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Le viol parfait

Le viol parfait
Le Bien est transparent : on voit à travers. Le Mal, lui, transparaît : c’est lui qu’on voit à travers. — Jean Baudrillard C’est en filigrane de l’actualité, pourtant chaque fois que j’évoque la notion de « culture du viol » dans une conversation (en particulier dans une conversation numérique), je constate cette tendance générale à la crise d’urticaire et aux convulsions idéologiques. Une société progressiste, civilisée, transformée par plusieurs générations de luttes féministes, une société dont la brillance d’esprit se manifeste explicitement de ses réussites technologiques au déploiement mondial de son système économique, et dont la vertu est religieusement accomplie au panthéon du respect des droits humains, une société qui a atteint les hautes sphères de la distinction entre le Bien et le Mal, cette société-là ne saurait encourager le viol. Indice de normalisation culturelle du viol Le mot « viol », dans « culture du viol », fait peur à ses détracteurs. Related:  violences

J'ai été victime de viol conjugal — Témoignage Le viol conjugal, ça reste un tabou. Le viol est déjà tabou en lui-même. On n’en parle pas, ou si peu, en baissant la voix… Pourtant, des femmes (et des hommes) violé-e-s, on en croise tous les jours. Je suis toujours choquée d’entendre autant de « Tu sais, moi aussi… » quand je raconte mon histoire, quand je casse la barrière de « la victime digne », celle qui se fait oublier. Mais le viol conjugal gagne des sommets en la matière. « Quand je faisais mon droit, il n’y avait pas de viol entre époux. Je ne prendrai pas la peine de démontrer point par point l’absurdité et la violence de ce commentaire, parfait produit de la culture du viol. Mais en tant que victime de violence, et en tant qu’amie de victimes de violences, je me dis que plus je serai silencieuse, plus certains s’octroieront le droit de faire ce genre de déclaration. Qu’elles souffrent en silence ; leurs douleurs n’existent pas, leurs intégrités n’existent plus. Nous avons gagné. Une relation toxique Je voulais toujours vivre.

Les mythes, les idées reçues et les préjugés autour du viol Les mythes ou idées reçues autour du viol désignent les croyances entourant le crime en lui-même, les victimes et les coupables. On les définit par des attitudes et croyances fausses mais profondément et constamment entretenues servant à nier et à justifier le viol. Ces mythes, par des idées fausses répétées constamment, servent à décrédibiliser la personne violée et à excuser le violeur. Etudions donc à présent ces mythes : Mythe : Les femmes mentent et accusent des hommes de viol car elles regrettent une relation sexuelle ou veulent se venger En parlant de de Samantha Geimer, jeune fille de 13 ans droguée et violée par Roman Polanski, Alain Finkielkraut souligna que "ce n'était pas une fillette, une petite fille, une enfant, au moment des faits" et Costa Gavras déclara qu'"elle en faisait 25". Mythe : les violeurs sont des inconnus dans une ruelle sombre avec un couteau Ces éléments sont absents de la plupart des viols commis. Mythe : ce sont les jeunes et jolies femmes qui sont violées

Comment être une bonne victime de viol Nous le savons tous et toutes, la société française est extrêmement attentive au problème du viol, et tant au niveau éducatif que répressif, mène une lutte sans relâche contre ce crime. Néanmoins il convient de parfois faire preuve de bon sens - et disons le tout net les femmes en manquent souvent - prodiguons leur quelques conseils afin de devenir une parfaite victime de viol. Cela vous semblera, de prime abord, pas totalement évident, mais en y mettant un peu du vôtre, vous devriez y arriver. - Ne soyez pas un homme. - Ne soyez pas une femme pubère ou en voie de l'être. - Ne sortez pas de chez vous à part pour des activités dignes comme les soins aux cancéreux ou la visite à une grand-mère malade. - Ne restez pas chez vous en compagnie d'hommes. - Ne restez pas chez vous seule ; c'est une tentation pour tout homme innocent qui viendrait à découvrir que vous osez rester seule. - N'ayez pas des signes ouvertement susceptibles de provoquer ; des seins, des yeux, une bouche, des bras.

Le "Slut Shaming" Cet article est une contribution de Thomas, merci à lui. Pour contribuer à ce blog, vous pouvez envoyer une proposition d’article à l’adresse cafaitgenre[at]gmail.com. [Les réactions violentes subies par une amie proche qui aurait eu une attitude « malsaine » et « dévergondée » à l’égard des hommes (c’est-à-dire une attitude séductrice et entreprenante tout à fait banale pour un homme, mais qui ne peut être que « malsaine » et « dévergondée » pour une femme…) m’ont inspiré cet article sur la question du « slut shaming ». « Slut shaming » est une expression anglaise, formée à partir de « slut » (« salope ») et « shame » (« honte »). Le terme de « salope » peut n’être pas employé de façon aussi directe. Une courte vidéo de Sarah Sloan McLeod intitulée « Slut shaming and why it’ wrong » résume de façon claire ce qu’il importe de penser de ce type de reproches particulièrement répandus, et ce qu’elle illustre en termes d’oppression des femmes dans notre société. « Salut ! Notes J'aime :

Inceste : des viols au proxénétisme, j'ai été victime de mon père de 6 à 14 ans Illustration d'un enfant victime d'inceste (AIRIO/LEHTIKUVA OY/SIPA) J’ai été victime de mon père de 6 à 9 ans, puis de 11 à 14 ans. Comme c’est souvent le cas dans ce type de situation, il a d’abord utilisé le jeu, dans le bain. Des viols aux "soirées" pédophiles Au début, c’était des agressions sexuelles, sans pénétration. Un jour, mon père a commencé à m’emmener à des soirées où j’étais agressée par plusieurs personnes. Les gens ignorent que, bien souvent, les images pédopornographiques que l’on trouve sur internet proviennent des familles elles-mêmes. J'ai porté plainte à 15 ans Lorsque j’ai eu 15 ans, une voisine qui avait des doutes m’a questionnée. Mon père a été arrêté le lendemain, la police a fait une perquisition chez lui, où les preuves s’accumulaient. C’était en 1980, année où laquelle le viol est devenu un crime. Mon père n'a pas été jugé pour inceste Il ne pouvait pas être jugé pour inceste, ça n’existait pas dans la loi. "Non, je n’ai pas dit non."

La presse française et les mythes sur le viol Une étude de 2008 portant sur l'affaire Kobe Bryant, joueur de basket accusé de viol, a permis de mettre en avant plusieurs faits intéressants. Les chercheuses ont soumis aux sondée-s des articles de journaux contenant des mythes autour du viol (comme "elle a menti" ou "elle l'a bien cherché"). Ceux qui ont été exposés aux articles contenant des mythes, étaient plus susceptibles de croire en l'innocence de Bryant.Une seconde étude menée par les mêmes chercheuses s'est concentrée sur les titres d'articles consacrés à la même affaire. La presse et les media en général ont donc une responsabilité dans la manière de traiter des affaires de viol comme ils en ont une dans les affaires de violence conjugale. Etudions donc un article rédigé par l'AFP et repris sur plusieurs journaux dont Le point. Le policier est décrit comme "sûr de lui", "aux larges épaules". Ces deux portraits ne présentent aucun espèce d'intérêt pour nous lecteurs. Mais quelle est la portée exacte de cet article ?

L'inceste dans le code pénal : une avancée, mais le parcours reste long pour les victimes Illustration d'un enfant victime d'inceste (AIRIO/LEHTIKUVA OY/SIPA) Le 12 mai 2015, l’inscription de l’inceste commis sur les mineurs dans le code pénal a été adoptée par l’Assemblée nationale. L’article 22 de la proposition de loi sur la protection de l’enfance crée une sur-qualification d’inceste qui ne modifie pas les peines en se superposant aux incriminations pénales déjà existantes d’agression sexuelle, de viol et d’atteinte sexuelle, ainsi qu’à la circonstance aggravante déjà prévue "par ascendants ou toute autre personne ayant autorité de droit ou de fait". L'inceste, un phénomène massif aux conséquences graves L’inceste, que l’on peut définir communément comme des violences sexuelles commises sur un mineur par des membres de sa famille, est une violence particulière qui attaque l’identité de l’enfant et sa place au sein de sa famille, et brouille tous ses repères. Des incestes réprimés qu'en tant qu'atteintes sexuelles Considérer l'enfant comme consentant : pour le moins choquant

Comment les journalistes peuvent-ils parler des violences sexuelles : proposition de charte Après avoir étudié l'impact des mythes sur le viol et démontré leur présence dans la presse, il parait nécessaire de proposer un exemple de charte journalistique à l'instar de la charte espagnole sur les violences conjugales. Une charte de ce type a été proposée par Jessica Valenti dans The nation. Voici donc une proposition de charte française à destination de la presse à propos des violences sexuelles. - Les titres de articles parlent de viols et de violences sexuelles devront être neutres et ne pas tomber dans le sensationnalisme, ou prendre partie pour le violeur. - Si le procès n'a pas eu lieu avec un verdict de culpabilité, la victime doit être appelée "la victime présumée" et le coupable" l'agresseur présumé" ou "le violeur présumé". - La santé mentale de la victime présumée n'a pas non plus à être évoquée sauf si elle constitue un critère pertinent dans le procès. - Dans tous les cas, aucun témoignage positif ne devra être recueilli sur l’agresseur présumé.

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