« Le malheur français, c’est quelque chose qu’on emporte avec soi » Claudia Senik, avril 2013 - Audrey Cerdan/Rue89 Claudia Senik est professeur à l’université Paris-Sorbonne et à l’Ecole d’économie de Paris (PSE, Paris School of Economics). Ses recherches portent sur un domaine singulier : « l’économie du bonheur ». Comme l’écrit Sylvie Kauffmann dans sa chronique du Monde (« La France ne fait pas le bonheur (suite) », mardi 2 avril), « nul n’est prophète en son pays ». Le 28 octobre 2011, Claudia Senik avait publié sur LeMonde.fr les premiers résultats de son étude rédigée en anglais, « The French Unhappiness Puzzle : the Cultural Dimension of Happiness » (« Le mystère du malheur français : la dimension culturelle du bonheur »), sans que cela ne fasse grand bruit. Le 24 mars dernier, The Observer, hebdo britannique, publie un article, également mis en ligne sur le site du Guardian, « C’est leur culture qui rend les Français moroses » ; un journaliste avait repéré que la chercheuse était invitée le 3 avril à donner une conférence à Londres.
FRANCE. 43 % des adolescents en état de "souffrance psychologique" Plus d'un tiers des 6-18 ans sont en état de "souffrance psychologique", une proportion qui augmente avec l'âge et atteint près d'un adolescent sur deux (43 %) de plus de 15 ans, selon une étude de l'Unicef France. 41 % se déclarent "tristes" ou "cafardeux" CONSULTATION. Pour la deuxième année consécutive, l'Unicef a mené une consultation nationale, auprès de 11.232 enfants et adolescents (les 12-18 ans représentant 62 % de l'échantillon), interrogés de mars à mai 2014. Cette enquête, qui a été remise mardi 23 septembre aux Secrétaires d'Etat à la famille (Laurence Rossignol) et à la lutte contre l'exclusion (Ségolène Neuville) a tout d'abord confirmé les résultats de la précédente : "17 % environ des enfants et des adolescents peuvent être considérés en situation de privation en termes de niveau de vie." SENTIMENT. Le fait d'être une fille, la peur de l'échec scolaire et le harcèlement sur les réseaux sociaux augmentent les risques d'être affecté. 28 % ont déjà pensé au suicide FAMILLE.
Alain Accardo, sociologue engagé .1 - Au cours de votre parcours professionnel et intellectuel, dans quelles circonstances avez-vous rencontré le travail sociologique de Bourdieu, ainsi que cet auteur ? R.- J’ai rencontré Pierre Bourdieu en 1958, à l’Université d’Alger où il avait été nommé assistant, à l’issue de son service militaire, effectué en Algérie. Il venait de publier son premier ouvrage, Sociologie de l’Algérie, et il était chargé d’enseigner la sociologie aux étudiants en philosophie dont je faisais partie (il n’y avait pas encore de filière autonome pour la sociologie). Il m’intégra rapidement à un groupe de recherche qu’il avait constitué et j’ai été ainsi conduit, en compagnie de mon condisciple Abdelmalek Sayad, qui devait devenir son collaborateur et ami — et un éminent sociologue de l’émigration — à participer aux enquêtes sur le terrain, à Alger d’abord, puis dans la région de Collo, en Petite-Kabylie, d’où devait sortir la publication de Travail et Travailleurs en Algérie (Mouton, 1963).
Le pessimisme et la défiance de la jeunesse atteignent des records Se sentant « sacrifiée » face à la crise de l’emploi, la jeunesse est traversée par un sentiment de révolte envers la politique, les institutions et les médias. LE MONDE | • Mis à jour le | Par Adrien de Tricornot Le pessimisme des jeunes vis-à-vis de l’avenir atteint des sommets, de même que leur défiance envers la politique, les institutions et les médias. Ce constat ressort avec force de l’étude publiée, mercredi 14 décembre, par Anne Muxel, directrice de recherches au Cevipof (CNRS/Sciences Po), à partir du volet français de l’enquête « Generation What ? La sociologue a travaillé sur les réponses d’un échantillon représentatif de plus de 20 000 jeunes Français, et les a comparées à celles d’une précédente enquête (« Génération quoi ? L’environnement en tête des préoccupations Cela n’empêche pas une colère profonde : 62 % déclarent pouvoir « participer demain ou dans les prochains mois à un grand mouvement de révolte ». Lire aussi : Quiz - Connaissez-vous vraiment les jeunes ?
Le Paradoxe de la violence C'est statistique : le monde est de moins en moins violent. Sauf qu'on a tout le temps le sentiment contraire : parce qu'il ne se passe pas une journée sans qu'on entende parler d'une attaque terroriste quelque part dans le monde, parce qu'il ne s'écoule pas une heure sans qu'on voie passer sur un Facebook un titre de faits divers sordide... Pourquoi a-t-on le sentiment que le monde est de plus en plus violent, alors qu'il est de plus en plus sûr ? C'est le sujet de notre nouveau Topo. Temps de lecture : environ 8 minutes. ----------------- Voilà Ötzi. Son portrait robot ? Bref, pas exactement ce qu’on avait entendu dans nos cours de philo, où on nous parlait souvent du mythe du bon sauvage : l’idée que l’homme, naturellement bon, serait corrompu par la civilisation et deviendrait hyper violent et mal intentionné uniquement à partir du moment où il vivrait en société, entouré d'autres êtres humains. Là, on vous propose un petit exercice. Ça n'a rien à voir avec les extra-terrestres...
Justice is served, but more so after lunch: how food-breaks sway the decisions of judges - Not Exactly Rocket Science There’s an old trope that says justice is “what the judge ate for breakfast”. It was coined by Jerome Frank, himself a judge, and it’s a powerful symbol of the legal realism movement. This school of thought holds that the law, being a human concoction, is subject to the same foibles, biases and imperfections that affect everything humans do. We’d love to believe that a judge’s rulings are solely based on rational decisions and written laws. In reality, they can be influenced by irrelevant things like their moods and, as Frank suggested, their breakfasts. The graph above is almost the visual embodiment of Frank’s catchphrase. The graph is dramatic. These rulings were made by eight Jewish-Israeli judges, with an average of 22 years of judging behind them. As you might expect, the judges were less likely to grant parole to prisoners who were earmarked as potential re-offenders, or to those who weren’t part of a specific rehabilitation programme. More counter-intuitive decision-making:
L'Observatoire de la Démocratie édition 2016 : un désir de démocratie plus participative - Viavoice Peut-on dire que la démocratie française fonctionne mieux depuis deux ans ? En dépit des attentats subis depuis janvier 2015, des tensions communautaires, des tensions sociales ou de la montée de l’extrême-droite, il se trouve qu’une part croissante de Français continue à trouver que notre démocratie fonctionne bien (36 %), en hausse de 6 points depuis avril 2014. Pour autant, les Français se montrent très vigilants et inquiets : 72 % de nos concitoyens pensent en effet que la démocratie pourrait être "remise en cause dans les années à venir", avec la vision d’une menace portée à la fois par diverses formes d’extrémisme politique, le radicalisme islamiste et un divorce croissant entre les citoyens et leurs représentants. Face à ces menaces plurielles, l’opinion publique n’est pas à court de solutions et de souhaits de réformes. Parmi les mesures attendues par l'opinion publique ressortent notamment : Voir l'intégralité de l'étude Voir la notice technique
Notre pathétique civilisation de la distraction - Le Temps C’est un philosophe qui met les mains dans le cambouis. En 2001, il claquait la porte d’un think tank à Washington, qui le payait pourtant grassement, parce qu’il n’en pouvait plus de voir sa pensée appauvrie et muselée. Alors il est devenu réparateur de motos. Consumériste capitaliste Son second traité, Contact, paraît ces jours-ci à La Découverte et livre de saisissantes analyses d’un monde où la concentration est devenue une denrée rare. Pourquoi ne pas exiger un droit à l’attention, en faire un bien commun? Soupe musicale Crawford donne d’autres exemples: la soupe musicale diffusée dans les fitness, qui n’est choisie ni par le personnel ni par les clients, mais par des gestionnaires de l’attention qui orientent nos choix à distance. Lire aussi: La face cachée des bons sentiments Pour résister, il faudrait commencer, selon Matthew B. Mickey Mouse Matthew B. Matthew B. Matthew B.
Pourquoi la génération Y est-elle en train de démissionner? La fabrique des débats publics, par Pierre Bourdieu (Le Monde diplomatique, janvier 2012) Un homme officiel est un ventriloque qui parle au nom de l’Etat : il prend une posture officielle — il faudrait décrire la mise en scène de l’officiel —, il parle en faveur et à la place du groupe auquel il s’adresse, il parle pour et à la place de tous, il parle en tant que représentant de l’universel. On en vient ici à la notion moderne d’opinion publique. Qu’est-ce que cette opinion publique qu’invoquent les créateurs de droit des sociétés modernes, des sociétés dans lesquelles le droit existe ? C’est tacitement l’opinion de tous, de la majorité ou de ceux qui comptent, ceux qui sont dignes d’avoir une opinion. La logique des commissions officielles est de créer un groupe ainsi constitué qu’il donne tous les signes extérieurs, socialement reconnus et reconnaissables, de la capacité d’exprimer l’opinion digne d’être exprimée, et dans les formes conformes. L’opinion publique est toujours une espèce de réalité double. Mettre en scène l’autorité qui autorise à parler
« La société tend à s’organiser comme un cerveau » | Usbek & Rica Plus qu’une troisième révolution industrielle ou qu’une crise écologique, l’époque que nous vivons est peut-être celle d’une métamorphose de l’humanité elle-même. À la croisée des neurosciences, de la sociologie et de l’anthropologie, Alain de Vulpian explique, dans son dernier ouvrage Éloge de la métamorphose (Saint-Simon, 2016), que nous pourrions être à l’aube d’un nouveau degré de conscience collective. Rencontre, dans son appartement parisien, avec un sociologue qui observe l’évolution de nos sociétés depuis plus de 60 ans. Usbek & Rica : Dans votre dernier ouvrage, vous annoncez l’entrée de l’humanité dans une nouvelle grande phase de son histoire. Oui, la société tend à se structurer comme un cerveau. Pour mieux comprendre cette métamorphose en cours, pouvez-vous nous en expliquer les racines ? Ce qui est vraiment central, c’est la sortie de l’hyper rationalité, observée à partir des années 1950 mais qui démarre avant. « La famille change radicalement de sens. L’hédonisme émerge.
Aux origines de la Méritocratie Michael Young, qui forgea le terme de "méritocratie" y voyait un cauchemar à la "1984". Comment ce mot en est-il venu à signifier mobilité sociale et promotion par les compétences ? L’inventeur du mot "méritocratie" est mort en 2002, désespéré d’avoir été compris de travers. Michael Young, sociologue britannique, c’est de lui qu’il s’agit, aura été l’un des grands intellectuels organiques du Labour. Il est l’auteur du manifeste qui permit aux travaillistes de Clement Attlee de l’emporter, face au conservateur Winston Churchill, en 1945. Et tout d’abord, une précision, le livre de Michael Young, L’Ascension de la Méritocratie, se voulait satirique. Michael Young combattait la méritocratie, explique aujourd’hui son fils, Toby Young, parce qu’il y voyait un moyen de perpétuer et d’accentuer l’inégalité sociale, en la légitimant par le diplôme. Au temps de mon père, écrit Toby Young, la gauche était égalitariste.
Votre visage peut révéler si vous êtes riche ou pauvre Une étude de l’université de Toronto a trouvé qu’il était possible de prédire le statut socio-économique d’un individu juste en regardant son visage. Mais pour cela, le visage doit être dénué d’expression, car avec un sourire ce serait moins évident… Dans cette recherche qui paraît dans Journal of Personality and Social Psychology, Nicholas Rule et Thora Bjornsdottir ont formé deux groupes d’étudiants : d’un côté ceux dont le revenu familial était inférieur à 60.000 $ par an (environ 40.000 €) et ceux pour qui il était supérieur à 100.000 $ (67.000 €). Les étudiants étaient pris en photo. Un autre groupe de volontaires a regardé les photos et devait dire instinctivement qui semblait riche ou pauvre. Les participants ont réussi à faire des prédictions avec une réussite que les chercheurs estiment supérieure au simple hasard.
Sexe, Internet & Politique : tout le monde ment, mais Google sait Tout le monde ment. Sur Facebook, Instagram, auprès de nos amis, amants, voisins ou cousins, nous tordons, remanions, embellissons nos vies sociales, sexuelles, sportives, familiales, intellectuelles. La vérité est ailleurs… Sur Google. À cette petite boîte blanche accessible d’un clic, l’humanité confie ses questions les plus urgentes, les plus stupides aussi, ou parfois s’épanche, avec la sérénité de ceux qui chuchotent au confessionnal. Si bien qu’en quelques années, les recherches Google sont devenues « la plus grande base de données jamais collectée sur la psyché humaine ». C’est ce que s’attache à démontrer le data scientist Seth Stephens-Davidowitz, passé par Google et Harvard, et qui publie Everybody lies : Big Data, New Data, and What the Internet Can Tell Us About Who We Really Are (Harper Collins, mai 2017). Les recherches Google sont consternantes. La relève de « Freakonomics » Pour Seth Stephens-Davidowitz, nos recherches Google sont bien plus encore.