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« Les biens communs nous offrent davantage de liberté et de pouvoir que ne le font l’État et le marché

« Les biens communs nous offrent davantage de liberté et de pouvoir que ne le font l’État et le marché
La notion de « biens communs » attire de plus en plus l’attention et l’intérêt de divers acteurs du changement social. Qu’il s’agisse d’écologie, de défense des services publics, de culture ou de technologie, les biens communs – ou, plus simplement, les « communs » – ont pour principal attrait de dessiner une alternative pratique aux logiques de commerce et de contrôle, mettant l’accent sur la coopération et le partage, et redonnant du pouvoir et de l’autonomie aux simples citoyens. La notion de « biens communs » est invoquée à propos de choses très différentes entre elles, depuis la gestion collective des ressources naturelles jusqu’à Linux et Wikipedia, en passant par la préservation des traditions indigènes, les services et infrastructures publics, les coopératives et l’économie solidaire, les jardins partagés et les AMAP… Difficile parfois de trouver un fil conducteur. Basta ! Pourquoi est-il utile de réfléchir à ce qu’il y a de commun entre les communs ? Photo : CC Bindalfrodo Related:  Économie

Compétitivité: comment l'industrie allemande a profité des bas salaires L'Allemagne est le pays d'Union européenne où l'écart salarial est le plus important, mais c'est ce décalage qui fait la force de l'industrie outre-Rhin. Un rapport de France Stratégie, publié vendredi 28 août, est arrivé à cette conclusion en comparant les salaires entre la France et l'Allemagne. Une forte segmentation par secteur Si le coût du travail est moins cher en Allemagne -une heure de travail dans l'économie privée coûte 9,4 % de moins qu'en France, selon des chiffres rendus publics en mai 2014 par Destatis-, les salariés sont mieux rémunérés. Là où en France le salaire minimum a joué le rôle d'"égalisateur", son absence -jusqu'en 2015 du moins- en Allemagne a donné lieu à une plus forte segmentation par secteur, remarque l'étude. | Lire Salaire minimum allemand et français, des cousins... pas très germains Crédits : France Stratégies. Le salaire minimum, vecteur de changement >> Aller plus loin La hausse des salaires allemands rééquilibrera-t-elle le modèle économique du pays ?

La France populaire décroche Les inégalités de revenus augmentent depuis une quinzaine d’années. Alors que les 10 % les plus riches touchaient en moyenne six fois plus que les 10 % les plus pauvres en 1998, ils perçoivent désormais 7.5 fois plus. L’indice de Gini a encore plus de sens que les valeurs extrêmes de la distribution des revenus, car il mesure l’écart entre la distribution des revenus à tous à tous les niveaux et, une situation d’égalité. En clair : il synthétise l’état des revenus à chaque niveau. Plus il est proche de zéro, plus l’égalité est grande. Depuis 2008, le phénomène s’accentue et une situation nouvelle apparaît : les niveaux de vie des plus démunis jusqu’aux classes moyennes diminuent. Les très hauts revenus s’envolent En 2011, les 0,01% les plus riches (environ 6 000 personnes) gagnaient – avant impôts et prestations sociales, pour une personne seule – au minimum 243 000 euros de plus qu’en 2004, selon l’Insee. Cette augmentation représente une hausse de 42,8 % et l’équivalent de l’ensemble de ce que touche un salarié au Smic en dix-huit années de travail. Chaque année, ces 6 000 personnes reçoivent au minimum (il s’agit du seuil d’entrée dans la tranche) ce qu’un salarié au Smic peut espérer recevoir en soixante année de travail ! Au cours de la même période, le revenu qui partage la population en deux (revenu médian) a augmenté de 1 400 euros (+ 7,7 %). Le seuil inférieur des 1 % les plus riches a progressé de près de 10 000 euros et celui des 0,1 % de 48 400 euros. Les revenus des plus aisés dépendent pour beaucoup des rendements de capitaux placés sur des marchés financiers, fortement volatils à court terme.

Le capitalisme, voilà la « source du mal », écrit Einstein Je suis maintenant arrivé au point où je peux indiquer brièvement ce qui constitue pour moi l’essence de la crise de notre temps. Il s’agit du rapport entre l’individu et la société. L’individu est devenu plus conscient que jamais de sa dépendance à la société. Mais il n’éprouve pas cette dépendance comme un bien positif, comme une attache organique, comme une force protectrice, mais plutôt comme une menace pour ses droits naturels, ou même pour son existence économique. En outre, sa position sociale est telle que les tendances égoïstes de son être sont constamment mises en avant, tandis que ses tendances sociales qui, par nature, sont plus faibles, se dégradent progressivement. Pour des raisons de simplicité, je veux, dans la discussion qui va suivre, appeler « ouvriers » tous ceux qui n’ont point part à la possession des moyens de production, bien que cela ne corresponde pas tout à fait à l’emploi ordinaire du terme. La production est faite en vue du profit et non pour l’utilité.

Le revenu de base (1/3) : les fondements A l'origine rien ne pouvait laisser présager que l'idée réunirait libéraux et socialistes. Pourtant c'est bien la spécificité du revenu de base : il séduit tous les camps politiques, à quelques exceptions près. Réunis dans plusieurs associations, à l'échelle française, européenne et mondiale, des individus œuvrent activement à la réalisation du revenu de base, persuadés qu'avec lui, une nouvelle société est possible. Si le concept a de quoi séduire, c'est qu'il porte en lui le rêve d'une société plus juste, qui parviendrait à éradiquer la pauvreté. Un problème de fond, pour des pays riches où la misère a toujours sa place à côté de l'opulence. La convergence de mouvements opposés Le spectre des défenseurs du revenu de base est en effet très large : difficile, voire impossible, de répertorier l'ensemble des penseurs qui se sont ralliés au mouvement ou qui y ont été associés. Selon Thomas Paine, cette dépossession doit être compensée par une allocation versée par l'Etat. Et aujourd'hui ?

« Face à la dimension criminelle de la crise, les élites sont aveugles, incompétentes ou complices Basta ! : Vous analysez les crises financières au prisme de la criminologie. Pour vous, la crise de 2008 est-elle due à des comportements criminels ? Jean-François Gayraud [1] : Le nouveau capitalisme qui se développe depuis les années 80 comporte des incitations et des opportunités à la fraude d’une ampleur inédite. L’alliance entre la financiarisation, la dérégulation et une mondialisation excessives forme un cocktail explosif. Il ne s’agit pas d’être « mono-causal » et de tomber dans la théorie du complot. Avons-nous avancé depuis la crise de 2008, pour éviter de nouvelles crises ? Entre 2008 et 2012, nous avons connu une révolution, dans le sens astronomique du terme : nous sommes revenus au point de départ ! Comment l’expliquez-vous ? Il y a un problème de déni et d’aveuglement. D’où vient cette situation ? C’est une question de rapport de force entre pouvoir politique et pouvoir financier. C’est la question centrale. Oui. Est-ce mieux en Europe ? La situation est parfois pire.

« La dette neutralise le temps, matière première de tout changement politique ou social Basta ! : Vous dites que l’Homo debitor est la nouvelle figure de l’Homo economicus. Quelles sont les caractéristiques de ce « nouvel homme » ? Maurizio Lazzarato : De nombreux services sociaux, comme la formation ou la santé, ont été transformés en assurance individuelle ou en crédit. Le mode de développement néolibéral est fondé sur le crédit et l’endettement. Cette situation s’est aggravée avec la crise des subprimes de 2007. Le droit à la formation ou au logement s’est transformé en droit au crédit… C’est une logique qui ne fonctionne que si l’économie est en expansion. En quoi cela fonde-t-il un nouveau rapport social, et un nouveau rapport au temps ? J’ai repris l’hypothèse que développe Friedrich Nietzsche : le rapport social fondamental n’est pas l’échange économique ou l’échange symbolique, mais le rapport débiteur/créditeur. Une dette, ce n’est pas seulement de l’argent à rembourser, mais des comportements à ajuster, du temps passé à se plier à des contraintes, écrivez-vous.

Monique Pinçon-Charlot : « La violence des riches atteint les gens au plus profond de leur esprit et de leur corps Basta ! : Qu’est-ce qu’un riche, en France, aujourd’hui ? Monique Pinçon-Charlot [1] : Près de 10 millions de Français vivent aujourd’hui en-dessous du seuil de pauvreté. Celui-ci est défini très précisément. Mais il n’existe pas de « seuil de richesse ». Nous nous sommes intéressés aux plus riches parmi les riches. Pourquoi est-il si difficile de définir cette classe ? La richesse est multidimensionnelle. A cela s’ajoute la richesse sociale, le « portefeuille » de relations sociales que l’on peut mobiliser. Il existe aussi une grande disparité entre les très riches... Bernard Arnault, propriétaire du groupe de luxe LVMH, est en tête du palmarès des grandes fortunes professionnelles de France, publié chaque année par la revue Challenges. Malgré l’hétérogénéité de cette classe sociale, les « riches » forment, selon vous, un cercle très restreint. On trouve partout les mêmes personnes dans une consanguinité tout à fait extraordinaire. C’est une violence inouïe. C’est une nécessité absolue.

L'essence du néolibéralisme, par Pierre Bourdieu (Le Monde diplomatique, mars 1998) Le monde économique est-il vraiment, comme le veut le discours dominant, un ordre pur et parfait, déroulant implacablement la logique de ses conséquences prévisibles, et prompt à réprimer tous les manquements par les sanctions qu’il inflige, soit de manière automatique, soit — plus exceptionnellement — par l’intermédiaire de ses bras armés, le FMI ou l’OCDE, et des politiques qu’ils imposent : baisse du coût de la main-d’œuvre, réduction des dépenses publiques et flexibilisation du travail ? Et s’il n’était, en réalité, que la mise en pratique d’une utopie, le néolibéralisme, ainsi convertie en programme politique, mais une utopie qui, avec l’aide de la théorie économique dont elle se réclame, parvient à se penser comme la description scientifique du réel ? Cela dit, cette « théorie » originairement désocialisée et déshistoricisée a, aujourd’hui plus que jamais, les moyens de se rendre vraie, empiriquement vérifiable.

La «libération fiscale», propagande fantaisiste du libéralisme C’est le marronnier des ultralibéraux. Leur petite fête nationale, qu’ils ont eux-mêmes créée, et dont ils se repaissent jusqu’au ridicule. Comme chaque année en été, un pseudo institut économique, relayé en exclusivité par la presse de droite, célèbre ainsi «le jour de libération fiscale», date censée illustrer de façon symbolique le moment de l’année où le contribuable français cesse de «travailler pour l’Etat». Et où il peut enfin disposer pleinement de ses revenus. Selon l’institut Molinari, le jour de la libération fiscale aura donc lieu, en France, ce mercredi 29 juillet, soit un jour plus tard qu’en 2014. Première chose : l’institut prend comme référence l’imposition du salaire moyen, qui inclut donc à la fois celui du smicard et du millionnaire… Une moyenne très malvenue en cette matière, où le niveau d’imposition dépend fortement du montant et de la nature des ressources.

Imposture du capitalisme moral, par Yvon Quiniou (Le Monde diplomatique, juillet 2010) Ne serait-il pas temps de moraliser le capitalisme ? Au plus fort de la crise, l’interrogation a été formulée par nos dirigeants, M. Nicolas Sarkozy en tête, c’est-à-dire par ceux-là mêmes qui se livraient auparavant à une apologie inconsidérée du libéralisme censé représenter la « fin (heureuse) de l’histoire ». L’économiste ultralibéral Friedrich Hayek avait déjà énoncé cette objection au XXe siècle (1) : seul un comportement individuel intentionnel pourrait être qualifié de juste ou d’injuste — ce ne peut être le cas d’un système social qui, en tant que tel, n’a été voulu par personne. Cette thèse a trouvé une nouvelle jeunesse récemment grâce à André Comte-Sponville dans son livre Le Capitalisme est-il moral ? Cynisme à l’égard de la politique La morale apparaît alors en position d’extériorité, le capitalisme se situant hors champ : ni moral ni immoral, mais amoral. Mais quelles valeurs et donc quelle politique ?

Allemagne, une hégémonie fortuite, par Wolfgang Streeck (Le Monde diplomatique, mai 2015) Après guerre, la République fédérale d’Allemagne n’a jamais nourri le projet de régir l’Europe. Tous ses responsables politiques, de quelque bord qu’ils soient, pensaient que leur pays avait un problème fondamental vis-à-vis de ses voisins : il était trop grand pour susciter l’amour et trop petit pour inspirer la crainte. Il lui fallait donc se fondre dans une entité européenne plus vaste, qu’il dirigerait de concert avec d’autres nations comme la France. Tant que l’Allemagne disposait d’un accès sûr aux marchés étrangers, tant qu’elle pouvait s’approvisionner en matières premières et exporter ses produits manufacturés, elle ne se souciait guère d’acquérir une place sur la scène internationale. Le gouvernement de Mme Angela Merkel doit aujourd’hui faire face à une tout autre situation. Les difficultés sont considérables. Dans le sud de l’Europe, l’adoption de l’« assouplissement quantitatif (1) » par la Banque centrale européenne a été applaudie comme une victoire sur Berlin.

Spéculation : l'Espagne a déjà remboursé trois fois sa dette ! En dix ans, l’Espagne a remboursé 1 020 milliards d’euros de dette, taux d’intérêt compris. Soit trois fois le montant de ce que l’État avait emprunté en 2000. Un énorme transfert des richesses ponctionnées sur la population et les services publics au bénéfice de riches créanciers. Comme en Grèce ou au Portugal… La dette de l’État espagnol est le point de mire de toute l’Europe, du fait que les marchés financiers (banques d’investissement, fonds vautours et assurances) continuent à spéculer sur cette dette avec un seul objectif : amasser de juteux bénéfices. Et cela provoque l’appauvrissement de la population dans son ensemble, car toute cette spéculation conduit à une augmentation progressive des intérêts à payer, réduisant à leur tour d’autres dépenses de l’État : éducation, prestations de retraite, vieillesse et chômage, justice, santé ou services sociaux. Effet boule de neige Nécessité d’un audit de la dette Photo : Photo : Dan Simpson

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