyons naître des maux, des maladies, des violences, qui n'existaient pas auparavant – y compris de nouvelles formes d’esclavagisme. Nous faisons l'hypothèse que le harcèlement non seulement en fait partie, mais qu’il en résume l’esprit. Il est devenu l’autre nom du Pouvoir – et le Pouvoir le sait bien. D’un autre côté, si le harcèlement est partout, il n'est nulle part. Or s’il est important de nommer le mal, pour le dénoncer, il n’est pas moins requis de l'imputer à des sujets, pour tenter de les traiter. Le fait est que nous avons affaire à des actes singuliers, impliquant des individus dotés d’une structure psychique particulière, que nous n’hésiterons pas à caractériser comme perverse. Où certes le rapport à la loi est biaisé, mais où la prééminence de la chose sexuelle est non moins patente. Quiconque ne voit pas le motif systématiquement sexuel, explicitement sexiste, de tout acte de harcèlement, assurément ne voit rien. Un acte qui est de parole. C’est là l’autre point essentiel : le harcèlement dit « moral » est un phénomène essentiellement verbal. C’est pourquoi, spécifiquement, il s’agirait de réfléchir à un usage éthique de la parole pour contrer cet usage vicié du langage qu’est, selon nous, le harcèlement. Que faire – au mieux – face au harcèlement ? Comment y répondre ? C’est donc bien la dimension du langage, plus précisément de la parole, qu’il convient de pointer. Que dire, comment dire, comment ne pas laisser dire ?
- Jean-Martin Charcot, homme de théâtre, LCFavoris, "Les introuvables", 2014 (En numérique exclusivement)
« Ecrire », éditer
Je n’ai jamais séparé mon intérêt pour la pensée philosophique et ma passion pour l’écriture poétique. Non pas qu’elles puissent se confondre, ou se mélanger ; je ne crois pas à l’unité d’une pensée ou d’une écriture poético-philosophique. Bien au contraire leur différenciation demeure essentielle. Pourtant il y a bien un dénominateur commun à mes différents centres d'intérêt, qu'ils soient littéraires, philosophiques ou même artistiques ; une problématique que j'ai mis du temps moi-même à identifier et qui est celle des "écritures-limites", de la lisibilité en général. A y bien réfléchir, c'est cela qui m'a poussé à la fois vers des auteurs particulièrement retors comme Derrida, Lacan, Laruelle, Valdinoci (essayez un peu celui-ci !), ET par ailleurs vers des formes d'écriture poétique qui se soucient assez peu du Sens, surréalistes, formalistes, ou bien « élémentaires » et concrètes (poésies visuelles et sonores, performances, ready-made généralisé à la Filliou). Je suis encore tenté par l’écriture poétique (= expérience d'écriture en tant que telle), même si je me considère littéralement comme un « poète mineur »… J’ai d'abord édité des fanzines et des revues à la fin des années 80 (Passagère(s), La Poire d’angoisse…), puis j’ai créé les éditions de littérature contemporaine « Les Contemporains favoris » dans les années 90, éditions que j'ai ressuscitées récemment en y ajoutant plusieurs collections de philosophie et de psychanalyse. De la poésie concrète « élémentaire » aux blogs et aux réseaux connectés, en passant par la publication de livres imprimés, voici quelques jalons d’un parcours éditorial que je ne suis pas spécialement pressé de « boucler ».
Enseignement et autres
Je suis ouvert aux innovations et aux expérimentations pédagogiques, notamment celles utilisant les supports numériques ; sympathisant à l’égard de ce qu’on nomme parfois les « nouvelles pratiques philosophiques » à l’école et dans la cité (car il y a bien moins de « suffisance » chez ces nouvelles générations de philosophes qu’avec les anciennes). Je travaille moi-même à un projet d’elearning (assistance, formation et enseignement à distance) dont la philosophie sera l’épicentre. Wait & see... Par ailleurs, en mars 2011 j'ai créé sur Facebook le groupe de discussion "Enseigner la philosophie" où échangent désormais environ 3000 professeurs de philosophie sur des questions de pédagogie et de didactique de cette discipline, groupe que je coadministre maintenant avec plusieurs collègues.