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François Dubet : « Donner autant à ceux qui ont moins » - Le Cercle de Recherche et d'Action Pédagogiques et les Cahiers pédagogiques

François Dubet : « Donner autant à ceux qui ont moins » - Le Cercle de Recherche et d'Action Pédagogiques et les Cahiers pédagogiques
Dans votre récent livre L’école des chances [1], vous développez l’idée de l’équité comme moyen indispensable pour parvenir à l’égalité effective. Pouvez-vous préciser ce point ? L’égalité des chances construit une compétition unique et neutre, suffisamment protégée des inégalités sociales pour que la réussite ne tienne qu’au mérite et aux compétences des individus placés dans les mêmes conditions de formation. La notion d’équité, elle, part de l’idée que, en réalité, l’offre scolaire n’est pas homogène et que les élèves socialement différents ne sont pas dans des situations identiques. Pour tendre vers cet idéal d’égalité des chances, il faut dès lors pratiquer l’équité, répartir les moyens pour favoriser les défavorisés. Que pensez-vous à cet égard de la fameuse « discrimination positive » ? Vous défendez avec vigueur l’idée de socle commun de connaissances et compétences. Mais celle-ci existe actuellement ! Comment expliquez-vous ce gouffre nostalgique ?

Pierre PERIER. "Famille populaire et école. Quel différend ?" - Paideia, le site des CPE de l’académie de Poitiers Sur cette question des rapports parfois difficiles entre les familles populaires et l’école, Pierre Périer rappelle la nécessité de saisir les acteurs dans leur identité propre mais aussi dans leur inter-relations. Il propose aussi de distinguer clairement pauvreté matérielle et pauvreté culturelle. Depuis les années 80 et l’apparition d’une préoccupation nouvelle de ces familles à l’égard de l’école, la distance entre ces deux acteurs est devenue un nouvel enjeu des questions de scolarité. Périer rappelle les 3 grandes « périodes des relations école-familles précisées par Ballion Les familles se conforment (jusqu’aux années 50) Les familles sont représentées (jusqu’aux années 70) Les familles sont usagères (actuellement) Depuis, un postulat jamais discuté guide toute appréhension et toute conception quant à la relation école-familles : il faut augmenter et renforcer ce lien. Dépendance des familles. L’explicitation en langage clair du partenariat La diversification de ses modalités

François Dubet : biographie et tous les livres François Dubet, né le 23 mai 1946 à Périgueux, est un sociologue français, professeur à l'Université Bordeaux II et directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Il est l’auteur de nombreux ouvrages consacrés à la marginalité juvénile, à l'école et aux institutions et a dirigé l'élaboration du rapport Le Collège de l'an 2000 remis à la Ministre de l'enseignement scolaire en 1999. Son idée principale, largement développée dans nombre de ses ouvrages (Sociologie de l'expérience, À l'école, Dans quelle société vivons-nous ?, et Le Déclin de l'institution) et héritée de la sociologie d'Alain Touraine, est le démantèlement de la figure institutionnelle. Pour François Dubet, la modernité avait créé des institutions, appareils politiques qui organisaient des cadres cognitifs de possibles (voir à ce propos les travaux de Émile Durkheim ou encore Mary Douglas sur la valence normalisatrice des institutions) et par là enjoignaient les actions des individus.

Cerveau adolescent et prise de risques Les adolescents – on le sait – ont souvent des conduites à risques. Comportement sexuel, alcool, conduite automobile, consommation de psychotropes, etc. Et les chiffres de la mortalité routière sont accablants pour les jeunes entre 18 et 25 ans. Les adolescents recherchent-ils les sensations fortes, ou ont-ils des difficultés à anticiper les conséquences éventuellement négatives de leurs choix ? Jessica Cohen, psychologue à l’Université de Los Angeles, a observé des adolescents jouant aux cartes : il s’agissait d’opter soit pour des stratégies peu risquées, mais peu lucratives, soit pour des stratégies hasardeuses, mais potentiellement très gratifiantes. Lorsqu’il choisit de miser une somme d’argent sur une option qui a peu de chances de se réaliser, mais qui peut rapporter beaucoup, son cerveau prévoit que les chances de l’emporter sont faibles. Cette hypersensibilité des circuits de détection des erreurs de prédiction est probablement liée au développement du cerveau.

François Dubet, La préférence pour l’inégalité. Comprendre la crise des solidarités 1 On conseillera, à ce propos, Robert Castel, Les métamorphoses de la question sociale, Paris, Fayard (...) 1« La solidarité a longtemps été adossée à l’image d’une société pesante, mais protectrice » (p. 53), et cette image serait aujourd’hui en perte de légitimité. Le propos général du livre est de montrer comment le consensus autour de l’intégration sociale s’érode. L’auteur y défend l’idée forte selon laquelle la crise des solidarités s’expliquerait par un déclin du désir d’égalité. Il se situe ainsi dans la continuité des grands travaux relatifs à la solidarité et à son revers, l’exclusion. 2 On lira à ce propos Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle, Paris, Seuil, 2013. 3 François Dubet s’appuie ici sur l’ouvrage d’Éric Maurin, Le Ghetto français, Paris, Seuil/La républ (...) 4 Ici encore, l’auteur cite Éric Maurin, La peur du déclassement, Paris, Seuil/La république des idée (...)

Parentalité et pratiques professionnelles : des interrogations 1 Catherine Sellenet, La parentalité décryptée, Paris, l'Harmattan, 2007, p. 7. Cf. compte rendu(...) 1Dans son dernier ouvrage, Catherine Sellenet ne manque pas de souligner que la parentalité est devenue une notion familière « tant il en est question dans les programmes politiques et dans les actions menées sur le terrain1 ». 2 Didier Houzel (dir.), Les enjeux de la parentalité, Ramonville-Saint-Agne, Erès, 1999. 3 Maurice Godelier, Les métamorphoses de la parenté, Paris, Fayard, 2004, p. 239. 4 David Pioli, « Le soutien à la parentalité : entre émancipation et contrôle », Sociétés et jeuness(...) 2Les interrogations demeurent nombreuses quant à sa construction, ses ancrages épistémologiques mais également quant à son utilisation, voire son utilité. 5 L'article de D. 3La quantité des publications sur ce thème témoigne de l'importance des questions en jeu et probablement de l'intérêt pour une thématique socialement valorisée5.

François Dubet : "La crise scolaire est politique" Regards sur la France. Chaque semaine, un intellectuel français ou étranger livre au "Monde" ses réflexions sur l'état du pays et son évolution. LE MONDE | • Mis à jour le | Par François Dubet Le système scolaire français est plus que jamais en crise. L'école républicaine, coincée entre le corporatisme enseignant et le manque de volonté politique pour la réformer, n'a pas réussi à niveler les inégalités sociales. Longtemps, les Français ont été persuadés d'avoir l'un des meilleurs systèmes scolaires au monde. Il faut se méfier des comparaisons internationales qui classent les sociétés et leurs institutions comme des entreprises plus ou moins performantes. Dans quels domaines ? D'abord, en France comme partout, les inégalités scolaires reproduisent les inégalités sociales, mais cette reproduction est chez nous particulièrement intense. Ensuite, il existe un problème de relations entre la formation et l'emploi.

Catherine Sellenet, La parentalité décryptée : pertinence et dérive d'un concept 1Dans son dernier ouvrage La parentalité décryptée : pertinence et dérive d'un concept, Catherine Sellenet multiplie les interrogations sur le concept de parentalité. Elle ne cherche nullement à effectuer un tour d'horizon des mille et une manières de rendre compte d'une notion qui a envahi le vocabulaire professionnel, politique et savant, au risque du survol et de la superficialité. L'optique retenue ici est plutôt celle des déplacements successifs, une manière de tourner autour de l'objet pour tenter de rendre compte de sa complexité, de ses diverses définitions, des logiques idéologiques qui s'y mêlent. 2On retiendra de cette lecture un point essentiel. 3Certes, du point de vue des sciences humaines, la notion mérite d'être discutée quand elle tend par exemple à gommer les différences de genre, voire à les occulter, mais elle n'en possède pas moins le mérite d'aider à interroger des modèles familiaux, les savoirs sur ce qui fait le parent, à scruter les évolutions.

Tracés. Revue de Sciences humaines Le plus souvent connoté péjorativement, le terme irrécupérables ne désigne pas une catégorie instituée des sciences humaines et sociales. Dans le langage courant, on qualifie d’irrécupérables des personnes ou des choses qui ne peuvent pas être récupérées, et dont on cherche le plus souvent à se débarrasser parce qu’elles résistent à toute entreprise de réinsertion ou de recyclage. À l’heure de l’injonction à tout récupérer, réinsérer et recycler, ce dossier fait l’hypothèse que cette injonction exprime aussi un déni de la production massive et constante d’êtres et de choses irrécupérables par les sociétés capitalistes industrielles. Derogatively connoted most of the time, the word “irrecoverable” is not an usual category in social sciences and humanities.

En éducation, pour être efficace, il faut d’abord être équitable* Afin de rendre le système éducatif québécois plus efficace, les tenants de l’idéologie néolibérale préconisent depuis trente ans l'accroissement de la concurrence et de la sélection scolaires. Cette thèse bat de l’aile aujourd’hui. En fait, il semble que les systèmes d’éducation qui font réussir plus d’élèves sont souvent ceux qui mettent en place des mesures fondées sur l’équité. Ainsi, se pourrait-il qu’il faille d’abord être équitable avant d’être efficace ? Depuis les années 1980, les tenants du néolibéralisme en éducation tentent de nous convaincre que la réussite des élèves passe par des mesures fondées sur l’efficacité (choix de l’école, gestion par les résultats, concurrence entre les écoles privées et publiques, programmes pédagogiques sélectifs pour les élèves performants, sélection scolaire précoce, palmarès des écoles, etc.). Ces dernières années, un pas supplémentaire a été fait dans ce renversement de perspective. Et qu’en est-il au Québec ?

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