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De l’utopie numérique au choc social, par Evgeny Morozov (Le Monde diplomatique, août 2014)

De l’utopie numérique au choc social, par Evgeny Morozov (Le Monde diplomatique, août 2014)
Dans la « salle de bains connectée », la brosse à dents interactive lancée cette année par la société Oral-B (filiale du groupe Procter & Gamble) tient assurément la vedette : elle interagit — sans fil — avec notre téléphone portable tandis que, sur l’écran, une application traque seconde par seconde la progression du brossage et indique les recoins de notre cavité buccale qui mériteraient davantage d’attention. Avons-nous brossé avec suffisamment de vigueur, passé le fil dentaire, gratté la langue, rincé le tout ? Mais il y a mieux. Comme l’affiche fièrement le site qui lui est consacré (1), cette brosse à dents connectée « convertit les activités de brossage en un ensemble de données que vous pouvez afficher sous forme de graphiques ou partager avec des professionnels du secteur ». Ce qu’il adviendra par la suite de ces données fait encore débat : en conserverons-nous l’usage exclusif ? Seront-elles captées par des dentistes professionnels ou vendues à des compagnies d’assurances ?

Grandeur et misère de la french tech La conception des premiers micro-ordinateurs et logiciels, au tournant des années 70 et 80, fut principalement menée aux Etats-Unis par IBM, Hewlett-Packard, Apple ou Microsoft. Si la France tenta d’impulser des programmes tel le Plan Calcul, elle rata dans les faits le premier moment de l’histoire de l’informatique industrielle. Elle rata encore au cours des années 90 la deuxième étape, celle de l’émergence d’Internet, de la création de start-up exploitant le commerce en ligne tel Amazon, ou s’engageant dans le marché de la recherche, vite monopolisé par Google. Elle rata enfin la troisième séquence, qui à l’aube du XXIe siècle fut nommée Web 2.0, entérinant la récente capacité des individus à participer à la création de contenus ou à s’exprimer sur les réseaux sociaux naissants, dont Facebook et Twitter représentèrent les figures inaugurales aussitôt dominantes. Dans les faits, c’est la dignité humaine qui est frappée en son cœur.

Un superordinateur a passé le test de Turing L’intelligence artificielle est un rêve commun à de nombreuses personnes à travers le monde, et ce depuis plusieurs décennies maintenant. Longtemps considérée comme inaccessible par certains, des avancées dans le domaine de l’intelligence artificielle sont pourtant faites régulièrement, comme on avait déjà pu le voir récemment avec l’ordinateur qui nous apprend à jouer à Pac-Man. Mais comment juger d’une intelligence artificielle ? Comment savoir si elle est réellement convaincante ? Eugene Goostman est un adolescent de 13 ans, un vrai petit con qui pense tout savoir mieux que les autres. Mais cette personnalité a été tellement convaincante qu’elle a permis au superordinateur en question de passer le test de Turing avec succès, trompant 33% des juges, là où on indique le plus souvent un seuil de 30% comme acceptable. Via | Image : Alejandro Zorrilal Cruz

Lecture – Vers un cauchemar algorithmique ? Tous artisans? Les promesses de la troisième révolution industrielle | Modes de vivre Dans la deuxième moitié du XIXe siècle naît en Angleterre le mouvement "Arts and Crafts", littéralement "Arts et Artisanat". Tandis que la révolution industrielle bouleverse le système productif et fait entrer les Britanniques dans l'ère de la production industrielle des objets, les tenants de ce mouvement, les "artistes-artisans", clament que le bonheur et l'avenir sont dans l'artisanat. Bonheur de l'artisan, car faire de ses mains un objet unique procure une satisfaction à nulle autre pareille. Bonheur du consommateur, car les premiers objets produits en série au début du XXe – le mobilier en particulier – sont de piètre qualité et n'ont aucune valeur distinctive. Mais on connaît la suite de l'histoire. Dans un fablab, à Bruxelles Mais plus fondamentalement, il s'intéresse à la manière dont le mouvement des makers transforme profondément nos sociétés. Alors, pourrons-nous demain être tous artisans? Qu'en est-il avec le numérique, et plus précisément le mouvement du faire?

Laurence Allard, le nouveau monde connecté - visions Le mobile : une révolution de «celles d’en bas» On a tendance à considérer la plupart de nos outils de communication comme de simples appareils de transmission, ou au mieux de transferts d’information d’une personne à une autre à l’instar du téléphone. Or la radio par exemple, lorsqu’elle a été inventé et expérimentée par Marconi à la fin du XIXe siècle, était tout autant un appareil de réception que d’émission de voix ou de musiques, comme le gramophone des origines servait tout autant à enregistrer qu’à écouter des sons ! Le mobile, explique-t-elle en détail dans notre long entretien, est selon les termes de Michel Foucault une «technologie du soi». L’homme diminué derrière l’homme augmenté… Logiques de partage. Cette vague de l’Internet des objets est considérée par certains comme la preuve d’un dépassement annoncé de l’humain par les machines. Laurence Allard se pose contre cette posture de domination totale vis-à-vis de son environnement comme de nos pairs humains.

Tech companies are trying to hasten the spread of the digital revolution, but a new study suggests it could do more harm than good Project Loon gets set for launch. A brave new digital world is rapidly emerging as Internet access, smartphones, and other technologies spread quickly through less wealthy nations. But could this sometimes be doing more harm than good? A fascinating new report from the World Bank examines the impact that these digital technologies are having around the world. It’s a sobering reminder that the spread of technology often isn’t the panacea that many hope it will be. The study did find positive aspects, which they call “digital dividends,” such as new economic growth and increased access to education. As the New York Times writes, this contradicts some of the assumptions behind Silicon Valley efforts to spread Internet access to poorer nations, such as Google’s Internet-by-balloon effort, Project Loon, and Facebook’s subsidized Internet service, Internet.org. (Source: World Bank, The New York Times)

Intelligence artificielle & Big Data : la France a peur ? - Sciences Un sondage de l'institut Ipsos révèle que les Français ont une opinion nuancée sur le Big Data et l'intelligence artificielle : les sondés saisissent aussi bien les enjeux que les dangers de ces technologies. L’Observatoire B2V des mémoires et l’Ifop viennent de publier de concert les résultats d’un sondage ayant pour thème le Big Data, l’intelligence artificielle et le rapport entre les deux domaines. Sans plus attendre, voici les principaux résultats : 69 % des sondés estiment que l’intelligence artificielle va s’améliorer avec l’utilisation massive des données68 % pensent que le Big Data sera utilisée à très long terme par les pouvoirs publics et les entreprises67 % estiment que le Big Data présente des avantages à court terme pour la santé et le bien-être65 % enfin estiment que l’intelligence artificielle définie comme « autonomie croissante des machines » par l’institut est inquiétante. Lire Quand le CAPTCHA de Facebook montre un drôle de "papillon"

Valérie Peugeot, l’avenir en communs - visions Bien plus qu’une idée : une vie en communs Communs ? Le mot sonne comme une abstraction. Il suffit pourtant de visiter a posteriori le site du festival Le Temps des communs d’octobre dernier dans sept pays francophones, dont des dizaines de villes françaises, pour constater à quel point les communs vivent désormais de mille feux, digitaux ou non, partout dans le monde, et en particulier dans ce qu’on appelle en France les «territoires». Prenez la page Brest en communs 2015 : le programme. De la vitalité des communs du numérique Présidente de l’association Vecam, et à ce titre copilote du festival Le Temps de communs, Valérie Peugeot donne tout naturellement l’exemple de Wiki Brest pour illustrer la vitalité des communs dans le nouveau monde digital : Au-delà du logiciel libre ou de Wikipédia, Il y plein de petits wikis qui fonctionnent à l’échelle d’un territoire. Une ressource, une communauté, une gouvernance : tels sont selon Valérie Peugeot les trois socles de tous communs.

Jaron Lanier: l’Internet ruine la classe moyenne Il fait partie de ces gens inclassables, qui gravitent dans l’univers de la high tech, aux confluences de l’informatique, la physique et les neurosciences. Un pionnier de la Silicon Valley mais ses dreadlocks le rangent plutôt parmi les techno-utopistes de Berkeley, et d’ailleurs c’est là qu’il réside, dans une maison-atelier assez grande pour entreposer sa collection d’instruments de musique traditionnelle (instruments à vent, cithares asiatiques), l’une des plus vastes du monde. Il est aussi compositeur, mais c’est une autre histoire qu’il n’a pas l’intention de raconter aujourd’hui. En 2010, le magazine Time l’a rangé dans les 100 personnalités les plus influentes du monde. Il y a une trentaine d’années, Jaron Lanier a été l’un des pionniers de la réalité virtuelle –la création d’univers numériques dans lesquels de vrais humains peuvent se mouvoir et échanger. Interview (en partie publiée dans Le Monde du 22 octobre) Q: En quoi l’internet détruit-il la classe moyenne ?

Digital Labor : comment répondre à l’exploitation croissante du moindre de nos comportements Pour le sociologue Antonio Casilli (@AntonioCasilli, blog), le travail numérique que nous accomplissons en ligne prête à confusion, explique-t-il en conclusion de cette 6e édition de Lift France. Pour donner de la matière à cette confusion, il montre une image de Google Hands, le livre réalisé par le designer américain Benjamin Shaykin, une compilation d’images provenant des livres numérisés par Google qui montrent les mains des opérateurs chargés de scanner les livres qui composent l’incroyable bibliothèque de Google. Une manière de montrer les petites mains, les hommes à l’oeuvre derrière l’immense entreprise de numérisation des connaissances humaines. Mais il n’y a pas que des opérateurs qui travaillent pour Google. Doit-on, peut-on, pour autant parler d’exploitation ? L’un des exemples les plus fameux de cette exploitation des contributions de la foule que l’on désigne souvent sous le terme de crowdsourcing, est bien sûr le fameux Mechanichal Turk d’Amazon (Wikipédia).

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