Nouveaux pères (IV), des « Indestructibles » à « Shrek 4 » : peurs masculines
Comme l’a vu dans les trois premiers articles sur les « nouveaux pères », les films d’animation sur ce sujet sont souvent hantés par des peurs masculines qui semblent avoir une même origine : la peur qu’ont les hommes de se féminiser et de perdre ainsi leurs précieux privilèges masculins. Dans certains films, les enfants menaçaient ainsi de contaminer de leur présence la vie professionnelle des pères, lieu d’homosocialité masculine à l’abri des contraintes parentales et domestiques (Monstres et Cie, Moi, moche et méchant). Le fait même de se livrer à cette activité traditionnellement féminine qu’est l’élevage des enfants s’accompagnait ainsi souvent de la peur de perdre sa virilité (Le Monde de Nemo, L’âge de glace). Et le simple fait d’être doux et affectueux avec ses enfants apparaissait comme lourd d’enjeux (Monstres et Cie, Chicken Little, Kung Fu Panda, Moi, moche et méchant). Les deux films que l’on va étudier ici me semblent être les plus saturés de peurs masculines.
Pocahontas (1995) : être femme et indienne chez Disney
Pocahontas et Mulan, sortis respectivement en 1995 et 1998, sont souvent décrits comme une tentative de la part de Disney de réagir aux accusations de racisme, notamment dans Aladdin et Le Roi Lion, et de sexisme, notamment dans La Petite Sirène et La Belle et Le Bête. Tous deux des succès commerciaux, ils ont pour personnage principal une femme, et qui plus est une femme qui vient d’une autre culture de la nôtre. En ce sens, ces films sont inédits chez Disney. Ils ont aussi en commun le fait de s’appuyer sur des personnages historiques. On dit bien « s’appuyer sur » plus qu’autre chose, car nous verrons que les accusations, surtout pour le film Pocahontas, de distorsions systématiques et de relecture de l’histoire ne manquent pas. Ces deux films sont une tentative de la part de Disney de sortir des personnages féminins stéréotypés et de montrer des femmes fortes, qui poursuivent leur propre voie et sont indépendantes des hommes. Essayons de voir si ça a marché. Des idées progressistes…
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En 1938, il ne faisait pas bon être une femme chez Disney comme en témoigne cette lettre de rejet exhumée aujourd’hui sur Flickr. Mary V. Ford, qui avait écrit au studio d’animation pour connaître les critères d’admission à l’école Disney qui formait ses animateurs, avait ainsi reçu la réponse suivante : «Les filles ne travaillent pas du côté créatif pour préparer les dessins animés pour l’écran, car cette tâche est exclusivement réservée aux jeunes hommes. Pour cette raison, les candidatures des filles ne sont pas examinées pour l’école préparatoire. Le seul travail ouvert aux femmes consiste à tracer les dessins des personnages sur des feuilles de celluloïd avec de l’encre de Chine et de remplir l’espace entre les traits à la peinture de l’autre côté de la feuille en suivant les directions données.» Les femmes ne sont, heureusement plus, aujourd’hui cantonnées au coloriage chez Disney.
Méchants et méchantes chez Disney (1) : Femmes fortes
Dans l’univers manichéen de Disney, le bien et le mal sont facilement identifiables, généralement incarnés respectivement par le héros ou l’héroïne d’un côté, et le méchant ou la méchante de l’autre. Les enfants apprennent ainsi très rapidement ce qu’il convient d’aimer et de haïr, ce qu’il faut devenir et ce qu’il faut au contraire absolument éviter d’être. A force de visionnages et de re-visionnages, ils/elles intègrent de la sorte les normes véhiculées par le studio avec une redoutable efficacité. Or si, dans cet apprentissage, les héros/héroïnes ont une place privilégiée puisque c’est avec eux/elles que l’identification et le mimétisme fonctionnent le plus, les méchant-e-s ont également un rôle important même si uniquement négatif : ils/elles servent de repoussoir, incarnant non seulement ce dont il faut avoir peur, mais aussi ce qu’il faut mépriser et donc ne surtout pas devenir dans sa vie. Femmes fortes Le cauchemar des hommes Les usurpatrices du pouvoir masculin L’origine du mal
Méchants et méchantes chez Disney (2) : Hommes faibles
Si les méchantes sont toujours des femmes fortes, les méchants sont au contraire le plus souvent des hommes faibles. Pas au sens où ils seraient moins redoutables que leurs homologues féminines, mais au sens où ils ne correspondent pas à la norme sexiste qui veut que les hommes soient virils et puissants. En effet, ils sont la plupart du temps efféminés et ne recherchent pas le combat frontal avec le héros. Comme on le verra, il existe quelques exceptions à cette règle. Le méchant est alors moins caractérisé par rapport à son sexe qu’en fonction de son appartenance ethnique et/ou de classe. Le racisme et/ou le classisme prennent alors (apparemment) le dessus sur le sexisme. Une bande d’efféminés D’un point de vue purement physique, on peut d’abord remarquer que les méchants ne sont pas aussi athlétiques et virils que les héros auxquels ils sont confrontés. Prince Jean sur un trône beaucoup trop grand pour lui On retrouve la même idée chez le personnage de Scar dans Le Roi Lion.
“Toutes musclées”, quand le sport déjoue le sexisme - Les Inrocks
Une série documentaire très politique de Camille Juza décrypte les stéréotypes et discriminations qui touchent les sportives. Édifiant. Les corps des femmes croulent sous les injonctions, auxquelles les sportives, malgré leur puissance et les libertés qu’elles prennent avec les normes de genre, n’échappent pas vraiment. En quatre épisodes, la réalisatrice Camille Juza aborde ce paradoxe d’un œil vif, dans une série documentaire très politique où témoignent quelques sportives – les ex footballeuses internationales Mélissa Plaza et Nicole Abar, la championne du monde de free ride Anne-Flore Marxer, notamment –– ainsi que des chercheuses et intellectuelles féministes, comme Camille Froidevaux-Metterie ou Béatrice Barbusse. Tenues obligatoires genrées Juza explique bien comment l’essor du fitness, durant les années 1980, correspondait en partie à une image servicielle du corps de la femme, dédiée au regard des hommes. Toutes musclées de Camille Juza (4 épisodes de 15 minutes).
Ces séries féministes à regarder absolument : actualités du Festival
À l'heure où une large partie de la société tire ses enseignements de la fiction, certaines séries télévisées mettent en lumière un féminisme rafraîchissant et assumé. Des programmes menés par des personnages forts, qui offrent ainsi une vision moderne et singulière des femmes d'aujourd'hui, mais également d'hier et de demain. Mixte Petite pépite d'Amazon Prime Video, Mixte nous plonge au début des années 60, à l'heure d'un machisme prévalent, qui écrasait tout sur son passage. The Handmaid's Tale Adapté du roman éponyme de Margaret Atwood, The Handmaid's Tale se sert de la dystopie pour mettre en exergue les pensées conservatrices et dangereuses de certains groupes de la société. Mrs. Mini-série portée par Cate Blanchett, Rose Byrne, Uzo Aduba et Elizabeth Banks, Mrs. The Bold Type Programme 100% glamour en apparence, The Bold Type met en avant de nombreux sujets essentiels dans la vie des femmes d'aujourd'hui. Le Jeu de la Dame Fleabag
Les Séries que la Pilule Rouge m'a Ruiné - Liste de 18 séries
Desperate Housewives (2004) 43 min. Date de première diffusion : 8 septembre 2005 (France). 8 saisons. Comédie, Drame, Soap Série ABC VieilleFille 69 a mis 4/10. Annotation : Honnêtement au premier visionnage j'ai aimé.