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David Bollier : « Les communs nous aident à sortir du carcan de l’économie néolibérale, à travers des alternatives concrètes »

David Bollier : « Les communs nous aident à sortir du carcan de l’économie néolibérale, à travers des alternatives concrètes »
Qu’il s’agisse d’écologie, de défense des services publics, de culture, de science ou de technologie, les biens communs – ou, plus simplement, les « communs » - ont pour principal attrait de dessiner une alternative pratique aux logiques de commerce et de contrôle, mettant l’accent sur la coopération et le partage, et redonnant du pouvoir et de l’autonomie aux simples citoyens. D’un autre côté, la notion de « biens communs » est invoquée à propos de choses extrêmement différentes entre elles, depuis la préservation des traditions indigènes jusqu’à Linux et Wikipédia, en passant par la gestion collective des ressources naturelles, les services et infrastructures publics, les coopératives et l’économie solidaire, les jardins partagés et les AMAP… Difficile parfois de trouver un fil conducteur. Dans son nouvel ouvrage, David Bollier entend expliquer ce qui rapproche les pratiques et les initiatives disparates que l’on regroupe aujourd’hui sous le terme de « communs ».

Écofascisme ou écodémocratie, par Serge Latouche Septembre a été le mois le plus chaud jamais enregistré sur la planète depuis que les températures sont prélevées scientifiquement (1880), a annoncé le 14octobre le Centre national océanique et atmosphérique américain. Cinq jours plus tard, le Conseil international pour la science mettait en garde : le monde va subir davantage de catastrophes naturelles meurtrières liées à l’accélération du réchauffement climatique. Emissions de gaz à effet de serre, pollution de l’air, consommation des ressources non renouvelables et de l’eau... Comment enclencher les cercles vertueux de la décroissance tout en garantissant la justice sociale, sans laquelle l’humanité est condamnée au désordre ? Le projet de construction d’une société autonome et économe rencontre une large adhésion, même si ses partisans se retrouvent sous des bannières différentes : décroissance, anti-productivisme, développement requalifié, voire développement durable. Taille de l’article complet : 3 142 mots. Vous êtes abonné(e) ?

Et si on fermait la Bourse..., par Frédéric Lordon Pour un peu, le grand spectacle de ces deux dernières années nous l’aurait presque fait oublier : là où la finance « de marché »* (les astérisques renvoient au glossaire), appellation un peu idiote mais il en faut bien une pour faire la différence, semble s’activer dans un univers clos, loin de tout et notamment du reste de l’économie, la finance actionnariale*, celle des propriétaires des moyens de production, campe à l’année sur le dos des entreprises — et, comme toujours, en dernière analyse, des salariés. Il a fallu la « mode du suicide » si délicatement diagnostiquée par M. Contre toutes les tentatives de dénégation dont on entend d’ici les accents scandalisés, il faut redire le lien de cause à effet qui mène du pouvoir actionnarial, dont plus rien dans les structures présentes du capitalisme ne retient les extravagantes demandes, à toutes les formes, parfois les plus extrêmes, de la déréliction salariale. Or c’est peu dire que les promesses positives de la Bourse sont douteuses.

La cotisation, levier d’émancipation, par Bernard Friot Qui contrôle les moyens de production ? Que produit-on, et sur la base de quelle définition de la valeur ? Questions décisives, mais absentes du débat public. Quand les salariés ploient sous l’austérité, les poser apparaît presque comme un luxe. La première suggère que le salaire servirait à satisfaire les besoins des travailleurs, comme en témoigne l’expression « prix de la force de travail ». Définir les producteurs par la ressource qu’ils tirent de leur « capital humain », et non par leur capacité à décider de la valeur économique (lire « Mots-clés »), et par conséquent de ce qui va être produit, par qui et comment : telle est la représentation que tente d’imposer le capitalisme. Il convient de préciser qu’on se réfère ici au salaire total, à ne pas confondre avec le salaire net — celui qui figure au bas de la feuille de paie — ni avec le salaire brut, qui ne constitue qu’une partie du salaire total. Car la cotisation sociale offre une définition anticapitaliste de la valeur.

Stratégie pour une reconquête, par Serge Halimi « Le pays exige des expérimentations audacieuses et soutenues. Le bon sens est de choisir une méthode et de l’essayer. Si elle échoue, admettez-le franchement et essayez autre chose. Mais surtout, essayez quelque chose ! » Franklin Roosevelt, 22 mai 1932 Cinq ans ont passé depuis la faillite de Lehman Brothers, le 15 septembre 2008. La gauche anticapitaliste récuse l’idée d’une fatalité économique parce qu’elle comprend que des volontés politiques l’organisent. La victoire des néolibéraux depuis 2008 doit beaucoup au secours de la cavalerie des pays émergents. L’existence des « bourgeoisies nationales » — et la mise en œuvre de solutions nationales — se heurtent donc au fait que les classes dirigeantes du monde entier ont désormais partie liée. Le reflux ne fut pourtant pas universel. « L’Amérique latine, relevait il y a trois ans le sociologue Immanuel Wallerstein, a été la success story de la gauche mondiale pendant la première décennie du XXIe siècle. Oui, de l’audace.

Plafonner les revenus, une idée américaine, par Sam Pizzigati Au nombre des revendications portées par les militants du mouvement Occuper Wall Street, il en est une qui plonge profondément ses racines dans l’histoire des Etats-Unis : l’instauration d’un plafond pour les hauts revenus. Depuis l’époque dorée de l’après-guerre civile américaine, les grandes mobilisations en faveur de la justice économique ont toujours énoncé cette demande, aujourd’hui appelée « salaire maximum ». Cette formule n’englobe pas seulement le salaire, mais la totalité des revenus annuels ; elle permet de créer un lien de familiarité avec la notion de « salaire minimum ». C’est le philosophe Felix Adler — surtout connu pour avoir fondé et présidé, au début du XXe siècle, le National Child Labor Committee — qui, le premier, a porté cette revendication. Selon lui, l’exploitation des travailleurs, jeunes et vieux, génère d’immenses fortunes privées qui exercent une « influence corruptrice » sur la vie politique américaine. En juin 1935, le président Franklin D.

Etat des lieux pour préparer une reconquête, par Serge Halimi « Je veux savoir d’où je parsPour conserver tant d’espoir » (Paul Eluard, Poésie ininterrompue) Certaines révélations renvoient à ce que nous savions déjà. Venons-nous d’apprendre que des responsables politiques aiment l’argent, fréquentent ceux qui en possèdent ? Qu’ensemble ils s’ébrouent parfois comme une caste au-dessus des lois ? Que la fiscalité dorlote les contribuables les plus fortunés ? Le dévoilement des transgressions individuelles devrait nous encourager à remettre en cause le système qui les a enfantées (lire « Le carnaval de l’investigation »). Au-delà de ces mises en bière prématurées, de ces accouchements incertains, trois grandes tendances se sont dégagées, plus ou moins universelles, dont dans un premier temps il importe de dresser le bilan : l’envol des inégalités sociales, la décomposition de la démocratie politique et le rétrécissement de la souveraineté nationale. « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Le club des milliardaires

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